Chapitre 123 – Bataille au Clair de Lune

Traducteur : _Snow_

Team : World Novel

Le premier coup de Sarah avait manqué. Mais, peut-être parce que ce n’était que le premier d’une longue série, Elmer a compris, au regard apathique de Sarah sur son échec, qu’elle n’abandonnait pas ses attaques à ce moment-là. Il était également évident qu’elle tenait absolument à le faire taire.

Avait-il commencé à trop parler ?

Empêchant légèrement son épée de tomber sous le ventre d’Elmer, Sarah relâcha rapidement la prise de sa main gauche sur la poignée de son épée, mettant fin à sa prise à deux mains. Puis elle tordit son poignet droit, et tout en tirant son coude gauche vers l’arrière, afin d’augmenter sa portée, elle envoya un coup vers l’estomac de son adversaire avec rapidité et précision.

Mais tout comme sa première attaque s’était soldée par un échec, il en serait de même pour la seconde.

Peut-être était-ce dû à la confiance qu’Elmer avait déjà reçue avant son combat contre la famille de Hanky, mais même s’il était épuisé physiquement et spirituellement, il se sentait capable de repérer correctement chaque coup que la nonchalante Sarah lui lancerait.

Elle n’était pas lente. Non, elle était loin de l’être. Sinon, elle n’aurait pas été sur lui en moins d’une seconde, malgré la distance qu’il avait mise entre lui et le porche de sa maison. C’était juste que sa vitesse était considérablement réduite sous ses yeux. Pour lui, ses mouvements étaient comparables à ceux d’un cerf face à un guépard.

Des mondes les séparaient. Incomparables.

Mais même avec la différence de vitesse entre eux deux, Elmer savait qu’il était pratiquement impossible d’échapper au dernier élan latéral de Sarah en sautant en arrière ou en se déplaçant sur les côtés – elle était déjà bien trop proche. Il pinça donc le bout de ses doigts, les alignant en un seul point comme le bec d’une grue, renforça son poignet et son biceps, puis dirigea sa main vers le bas et la planta dans le haut de l’avant-bras de Sarah, juste avant que sa lame n’arrive à destination.

Immédiatement, l’élan de Sarah, semblable à un vent, se heurta à un obstacle, et son expression nonchalante s’effaça.

La méthode d’attaque inattendue d’Elmer força la jeune femme à serrer les dents avec un grognement de douleur aiguë alors que ses doigts se desserraient et que son poignet tombait involontairement, faisant tomber son épée sur l’étroit sentier de gravier sur lequel ils se trouvaient.

Prenant rapidement l’initiative, Elmer recula de quelques pas avant que les dommages causés par son attaque ne s’estompent. Mais juste au moment où il le faisait, son sens de la conscience nouvellement trouvé le picota doucement, l’avertissant d’un danger qui approchait.

Cependant, Elmer n’était pas envahi par une peur bleue.

Il regarda calmement par-dessus son épaule gauche et vit la silhouette de Ted, à la bouche acérée, s’approcher. Ce faisant, son souffle s’arrêta pendant une fraction de seconde et ses yeux s’exorbitèrent sous son masque pâle.

Pourtant, ce n’était pas de la peur. C’était simplement un choc, un choc face à l’état actuel du garçon.

Ted avait maintenant une apparence qui rappelait à Elmer les histoires qu’il avait l’habitude de lire les nuits de pleine lune à Meadbray. Des histoires de descendants d’hommes et de loups : Les loups-garous.

Le garçon avait pris l’apparence des prédateurs emblématiques de la fiction. Des cheveux en désordre, des favoris abondants, ainsi qu’une paire de pupilles verticales argentées qui brillaient plus fort que la demi-lune dans le ciel.

La seule chose qui était absente au regard d’Elmer était les crocs de Ted. Mais ceux-ci ne restèrent pas cachés trop longtemps, car alors qu’il tournait nerveusement de quarante-cinq degrés et esquivait le coup de pince de Ted – formé par les griffes voraces de sa main droite – le garçon montra ses crocs dans une explosion de colère du côté de sa mère, alors qu’il se trouvait à quatre pattes. Après cela, Ted ramassa l’épée tombée de Sarah et la lui rendit. Elle semblait avoir retrouvé le contrôle de sa main droite.

Elmer ne fit que rire à cette vue. Un rire quelque peu étouffé.

En fait, il était agréablement surpris. Après tout, en grand amateur de fantaisie qu’il était, il venait d’apprendre l’existence de quelque chose d’assez amusant.

Les loups-garous existaient bel et bien.

« Dois-je encore demander ? » Elmer détendit ses muscles et fit un pas en avant, revenant à l’endroit où il se trouvait auparavant – l’allée de gravier – depuis la bordure de pelouse sur laquelle il avait traîné en reculant devant Sarah. « Ça vous dérange de me dire ce que vous êtes tous ? »

« Des extracteurs ! C’est Hanky qui l’avait dit, sans équivoque. » Arrête de demander sans cesse et livre-toi à la mort. Je ne suis pas du genre à faire de l’agitation inutile. »

« Extracteurs, hein ? » Elmer se prit le menton et pencha la tête sur le côté.

