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2779-chapitre-580

Chapitre 580 – Présomption de Culpabilité

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Deux jours s’étaient écoulés après la bataille contre le précédent réceptacle de Mordret et l’armée de marionnettes cadavériques qu’il avait créée avec son aide. Les blessés légers étaient déjà sur pied, mais trois sentinelles étaient encore mal en point.

Leurs camarades faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour soigner leurs blessures, mais tous les guérisseurs de la Citadelle étant déjà morts, il n’y avait pas grand-chose à faire pour accélérer leur guérison. L’un des coins de la salle fut transformé en infirmerie, où les trois sentinelles lourdement blessées se reposèrent et reçurent des soins.

…Au matin, un cri perçant résonna soudain entre les murs de pierre noire. Ceux qui dormaient se levèrent d’un bond, saisissant les armes qu’ils avaient gardées invoquées pour être prêts à l’attaque. Ceux qui étaient restés éveillés se déplaçaient déjà, se précipitant vers la source du cri — l’infirmerie de fortune.

Sunny se contenta de s’asseoir sur son matelas, une expression tendue sur le visage.

Il y avait trois lits pour les blessés, alignés le long du mur. C’était l’Égaré qui occupait celui du milieu qui hurlait, le visage déformé par une expression de terreur pure.

Les deux autres étaient morts.

Ils avaient la gorge tranchée, le sang ruisselant sur le sol. Les deux ont été tués dans leur sommeil, sans alerter personne… le plus loin possible de l’entrée de la salle, en plein milieu du camp des sentinelles.

Le troisième avait manifestement pu être assassiné lui aussi, et avait été laissé en vie volontairement, comme pour se moquer des Égarés.

C’était comme si Mordret leur disait que personne n’était à l’abri, et qu’il était parfaitement capable de prendre chacun d’entre eux quand bon lui semblerait.

“Qu’est-ce qu’il y a ?!”

“Comment est-il entré ?!”

“Il est peut-être encore là !”

Les Égarés étaient sur le point de paniquer, mais finalement, leur entraînement et leur habileté l’emportèrent. Au lieu de sombrer dans le chaos, la situation à l’intérieur de la salle se transforma immédiatement en une action coordonnée. Avant même l’arrivée de Pierce et Welthe, les sentinelles s’étaient déjà placées en formation défensive, les armes dégainées et prêtes au combat.

Les deux Maîtres apparurent quelques secondes après le cri. Ils évaluèrent rapidement la situation et rejoignirent leurs soldats, la moitié des Échos se rapprochant, l’autre moitié barrant les portes.

Pendant quelques instants, un silence tendu régna dans la forteresse des forces de Valor. Les sentinelles survivantes attendaient, tendues, près de l’infirmerie, tandis que cinq Échos au regard vide bloquaient la sortie.

Il n’y avait personne d’autre dans le hall… à l’exception de Sunny et Cassie, qui n’avaient pas bougé depuis le début.

Lentement, tous les Égarés se concentrèrent sur ces deux-là. Leurs regards étaient sombres, froids et pleins de danger.

Le visage de Sunny se crispa.

Merde…

Mordret était-il conscient de l’effet que ces actions auraient sur eux ? Essayait-il de les forcer à se montrer au grand jour pour qu’il leur soit impossible de rester avec les sentinelles ?

Quel était son plan, au fond ? Quelle était sa finalité ? Comment comptait-il s’occuper de Saint Cormac dans quelques jours, et quel rôle les autres étaient-ils censés jouer avant cela ?

Il ouvrit la bouche, souhaitant dire quelque chose pour désamorcer la situation, mais l’un des Égarés fut plus rapide :

“C’est eux ! C’est forcément l’un d’entre eux !”

Dès cette première accusation, les vannes s’ouvrirent. Un instant plus tard, Sunny et Cassie furent assaillis par une litanie de cris, les rendant tous responsables de la mort des deux sentinelles blessées.

Sunny fixa la foule des Égarés, sentant son cœur se glacer. Une seule personne pouvait être raisonnée… mais ce qu’il voyait en ce moment n’était pas un groupe de personnes, mais une créature massive avec plusieurs têtes, plusieurs bouches criantes, et plusieurs yeux qui brûlaient de fureur, de peur… et de sombres intentions meurtrières.

Une foule effrayée ne connaissait pas la raison, elle ne connaissait que la peur et le désir de fuir ou de détruire sa source.

…Ironiquement, il y avait très peu de choses plus effrayantes qu’une foule insensée.

