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Chapitre 1231 – Une Fois de Plus, Avec Sensation

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Sunny rêvait d’une pyramide noire.

Sombre et enveloppée de ténèbres, elle émergeait d’une mer de sable d’une blancheur irréprochable, telle une montagne imposante. Ses pentes ressemblaient à de vastes plaines, et son sommet acéré était comme une lance qui transperçait les cieux. Se détachant sur la toile de fond du ciel étoilé, la pyramide était comme une faille noire dans le tissu du monde.

Son édifice était constitué de millions de blocs de pierre colossaux. Chaque bloc était plus sombre que les ténèbres et parfaitement aligné, ne laissant aucun espace entre eux. Et chacun d’entre eux… chacun…

Sunny sentit une terreur froide s’emparer de son cœur.

Chacun des blocs de pierre… était une Graine du Cauchemar. Il y en avait des millions, certaines déjà en fleurs, d’autres attendant leur tour de fleurir. À la base de la pyramide, les Cauchemars étaient peu profonds et faibles. Plus haut, ils étaient déchirants et insondables. Et plus haut encore…

La pente de la pyramide colossale était brisée et couverte de fissures, et de nombreux blocs s’étaient brisés en une poussière lugubre ou avaient disparu. Quatre vastes cicatrices entachaient sa surface immaculée, comme si une bête impie avait déchiré la pierre éternelle avec ses griffes titanesques.

Au-dessus des cicatrices se trouvait un pyramidion étriqué.

Mais Sunny… n’était pas de ceux qui pouvaient la contempler.

Dès qu’il le fit, son âme se convulsa dans l’agonie et sa conscience se brisa.

Le temps inversa son cours, puis bégaya et se figea.

Le temps se déforma et hurla.

La silhouette de la pyramide noire explosa en une myriade d’éclats sans lumière.

Après cela, Sunny n’était plus.

***

Le vent sifflait à ses oreilles.

Il tombait.

Reprenant ses esprits, toujours désorienté, il soupira.

C’est reparti…

Avant de faire quoi que ce soit d’autre, Sunny invoqua la Perle Essentia…

L’instant d’après, il percuta l’eau.

Ha ! Je savais que ça arriverait !

Au lieu de se débattre, il laissa son corps couler et attendit que la Mémoire respiratoire se manifeste. Parallèlement, Sunny étendit son sens de l’ombre vers l’extérieur et tenta de comprendre la nature de son environnement.

…De l’eau. Rien que de l’eau.

C’est étrange. N’étais-je pas dans le désert il y a quelques instants ?

Ils pénétrèrent dans le Cauchemar par un énorme bloc de pierre noire qui se trouvait entre les dunes, à moitié enfoui dans le sable. Puisque la Graine se trouvait dans le désert, le Cauchemar était également censé se dérouler dans le désert… à moins que le Sortilège ne les ait envoyés dans un passé si lointain que celui-ci n’existait pas encore, caché au fond d’une mer.

Mais le problème, c’est que…

C’est très étrange.

L’eau fraîche qui l’entourait n’était pas de l’eau de mer. C’était de l’eau douce. Si Sunny le souhaitait, il pouvait ouvrir la bouche et boire autant qu’il le voulait. Mais il ne le ferait pas, bien sûr.

Huh.

Une chose était certaine. Sunny l’avait déjà deviné, mais après avoir vu le Tombeau d’Ariel dans la vision du début du Cauchemar, il en était désormais certain — le gigantesque bloc de pierre noire était en fait l’un des éléments principaux de la grande pyramide. Le coup inimaginable qui avait laissé quatre cicatrices à la surface du tombeau du daemon avait dû en faire voler un bon nombre au loin, dans le désert.

Et Mordret était tombé sur l’un d’entre eux. Comme on pouvait s’y attendre, le Prince de Rien avait des arrière-pensées.

Ou alors, ils n’avaient pas eu de chance.

