Chapitre 909 – Nid Souterrain

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Durant les Temps Sombres, l’humanité était au bord de la destruction. Une série de catastrophes naturelles cataclysmiques l’avait mise à genoux, provoquant plusieurs vagues de migrations massives, chacune accompagnée de pestes et de famines. Les terres autrefois arables s’étaient transformées en friches, et de nombreuses ressources qui avaient été le moteur de la civilisation s’étaient soudainement taries.

Il n’y avait pas assez de nourriture pour tout le monde, pas assez d’espace habitable pour tout le monde et pas assez de sources d’énergie pour tout le monde. Les humains ont donc fait ce qu’ils savaient faire de mieux.

Ils se tournèrent vers la guerre.

…Les traces laissées par ces guerres dévastatrices hantaient encore la planète. De l’air pollué aux épaves de machines militaires brisées, elles jonchaient la Terre comme autant de cicatrices causées par une infection mortelle. Le vieux bunker auquel Sunny faisait face en ce moment même était l’une de ces cicatrices.

Il ne savait pas quelle armée l’avait construit et dans quel but, ni ce qu’il était advenu de ces gens et pourquoi le bunker était maintenant abandonné. Et il s’en fichait.

Il y avait toujours des histoires sur des armes terrifiantes cachées dans de tels endroits, attendant d’être libérées par un explorateur insouciant, mais la plupart d’entre elles n’étaient que cela — des histoires. En réalité, les endroits comme celui-ci étaient généralement vides pour une raison simple : tout le monde était mort ou parti, et ceux qui avaient survécu n’avaient ni le besoin ni la capacité de revenir.

De plus, le bunker avait déjà été descellé depuis longtemps. Ses énormes portes anti-explosion restaient ouvertes, couvertes de neige.

Sunny était bien plus préoccupé par le présent que par le passé. N’importe quoi aurait pu pénétrer à l’intérieur pendant la Chaîne des Cauchemars. Si une peuplade de Créatures du Cauchemar avait fait son nid dans les étroits passages souterrains, il ne serait pas facile d’assiéger le bunker. En fait, c’était une tâche aussi difficile que possible pour une unité militaire.

Mais il ne pouvait pas faire demi-tour.

Les transports civils s’entassaient derrière lui sur la route de montagne, n’ayant nulle part où aller. Les véhicules avaient besoin d’être entretenus et réparés, et les personnes à l’intérieur avaient besoin de repos. Il était de son devoir de s’occuper d’eux.

Regardant l’entrée sombre d’un air sombre, Sunny se retourna et s’adressa à sa cohorte :

“Préparez-vous. Nous entrerons tous les sept dans le bunker dans un quart d’heure.”

Le Sergent Gere, qui se tenait à proximité, hésita quelques instants.

“Monsieur… et s’il y a des Créatures du Cauchemar à l’intérieur ?”

Habituellement, la tâche de nettoyer un nid souterrain n’aurait été confiée qu’à une force beaucoup plus importante et mieux préparée. Sunny fixa le soldat en silence, puis haussa les épaules.

“Il y en a. Et alors ?”

Ses ombres se faufilaient déjà dans le bunker sombre, scrutant ses nombreuses chambres et passages. Il y avait effectivement des abominations cachées sous terre… beaucoup d’entre elles. Elles avaient fait de ce complexe abandonné leur repaire il y a quelque temps, et sa nature allait rendre tout assaut potentiel à la fois difficile à mener et sanglant.

Pour une force militaire régulière.

Sunny et les siens, en revanche, étaient des élites. Il avait confiance en leur capacité à nettoyer le bunker sans subir de pertes. Ils n’avaient pas d’autre choix, de toute façon.

Mais sa confiance venait surtout de lui-même.

Au fil des minutes, Sunny utilisa son communicateur pour projeter une image sur la neige et commença à la remplir lentement sous le regard attentif des Irréguliers. Passage après passage, pièce après pièce… très vite, un plan détaillé du bunker fut projeté devant eux.

Sunny indiqua ensuite chaque Créature du Cauchemar et sa position sur la carte. Enfin, il esquissa la silhouette d’une monstruosité ressemblant à un serpent et dessina plusieurs points rouges sur son corps. Il s’agissait des points faibles qu’il avait observés avec l’aide de Kim.