Les Égarés étaient beaucoup plus résistants et préparés que la plupart des gens, mais même des guerriers endurcis comme eux avaient une limite. Après des semaines passées à être chassés, massacrés et brutalisés par l’insaisissable et terrifiant monstre, ils semblaient l’avoir enfin atteinte.

Bien sûr, il n’y avait aucune logique derrière ces accusations. Ni Sunny ni Cassie n’avaient les moyens de commettre ce meurtre sans se faire remarquer — simplement parce que pendant tout ce temps, on les avait surveillées, puisque personne ne leur faisait vraiment confiance, initialement.

Mais sa tentative d’explication fut noyée dans le concert des cris de colère.

Sunny remarqua que Pierce et Welthe échangeaient un regard rapide, leurs visages étaient calmes, mais sombres. Au moins, ces deux-là avaient réussi à garder la tête froide… mais cela changerait-il quelque chose ?

Les battements de son cœur ralentirent.

Sunny examina la salle dans son ensemble — les Échos qui montaient la garde près des portes, les deux Maîtres, la formation des Égarés, les Sentinelles mortes allongées sur les lits imbibés de sang…

Serait-il capable de se battre pour sortir de cet endroit ? Et que se passerait-il ensuite ? Les forces de Valor allaient sûrement les poursuivre, lui et Cassie…

C’est à ce moment-là qu’une soudaine prise de conscience le frappa.

Sunny hésita un instant, puis se leva lentement. Sa main plana dans les airs, comme s’il était prêt à invoquer une arme.

Cette action fut suffisante pour provoquer un effet de chaîne parmi les Égarés.

L’un d’eux s’élança soudain en avant, lançant un javelot sur Sunny. Un autre arma son arc, une flèche déjà décochée sur la corde…

Mais rien ne se produisit.

Presque instantanément, Pierce grogna, sa voix étouffant facilement les cris :

“Arrêtez, sales bâtards ! Qui vous a ordonné d’attaquer ? Si quelqu’un bouge, je le tue moi-même !”

Au même moment, Welthe devint floue et apparut devant Sunny, attrapant le javelot avant qu’il ne l’atteigne. Elle regarda l’arme d’un air renfrogné, puis la jeta par terre.

Les Échos qui se tenaient devant la formation de la sentinelle se retournèrent soudain, faisant face aux Égarés. Leurs yeux vides fixaient les guerriers effrayés, sans aucune émotion.

…Ainsi, les deux Maîtres avaient dompté la bête sauvage qu’était la foule humaine. Peu importe à quel point les sentinelles étaient dépassées, il restait encore des vestiges de discipline gravés au plus profond de leurs os.

De plus, le meilleur moyen de vaincre la peur était d’en affronter une autre, bien plus grande.

Sous le regard troublant des Échos, les cris accusateurs s’arrêtèrent brusquement. Les Égarés hésitèrent, puis baissèrent leurs armes avec hésitation.

Cependant, leurs regards brûlants étaient toujours braqués sur Sunny et Cassie, leur soif de violence temporairement freinée, mais non étanchée.

Welthe s’attarda un instant, puis les regarda par-dessus son épaule.

“…Vous feriez mieux de venir avec moi. Il n’est pas prudent pour vous deux de rester avec les autres. Mais ne vous inquiétez pas. Nous veillerons à votre sécurité.”

Sunny fit semblant de frissonner, jeta un coup d’œil à la foule des Égarés, et acquiesça.

“Bien sûr. Oui… pas de problème.”

Intérieurement, cependant, il souriait.

Nous protéger… quel tas de conneries…

Sunny et Cassie furent emmenés plus loin dans le sanctuaire intérieur. Ils passèrent devant la salle avec la table ronde où les deux Maîtres les avaient interrogés pour la première fois, puis devant les quartiers personnels des Chevaliers Ascendants, et furent finalement conduits dans une petite pièce avec une seule porte.

Welthe les fit entrer et resta sur le seuil.

Elle resta silencieuse quelques instants, puis dit :

“Attendez un peu. Je vous apporterai de la nourriture et de l’eau plus tard. Vous serez désormais logés ici, alors, mettez-vous à l’aise.”

Sur ce, elle ferma la porte et partit.

Sunny sourit sombrement.

…Il n’entendit pas le clic de la serrure, mais l’implication était claire.

La petite pièce était bien plus confortable que la cage de fer, mais elle servait le même but.

Une fois de plus, ils se trouvaient dans une cellule de prison.

…Heureusement, Sunny savait que cette fois-ci, ils n’y resteraient pas longtemps.

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