Il ne savait rien de ces gens et de ce à quoi ou à qui ils étaient liés. Mais c’était à prévoir, étant donné qu’il était un corrompu qui avait été banni de la recherche insouciante d’informations sur le monde des Ascendants, ou plutôt, au vu de tout le bidule ‘extracteur’ auquel il venait d’être exposé, sur le monde surnaturel lui-même.

Au moins, il avait fini par leur arracher une réponse. Il disposait maintenant d’un point de départ pour la suite des événements.

Mais avant cela…

Elmer étudia à nouveau attentivement ses adversaires, y compris le jumeau-garou du nom de Ned, qui ne bougeait toujours pas – bien que déjà baptisé sous la forme poilue d’un loup-garou – à son poste…

Il devait d’abord s’occuper du foyer d’Hanky.

« Tu sais, il n’y a aucune chance que tu… »

« Ferme ta bouche et bats-toi ! » Sarah coupa Elmer dans sa tentative de résoudre les choses pacifiquement en se lançant vers lui avec une simple poussée de son corps sur le sol.

Répétant le même mouvement que lors de sa précédente tentative ratée, elle le frappa horizontalement du côté gauche, cherchant à l’éventrer. Mais cette fois… Elle n’était pas seule. Garou-Ted s’était également joint à l’assaut. Et avec la vitesse à laquelle ils s’étaient approchés, ils avaient rapidement pris Elmer au piège.

La Faucheuse comprit ce qui se passait. Il n’avait pas été le seul à observer lors de son premier échange de coup avec Sarah.

Il avait remarqué que la première tentative de Sarah pour lui arracher le ventre avait pour but d’évaluer ses capacités. Bien sûr, si l’attaque avait fonctionné, ils auraient accepté le résultat, sans problème, mais mesurer ses pouvoirs était manifestement le plus important pour eux.

Après avoir réalisé cela, Elmer avait immédiatement pensé que la seule information que Hanky et sa famille possédaient sur lui en tant que ‘tueur en série corrompu’ était qu’il était un corrompu qui était devenu un tueur en série.

Ils savaient qu’il était un Ascendant, mais ne connaissaient pas son Échelon. S’ils avaient su qu’il était un Échelon 9 qui avait tué deux Ascendants et un corrompu en une nuit, ils se seraient attaqués à lui de plein fouet dès le début.

Elmer était heureux qu’ils aient pris la route qu’ils avaient prise. Cela aurait pu être plus difficile pour lui s’ils avaient fait les choses autrement. Maintenant, il n’aurait peut-être même pas besoin d’utiliser le Mirage du Destin pour les vaincre. À moins qu’il ne veuille simplement jouer avec.

Il regarda sans enthousiasme le papier dans sa main droite tandis que deux attaques lui parvenaient, la plus gênante juste devant lui avec un métal effilé parcourant l’air dans un arc horizontal depuis sa droite, et l’autre, formée par les griffes prédatrices d’un jeune garçon n’ayant même pas l’âge de Mabel, visant sa tête.

Après une expiration confirmant qu’il n’avait pas encore inversé le temps, Elmer s’est gracieusement déplacé vers l’arrière pour éviter l’attaque tranchante de Sarah, laissant cette dernière se mordre la lèvre inférieure en signe de frustration évidente.

Elle n’avait pas besoin de s’en vouloir ; après tout, comparé à eux, il était une vague de calme personnifiée.

Et comme pour prouver qu’il avait raison, Elmer se pencha légèrement en arrière, évitant la charge de Garou-Ted, qui était apparemment destinée à contrer son esquive précédente, et attrapa la main attaquante du petit garçon comme une pince sur une planche de bois tendre.

Garou-Ted grimaça et gémit une seconde de douleur tandis qu’Elmer le faisait tourner dans les airs pour se retrouver face au masque pâle et souriant de La Faucheuse tout en le faisant pendre comme un tissu de chiffon trempé.

« Lâche-le ! » C’était le rugissement de Sarah, et Elmer s’exécuta, se retirant une fois de plus du groupe de la mère et du fils.

Cependant, il avait réussi à confirmer un autre point.

Alors qu’il tenait Ted en l’air, Elmer avait aperçu une expression de douleur sur le visage de Hanky. Le tireur d’élite n’avait pas pu tirer sur lui avec son fusil.

Oui, Sarah et Ted ne pouvaient pas lui porter le coup de grâce. Cette tâche incombait au chef de la famille d’Hanky : Hanky lui-même.

À moins que…

Elmer se retourna brusquement et lança un regard perçant vers la fenêtre à gauche du bungalow où Ned était logé dans le silence et la rigidité.

« Pourquoi ne pas avoir participé à l’attaque ? »

Elmer savait que la réponse à cette question ne viendrait de personne, aussi décida-t-il de le découvrir par lui-même.

Un cri d’effroi et d’anxiété jaillit soudain des lèvres de la nonchalante dame aux épées : Sarah. Mais il était déjà trop tard.

La Faucheuse se dressait déjà devant Ned, telle une entité mystérieuse dans le noir profond de la nuit. On aurait dit un personnage d’une histoire d’horreur.