6271-chapitre-1950
Chapitre 1950 – Grand Sorcier
Traducteur/Checker : Gray
Team : World Novel
Quelque temps plus tard, Sunny expira en tremblant et s’étala sur le sol. Il avait l’impression que son esprit était en feu, et une myriade de pensées se bousculaient dans sa tête.
Il avait raison !
L’utilisation d’une incarnation pour augmenter une Mémoire changeait la donne. Le fait de fusionner avec une Mémoire lui permettait de mieux comprendre le fonctionnement de ses enchantements et la façon dont sa trame permettait à ces enchantements d’exister.
C’était une chose de voir la tapisserie de cordes éthérées, mais en faire l’expérience en tant que partie de lui-même était complètement différent.
Auparavant, Sunny pouvait étudier une trame et tirer des conclusions logiques sur le fonctionnement de ses éléments, ainsi que sur le rôle de chaque corde dans la tapisserie. En observant la structure et les principes directeurs d’innombrables tissages et en les comparant les uns aux autres, il pouvait déduire la raison d’être de certains motifs et Mémoires tissées en les recréant. C’est ainsi que sa carrière de sorcier avait commencé… et il avait fait de grands progrès depuis.
Sunny avait régulièrement augmenté le répertoire des motifs qu’il pouvait tisser. Il avait même fini par comprendre les principes de ces structures, ce qui lui avait permis de les changer et de les modifier. Il en était arrivé à un point où il pouvait tisser de nouveaux motifs et ainsi créer des enchantements plus ou moins originaux, tout seul.
Cependant, Sunny demeurait toujours aveugle face à la véritable essence du tissage. Il avait discerné comment de nombreuses trames fonctionnaient, mais il n’avait jamais compris pourquoi. En d’autres termes, il n’avait fait qu’observer les principes directeurs du tissage sans jamais connaître les raisons profondes de leur fonctionnement.
Son expérience en tant que sorcier avait été purement empirique, sans la compréhension théorique du fonctionnement interne et de la causalité de la sorcellerie qu’il pratiquait. Il était au mieux un alchimiste, pas un chimiste.
Maintenant… tout cela pouvait changer.
Bien sûr, Sunny n’avait pas encore compris les lois sous-jacentes du tissage. Mais il avait obtenu un outil pour les observer, pour les personnifier, ce qui signifiait qu’avec le temps, il serait capable de les comprendre et de les apprendre.
Lorsqu’il y parviendrait…
Un petit rire s’échappa des lèvres de Sunny.
S’il parvenait à saisir le « pourquoi » du tissage plutôt que le « comment », il n’aurait plus besoin de s’appuyer sur l’imitation pour créer des enchantements. Il n’aurait plus besoin d’un répertoire de trames et de motifs — car il serait capable de résoudre n’importe quel problème en connaissant simplement les règles à suivre.
Bien sûr, cela ne ferait pas de Sunny un sorcier omnipotent en un instant. Après tout, posséder les outils nécessaires à la résolution d’un problème ne signifiait pas les maîtriser. Sinon, les gens auraient été capables de résoudre… eh bien… quelque chose de terriblement compliqué en mathématiques immédiatement après avoir formulé les règles de l’arithmétique.
À sa grande honte, Sunny n’en savait pas assez sur les mathématiques pour trouver un exemple.
Pourquoi est-ce que je pense à ça ?
C’est vrai… il y pensait parce qu’il avait décidé de se reposer un peu après que son cerveau ait presque fondu suite à la fusion avec la Cloche d’Argent.
Mais tout de même.
Il s’était déjà suffisamment reposé. Non ?
Se redressant, Sunny secoua énergiquement la tête… et invoqua la Roche Extraordinaire.
« Voyons voir quels mystères tu caches ! »
Sunny n’avait pas dit cela. C’est la Roche Extraordinaire qui avait dit cela.
Mais l’instant d’après, Sunny était devenu la Roche Extraordinaire.
Immédiatement, il trembla.
Quelque part au loin, le Seigneur des Ombres percuta un pilier en sortant du Temple Sans Nom. Ailleurs, une ombre cachée poussa un soupir de frustration, ce qui fit remuer un peu Rain dans son sommeil.
Continuons.
***
Un peu plus tard, Aiko revint au sous-sol, portant un plateau de nourriture. Son patron était étendu sur le sol dans un état échevelé, fixant le plafond avec des yeux vitreux.
