Chapitre 945 – Le Chemin à Parcourir

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

D’une manière ou d’une autre, presque tous les membres du convoi étaient encore en vie. En regardant cela depuis le toit du Rhino, Sunny se sentait à la fois accablé et surpris. Il ne s’attendait pas vraiment à pouvoir s’enfoncer aussi loin dans les montagnes sans subir de lourdes pertes.

Devait-il être fier de lui ?

…Essayons de continuer ainsi.

En ce moment, ses ombres avaient déjà escaladé les sommets les plus proches, ce qui lui permettait d’observer les environs. Le tunnel d’où ils s’étaient échappés n’était peut-être pas interminable, mais il s’avérait qu’il était en fait assez long. De plus, il traversait directement les montagnes au lieu de serpenter autour des gorges et des canyons. En conséquence, et grâce aux jours de voyage précédents, le convoi avait réussi à couvrir beaucoup de terrain et se trouvait à plus d’un tiers du chemin vers Erebus Field.

Malheureusement, les bonnes nouvelles s’arrêtaient là.

C’est inquiétant.

Sunny jeta un coup d’œil à l’écran de son communicateur, puis remonta à l’intérieur de l’APC et ouvrit la carte du Centre de l’Antarctique sous forme de projection dans la suite de commandement.

Ils avaient atteint les limites de la section qu’il avait marquée dans le bunker abandonné. À partir d’ici, Sunny n’avait plus qu’à se fier à la carte de base, qui n’était pas très détaillée et qui, de surcroît, était obsolète. La bataille entre les Saints et les Titans avait changé la topographie de toute la région, et il y avait aussi les effets de la Chaîne des Cauchemars à prendre en compte.

Bien sûr, il pouvait toujours répéter le processus et mettre à jour la carte avec l’aide de ses ombres. C’était exactement ce qu’il avait prévu de faire… et c’était la raison pour laquelle son humeur était si mauvaise en ce moment.

Avec un soupir, Sunny commença à mettre de nouvelles marques sur la projection. Très vite, la position du convoi fut entourée d’une mer de lignes et de symboles rouges qui s’étendaient loin vers le nord, avec à peine un peu de vert entre les deux.

Damnation.

Le chemin à suivre… allait être difficile, c’est le moins que l’on puisse dire. Ils devaient être relativement proches de l’endroit où les trois Saints de la Première Armée d’Évacuation avaient combattu la Bête Hivernale, le Goliath et la Légion Chuchotante, éliminant ce dernier Titan. Le tremblement de terre qui en avait résulté avait détruit une bonne partie de la chaîne montagneuse et semé la pagaille dans les environs.

Sunny essayait de trouver un moyen de faire passer le convoi à travers ce désordre, mais cela semblait impossible.

La plupart des routes étaient détruites, et celles qui restaient étaient ensevelies sous d’importants débris. Les avalanches, les glissements de terrain et les éboulements étaient omniprésents, remodelant le paysage. Les dégâts étaient bien plus importants que ce à quoi Sunny s’attendait.

Et il y avait les Créatures du Cauchemar, bien sûr. Toute la zone en était envahie, et il avait déjà repéré au moins deux douzaines de Portes actives, et d’autres probablement cachées par le terrain transformé.

Sunny n’était pas sûr que le Rhino puisse passer, sans parler des véhicules civils. Il avait beau essayer de trouver un itinéraire sûr, il n’en trouvait aucun.

Son humeur s’assombrit.

Au bout d’un moment, Sunny décida de faire appel à une nouvelle paire d’yeux pour jeter un coup d’œil à la carte, ou mieux encore, à plusieurs. Il ordonna aux Irréguliers de se rassembler dans l’APC, et invita le Sergent Gere à faire de même. Le Professeur Obel étant déjà sur place, Sunny demanda simplement au vieil homme de le rejoindre dans la suite de commandement.