Le Sergent Gere regarde la projection, abasourdi.

…Sans lui prêter attention, Sunny s’adressa aux Irréguliers :

“Il y a quatre-vingt-quatorze Créatures du Cauchemar à l’intérieur du bunker, ainsi que plusieurs centaines… d’œufs. Le plan est simple. Nous allons entrer et les faire disparaître, niveau après niveau. Les deux premiers niveaux ne contiennent que des abominations Éveillées, et le cœur du nid semble être situé au quatrième, avec plusieurs Déchus qui le protègent. Il n’y a pas beaucoup de place pour bouger, alors faites attention aux murs. Sam, laisse le fusil derrière toi. Il ne servira à rien sous terre, de toute façon…”

Il passa le reste du quart d’heure à revoir les points importants et à expliquer le type d’ennemi qu’ils allaient devoir affronter.

Puis, sans tambour ni trompette, la cohorte brandit ses armes et pénétra dans le bunker, disparaissant dans l’obscurité sans qu’aucune Mémoire rayonnante ne vienne éclairer leur chemin.

Cachés dans l’ombre, Sainte et Cauchemar restèrent à l’extérieur pour surveiller le convoi.

Un nid souterrain était toujours une cible redoutable. Le manque de lumière, la nature imprévisible du terrain, les méandres des passages étroits qui pouvaient conduire à une embuscade à tout moment, l’espace restreint qui rendait difficile le déplacement et le combat… c’était un cauchemar pour une cohorte d’Éveillés, surtout si les abominations avaient à la fois le nombre et l’avantage du terrain de leur côté.

…Ce n’était pas trop difficile pour les Irréguliers, car ils savaient où se trouvaient les ennemis, quelle était la configuration du terrain, et ils avaient déjà élaboré un plan d’attaque optimal. Même si quelque chose d’inattendu se produisait, les ombres de Sunny gardaient un œil sur tout, de sorte que la cohorte serait informée à l’avance de toute attaque potentielle.

Se déplaçant rapidement de pièce en pièce, de couloir en couloir, ils massacrèrent méthodiquement les Créatures du Cauchemar. Bien que se trouvant dans un repaire de bêtes, les abominations semblaient s’être retrouvées à l’intérieur d’un bastion ennemi. Les Éveillés semblaient connaître la structure du bunker mieux que ses habitants actuels, ainsi que la façon de séparer, de flanquer et d’encercler les monstres.

Il n’y avait pas de mouvements évitables, pas de mots prononcés. Les Irréguliers étaient rapides, efficaces et mortels. Belle semblait particulièrement bien adapté à ce type d’assaut, puisqu’il pouvait librement traverser les murs et attaquer sous n’importe quel angle. Son épée ne fit qu’une bouchée des monstrueux serpents, frappant précisément les parties vulnérables que l’Aspect de Kim avait pointées du doigt.

Sunny contrôlait parfaitement la situation. Ses ombres se répandaient dans le complexe souterrain, l’informant des mouvements de l’ennemi. Dès qu’un danger apparaissait, sa lance s’élançait, anéantissant la menace. En cas de changement, il ajustait le plan à la volée et en informait ses soldats.

Comme la faux de la Faucheuse, ils traversèrent le premier niveau en abattant tous les êtres vivants qui s’y trouvaient, puis ils firent de même au deuxième niveau.

Puis au troisième.

Finalement, même les abominations Déchues ne purent rien faire. Le dernier assaut enragé des Créatures du Cauchemar fut complètement annihilé par un piège à essence mis en place par Samara. Les survivantes furent achevées par les guerriers au corps à corps.

C’est ainsi que le nid mortel des puissantes abominations fut anéanti.

Dès que la dernière créature eut perdu la vie, les ombres déferlèrent sur le complexe souterrain, entraînant les cadavres pour les cacher à l’abri des regards.

…Environ une heure après l’entrée de la cohorte dans le bunker, Sunny sortit de l’obscurité et respira l’air froid. Il regarda ensuite les soldats qui attendaient à l’extérieur et dit calmement :

“Amenez les transports à l’intérieur.”

Les soldats le fixèrent quelques secondes en silence, puis se retournèrent et se dirigèrent vers les véhicules sans rien dire.

…Que fallait-il dire ?