Accueil Article 3308-chapitre-961

3308-chapitre-961

Chapitre 961 – Châteaux de Sable

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Le ciel sombre était recouvert d’un voile de cendres tombant lentement. En contrebas du col, éclairée par une inquiétante lueur rouge, une vaste métropole était en ruines. Les bâtiments détruits se noyaient dans des rivières de lave, et une terrible conflagration faisait rage sur les terres dévastées, dévorant le peu qu’il restait de la ville autrefois florissante.

Au-dessus de la scène de dévastation, la forme sombre du Mont Erebus était enveloppée de fumée. Un flot de roches en fusion s’écoulait le long de ses pentes, brillant à travers la fumée. Les murs de la ville étaient percés et d’innombrables hordes de Créatures du Cauchemar rôdaient dans les ruines, certaines se baignant dans les flammes, d’autres les évitant.

…Regardant vers le bas avec une expression anéantie sur son visage pâle et fatigué, Sunny se retrouva momentanément incapable de ressentir quoi que ce soit.

Ça n’a aucun sens…

Erebus Field était… avait été l’une des villes les plus importantes de l’Antarctique. Célèbre pour ses fermes géothermiques, son sol fertile et sa chaleur, elle abritait des dizaines de millions de personnes avant même de devenir un centre d’évacuation.

Le gouvernement local était censé maîtriser le volcan. Même si tous les systèmes de sécurité mis en place devaient subir un cataclysme, la ville possédait de formidables fortifications bien avant d’être convertie en capitale de siège. Avec ces fortifications, une division entière de la Première Armée travaillant au renforcement de l’infrastructure défensive, ainsi que la présence de centaines d’Éveillés et de quelques Maîtres, Erebus Field ne pouvait tout simplement pas succomber à quelque chose d’aussi banal qu’une éruption volcanique.

Comment cela a-t-il pu se produire ?

Sunny était censé guider le convoi jusqu’à cette forteresse, remettre les réfugiés aux autorités, retrouver Davis et sa cohorte d’Irréguliers, puis reprendre son rôle habituel de capitaine d’une unité de combat à réaction rapide.

Au lieu de cela, la ville avait disparu, Davis et ses hommes étaient introuvables, et la responsabilité de s’occuper du convoi de civils sans défense pesait toujours lourdement sur ses épaules. En fait, ce poids n’avait fait que s’alourdir.

Il était à bout.

Avec un soupir, Sunny se frotta le visage, puis s’assit sur un rocher à proximité. Ses yeux étaient toujours rivés sur l’horrible scène qui se déroulait en contrebas. Il n’arrivait pas à détourner le regard.

Les membres de sa cohorte se tenaient maladroitement autour de lui, gardant le silence. Sunny se souvint qu’il était censé projeter une image de confiance en tant que chef, mais il était trop secoué et en colère pour s’en soucier.

Au bout d’un moment, Belle se racla la gorge.

“…Nous attendons vos ordres, monsieur.”

Quentin jeta un regard de reproche à l’épéiste, puis soupira.

“Aucun d’entre nous ne sait vraiment quoi faire. L’ambiance parmi les civils est également assez sombre. Ah… tout le monde est un peu secoué, je crois. Mais nous avons vérifié les cartes. La prochaine capitale de siège se trouve au nord-est d’ici, au-delà des montagnes. À environ trois cents kilomètres. Mlle Beth et le Professeur Obel sont en train de chercher un bon itinéraire…”

Sunny secoua silencieusement la tête.

“…Ça ne sert à rien. Les capitales de siège semblent s’effondrer comme des châteaux de sable de nos jours. Qui dit que la prochaine sera encore là quand nous arriverons ? Si nous y arrivons…”

Les Irréguliers se regardèrent en arborant des expressions désagréables. Après une pause poignante, Kim demanda :

“Que… que devons-nous faire ? Monsieur ?”

Sunny laissa échapper un lourd soupir, puis regarda vers le nord.

