CHAPITRE 43 – 028. Le prince impérial rentre à la maison 2 (1)

Liu Bei a dû rendre visite à Zhuge Liang trois fois et s’agenouiller devant la résidence de ce dernier juste pour attirer le célèbre tacticien à ses côtés.

C’est vrai, même quelqu’un comme Liu Bei serait sans aucun doute sérieux dans ses efforts et ferait de son mieux pour convaincre Zhuge Liang. Et un tel dévouement a tellement ému ce dernier qu’il a dû quitter sa résidence.

Cependant…

« Votre Altesse. »

Lorsque les tentatives dépassent le niveau de sincérité et se transforment en une persévérance obstinée, il serait tout à fait normal que vous soyez énervé par cette foutue histoire.

Honnêtement, Liu Bei n’aurait pas fait preuve de sa patience légendaire en rendant visite à Zhuge Liang trois fois juste pour rire, n’est-ce pas ?

« Sa majesté est… »

J’ai poussé Harman devant la porte du monastère après qu’il soit réapparu.

« Il est convoq… »

« Charlotte, va me chercher du sel ! »

Elle partit apporter du sel dans un petit seau après que j’ai crié. Je n’ai pas pu m’empêcher de claquer les lèvres avec regret. Même si le sel ne coûtait pas si cher, c’était quand même un peu du gaspillage.

Mais tant que je pouvais empêcher ce foutu Paladin de parler, alors… ! J’ai vidé tout le seau de sel sur cet homme.

« … je vous parle, Votre Altesse. »

Cependant, ce foutu type a quand même fini ce qu’il voulait dire. Ses yeux qui me fixaient tremblaient sensiblement.

Au départ, je pensais que cela ne durerait pas longtemps. J’ai utilisé l’excuse de ne pas me sentir bien pour le renvoyer à plusieurs reprises. Mais ensuite, il a commencé à venir ici non pas une seule fois, mais trois fois par jour !

Pendant le petit-déjeuner, le déjeuner, puis le dîner – juste avant que je m’assoie pour mon repas, il se montrait et commençait à marmonner : « … retour au palais impérial. »

Pour aggraver les choses, il ouvrait toujours la bouche avec son visage impassible au moment où je prenais ma cuillère pour fouiller dans ma nourriture.

Essayez de supporter ça pendant un mois.

Comment vous sentiriez-vous après ?!

Cette humeur aigre que je ressentais faisait que le repas auparavant délicieux n’avait plus aussi bon goût, et à chaque fois que je prenais une bouchée, j’avais l’impression qu’une indigestion me frappait au visage encore et encore.

Bon sang, il se tenait même devant la fenêtre près de mon lit et me regardait droit à travers, juste au moment où je m’apprêtais à me coucher. C’était déjà une petite pitié que sa tasse Terminator ne soit pas apparue pour me tourmenter dans l’un de mes cauchemars jusqu’à présent.

« Je vous le dis, c’est un foutu T-800 ! Sérieusement! »

« … L’avez-vous encore renvoyé ? »

Alors que Charlotte posait les assiettes et les couverts sur la table, elle m’a posé cette question. Je lui ai simplement fait un signe de la main avec dédain.

« Oublie ça et mangeons. »

Même si elle hochait la tête, elle jetait toujours un coup d’œil vers la porte. Je pensais que cette gentille fille de la campagne s’inquiétait pour Harman dehors.

« … Va lui donner à manger, alors. »

Elle hocha de nouveau la tête avant de placer quelques-uns de ses sandwichs faits maison dans une assiette. Après avoir ouvert la porte, elle les présenta à Harman, qui se tenait toujours dehors comme une sorte de bûche.

« Je te remercie. »

Il reçut l’assiette avec plaisir et tourna son regard vers moi pour ouvrir à nouveau la bouche :

« Sa majesté est convoq… »

J’ai immédiatement claqué la porte.

Après l’incident de la « Sorcière Morgane », ainsi que l’aventure de la forteresse de Ronia, je me suis retrouvé avec peu de choses à faire dans le monastère. En effet, je profitais enfin d’un peu de calme et de tranquillité !

