5572-chapitre-1719
Chapitre 1719 – L’Heure du Conte
Traducteur/Checker : Gray
Team : World Novel
« Maman… mamaaam… mamaaaaaaan ! »
Effie tapota la tête de Petit Ling et lui sourit.
« Qu’est-ce que tu veux, dumpling ? »
Elle était assise sur une confortable chaise en bois et regardait distraitement le plafond en bois. Le petit garçon se blottit confortablement sur ses genoux, la serrant dans ses bras comme un petit singe. Il leva ses yeux pétillants vers elle et lui sourit d’un air penaud.
« Histoire ! »
Effie rit.
« Une histoire ? Quelle histoire ? »
Petit Ling était soudain très pensif. Il resta silencieux pendant un moment, une expression de concentration comique sur le visage, puis rayonna.
« Maman bat le géant ! »
Elle le serra dans ses bras et se déplaça légèrement, puis dit d’une voix grave :
« D’accord, d’accord. Écoute donc ! Il y a longtemps, dans un pays lointain, six méchants Saints ont emprisonné Hope dans une grande tour. Hope se sentait très seule dans ce lieu et pleurait amèrement. Alors, ta mère et ses amis ont décidé de vaincre les méchants Saints et de la délivrer. »
L’image de la cellule de pierre humide sous le Temple du Calice lui revint en mémoire. L’odeur du sang, les gémissements des autres filles que les Vierges Guerrières, rendues folles par le Démon du Désir, « entraînaient » lentement à la mort.
Le cimetière d’épées entourant l’ancien temple.
Elle chassa ce souvenir effroyable et sourit chaleureusement.
« Noctis, le Sorcier Maléfique de l’Est ! Oncle Kai, qui était un brave guerrier de la Cité d’Ivoire à l’époque ! Tante Cassie, qui était une sage prêtresse du Temple de la Nuit ! Et, bien sûr… ta mère, qui n’était encore qu’une petite fille ! Ce sont les quatre héros qui se sont lancés à la rescousse de Hope. Oh, et il y avait aussi quelqu’un d’autre. Une ombre sans nom qui avait échappé à son maître et était devenue l’amie de Noctis… »
Effie n’avait qu’un vague souvenir du fléau de l’ombre qui avait suivi Noctis, mais ne pas le mentionner lui paraissait impoli.
Son adorable fils gloussa.
« Hein ? Qu’y a-t-il de si drôle ? »
Ling Ling gloussa à nouveau.
« Maman n’est pas petite ! Comment maman peut-elle être petite ? »
Elle sourit.
« J’ai été une petite fille moi aussi, tu sais ! En fait, je l’ai été deux fois. En tout cas, après que nous, les quatre héros, nous sommes rencontrés et avons juré de sauver Hope, les méchants Saints l’ont appris et ont envoyé un messager pour nous faire peur. C’était un énorme géant ! Aussi haut qu’une montagne, avec un corps fait d’acier poli… mais ta mère et ses amis n’ont pas eu peur du tout. C’est parce que les gentilles prêtresses de la Déesse de la Vie m’avaient enseigné l’art secret de tuer les méchants géants, tu vois… »
Effie continua à raconter la version féerique de son Second Cauchemar, comme elle l’avait fait des centaines de fois auparavant. Pour une raison ou une autre, cette histoire était l’une des préférées de Ling Ling… peut-être parce que l’idée même que sa mère soit une petite fille l’excitait à l’infini.
Elle ne savait pas pourquoi, mais en y repensant, c’était en effet un peu excitant. Effie avait passé son enfance dans un lit d’hôpital ou dans un fauteuil roulant, alors avoir un petit aperçu de ce que cela signifiait d’être un enfant en bonne santé était… spécial. Même si c’était au cœur d’un effroyable Cauchemar.
Bien sûr, elle avait supprimé tous les aspects déplaisants de l’histoire et les avait remplacés par des aventures fantastiques et exagérées. Des bateaux volants, des sorciers excentriques, des dragons cracheurs de feu et une fin heureuse. La version édulcorée du Cauchemar de Hope contenait tout ce qu’il fallait pour un grand conte de fées !
