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Chapitre 1385 – Flamme de la Divinité

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Alors qu’ils marchaient dans les couloirs, Sunny continuait à se frayer un chemin à l’aide de la Couronne du Crépuscule. Bien sûr, ils pouvaient facilement traverser à la nage les parties inondées du temple — mais pourquoi le feraient-ils, s’il y avait un chemin plus facile ?

Les murs des couloirs étroits scintillaient, reflétant la lumière d’une Mémoire lumineuse que Nephis avait invoquée. Sunny remarqua rapidement un changement subtil. Si la pierre ancienne n’était pas ornée auparavant, elle était maintenant couverte par les restes de belles peintures murales.

Il n’arrivait pas à comprendre ce qu’elles représentaient, en partie parce qu’elles étaient très abîmées, et en partie parce que les images étaient assez étranges. Elles étaient plus symboliques que descriptives… du moins, c’est la conclusion qu’il en tira.

« …Qu’est-ce que c’est ? »

Remarquant que Nephis semblait également s’intéresser aux peintures murales, Sunny donna finalement voix à sa curiosité.

Elle hésita quelques instants, et secoua la tête.

« Je ne suis pas sûre. »

Devant eux se trouvait une image représentant un vaste champ noir qui semblait étrangement terrifiant. Au milieu de celui-ci, une masse de flammes dorées brûlait, illuminant l’obscurité de son éclat.

Cassie ralentit le pas et se tourna légèrement, face à la fresque. Après un moment de silence, elle dit d’un ton détaché :

« C’est le mythe de la création. »

Tous deux la regardèrent avec une certaine confusion. Sentant leurs regards, la jeune aveugle soupira, puis sourit légèrement.

« Les habitants du Royaume des Rêves avaient un mythe sur l’origine du monde, en fait. En réalité, il y en avait beaucoup. La plupart partageaient des points communs, cependant. »

Elle désigna la fresque.

« Au début, il n’y avait que le vide illimité du chaos… »

Sunny pencha légèrement la tête, se souvenant de la description d’une Mémoire qu’il avait un jour possédée… la Mémoire d’une goutte de sang du Dieu de l’Ombre. Les runes qu’il avait lues disaient la même chose.

Bien sûr, Cassie modifiait légèrement le sens en raison de la différence entre le langage du monde réel et le langage runique utilisé par le Sortilège. Il n’y avait pas de vide du chaos… parce que les mots « vide » et « chaos » signifiaient la même chose.

À bien y penser, il en avait été de même dans le langage humain autrefois. Aujourd’hui, quand on dit « chaos », c’est pour décrire une sorte de grand désordre. Mais le sens initial de ce mot signifiait simplement la vacuité… le vide.

Ainsi, dire qu’il n’y avait que du vide revenait à dire qu’il n’y avait que du chaos.

C’était le sombre abîme que Weaver avait apparemment visité, et d’où venaient les dieux.

Cassie, quant à elle, poursuit :

« Le vide était éternel et changeant. Des êtres terribles y habitaient également. Puis vint le désir, et avec lui la direction. »

Elle désigna la flamme dorée.

Sunny haussa un sourcil. Ces derniers mots étaient exactement les mêmes que dans la description de la goutte d’ichor.

« Oui, j’ai déjà entendu quelque chose de similaire. Mais, pour être honnête, je n’ai jamais vraiment compris ce que cela signifiait. Le désir, la direction… pourquoi sont-ils si importants ? »

C’est Nephis, et non Cassie, qui répondit :

« C’est simple, vraiment. Enfin… c’est un paradoxe, mais un paradoxe assez simple. Le vide étant éternel, illimité et changeant, il était inévitable qu’il produise tôt ou tard quelque chose qui contredise ses qualités fondamentales. En d’autres termes, quelque chose d’immuable. C’était le désir. Une seule constante dans l’abîme en perpétuel mouvement. »

Elle toussa, et ajouta avec embarras :

« Oh… c’est du moins ce qu’on m’a expliqué. Mais si on y réfléchit, c’est logique. Un désir ne peut pas changer, car s’il le fait, il cesse d’être lui-même et devient un désir différent. Le concept de désir est donc statique par nature. »

Sunny cligna des yeux plusieurs fois.

« Hein ? Quoi ? C’est un peu trop compliqué pour moi. Quel mythe bizarre ! Je préfère ceux que tu racontes — tu sais, les histoires d’hommes rusés qui vainquent des géants, qui construisent des chevaux en bois pour conquérir des villes, et qui combattent des monstres marins. »

Un sourire subtil apparut sur le visage de Neph.

Sunny en apprécia la vue, puis se gratta l’arrière de la tête et ajouta :

« Mais je comprends l’idée. Le désir était la première chose immuable née du vide en perpétuel changement, il était donc en contradiction avec le vide. »

Elle acquiesça.

« Oui. Un désir ne peut pas non plus exister par lui-même. Il a besoin d’un sujet. On veut quelque chose, on aspire à quelque chose, on rêve de quelque chose… donc, un désir doit être dirigé quelque part. C’est ainsi que la direction est apparue. »

Sunny la regarda avec une expression étrange.

« C’est… étrangement logique. »

La direction dont parlait le mythe était donc une conséquence naturelle du désir… ou plutôt du concept de désir né dans le vide. Et puisque les deux étaient constants, leur existence s’opposait à l’abîme en perpétuel changement.

Là où il n’y avait que du chaos, il y avait maintenant quelque chose qui ressemblait à de l’ordre.

…Par coïncidence, le terme « sans direction » peut également signifier « désordonné » dans la langue runique. Par conséquent, le terme « direction » pouvait également signifier « ordre ».

Même si elle n’était pas tout à fait correcte, une telle analogie permettait à Sunny de comprendre plus facilement la signification sous-jacente de l’étrange mythe de la création. Il s’agissait d’un conflit entre le chaos et l’ordre… les créatures du vide représentaient le chaos, tandis que les dieux représentaient l’ordre.

Il hésita un instant, et demanda :

« Mais un désir pour quoi ? Quel était ce désir ? »

Cassie rit doucement.

« Personne ne le sait. En fait, je ne pense pas que quiconque puisse le savoir… nous, les humains, ne sommes pas capables de comprendre véritablement les choses divines, après tout, et ce mythe n’est donc qu’un grossier fac-similé de la véritable histoire. Personnellement, je pense qu’il s’agissait de l’idée même du désir, et non d’un désir spécifique. C’est pourquoi il existe un conte de fées sur le Puits des Souhaits, ici dans le Tombeau d’Ariel — un lieu magique qui peut exaucer n’importe quel vœu, et pas seulement le bon. »

Sunny la regarda, amusé.

« …Tu connais aussi ce conte ? »

Cassie toussota et détourna le regard, embarrassée.

« Oh. Oui… il est populaire parmi les jeunes habitants de Grâce Déchue. Je l’ai écouté une ou deux fois par curiosité. »

Elle s’attarda un instant, puis se dirigea vers la fresque suivante. Sur celle-ci, six silhouettes rayonnantes se tenaient autour de la masse de flammes dorées, qui était devenue beaucoup plus petite. Dans les ténèbres environnantes, on pouvait apercevoir des formes vagues mais terrifiantes qui les assaillaient. La jeune aveugle pointa l’image du doigt.

« Les dieux sont nés du désir. Ensuite, ils ont mené une guerre terrible contre les anciens, les créatures du vide. »

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