Environ trois mois s’étaient écoulés depuis le début de l’hiver. Le temps qui passe a mis fin à la peste saisonnière et a permis à la chaleur du printemps de s’approcher de nous. Je n’étais pas assez stupide pour abandonner ce mode de vie paisible et calme.

Après avoir terminé mon repas, je me suis plongé dans la lecture des grimoires jusqu’à l’heure du dîner.

« Fuu-woo… »

Je révisais la théorie magique de la famille impériale liée au contrôle divin.

[Auteur : Raphaël Astoria.]

« … Ce mec, il doit être un charlatan religieux ou quelque chose comme ça. »

Le livre contenait une théorie sur le contrôle divin qui rivalisait facilement avec la méthode du Nécromancien. Mon problème avec ce tome était qu’il semblait rempli à ras bord de cette adulation exagérée de la déesse frisant l’obsession malsaine.

Bien sûr, j’ai réussi à faire manger la poussière à ce vampire grâce à ce livre, mais même dans ce cas, cela m’a juste laissé un goût amer dans la bouche.

« …Cependant, même ce livre ne dit pas comment je peux contrôler correctement le crâne d’Amon. »

J’avais besoin de trouver un moyen de contrôler une bien plus grande quantité de divinité dans le futur, d’une manière ou d’une autre.

J’ai pensé au crâne que j’avais acquis dans le fief de Ronia. C’était un sacré crâne de chèvre de montagne à l’air menaçant, c’est sûr.

Dans le but de le tester, je suis allé dans un champ ouvert inhabité, j’ai mis le crâne et j’ai utilisé mes compétences. C’est à ce moment-là que j’ai appris que je n’avais pas besoin d’offrir une prière ni même de rassembler de la divinité supplémentaire. Littéralement, je pourrais spammer mes compétences sans me soucier du temps de recharge.

Son option d’amplification de la divinité s’est en effet révélée exceptionnelle. Mais mon problème était…

« La gueule de bois n’est pas une de blague. »

Les séquelles de l’utilisation du crâne étaient trop graves. Cela a amplifié ma divinité, ainsi que mon facteur de guérison pendant une durée limitée.

Cependant, j’ai fini par m’effondrer à cause de l’épuisement de ma divinité par la suite.

Chaque fois que cela arrivait, le guérisseur resté dans la forteresse de Ronia devait sauter ici. Tout en faisant de son mieux pour me sauver les fesses, il m’a demandé ceci.

« Que faites-vous exactement pour épuiser votre divinité à ce point, Votre Altesse ?! Cela ne s’est pas produit seulement une ou deux fois non plus ! Et dire que vous vous épuiseriez tellement que vous pourriez même finir infirme… »

Grâce à mes expériences, j’ai dû rester alitée pendant trois ou peut-être quatre jours au total.

« Ça ne va pas marcher… Si l’utilisation de quelques compétences comme test me laisse dans cet état, je dois trouver un meilleur moyen. »

Avec cette idée en tête, j’ai porté mon attention sur les autres grimoires.

[Divinité et réanimation : une étude sur le réveil.]

[Auteur : Raphaël Astoria.]

Ce type semblait connaître un assez large éventail de sujets, n’est-ce pas ?

Il me semblait qu’il avait fait des recherches approfondies non seulement sur le contrôle divin, mais également sur les diverses techniques de guérison. Le livre contenait plusieurs théories basées sur des sorts magiques enregistrés dans divers mythes.

« Mais pourquoi est-il si épais ? »

En fait, c’était aussi épais que deux encyclopédies empilées l’une sur l’autre. À cela, je ne pouvais que claquer la langue. Alors que j’étais sur le point de l’atteindre, quelqu’un m’a adressé la parole par derrière.

« Je vais me retirer pour la nuit, Prince Impérial. »

J’ai regardé derrière moi et j’ai vu Charlotte portant une robe d’hiver substantielle et une écharpe s’inclinant vers moi.

