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Chapitre 1960 – Maître Tisserand

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Sunny pourrait simplement créer un peu d’espace dans le sac à dos, le rendant beaucoup plus grand à l’intérieur qu’il ne l’est à l’extérieur. Bien sûr, cela créerait plusieurs problèmes, qu’il devrait alors résoudre.

Par exemple, il y avait la question du poids — une simple Mémoire comme celle-ci serait capable de contenir beaucoup d’objets, mais elle pèserait également très lourd. Avoir une Mémoire de stockage spatial ne servait pas à grand-chose si son détenteur ne pouvait pas la soulever, après tout. Heureusement, Sunny maîtrisait depuis longtemps les enchantements permettant de manipuler le poids. En ajoutant une version simplifiée de la [Plume de Vérité], il pourrait donner au sac à dos la capacité de réduire le poids de tous les objets qu’il contient.

Ensuite, il y avait la question de la continuité. Effie possédait sa propre Mémoire de stockage spatial bien avant le Médaillon de la Bête Noire, sur le Rivage Oublié. Cependant, elle présentait un défaut flagrant par rapport au Coffre de la Convoitise — une fois qu’elle était rejetée, tout ce qu’elle contenait était jeté par terre au lieu d’être stocké en toute sécurité dans son âme.

La même chose serait valable pour le sac à dos en cuir, à moins que Sunny ne trouve une parade.

Huh…

Il devait encore tisser de nombreux fils d’ombre, ce qui lui laissait le temps de réfléchir.

En fait… j’ai l’impression que la réponse est cachée dans les enchantements rudimentaires que possèdent toutes les Mémoires. Le plus élémentaire d’entre eux la capacité de supprimer une Mémoire et de la manifester à nouveau à partir d’essence. Si je parviens à faire en sorte que le sac à dos considère tout ce qu’il contient comme une fausse Mémoire… peut-être une partie de lui-même ? Ça vaut le coup d’être exploré…

Il planifia mentalement les enchantements souhaités dans sa tête.

Tout comme le sac à dos lui-même, qui était fait de cuir, mais qui nécessitait l’ajout de nombreux petits détails — comme des fermoirs, des poches, des ornements, et ainsi de suite — la trame fondamentale nécessitait également de nombreux ajouts pour fonctionner correctement.

De nombreuses choses étaient à penser.

Sunny finit par prendre une profonde inspiration et se concentra sur le sac à dos, regardant sous sa surface.

Il était prêt… autant qu’il le serait jamais.

L’ébauche de la trame se dessina dans son esprit. Contrairement à ce qu’il avait fait auparavant, imaginant méticuleusement chaque torsion et chaque tour de chaque fil d’essence, Sunny s’y prit différemment cette fois-ci.

Au lieu d’une image précise et claire, la trame dans sa tête était plus… abstraite. Il y avait des sections clairement définies, celles qui étaient responsables de la structure générale et du cadre de la tapisserie entière. Il y avait aussi plusieurs motifs précisément tracés, surtout les plus petits.

Cependant, certains segments restaient lâches et vagues, relevant davantage d’un concept que d’une solution détaillée.

Ces derniers, il allait les achever en appliquant ses connaissances, son intuition et son inspiration.

Avant de commencer, Sunny purifia son esprit, l’amenant à un état de clarté — quelque chose qu’il ne faisait habituellement que lorsqu’il allait au combat, mais qui lui semblait étrangement approprié.

Il prit ensuite l’Aiguille de Weaver et l’un des éclats d’âme…

Et commença à tisser.

Sunny commença lentement, créant le cadre du tissage et ses enchantements rudimentaires. Ce faisant, il plongea plus profondément dans l’état d’unicité avec la Mimique Merveilleuse, explorant son lien avec l’espace.

Bien entendu, la Mimique Merveilleuse était une Ombre à présent, et non plus une Mémoire. Mais Sunny se souvenait très bien de la trame du Coffre de la Convoitise. En devenant la Mimique, il pouvait mentalement relier ses traits et Attributs aux motifs correspondants du Coffre.

Je crois… que je comprends…

Suite à une intense étincelle d’inspiration, Sunny entra dans l’état de flow et passa aux motifs conceptuels des cordes d’essence qu’il avait vaguement planifiés. Il ne s’agissait pas d’une improvisation absolue… plutôt d’une improvisation guidée qui cherchait à inventer les connexions correctes entre les concepts et les éléments de la trame qu’il avait préparés à l’avance, formant ainsi le modèle fonctionnel.

Il y avait une logique étrange, insondable et magnifique dans la trame, que Sunny ne comprenait pas tout à fait, mais qu’il pouvait ressentir intuitivement. Il se sentait proche maintenant, juste hors de portée.

Il était l’héritier de Weaver, après tout.

Armé de cette parenté intuitive, du puits profond de connaissances théoriques qu’il avait construit et de l’état d’unicité avec la Mimique Merveilleuse, Sunny utilisa ses six mains pour former les motifs complexes des fils d’essence.

À un moment donné, ses yeux s’écarquillèrent.

C’est… c’est ça !

Comme par magie, l’enchevêtrement chaotique des cordes se transformait lentement en une tapisserie harmonieuse, donnant naissance à l’ordre. Les bonnes décisions s’imbriquaient les unes dans les autres. À cet instant, Sunny ressentit pleinement la nature d’une trame magique, où tout était lié et interconnecté.

La résolution d’un problème entraînait celle d’un autre, qui laissait entrevoir la façon d’en traiter deux autres. C’est ainsi que naquit une cascade de compréhension qui l’aida à résoudre des dilemmes dont il n’avait aucune connaissance préalable, et qui poussa la trame jusqu’à sa forme finale.

C’est… merveilleux…

Enfin, plusieurs heures plus tard, Sunny poussa un long soupir et congédia les mains d’ombres, regardant le sac à dos en cuir magnifiquement travaillé avec satisfaction.

Il avait réussi.

Il avait créé une Mémoire de stockage spatial — non pas en copiant un motif créé par le Sortilège, ni même en en modifiant un.

Au lieu de cela, il avait enchanté le sac à dos simplement en ayant une compréhension suffisante des règles fondamentales du tissage, passant de l’imitation à l’originalité.

Il s’agissait de sa première Mémoire entièrement originale.

Sunny sourit d’un air fatigué.

Bon sang. Suis-je un véritable maître tisserand maintenant ?

Sa compétence était au moins égale à celle du sorcier inconnu qui avait créé le Manteau d’Ananke, et même supérieure à bien des égards.

Et elle ne cessait de croître.

En fait, il était sur le point d’entrer dans une période de croissance explosive. Le ciel était la limite.

Enfin… peut-être qu’ici, à Godgrave, cette expression n’était pas la meilleure à utiliser.

Quoi qu’il en soit…

Il restait une dernière étape à franchir.

Sunny fixa le sac à dos en cuir avec amour.

« Quel va être ton petit nom, huh ? »

Il voulait que Rain l’utilise à bon escient.

Sunny se gratta le menton.

À quoi servait une Mémoire de stockage spatial ?

De toute évidence, elle servait à contenir des objets.

Pas seulement de contenir des objets, bien sûr, mais de les mettre à l’abri des mains avides des autres humains.

Et là, devant lui, se trouvait un sac en cuir.

Les yeux de Sunny brillèrent et il leva un doigt en l’air.

« Ah, je sais ! »

C’était tellement évident.

Il hocha la tête en signe de satisfaction, comme s’il avait trouvé la réponse parfaite.

« Je t’appellerai… le Havresac ! »

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