Chapitre 57 – Hollberg [3]

Traducteur/Checker : Phosphophyllite

Team : World Novel

Le soleil avait déjà commencé à se coucher, laissant derrière lui un voile de lumière orange qui enveloppait le ciel. 

Les lumières de la ville de Hollberg éclairaient les environs et, bien qu’il s’agissait d’une ville relativement grande, les gratte-ciel semblaient rares. 

Nous nous sommes arrêtés devant un grand manoir de la taille d’un stade de football, et nous avons rapidement quitté le bus pour nous y rendre. 

En sortant du bus, la première chose que j’ai faite a été de m’étirer le dos et les jambes. 

J’étais vraiment épuisé.

De plus, ces derniers temps, je ne dormais en moyenne que 6 heures par nuit.

Secouant rapidement la tête, j’ai cherché autour de moi des moyens de me changer les idées. 

Alors que j’essayais de me maintenir éveillé, mes yeux se sont posés sur l’autre côté du parking où notre bus s’était garé. 

Pas très loin de nous, il y avait déjà cinq bus similaires garés près du manoir, ce qui indiquait que d’autres classes étaient déjà arrivées. 

Voyant que nous n’étions pas les derniers ici, j’ai senti mon esprit s’éclaircir un peu. 

‘…il semble que nous ayons terminé au bon moment.’ 

Comme il y avait d’autres groupes qui arrivaient, cela signifiait que j’avais plus de temps pour me reposer. 

C’était une bonne chose, car j’avais vraiment besoin de faire une sieste. 

“Très bien, allons-y. “

Après avoir parlé un peu au chauffeur du bus, Donna l’avait salué et nous avait conduits au manoir. 

En entrant dans le manoir, un parfum agréable avait envahi mes narines, me faisant saliver de façon incontrôlable. 

En regardant autour de moi, il semblait que je n’étais pas le seul à ressentir cela, car la plupart des gens regardaient dans la direction d’où venait l’odeur agréable. 

En se retournant, Donna, qui semblait avoir lu dans l’esprit de la plupart des gens, a commencé à parler.

“Très bien tout le monde, je sais que vous avez faim, mais les choses doivent être faites dans l’ordre.” 

Sortant une carte de sa poche, elle a pointé vers la réception et a dit : 

“Tout d’abord, je vais vous appeler par votre nom et vous devrez vous rendre à la réception pour récupérer votre carte. Ensuite, vous reviendrez ici et attendrez que les autres aient fini avant de vous rendre dans la salle qui vous est réservée.”

Voyant la mine déconfite de chacun, Donna souriait légèrement : 

“Ne me dites pas que vous avez l’intention de manger alors que vous venez de transpirer pendant toute une journée ? “

Vérifiant rapidement sa montre, elle ajouta : 

“À huit heures pile, comme vous pouvez déjà le deviner à l’odeur, il y aura un buffet où tout le monde pourra manger et boire autant qu’il le souhaite… alors dépêchez-vous de vous changer !” 

Ma faim n’avait cessé de grandir depuis que j’avais senti l’odeur alléchante. Je m’étais empressé de prendre la clé de ma chambre pour y aller au plus vite.

En chemin, je ne pouvais m’empêcher d’admirer cet endroit . L’intérieur du bâtiment était décoré de peintures et de statues exquises. Le sol était recouvert d’une belle moquette rouge extrêmement douce au toucher. 

Près des fenêtres se trouvaient des rideaux rouges dont la pigmentation était plus claire que celle de la moquette, ce qui donnait un contraste net et agréable. À l’ourlet des rideaux, des motifs dorés finement décorés représentaient des dragons volants. 

La meilleure partie du manoir était l’extérieur, où je pouvais voir un jardin immense dont la splendeur était encore accentuée par les lanternes qui l’éclairaient. 

À côté du jardin, il y avait un court de tennis et un terrain de football, tous deux entourés de clôtures vertes. 

“combien tout ça avait dû coûter ?”

Après avoir traversé les longs couloirs, j’arrivais dans ma chambre.

Avant d’entrer dans la chambre, lorsque j’avais récupéré mes clés, la réceptionniste m’avait dit que je recevrais une chambre standard composée d’un salon, d’une salle de bain et d’une chambre à coucher. 

…oui, elle avait dit standard.

Même si les décorations n’étaient pas aussi luxueuses que celles de l’extérieur, elles étaient tout de même “luxueuses”, car des tableaux et d’autres décorations coûteuses étaient placées dans la pièce. 

Comme j’avais placé la plupart de mes affaires dans mon bracelet, je n’avais pas besoin de déposer quoi que ce soit. Je décidai donc de prendre une douche rapide pour enlever toute la sueur qui s’était accumulée au cours de la journée;

Après, je restai affalé sur le grand lit de ma chambre et fermai les yeux. J’avais besoin de mettre de l’ordre dans mes pensées.

Cinq jours… 

C’est le temps qu’il me restait avant que le grand événement ne se produise. 

Regardant le plafond blanc où un lustre doré éclairait la pièce, je me cachai les yeux avec mon bras et murmurai

“Dois-je intervenir ou non…” 

Un grand massacre allait avoir lieu dans cinq jours, environ 1/4 des étudiants de première année allaient être assassinés. 

La tragédie de Hollberg 

…. était le nom de cet événement. 

Je ne savais pas quoi faire.

Même si je savais que je ne devais pas intervenir, une petite partie de moi voulait changer l’issue de cette journée tragique.

L’une des raisons pour lesquelles je n’aimais pas interagir avec les gens n’était pas seulement parce que j’étais introverti… non, c’était parce qu’au milieu du roman, il y avait de fortes chances que tous les amis que je m’étais faits finissent par mourir. 

