Chapitre 572 – Plus Doux que le Paradis

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Sunny resta immobile un moment, puis jeta un coup d’œil à sa Mer de l’Âme. Elle n’avait plus l’air vide et sans vie. Les trois soleils noirs de ses noyaux se dressaient en un triangle parfait, brûlant de flammes sombres et furieuses, et la mer tranquille était en ébullition, remplie d’énergie furieuse.

Il jeta un coup d’œil à l’ombre de la sentinelle qui avait rejoint les rangs silencieux de ses confrères, fit une grimace et ferma les yeux.

Son corps était encore faible et sur le point de s’éteindre, mais maintenant, rassasié d’essence, il n’était plus complètement inutile. Il se concentra, invoqua le Serpent Noir et fit circuler l’essence dans ses enroulements, sentant la force revenir dans ses muscles endoloris. Sa léthargie s’estompa un peu.

Finalement, Sunny ouvrit les yeux et tourna la tête pour regarder Cassie. La jeune aveugle était allongée sur le sol à côté de lui, juste à l’extérieur du cercle de runes, complètement épuisée. Elle avait dû récupérer les clés sur le cadavre de la sentinelle, déverrouiller la porte, puis le traîner hors de la cage. Sunny ne savait pas comment elle avait réussi à le porter jusqu’au bout dans son état lamentable, mais elle l’avait fait.

À présent, Cassie respirait à peine. Cependant, son visage reprenait lentement des couleurs — elle régénérait également son essence d’âme.

Le simple fait de tourner la tête donnait le vertige à Sunny. Il se reposa quelques instants, respirant difficilement, puis invoqua Sainte.

La chevalière taciturne sortit de son ombre, ses yeux rubis brûlant dans l’obscurité. Il la fixa une seconde, puis donna un ordre silencieux :

Ferme la porte. Protège-nous.

La démone se retourna silencieusement et s’éloigna, ses pas résonnant dans le silence de la cellule de pierre. Sunny se reposa encore un peu, puis serra les dents et tenta de se redresser. Il y parvint au troisième essai.

De l’eau, de l’eau… il avait besoin d’eau… tout son être aspirait à une seule goutte du précieux liquide…

Un tourbillon d’étincelles dansa autour de sa main, puis la chose la plus glorieuse qu’il ait jamais vue y apparut.

C’était une bouteille éblouissante, magnifique, sublime, faite de verre bleu à motifs.

Sunny s’attarda quelques instants, puis se rapprocha de Cassie, leva sa tête et porta le Printemps Sans Fin à ses lèvres craquelées. Dès que les premières gouttes d’eau tombèrent dans sa bouche, la jeune aveugle ouvrit les yeux, tressaillit, puis but goulûment. À un moment donné, elle leva une main et saisit la sienne, comme si elle craignait qu’il ne lui prenne la bouteille.

Sunny l’observa, sa propre gorge se contractant sous l’effet de la douleur. Finalement, il dégagea sa main et but sa part.

…L’eau froide était, sans l’ombre d’un doute, la chose la plus douce et la plus magnifique qu’il ait jamais goûtée. La boire était plus euphorique que de renaître lors de l’Éveil, et bien plus gratifiant. À chaque gorgée, il sentait la vie revenir dans son corps torturé, comme s’il ressuscitait d’entre les morts.

Dans ces moments-là, il était probablement plus heureux qu’il ne l’avait jamais été.

Après avoir tous deux étanché leur soif, ils s’écroulèrent sur le sol, morts de fatigue. Sunny et Cassie étaient revitalisées par l’eau, mais mentalement épuisées et complètement vidées.

Ils ne tardèrent pas à s’endormir.

***

Lorsque Sunny se réveilla, il se sentait beaucoup mieux. Il était toujours en assez mauvais état et affaibli par la faim, son estomac palpitait de douleur, mais au moins il n’était plus mourant.

Il s’assit, but un peu plus d’eau et regarda autour de lui.

Cassie dormait encore profondément, allongée sur le sol de pierre froid. Elle semblait en plus mauvais état que lui, mais son visage était coloré et sa respiration était calme et régulière. Même si la jeune aveugle ne possédait pas le miraculeux Tissage du Sang, elle n’en était pas moins une puissante Éveillée. Son corps était beaucoup plus résistant et plus rapide à guérir que celui d’un humain ordinaire.

Sunny pensait que d’ici quelques jours, ils seraient tous les deux revenus à la normale.

…À condition que rien d’autre ne se produise.

Quelles étaient les chances que cela se concrétise ?

Il jeta un coup d’œil à Sainte, qui gardait la lourde porte, puis à la cage et au cadavre de la sentinelle qui gisait près d’elle. Son visage se contorsionna en une grimace de dégoût.

Sunny soupira, puis ferma les yeux et envoya une de ses ombres jeter un coup d’œil à l’extérieur de la porte. Le long couloir était vide et plongé dans l’obscurité. Rien n’y bougeait, et rien ne semblait constituer une menace. La seule chose qu’il vit fut un autre cadavre — celui du partenaire de la sentinelle morte — étalé près de la cellule, terriblement mutilé et en début de décomposition.

Sunny le fixa un moment, puis ordonna à l’ombre de revenir.

Le silence qui régnait à l’extérieur était presque sinistre.

À ce moment-là, Cassie remua et ouvrit les yeux. Elle s’assit et gémit doucement, puis tourna lentement la tête dans sa direction.

Son deuxième Aspect devait être revenu. Ou peut-être qu’elle l’avait repéré à l’odeur… après des semaines passées dans la cage de fer, ils empestaient tous les deux suffisamment pour faire fuir une meute de loups affamés.

Sunny lui tendit le Printemps Sans Fin, fixa la bouteille dans la main délicate de la jeune aveugle pendant quelques instants, puis se détourna.

Cassie but l’eau, toussa, puis rendit la Mémoire et demanda, la voix rauque :

“…Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?”

Sunny hésita un peu, puis haussa les épaules.

“D’abord, nous devons trouver de la nourriture. Une fois que nous serons rassasiés et suffisamment forts pour nous battre… nous verrons. Rassemblons des informations, évaluons la situation, puis agissons.”

Elle acquiesça, puis se leva lentement. La Danseuse Calme apparut dans sa main à la lueur d’étincelles blanches.

Sunny se leva également et se dirigea vers la porte.

Sainte s’écarta pour lui permettre de l’ouvrir.

Sur le seuil, il hésita quelques secondes, puis fit un pas en avant. Une expression sombre apparut sur son visage.

…Sunny savait qu’il devait être prudent. Mais il estimait aussi qu’il avait le droit de se venger.