Ou peut-être était-ce le destin.

Quoi qu’il en soit…

Enfin !

La Perle Essentia finit de se tisser à partir d’étincelles de lumière éthérée, et Sunny put respirer à nouveau. Il pouvait également voir à nouveau, mais cela ne servait pas à grand-chose — dans toutes les directions, il n’y avait rien d’autre que de l’eau claire.

Il y avait aussi un courant… un courant fort et turbulent. Sunny se sentait entraîné par ce courant, incapable de résister.

Retour à la surface.

Expirant un peu, il observa la direction dans laquelle les bulles montaient et suivit. Cette fois, Sunny n’avait pas à paniquer et à s’inquiéter de se noyer, car il était venu préparé.

Il gardait la Perle Essentia en toute sécurité dans sa bouche.

Peu après, sa tête émergea de la surface de l’eau. Sunny regarda autour de lui et fronça les sourcils. Tout était recouvert d’un épais brouillard et d’un sombre crépuscule. Il ne pouvait pas voir grand-chose, et même son sens de l’ombre semblait émoussé par la brume.

S’il y avait une consolation, c’était que le brouillard semblait inoffensif, bien qu’un peu mystique. Ce n’était pas le brouillard éprouvant des Montagnes Creuses ou de quelque chose de semblable.

Je devrais être reconnaissant, je suppose.

Mais ce n’était pas le cas.

Au contraire, Sunny se sentait… engourdi.

Il était dans un état de tension constant depuis le début de la bataille du Crâne Noir. Le Troisième Cauchemar n’était pas moins éprouvant que le Désert du Cauchemar, mais pour l’instant, au moins, Sunny était en sécurité — il n’y avait pas de Créatures du Cauchemar dans l’eau, et aucun réel danger ne l’attendait pour l’engloutir vivant.

Ainsi, capable de se détendre pour la première fois depuis toujours, Sunny se sentit soudain complètement épuisé, profondément fatigué, vidé de tout sentiment et engourdi.

Avec un soupir, il tourna lentement dans l’eau, et finit par remarquer une forme floue se balançant sur les vagues à une certaine distance, cachée par la brume. N’ayant rien de mieux à faire, Sunny commença à nager dans cette direction.

Moins d’une minute plus tard, il atteignit un grand morceau de bois reposant sur l’eau. Le morceau de bois flottant était plat et de forme irrégulière, avec des bords déchiquetés, comme un fragment brisé de la coque d’un navire. Plus important encore, il était assez grand pour que Sunny puisse y grimper, avec beaucoup d’espace disponible.

Sortant son corps fatigué de l’eau, Sunny grimpa sur le radeau de bois légèrement incurvé et s’y étendit, regardant le ciel.

Il n’y avait pas de ciel, seulement un brouillard agité.

Ses pensées étaient lentes et lourdes.

Au moins, il ne fait plus aussi chaud. Ce désert était un véritable enfer. Le Désert du Cauchemar… ah, quel nom approprié…

Il se trouvait à présent dans le Troisième Cauchemar.

Et un cauchemar des plus étranges.

La source du Cauchemar était le Tombeau d’Ariel. Curieusement, la cohorte n’avait pas réussi à atteindre la vraie pyramide dans le Royaume des Rêves, mais avait tout de même fini par frôler la copie illusoire de celle-ci.

Le tout début du Cauchemar était également très inhabituel. Sunny n’avait pas vu le temps s’écouler à l’envers, comme il était censé le faire, et n’avait donc aucune idée de l’endroit où il se trouvait exactement, ni de ce qu’il devait faire pour résoudre le conflit de la Graine.

Et enfin…

Treize millions de braves ? Qu’est-ce que c’était que ça ?

Le Sortilège avait-il mal fonctionné ? Il n’y avait même pas un million d’Éveillés dans le monde, et encore moins près du Désert du Cauchemar.

C’était le plus étrange.

