Chapitre 776 – L’Ennemi de mon Ennemi

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

L’omurice disparut des assiettes avec une rapidité qui rendit Sunny un peu imbu de sa personne. Il sourit fièrement, puis regarda Nephis :

“Alors, qu’est-ce que tu penses du pétrin dans lequel nous sommes ?”

Elle posa ses couverts, regarda l’assiette vide avec une pointe de regret, puis demanda :

“Ce Mordret… le Rang de son Aspect est le même que le nôtre ?”

Sunny acquiesça, ce qui la fit froncer les sourcils. Pendant qu’elle réfléchissait, il ajouta à contrecœur :

“Il est également plus âgé et plus puissant que nous, et possède plus de connaissances que n’importe qui dans le monde réel ne devrait en avoir. À part ça, il est… en fait, je ne sais pas ce qu’il est, j’ai juste l’impression que quelque chose ne tourne pas rond chez lui. Quoi qu’il en soit, il est déterminé à détruire le clan Valor. Mais il est difficile de savoir comment il va s’y prendre pour atteindre cet objectif.”

L’Étoile Changeante resta silencieuse quelques instants, puis reprit d’un ton ferme :

“Il va chercher des alliés.”

L’expression de Sunny s’assombrit un peu.

“Mordret n’est pas vraiment doué pour le travail d’équipe.”

Nephis secoua lentement la tête.

“Cela n’a pas d’importance. Quelle que soit sa puissance, elle ne suffira pas à atteindre ses objectifs. L’ennemi est trop fort. Leur pouvoir est trop absolu.”

Elle ne le disait pas, mais à l’expression sinistre de son visage, Sunny pouvait deviner à quoi pensait l’Étoile Changeante. Qu’elle était exactement dans la même situation.

Ce qui n’augurait rien de bon…

Il grimaça.

“Alors… tu penses qu’on doit s’attendre à trouver un jour ce salaud sur le pas de notre porte ? L’ennemi de mon ennemi, et tout ça.”

Sunny n’était pas impatient de rencontrer à nouveau Mordret, et encore moins de se retrouver mêlé à lui sous une quelconque forme. Pour lui, le Prince de Rien n’apporterait que des ennuis.

Nephis fronça les sourcils, puis dit avec incertitude :

“Non… j’en doute.”

Si elle avait raison, c’était un soulagement.

À ce moment-là, Cassie désactiva son communicateur et se tourna vers eux.

“Les Gardiens du Feu ont atteint le manoir de la Flamme Immortelle. Ils organisent un spectacle pour faire croire qu’il y a toutes sortes d’activités à l’intérieur. Avec un peu de chance, la plupart des gens penseront que tu es à leurs côtés. Tu ne devrais pas être dérangé par qui que ce soit ici, pour le moment.”

Elle marqua une pause, puis soupira.

“Mais ça ne va pas durer longtemps. Peut-être une semaine… nous ne devrions pas nous attarder non plus. Il serait étrange que Kai, Effie et moi ne soyons pas vus au manoir. Nous partirons bientôt rejoindre les Gardiens du Feu.”

Ce qui laisserait Sunny et Nephis seuls…

Il ne savait pas ce qu’il devait en penser.

Effie, quant à elle, jeta un coup d’œil sur les assiettes vides et dit d’un ton irrité :

“Je vis ici aussi, tu sais !”

Cassie se tourna vers elle d’un air impassible.

“Pas pour la semaine à venir, en tout cas.”

Alors que la chasseresse laissait échapper un soupir, la jeune aveugle hésita quelques secondes, puis reprit :

“Je suis également en contact avec les représentants du gouvernement et du Clan Valor. Ils comprennent la pression que tu subis si peu de temps après ton retour, alors ils sont prêts à être… patients. Pour l’instant. Cela te donnera une petite marge de manœuvre avant qu’ils ne viennent frapper à la porte. Sois prête à recevoir des demandes d’apparitions publiques et ainsi de suite d’ici une semaine ou deux, de même que des demandes de reprise des négociations. Nous pouvons gagner du temps, mais pas éternellement.”

Nephis la regarda calmement, puis demanda :

“Qu’en est-il de Song et Nuit ?”

Cassie fronça les sourcils.

“Le clan Song pourrait essayer de s’impliquer dans les négociations, mais je ne m’attends pas à ce qu’ils soient trop énergiques. Ils sont dans une position plus avantageuse que Valor en ce moment, après tout. Quant à la Maison de la Nuit… elle reste étrangement passive ces derniers temps, pour une raison que j’ignore. Peut-être savent-ils qu’ils ont moins à offrir que les deux autres grands clans, et ne veulent pas s’en préoccuper.”

Sunny avait une autre explication sur la raison pour laquelle les Noctambules avaient moins de temps pour participer aux manigances des deux grands clans, mais il préféra garder le silence. Les informations que lui avait fournies Maître Jet avaient été partagées de manière confidentielle. Même s’il le voulait, il ne pourrait pas les diffuser.

La jeune aveugle soupira, puis se leva de son siège.

“Essaie de bien te reposer pendant cette semaine, Neph. Ne néglige pas ton rétablissement. Nous savons que tu es forte… mais personne n’est vraiment infaillible. Peut-être qu’aucun d’entre nous n’a connu autant de souffrance que toi au cours de ces dernières années, mais nous avons fait face à notre part. Certains plus que d’autres…”

Elle fit brièvement face à Sunny, puis se détourna et baissa la tête.

“Nous comprenons donc à quel point il est précaire de continuer comme si rien ne s’était passé sans donner aux vieilles blessures une chance de guérir. Ne t’entête pas et aie un peu de pitié pour toi, pour une fois.”

Nephis la regarda. Au bout de quelques instants, un pâle sourire se dessina sur son visage.

“Tu n’as pas à me faire la morale, Cas. Tu surestimes ma détermination. Je suis tout à fait disposée à me reposer un peu. Et même à être heureuse.”

Les mots repos et bonheur ne correspondaient guère à l’image de l’Étoile Changeante à laquelle ils étaient habitués, mais nul ne dit quoi que ce soit. Une épreuve comme celle qu’elle avait traversée ne pouvait que changer n’importe qui, même quelqu’un d’aussi déterminé et inébranlable que Nephis.

Cassie sourit, puis s’adressa à Effie et Kai :

“Allons-y, alors. Il y a beaucoup de travail à faire au manoir. Nous devons un peu le rénover et faire quelques aménagements pour en faire un véritable quartier général.”

Ils firent leurs adieux et partirent. Le VTP se mit en marche et disparut rapidement de la vue.

Sunny et Nephis restèrent seuls dans la maison grise et confortable.

Il hésita un peu, puis la regarda avec un peu de gêne.

“Eh bien… fais comme chez toi, je suppose. En fait, laisse-moi te faire visiter…”