Après quelques instants de silence, il dit :

“…Aller à Falcon Scott. C’est notre meilleur espoir. Même si toutes les autres capitales de siège tombent, elle restera debout. C’est la plus fortifiée, et la présence de la Première Armée y est la plus forte. Et surtout… c’est là que se trouve Sainte Tyris. Tant qu’elle défendra le nord, nous ne risquerons rien.”

Sunny ne précisa pas que si quelque chose capable d’éliminer Marée Céleste apparaissait, il valait mieux qu’ils se suicident tous. Une fois que les Saints commenceraient à tomber, les mortels comme eux n’auraient plus aucun espoir de s’en sortir, vraiment.

Il ne mentionna pas non plus qu’il y avait encore deux mille kilomètres entre eux et Falcon Scott, soit deux fois plus que la distance à laquelle ils avaient à peine survécu pour se rendre à Erebus Field depuis LO49. Tout le monde ici le savait, puisque la cohorte avait commencé cette maudite campagne dans le lointain bastion nordique.

Le retour à Falcon Scott bouclerait la spirale calamiteuse.

Certes, la situation serait légèrement différente à mesure qu’ils progresseraient vers le nord. Puisque c’était là que la Première Armée avait établi sa présence, les territoires entre Erebus Field et Falcon Scott étaient bien mieux retranchés que les régions désolées du sud, où l’armée était arrivée en dernier.

Il y aurait des couloirs d’évacuation établis, ou du moins des vestiges de ces couloirs. Des dépôts de ravitaillement, des avant-postes fortifiés, des routes bien entretenues… peut-être même rencontreraient-ils des forces alliées en chemin.

En y réfléchissant, je devrais probablement contacter le Commandement de l’Armée dès que possible, pour obtenir des informations détaillées sur la situation globale.

Le timing allait être délicat, car le convoi était actuellement dans une situation désastreuse, avec de nombreuses Créatures du Cauchemar inondant la zone. Envoyer ne serait-ce qu’un seul Irrégulier dans le Royaume des Rêves diminuerait leur capacité à se défendre, mais c’était mieux que de rester aveugle. Son groupe avait besoin de sommeil, de toute façon.

Sunny s’attarda quelques instants, puis dit :

“Laissez-moi un moment. J’ai besoin de réfléchir. Oh… pendant que vous y êtes, assurez-vous que les transports soient aussi opérationnels que possible.”

De surcroît, il doutait qu’il soit possible de rester longtemps à proximité de la ville dévastée.

Les Irréguliers acquiescèrent, puis reculèrent et se dirigèrent vers le campement temporaire du convoi.

Laissé seul, Sunny se força à détourner son regard des ruines d’Erebus Field et fixa le ciel, qui était sombre et obscurci par des nuages de cendres.

…Merde.

Les trois transports civils restants étaient surchargés et sur le point de tomber en panne. Les véhicules militaires devraient encore être opérationnels, mais le sergent Gere n’a probablement plus de munitions.

Qu’est-ce que je suis censé faire ?

Alors que Sunny observait le ciel, un point noir apparut au-dessus de lui. Il crut d’abord qu’il s’agissait d’un autre flocon de cendres, mais le point se déplaçait trop promptement pour en être un.

Il plongea, grandissant lentement à mesure qu’il se rapprochait.

Quelques secondes plus tard, un oiseau noir se posa sur un rocher près de lui. Il avait des plumes noires brillantes, des yeux ronds et intelligents, et un bec pointu qui lui rappelait les Messagers de la Tour. Avec une légère surprise, Sunny identifia l’oiseau comme étant un corbeau.

Il connaissait au moins celui-là. Les oiseaux étaient une espèce un peu moins disparue que les mammifères, et même s’ils étaient rares dans les faubourgs, il y en avait quelques-uns. Mais en général, ils ne restaient pas longtemps.

Mais…

Pourquoi y a-t-il un corbeau en Antarctique ?

Juste au moment où il le pensait, le corbeau ouvrit son bec et poussa un croassement.

…Ses croassements ressemblaient terriblement à des mots.

“Sah-nee ! Sah-nee !”

error: Contenue protégé - World-Novel