Tous les participants arrivèrent très rapidement et une réunion stratégique improvisée commença. Le résultat fut aussi troublant que Sunny s’y attendait. Personne ne semblait avoir une idée précise de la marche à suivre. Dorn pointait actuellement un certain point de la carte :

“…Si nous pouvons utiliser nos Échos pour guider les Créatures du Cauchemar plus profondément dans la gorge, nous pourrons peut-être passer cette Porte sans être assaillis par les ennemis. De là, nous pourrons suivre la route auxiliaire jusqu’au col et respirer un peu.”

Samara secoua la tête.

“Même si nous parvenons à éviter les Créatures du Cauchemar, tu surestimes les transports civils. La plupart d’entre eux ne tiendront pas sur ce terrain extrêmement accidenté. Nous avons déjà du mal à les empêcher de tomber en morceaux, et toute cette partie du massif montagneux est en fait une course d’obstacles de haute intensité.”

Elle soupira, puis regarda Sunny avec une expression sombre.

“Il y a encore une chose que tout le monde oublie. Les batteries. Elles ne sont pas encore épuisées, mais une telle traversée les mettra à rude épreuve, et je ne pense pas que nous puissions nous le permettre. Traverser les montagnes est une chose… traverser cette zone sinistrée en est une autre.”

Sunny fronça les sourcils, puis jeta un coup d’œil au Sergent Gere.

“On ne peut pas improviser quelque chose pour recharger les transports ?”

Le soldat hésita quelques instants. Il finit par soupirer.

“Nous pouvons cannibaliser les véhicules militaires, si nécessaire. Les systèmes d’alimentation ne sont pas exactement compatibles, mais avec l’aide des Éveillés Kim et Samara, nous pouvons fabriquer une sorte de convertisseur. Les soldats peuvent rejoindre les réfugiés à l’intérieur des transports… mais, outre la perte évidente de capacité défensive, d’autres facteurs s’opposent à cette solution. Nous n’avons pas beaucoup de réserves d’énergie, et les transports sont beaucoup plus gourmands en énergie. Ce ne sera donc pas un changement radical… peut-être une différence d’une centaine de kilomètres supplémentaires, par ce froid.”

Sunny poussa un lourd soupir, réfléchissant à d’autres solutions.

Il y avait toutes sortes d’idées folles dans sa tête, comme atteler l’un des transports à Cauchemar et laisser le destrier noir le tirer comme une vulgaire bête de somme. Le Rhino pouvait aussi s’en charger.

…Bon sang, avec un bon harnais, Sunny serait probablement capable de tracter lui-même l’un des transports. Ce serait un spectacle à voir !

Il grimaça.

Rejoins l’armée, dit-elle. Tu gagneras beaucoup de points de contribution, dit-elle ! Quelle plaie…

C’est pour cela qu’il était devenu officier ? Pour être attaché à un maudit joug et tirer un chariot comme un bœuf glorifié ?

L’idée était ridicule, de toute façon. Bien sûr, il était théoriquement possible de tirer les transports civils en cas de panne électrique, mais qu’en était-il du chauffage ? De même pour l’éclairage ? Comment les civils pourraient-ils survivre à des centaines de kilomètres à travers les montagnes, au milieu d’une nuit polaire, sans ces choses ?

À ce moment-là, Luster prit soudainement la parole :

“Il y a une option que nous négligeons tous, n’est-ce pas ? Une option qui est non seulement viable, en ce qui concerne le terrain, mais qui nous permettra également d’atteindre Erebus Field en moins d’une journée.”

Les autres le regardèrent avec confusion, tandis que le visage de Sunny s’assombrissait.

Le jeune homme sourit d’un air penaud, puis ajouta :

“Je veux dire, je sais que c’est risqué… mais c’est juste sous notre nez.”

Ce disant, il pointa la carte du doigt. Là, à l’extrême limite des montagnes, une épaisse ligne rouge filait vers le nord.

L’autoroute côtière.