Mais Sunny…

Il était trop fatigué pour penser à tout cela maintenant.

Je vais d’abord explorer la région. Ensuite, je partirai à la recherche des autres. Nous trouverons une solution ensemble.

Sur ces paroles, il inspira lentement et ferma les yeux.

Quelques instants plus tard, Sunny fut bercé par le doux balancement de l’eau.

***

“Non, non ! Pas encore ! Par pitié !”

Sunny se réveilla en hurlant et en jurant, sentant son abri en bois vaciller et presque chavirer à cause de son mouvement soudain. Les vestiges d’un terrible cauchemar disparaissaient déjà de sa mémoire, ne laissant derrière lui que le goût amer de la folie et du désespoir.

Il frissonna légèrement, puis grimaça et se frotta le visage.

C’est quoi ce bordel… maintenant je fais des cauchemars à l’intérieur d’un Cauchemar. Quel bon début de journée !

Soudain pris de colère, il se leva, serra les poings et hurla :

“Maudit soit-il ! Maudit soit-il !”

Sa voix rauque se noya dans le brouillard.

La brume ne semblait plus aussi épaisse qu’auparavant, mais elle voilait toujours le monde. Il n’y avait rien à la portée de son sens de l’ombre, à l’exception de l’étendue infinie de l’eau qui s’écoulait.

“Maudit soit-il…”

Sunny ferma les yeux un instant, puis grimaça et se rassit.

Il était d’une humeur massacrante.

Quel était le but de tout cela ?

Il était entraîné par le courant… comme il l’avait toujours été auparavant. Pendant la majeure partie de sa vie, Sunny avait suivi le courant, luttant pour survivre et ne réagissant qu’aux choses qui le menaçaient.

Aller en Antarctique fut peut-être la première véritable décision qu’il prit pour lui-même. Bien sûr, c’était peut-être aussi une réaction… mais plus tard, Sunny comprit ce qu’il voulait accomplir.

Il voulait protéger les civils du Quadrant Sud et les soldats de l’Armée d’Évacuation. Il voulait empêcher les grands clans de tout gâcher. Ce qu’il avait fait en Antarctique de l’Est n’était pas une réaction, mais le résultat d’une volonté active de changer le monde comme il l’entendait.

C’était la première fois que Sunny tentait de plier le monde à sa volonté, au lieu de le laisser l’écraser.

Et pour quoi faire ?

Quel était le résultat ?

Les capitales de siège de l’Antarctique de l’Est étaient probablement déjà détruites. L’Armée d’Évacuation avait été anéantie et les civils massacrés. Il y avait un espoir désespéré dans son cœur qu’un miracle eût lieu, les sauvant tous, mais Sunny savait que ce n’était qu’un rêve futile.

Un tel miracle ne s’était-il jamais produit ?

Non. Il avait échoué.

Ah…

Le monde ne se laissait pas plier si facilement.

Bon sang !

Sunny fixa la brume avec rancœur.

C’est alors qu’il entendit une voix :

“Tu as fini de t’apitoyer sur ton sort ?”

Qu’est-ce que ?

Sunny sursauta et s’éloigna de la source de la voix. Tombant sur la surface humide du radeau de bois, il rampa en arrière et regarda en l’air.

Une silhouette mince se tenait au-dessus de lui, un sourire moqueur sur le visage.

C’était un jeune homme aux cheveux noirs, à la peau albâtre et à la carrure légère. Il portait une simple tunique de soie noire et une paire de chaussures en soie, et ressemblait à une poupée de porcelaine.

Ses yeux étaient comme deux bassins de ténèbres froides.

Ce jeune homme… était Sunny.

Ou plutôt, c’était le Péché de Réconfort.

Cependant, l’esprit de l’épée maudite n’avait plus l’air vague et flou. Il semblait tout à fait réel…

En fait, il semblait un peu plus réel que Sunny.

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