S’il y a une chose que j’avais apprise depuis ma mort et ma transmigration dans ce monde, c’était que la vie était fragile. À chaque seconde, il y avait une chance de mourir. Personne n’était à l’abri de la mort, surtout les figurants dont le seul rôle était de mourir ou d’être oubliés dans les dernières étapes du roman. 

Moins je m’attachais à cette académie, plus je parvenais à affermir ma volonté et à m’empêcher de faire des conneries. 

…mais quand même. 

Le fait que je puisse empêcher la mort d’un grand nombre d’élèves me pesait énormément. 

“…ces vies perdues, tout sera de ma faute. Si je ne les aide pas, c’est comme si je les tuais moi même.”

Eux aussi avaient des rêves et des aspirations : fonder une famille et devenir des héros qui protègent l’humanité. 

“Héros…hein” 

C’est risible… 

Même si la société qualifiait de héros les individus qui détenaient le pouvoir, ils n’étaient rien de tout cela. 

Dans ce monde, le terme ‘héros’ n’était qu’une étiquette que le gouvernement avait collée sur les individus qui détenaient le pouvoir afin de donner de l’espoir au reste.

Ce n’était que des symboles, rien de plus.

C’étaient des êtres idolâtrés et vénérés, car ils étaient chargés de protéger l’humanité des démons et des Vilains. 

Malheureusement, la réalité était différente, car dans ce monde corrompu, la plupart des héros n’étaient qu’une bande d’hypocrites qui ne valaient pas mieux que les Vilains.

Prenons l’exemple de Micheal Parker. 

Un héros estimé, classé <S> et 47ème au classement des héros. Lui qui était considéré comme un “héros” prévoyait maintenant de massacrer une bande de jeunes de 16 ans. 

…en fin de compte, qui étaient les vrais vilains ? 

Ne vous méprenez pas, il y avait quelques grands héros qui se souciaient réellement de sauver le monde, mais ils étaient minoritaires, car la plupart des héros avaient tendance à vouloir plus de pouvoir dès qu’ils avaient goûté à la célébrité et à l’argent. 

En fin de compte, seules les personnes comme Kevin, qui avaient un complexe de héros et aimaient aider les gens, pouvaient être correctement définies par le mot “héros”.

… Moi ? 

Je secouais la tête en riant.

Même si je savais que la plupart des gens autour de moi allaient bientôt mourir, je ne faisais rien pour empêcher cela. 

Si j’étais un ‘héros’, j’aurais immédiatement aidé tout le monde et sauver autant de vies que possible. 

…malheureusement, je n’étais pas ce genre de personne. 

Je n’étais pas assez altruiste. Cependant, le fait qu’une de mes décisions ait entraîné la mort de nombreuses personnes m’avait beaucoup pesé la semaine dernière. 

Parfois, je me réveillais au milieu de la nuit, trempé de sueur. Dans mes rêves, les cadavres des innombrables élèves que j’aurais pu sauver apparaissaient sans cesse, me reprochant leur mort. 

Depuis mon arrivée ici, je savais que cela arriverait… Je m’y étais préparé. 

Beaucoup de morts me seraient imputées, et je l’avais accepté. 

“égoïste”

C’est ainsi que je me décrirais. 

…Je ne m’intéressais qu’à ce qui était à ma portée.

J’avais l’impression d’avoir érigé un grand mur autour de moi qui empêchait les gens de m’approcher. 

Je plaisantais beaucoup ici et là… J’essayais de garder une ambiance légère autour de moi, mais tout cela n’était qu’un masque. 

Devrais-je faire ceci, devrais-je faire cela, qu’est-ce qui est bien et qu’est-ce qui est mal ? Devrais-je agir de telle ou telle manière ? 

Chaque jour, ces pensées me hantaient. 

Je savais que si les choses continuaient ainsi, peut-être qu’un jour je prendrais une décision qui changerait complètement qui j’étais, je le savais pourtant… 

En regardant le ciel étoilé par la fenêtre, je me suis dit

‘…peut-être que la transmigration ici était autant une bénédiction qu’une malédiction’. 

… 

Non loin de Ren, regardant elle aussi le beau ciel étoilé, une jeune fille aux cheveux courts et auburn était perdue dans ses pensées. 

La journée avait été mouvementée, et si ce n’était le grand buffet qui l’attendait, Emma n’aurait rien voulu de plus que de s’affaler sur son lit et de dormir. 

Le lit était tentant… mais elle savait. 

Elle savait qu’une fois allongée sur ce lit, elle ne pourrait plus revenir en arrière. 

Sentant la brise fraîche de la nuit, l’esprit d’Emma vagabonda vers une nouvelle troublante qu’elle avait reçue d’un des subordonnés de son père. 

Le message disait : 

” Les Parker ont cessé leurs prises de contrôle hostiles des entreprises appartenant à Roshfield”

Normalement, elle aurait dû se réjouir de la nouvelle que les Parker avaient cessé de s’en prendre aux biens de sa famille, mais Emma se sentait mal à l’aise.

L’autoritaire conglomérat Parker cédait soudainement dans une bataille financière ? 

Emma ne pouvait pas croire cela. 

Emma avait l’intuition que les Parker préparaient quelque chose. Quelque chose d’énorme. Quelque chose qui leur permettrait d’avoir un avantage sur sa famille. 

Le fait qu’ils aient soudainement cessé de faire quoi que ce soit était presque comme s’ils annonçaient que ce n’était que le calme avant la tempête. 

Fixant le croissant de lune dans le ciel, Emma soupira et retourna dans sa chambre. 

“J’espère que je me trompe…”