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5720-chapitre-119

Chapitre 119 – Nyctophobie et Histoires de Fantômes ? Pas Un Bon Combo

 

Traducteur : _Snow_

Team : World Novel

 

Sally Hall

Les escaliers grinçaient doucement lorsque Sally Hall les descendit pour tenter d’atteindre la cuisine située au rez-de-chaussée de son manoir où régnait le silence.

Elle était vêtue d’un jupon rose en guise de tenue de nuit, tandis que ses cheveux bruns étaient complètement ébouriffés, au point de ne plus ressembler aux boucles qu’ils avaient toujours eues.

Cependant, elle venait à peine de se réveiller, et cette apparence hagarde était donc justifiée. Néanmoins, une main tenant la jupe de sa robe, sa silhouette grande et élancée présentait une forme très envoûtante.

Comme le disaient les innombrables hommes qui avaient essayé de se frayer un chemin jusqu’à son lit, elle était d’une beauté digne des cieux eux-mêmes.

Aucun de ces hommes n’avait eu l’occasion de la sentir, hormis l’eau de cologne Herman à la fraise qu’elle utilisait habituellement pour les divertir lors de réunions ou autres. Celui qui l’avait senti – et qu’elle avait épousé – était un homme qui se faisait appeler Dustin. Dustin Hall. Un gentleman qui possédait une bijouterie de diamants.

Mais sa gentillesse n’avait duré qu’un an.

Il s’était apparemment senti menacé par la façon dont les hommes regardaient sa femme, et avait décidé d’éviter qu’elle ne le trompe en abîmant sa beauté.

Sally avait toujours réussi à protéger son visage, en sacrifiant son corps à sa place. Mais elle ne pouvait supporter qu’un nombre limité de coups avant que la colère ne l’emporte.

Elle l’avait tué une nuit, en lui plantant six coups de couteau dans les intestins, et avait fait croire qu’il avait été attaqué par des voleurs alors qu’il rentrait chez lui après son travail.

La famille de Dustin l’avait condamnée et montrée du doigt, mais ceux qu’elle avait engagés pour s’occuper du cadavre de son mari avaient fait du si bon travail qu’il n’existait pas le moindre indice permettant de remonter jusqu’à elle.

Conformément à la décision de Dustin – un testament qu’il avait rédigé lorsqu’il avait encore toute sa tête – elle avait hérité de son manoir et de son entreprise de joaillerie à partir des biens qu’il avait possédés, sa famille prenant tout le reste.

Le reste de sa vie lui était assuré, mais elle savait qu’elle ne devait pas trop s’attarder sur cette stabilité éternelle.

Elle devait élargir ses horizons.

C’est pourquoi elle avait cherché à investir dans la chocolaterie Noir et Lait de Cleavenger. Mais les événements qui s’étaient produits avec un invité indésirable, qui se faisait appeler Willy Nimblewick, lui avaient fait changer d’avis – et de goût.

Sally frissonna soudain sur le canapé où elle était assise dans le salon de thé du manoir, mais pas à cause du froid de la nuit car les fenêtres étaient bien fermées.

Trop sucré… ! s’exclama-t-elle intérieurement, écartant de sa bouche la tasse de thé qu’elle avait préparée, comme si elle la repoussait. Ai-je mis trop de sucre… ?

Depuis qu’elle avait goûté le chocolat de cet homme, elle avait développé une telle envie de sucre qu’elle ne parvenait pas à rester au lit à minuit. Mais même si c’était mauvais pour elle, c’était à cause de cela qu’elle avait décidé d’investir dans le chocolat de cet homme à la place.

Seulement…

Sous la douce lumière des lampes à gaz, elle scrutait les journaux qu’elle avait achetés aujourd’hui, un du Crieur Matinal, un de la Tribune d’Ur et un du Super Ragot d’Ur, pourtant… elle n’avait rien trouvé.

Cela faisait déjà trois jours et elle n’avait encore rien vu qui puisse l’orienter vers cet homme bizarre, comme il l’avait promis sur le rebord de la fenêtre.

A-t-il changé d’avis ? pensa Sally Hall en prenant une nouvelle gorgée de son thé sucré. J’en doute… Quelqu’un capable de fabriquer un chocolat aussi magnifique ne serait pas aussi peu volontaire… Je devrais probablement lui laisser un peu de temps ; peut-être qu’il est encore en train de régler certaines choses…

Soudain, alors qu’elle se détendait sur le canapé, la lumière des lampes à gaz du salon de thé se mit à scintiller étrangement.