« Cassie largua le bateau volant en plein sur la tête du méchant géant ! Boum ! Crash ! Bang ! Le bateau se brisa en mille morceaux et le géant tomba, faisant trembler le sol. Tata s’en était sortie, bien sûr — elle avait sauté juste à temps et était descendue en planant à l’aide de sa rapière magique. Une ombre immense subsistait… »
À ce moment-là, la porte s’ouvrit et un beau jeune homme entra dans la pièce. Beaucoup trop beau, même !
Effie sourit à son mari et expira lentement, essayant de garder une expression détendue.
« Papa ! »
Petit Ling sauta de ses genoux et courut serrer son père dans ses bras. Heureusement, cette fois-ci, il se souvint de contrôler sa force.
Le Père de Ling lui sourit, puis jeta un coup d’œil à Effie.
Il le cachait bien, mais elle pouvait voir que son sourire n’atteignait pas ses yeux.
« C’est l’heure ? »
Son mari acquiesça, et regarda ensuite le petit garçon dans ses bras.
« Hé, louveteau. Et si papa et toi partiez à l’aventure ? »
Petit Ling semblait tiraillé.
« Mais maman n’a pas fini l’histoire… »
Son père rit.
« L’histoire du méchant géant ? Je la finirai pour elle. Ou alors, que dirais-tu de ça ? Papa a aussi une histoire de géant maléfique ! Il y a vraiment trop de méchants géants dans le monde, maintenant que j’y pense. Celui-ci s’appelait Goliath et n’avait qu’un œil… »
Effie soupira, se leva de sa chaise et s’étira lentement, puis elle suivit son mari hors de la pièce.
Ils se trouvaient actuellement dans leur cottage spacieux et ensoleillé. Il avait été construit en bois naturel par nul autre que lui, et avait un charme simple et douillet. Le cottage était la pièce maîtresse de toute la ferme, qui était un endroit plutôt idyllique.
Le porche donnait sur une belle vue de la prairie verdoyante.
Bien sûr, la prairie avait changé au cours des quatre dernières années. Il y avait des champs, des potagers, des granges et des enclos pour le bétail. Il y avait aussi quelques autres bâtiments, dont certains étaient cachés dans la forêt.
La plupart de ces bâtiments étaient construits en bois, mais certains comprenaient des matériaux plus avancés — ces derniers s’étendaient sous terre et avaient une autre fonction.
Ces bâtiments comprenaient des casernes, des armureries et tous les autres éléments essentiels d’une base militaire.
En effet, la Ferme des Bêtes servait souvent de transporteur dimensionnel à l’Armée des Loups.
« Patronne ! »
« La cheffe est là ! »
« Garde-à-vous ! »
Quelques soldats se mirent au garde-à-vous. La plupart étaient cachés, mais certains étaient sortis pour se dégourdir les jambes.
Petit Ling les salua avec enthousiasme, ce qui provoqua une vague de sourires.
« Les tontons sont drôles… »
Effie fit un signe de tête au soldat le plus proche et dit d’un ton calme :
« Rassemble les troupes. L’ETA est d’une heure, alors soyez prêts à être déployés dans les plus brefs délais. Nous allons être le fer de lance de la manœuvre de percée des Forces Défensives du Quadrant Ouest. La mission est la même que celle décrite dans le briefing — repousser les abominations et établir une ligne de feu. Faites entrer les civils, s’il en reste, dans la zone de sécurité désignée. »
Le soldat — un homme à l’allure bagarreuse qui avait été sous ses ordres dès les premiers jours du déploiement en Antarctique — acquiesça avec un sourire espiègle.
« Et les gros salauds, patronne ? »
Effie inspira lentement.
« Ne t’inquiète pas pour eux. Le gouvernement envoie toute la cavalerie cette fois-ci… nous nous occuperons des Gardiens de la Porte. Et aussi… »
Elle fronça les sourcils et lui lança un regard noir.