J’ai marmonné ma réponse :

« Ah, il est déjà si tard ? »

La journée s’était déjà considérablement assombrie lorsque j’ai regardé par la fenêtre.

Charlotte m’a regardé pendant un petit moment avant d’ouvrir prudemment la bouche :

« Pardonnez-moi, mais… allez-vous retourner au palais impérial ? »

« Pourquoi devrais-je retourner dans un endroit aussi dangereux ?! »

Je ne savais toujours pas qui avait envoyé cette sorcière Morgana ici. Et ce n’est pas tout, l’empereur doit aussi être assez mécontent de son petit-fils. Vous pourriez facilement le constater s’il m’obligeait à fournir un service « volontaire » au fief de Ronia.

Y aller m’apporterait sûrement des réponses. Cependant, il n’était pas nécessaire d’être un génie pour comprendre que je recevrais un traitement froid si j’y allais.

Les autres princes impériaux ne me regardaient pas seulement avec des regards froids et ricanants, mais aussi meurtriers tout en me peignant une cible dans le dos.

« Un endroit dangereux… »

Charlotte murmura pour elle-même. Puis, elle afficha un sourire ironique et s’inclina à nouveau.

« Hé, fais attention en rentrant chez toi. »

Je l’ai accompagnée sur le chemin jusqu’aux portes du monastère. C’est là que j’ai découvert Harman debout, attendant près de la route menant au village en contrebas de la colline.

J’ai crié fort en regardant le gars. Quel harceleur il était.

Toujours…

« Je vais vous raccompagner chez vous. »

… Il était louable qu’il ait attendu Charlotte et l’ait escortée chez elle, assurant sa sécurité la nuit. Je l’ai regardée alors qu’elle et Harman disparaissaient sur la route.

* * *

De retour chez elle au village, Charlotte a commencé à défaire le foulard, pour finalement enfiler un vêtement de nuit confortable. Même en faisant cela, ses yeux restaient plissés de contemplation.

« Dangereux… »

Le Prince Impérial a mentionné que c’était dangereux.

Comme elle le soupçonnait, le palais impérial devait être un endroit dangereux pour lui.

Les responsables du bannissement du prince visaient-ils toujours la vie du garçon, même maintenant ?

Il se pourrait très bien que le prince soit au courant, ce qui explique sa forte réticence à y retourner.

Elle n’avait aucun moyen de connaître les maux qui le tourmentaient. Si seulement il la laissait entrer et partageait un peu de ses pensées honnêtes avec elle. Cela aurait certainement été merveilleux.

« Mais… est-ce que je serais d’une quelconque aide même si j’écoutais ce qui le trouble ? »

Charlotte serra les poings.

Elle se souvint de la figure du prince impérial affrontant le comte vampire dans la forteresse de Ronia.

Les chevaliers émettant une lumière vive semblaient supprimer le vampire. Ensuite, le prince a si facilement fait exploser la tête des morts-vivants supprimés.

Pendant que tout cela se passait, elle était incapable de faire quoi que ce soit.

Il ne faisait aucun doute que le palais impérial devait être rempli de personnes dotées d’une force dévastatrice, capables de menacer la vie du prince. Mais elle était là, une enfant qui croyait pouvoir le protéger d’une manière ou d’une autre.

« Je dois faire plus d’efforts. »

Elle n’était pas encore assez bonne.

En effet, elle avait besoin de faire plus d’efforts.

Avant de sortir de sa chambre, elle remarqua un morceau de document posé sur une étagère. Comme s’il avait été abandonné depuis des décennies, il était taché et couvert de sang et de saleté.

L’encre avait été tachée au point que les lettres étaient difficiles à distinguer. Charlotte a vu ce papier et n’a pu que pencher la tête. Elle sortit de la pièce et vit Gril et Harman discuter entre eux.

« Gril, as-tu l’intention d’entrer dans le palais impérial ? »

Ses yeux sortirent presque de leurs orbites en entendant cela. Le palais impérial ? Gril…? Pourquoi?