Elle le toucha prudemment avec le bord de sa chaussure.
« Hé, patron… Euh… vous êtes vivant ? »
Sunny tourna la tête et la regarda en fronçant les sourcils.
« De quel moi s’agit-il ? Aussi, définis le sens du mot « vivant ». De plus… définis ce que tu veux dire. »
Il cligna des yeux plusieurs fois, puis secoua la tête.
« Peu importe. Oui, je suis vivant. Mais que fais-tu ici ? »
Aiko poussa un soupir et posa le plateau sur le sol près de lui.
« Tenez, mangez un peu. Je pensais que vous auriez faim. »
Sunny pencha légèrement la tête.
« Hein ? Pourquoi aurais-je faim ? »
La petite fille haussa les épaules.
« Je veux dire… ça fait trois jours que vous êtes enfermé dans la cave sans jamais en sortir… »
Il la fixa quelques instants, puis baissa les yeux sur la nourriture.
L’odeur était très appétissante.
« Cela fait déjà trois jours ? Wow. C’est dingue. »
Approchant le plateau, Sunny attrapa l’assiette la plus proche et enfourna une cuillerée de soupe parfumée dans sa bouche.
« Est-ce que Nephis est revenue, par hasard ? »
Aiko le regarda manger d’un air dubitatif, avant de secouer la tête.
« Pas encore. Elle est toujours sur la route… elle inspecte les avant-postes d’extermination ou quelque chose comme ça, d’après ce que j’ai entendu. Elle sera probablement là dans quelques jours. »
Sunny acquiesça.
« D’accord. Fais-moi savoir quand ce sera le cas. Je resterai au sous-sol en attendant. »
Puis, en y réfléchissant, il la transperça soudain d’un regard intense.
« Attends, comment se passe notre affaire de profit de guerre ? »
La petite fille tressaillit.
« Quoi ? Quel profit de guerre ? Il n’y a pas le moindre profit de guerre ici ! Il s’agit juste d’un programme de redistribution de Mémoire tout à fait bénin, officiellement sanctionné, pour la gloire et le bénéfice de la grande Armée de l’Épée. »
Sunny fit un geste de la main.
« Oui, oui. Peu importe. Tu devrais avoir au moins un petit stock de Mémoires dans ton inventaire, non ? Elles attendent d’être… redistribuées. Prête-les-moi pour quelques jours. Oh, aussi ! Dis aux Gardiens du Feu que puisque j’ai du temps libre, je peux modifier quelques Mémoires pour eux, gratuitement. Il devrait y en avoir au moins quelques-uns dans le camp, non ? »
Aiko cligna des yeux.
« Je refuse. »
Sunny se figea un instant.
« Quoi ? Pourquoi ? »
Elle croisa les bras et afficha une mine sévère.
« Gratuitement ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Nos services sont à la fois exclusifs et de premier ordre, alors pourquoi devrions-nous les offrir gratuitement ? Vous rêvez ! »
Sunny fixa la petite fille quelques instants, puis fit un signe de la main.
« Très bien, comme tu veux, trouve-moi juste quelques Mémoires — plus il y en a, mieux c’est ! »
Souriant de satisfaction, Aiko dit à Sunny de profiter de son repas et s’envola hors du sous-sol… littéralement.
Il sourit.
« Bien. »
Étant banni du Sortilège, il ne pouvait pas transférer ou recevoir directement des Mémoires. Chacune devait être légèrement modifiée avant qu’il ne puisse la donner ou en revendiquer la propriété — si l’autre partie était d’accord, bien sûr.
Sunny devait donc faire un effort pour obtenir les Mémoires d’Aiko.
Mais cela en valait la peine, car s’il y parvenait…
Il pourrait les augmenter et les étudier librement, ce qui lui permettrait d’alimenter ses recherches en cours. L’avarice intransigeante d’Aiko mise à part, Sunny aurait dû payer les Gardiens du Feu pour avoir un accès gratuit à leurs arsenaux d’âme, à la place…
Mais, tant pis.
Il s’attaqua avec avidité au plateau de nourriture, affichant un sourire jusqu’aux oreilles.
J’ai déjà bien progressé.
Dans un jour ou deux, il serait probablement prêt à mettre en pratique ses nouvelles connaissances et à tester les premiers résultats de sa récente percée.
Il serait donc temps de tisser quelques Mémoires…