Chapitre 1599 – Livraison

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Les quatre survivants du Centre de l’Antarctique terminèrent leur repas. En bon hôte, Sunny les raccompagna, puis resta quelques instants sous le porche, les regardant s’éloigner.

Mais il ne perdit pas de temps.

Il envoya donc Aiko dans la salle et se cacha dans la cuisine. Manifestant un second corps, Sunny se concentra sur la préparation des repas.

Les matins étaient très chargés au Brillant Emporium, mais ils s’en sortaient bien tous les deux. Sunny avait deux corps et pouvait manifester autant de mains que nécessaire, tandis qu’Aiko était une serveuse parfaite, faisant simplement flotter les plats sur les tables grâce à sa télékinésie.

Au bout d’une heure ou deux, la foule du petit-déjeuner diminua et se dispersa peu à peu, laissant l’intérieur de la Mimique Merveilleuse à nouveau vide. Sunny se lava les mains et s’appuya sur la Chaise de l’Ombre, tandis qu’Aiko comptait l’argent qu’ils avaient gagné.

Avec l’augmentation de la population humaine dans le Domaine de l’Épée, il n’était plus pratique d’utiliser les éclats d’âme comme monnaie d’échange. Les crédits, quant à eux, étaient une monnaie purement numérique… par conséquent, les Grands Clans avaient récemment commencé à frapper leurs propres pièces. Chaque pièce contenait une petite quantité d’essence, et leur valeur était soutenue par les trésors d’éclats que chaque clan possédait.

Sunny ne s’intéressait pas vraiment aux questions économiques, mais Aiko s’en occupait, le harcelant constamment pour qu’il envisage de convertir le Brillant Emporium en banque et de faire fructifier son argent en le prêtant aux personnes les moins fortunées de Bastion. La possibilité de profiter de l’avantage du premier arrivé dans un nouveau monde la faisait presque saliver.

Cela dit, la petite fille n’était pas vraiment sérieuse au sujet de ces rêves fantaisistes, car elle comprenait que si elle devenait trop grande, elle se retrouverait, elle aussi, dans l’étreinte d’acier de Valor.

Cela étant…

Sunny fit rouler une lourde pièce d’argent entre ses doigts, l’étudiant avec une expression distante. Une face de la pièce portait un numéro, tandis que l’autre était embossée avec l’image d’une épée transperçant une enclume. Il pouvait sentir une minuscule quantité d’essence d’âme contenue dans l’argent, ce qui garantissait son authenticité.

Cette essence pouvait également être absorbée directement, c’est pourquoi de nombreux Éveillés gardaient toujours quelques pièces sur eux, juste au cas où ils se retrouveraient dans une situation difficile.

…Les pièces fabriquées par ma Mimique sont bien plus précieuses.

Évidemment, la Mimique Merveilleuse avait peu d’occasions de dévorer quelqu’un ici à Bastion, de ce fait, il n’y avait pas beaucoup de pièces de ce type dans les environs.

En parlant de la Mimique Merveilleuse…

Sunny bascula lorsqu’il sentit le Brillant Emporium trembler légèrement. C’était comme si l’Ombre métamorphe grelottait d’effroi.

“Patron ! Patron ! Ils sont là !”

Aiko se précipita vers la cuisine et se cacha derrière la porte, jetant un coup d’œil derrière elle avec une expression inquiète.

Sunny soupira, se leva et se dirigea vers la porte.

Le moment est venu.

En sortant, il se prépara mentalement.

Dehors, sur la pelouse du Brillant Emporium… un adorable chiot-loup était assis, le regardant avec des yeux pétillants et remuant la queue avec excitation.

Le petit loup était indéniablement mignon. Mais le problème, c’est qu’il avait aussi la taille d’un taureau.

Sunny regarda la pelouse, qui avait été lacérée par les griffes du chiot-loup, et grimaça.

“Petit Ling… nous en avons parlé. Forme humaine, tu te souviens ?”

Le chiot pencha la tête en signe de confusion, ses oreilles tombant sur le côté. Puis, son corps se mit à scintiller subtilement.

Sunny détourna les yeux.

L’instant d’après, on entendit le bruit d’un courant d’air et la voix d’un homme résonna un peu plus loin dans la rue :

“Ling Ling ! Invoque tes vêtements !”

Une voix enfantine répondit un instant plus tard :

“Maaaaaais… papa…”

“Tout de suite !”

Sunny attendit un peu, puis baissa les yeux.

Le chiot-loup avait disparu, et c’était un garçon de quatre ans tout aussi adorable qui se tenait devant lui, vêtu d’une simple tunique. Plus loin dans la rue, un beau jeune homme poussait un gros chariot en direction de l’Emporium, des gouttes de sueur perlant sur son front.

Il adressa un sourire amical à Sunny.

“Maître Sunless ! Désolé si nous sommes un peu en retard.”

Sunny voulut répondre, mais à ce moment, le petit garçon sourit avec éclat et cria :

“Tonton !”

Suite à cela, il se jeta sur Sunny et le serra dans ses bras.

Sunny sursauta, devint un peu pâle et fut repoussé de quelques pas. Ses os gémirent.

“Ah… aïe…”

Ce curieux duo venait de la Ferme des Bêtes — où Sunny achetait la plupart des ingrédients frais utilisés dans le Brillant Emporium. Ils étaient en train de faire une livraison.

…Bien sûr, il s’agissait aussi du mari et de l’enfant d’Effie.

La chasseresse avait juré qu’elle avait appelé son fils “Ling” en l’honneur du chef de sa première cohorte, mais Sunny en doutait. Quoi qu’il en soit, le Petit Ling était une existence unique. Il était né dans le vide au cœur du Tombeau d’Ariel, et avait donc été traité comme un brave lors de la conquête du Cauchemar.

Ainsi, Petit Ling était devenu un Transcendant alors qu’il n’était encore qu’un enfant. L’enfant Saint était maintenant une coqueluche de l’humanité, célèbre dans les deux mondes.

Le beau jeune homme, quant à lui, était l’Éveillé sans nom que Sunny avait accueilli lors de son retour du Premier Cauchemar. Ce type n’était pas vraiment célèbre, mais incontestablement tristement célèbre. Beaucoup de gens le traitaient avec un mélange particulier d’envie, d’admiration… et de sympathie craintive.

Après tout, être marié à une Sainte et père d’un autre était loin d’être une sinécure !

Surtout si l’on considère que sa femme n’était autre qu’Élevée par les Loups, et qu’il avait fallu du temps à Petit Ling avant d’apprendre à contrôler sa force Transcendante.

Selon le point de vue de chacun, ce type pouvait être considéré comme la personne la plus chanceuse ou la plus malchanceuse du monde.

Pauvre type…

Petit Ling parvenait de mieux en mieux à contrôler sa force, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il était doué.

Réprimant un gémissement de douleur, Sunny s’efforça d’inspirer et tapota prudemment la tête de l’adorable garçon.

“Petit Ling… ton cher… tonton ne peut pas respirer…”