Ses sourcils s’abaissèrent rapidement et une expression agitée s’empara d’elle. Sally Hall se redressa en un instant, très mal à l’aise, et sa touche d’élégance s’estompa sensiblement.

Que se passe-t-il ? pensa-t-elle, faisant de son mieux pour ne pas se concentrer sur les histoires qu’elle avait entendues au club de thé féminin dont elle faisait partie et qui racontaient que certaines veuves étaient hantées par les esprits de leurs défunts maris.

Mais elle n’avait jamais connu un tel désarroi lorsque les lumières des lampes à gaz s’étaient éteintes d’un seul coup avec un « pouf ». Son corps fut instantanément envahi par de telles secousses que la tasse de thé qu’elle tenait tomba sur le sol et se brisa, répandant du thé sur son tapis.

Oh, Chronos, s’il te plaît, écoute mon appel… Aussitôt, le souffle court, Sally joignit les mains, ferma les yeux et se mit à prier.

Ce n’était peut-être qu’une petite défaillance dans les conduites de gaz, ou quelque chose de semblable, mais Sally avait toujours eu trop peur de l’obscurité et, de ce fait, sa capacité à penser correctement s’était évanouie.

Cependant, c’est à cause de sa nyctophobie qu’elle était sûre à un certain pourcentage que sa pensée précédente était fausse.

Sally Hall ne dormait jamais sans lumière. Et pour que cela n’arrive jamais, elle faisait toujours vérifier ses lampes à gaz tous les jours, ainsi que tous les branchements qui s’y rapportaient.

Elle s’y employait régulièrement même lorsqu’elle était mariée à Dustin Hall, et elle se souvenait avoir fait de même pendant la journée. C’est pourquoi l’obscurité la troublait à un niveau plus élevé que le physique seul.

Quelque chose ne tournait pas rond. Était-elle vraiment hantée ? Par son mari ? Était-ce parce qu’elle l’avait tué ? Était-ce… son esprit qui cherchait à se venger ?

Ces pensées firent accélérer le pouls de Sally et, avant qu’elle ne s’en rende compte, ses prières frénétiques avaient cessé et ses yeux s’étaient ouverts sur un état exorbité.

Le silence se glissa alors sur sa peau, et son jupon ne put empêcher le froid frissonnant de la nuit d’hiver de s’abattre soudainement sur elle. Elle avait l’impression que toutes les fenêtres avaient été ouvertes.

Pour quelqu’un qui avait peur du noir, ses romans préférés étaient les thrillers, les mystères et les films d’horreur. Après avoir tant écouté et lu, sa situation actuelle ressemblait étrangement à ce qui se passait toujours dans les romans auxquels elle s’était intéressée.

Et ce n’était pas du tout agréable.

Un tapotement rythmique se manifesta soudain sur la fenêtre en face d’elle, la faisant frissonner.

Il était tout à fait effrayant qu’elle ne puisse appeler personne – personne du tout. Ses servantes ne travaillaient pas sur place, et le manoir était donc son espace privé dès que la nuit tombait.

En ce moment, elle souhaitait que ce ne soit pas le cas.

Secouant la tête, Sally joignit les mains pour prier à nouveau, figée sur le canapé. Mais au moment où ses lèvres s’écartaient pour marmonner ses prières, une silhouette apparut derrière l’oriel de son salon de thé, dans le jardin extérieur.

Sa respiration se bloqua instantanément, et le son de ses battements de cœur se mit à résonner dans ses oreilles. Elle n’arrivait pas à évoquer des pensées cohérentes, ni des sons, ni la force de se relever et de courir.

Quelqu’un était vraiment devant chez elle.

Allait-il entrer ? L’attaquer ? S’agissait-il d’un fantôme ou d’une personne, ou était-ce en fait… son mari ?

Alors qu’elle s’inquiétait, la silhouette à l’extérieur de sa maison, plongée dans l’obscurité de la nuit, leva lentement les yeux vers un objet qui, selon Sally, n’était rien d’autre qu’un couteau de cuisine.

Son menton se serra brusquement et sa respiration s’accéléra tandis que sa vision devenait de plus en plus vertigineuse. Puis, soudain, ses yeux s’enfoncèrent brusquement à l’arrière de sa tête et elle tomba mollement sur le canapé.

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