« Surveille ton langage devant Ling Ling, espèce de dépravé. Tu n’es pas déjà un Maître ? Pourquoi es-tu toujours aussi écervelé ? »
L’homme cligna des yeux plusieurs fois, avant de lui lancer un regard terriblement coupable.
« Oh… désolé, patronne… j’ai oublié… »
Il ne semblait pas très sincère, cependant, sans doute désireux de l’accuser d’hypocrisie et de deux poids deux mesures.
Effie secoua la tête et le repoussa.
« Va te préparer. »
Ce disant, elle se tourna vers son mari et son fils, affichant un sourire radieux.
« On y va ? »
Elle prit la main de son mari et, un instant plus tard, ils disparurent tous les trois de la prairie.
À la place, ils apparurent dans une pièce aux murs en alliage, située dans les profondeurs d’une forteresse gouvernementale. Le mobilier était clairsemé, mais un grand écran affichait sur l’un des murs le paysage aride du Quadrant Ouest.
Petit Ling regarda les dunes de sable avec intérêt.
« Papa, qu’est-ce que c’est ? »
Son père sourit.
« C’est un désert, louveteau. Nous sommes dans le Quadrant Ouest… n’as-tu pas de la chance de pouvoir voyager dans le monde entier et de voir toutes sortes d’endroits ? »
Le garçon resta pensif pendant un moment.
« Papa… tu n’es pas un peu bête ? C’est une photo. Petit Ling a déjà vu beaucoup de photos. »
Le mari d’Effie rit.
« Je suppose que tu as raison… »
Il jeta un coup d’œil à Effie et acquiesça. Elle resta silencieuse un moment, puis tapota l’épaule de Petit Ling et lui dit sur son ton insouciant habituel :
« Dumpling… maman doit aller au travail maintenant. Sois un bon garçon et écoute papa, d’accord ? »
Il sourit et la salua distraitement.
« Au revoir, maman ! Amuse-toi bien au travail ! »
Une seconde plus tard, Petit Ling interrogeait déjà son père sur les déserts et le sable. Le beau jeune homme échangea un regard poignant avec elle, prononça silencieusement deux mots, puis emmena leur fils hors de la pièce.
Dehors, un envoyé du gouvernement de haut rang les attendait déjà.
Restée seule, Effie inspira profondément et dit à voix basse :
« Je t’aime aussi. »
Puis, le sourire disparut lentement de son visage, remplacé par une expression sinistre.
Elle resta immobile quelques instants, fit un signe de tête et invoqua son armure. Très vite, sa silhouette athlétique fut recouverte d’une couche moulante de métal poli, comme si elle avait été plongée dans de l’acier liquide. Elle invoqua également l’Éclat des Étoiles et le transforma en deux bandes de tissu blanc. L’une était nouée autour de sa taille, l’autre couvrait sa poitrine.
Effie était prête pour la guerre.
Enfin… autant que n’importe qui puisse être prêt pour la guerre. Ce qui, d’après son expérience, n’était pas grand-chose.
Elle ramassa le Médaillon de la Bête Noire, l’accrocha à son cou et se dirigea vers la porte.
Dans le couloir, deux personnes l’attendaient.
Un homme à la beauté agaçante, aux cheveux auburn et aux yeux verts, et une femme à la peau pâle et aux cheveux noir corbeau, d’une beauté à faire froid dans le dos.
Effie effaça l’expression sinistre de son visage et sourit malicieusement.
« Hé, beauté… oh, et toi aussi, Kai. Les gars, vous n’allez pas croire ce que j’ai vu à Bastion ! Princesse s’est trouvé un petit ami ! Du moins, je crois qu’elle l’a trouvé… elle a peut-être juste kidnappé le pauvre homme pour lui faire des choses innommables. Je sais… »
Elle se figea soudain, regarda derrière elle d’un air circonspect, puis se détendit ostensiblement et ajouta d’un ton plus calme :
« …Je sais que je le ferais, si je n’étais pas une femme mariée, vertueuse et bien élevée ! »