Chapitre 1597 – Tragédie de l’Imperfection

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Les pancakes et les gaufres.

Les deux étaient presque identiques, mais aussi infiniment différents, comme les deux faces d’une même pièce. Tout comme les dieux et les Créatures du Chaos étaient nés du Vide éternel, les pancakes et les gaufres étaient tous deux fabriqués à partir des mêmes ingrédients. Pourtant, le résultat final n’était pas le même.

Peut-être y avait-il une profonde leçon philosophique à tirer de la façon dont deux choses faites à partir des mêmes ingrédients pouvaient finir par être si différentes, mais Sunny ne s’en souciait pas particulièrement.

En revanche, il s’intéressait aux gaufres et aux pancakes.

Il n’était pas difficile de faire l’un ou l’autre, mais il y avait une profondeur infinie dans la simplicité trompeuse de ces aliments de base du petit-déjeuner. Faire des pancakes était à la fois un art et une sorte de science. Les gaufres étaient encore plus difficiles à faire.

Même avec le puissant esprit Transcendant de Sunny et sa parfaite coordination physique, il lui fallut beaucoup de temps pour maîtriser l’art exigeant de leur fabrication. Pourtant, son objectif ultime — un pancake et une gaufre parfaites — était toujours hors de portée.

Et condamnés à rester à jamais hors de portée, car l’imperfection est l’une des lois qui régissent l’existence.

C’était… tragique.

La perfection n’existe peut-être pas, mais je m’en suis sacrément approché…

Chaque cuisinier avait sa propre approche, mais pour Sunny, le secret d’une gaufre presque parfaite était de laisser reposer la pâte dans la glacière pendant exactement une nuit. C’est pourquoi il l’avait préparée à l’avance hier.

Pour les pancakes, en revanche, il préférait utiliser de la pâte fraîche. Ne voulant pas faire attendre les invités, il manifesta son ombre sous forme d’avatar et s’attela à la préparation des deux en même temps.

Pendant que son avatar s’occupait des gaufres, Sunny utilisait son corps originel pour préparer les pancakes.

Le processus était à la fois simple et complexe.

Tout d’abord, il cassa et sépara les œufs, puis versa les jaunes et les blancs dans des bols séparés. Il mélangea ensuite soigneusement le lait et le beurre fondu aux jaunes d’œufs tout en fouettant le tout. En même temps, Sunny manifesta une paire de mains d’ombre pour fouetter les blancs, utilisant un peu de sa force et de sa vitesse Transcendante pour accélérer le processus. Enfin, il mélangea du bicarbonate de soude avec du vinaigre et mélangea l’ensemble avec de la farine, du sucre et du sel.

La levure chimique aurait également pu faire l’affaire, mais elle était actuellement en rupture de stock à Bastion. Il fallait donc se contenter de bicarbonate de soude et de vinaigre…

Aiko le regarda — tous les deux, avec ses six bras — secoua la tête et retourna à son ouvrage.

La partie la plus importante arrivait maintenant. Dès que les blancs furent battus en neige, Sunny mélangea soigneusement le mélange de farine, le mélange de jaunes d’œuf et les blancs fouettés, créant ainsi une pâte.

C’est à ce stade que se déroulaient la plupart des guerres entre les amateurs de pancakes. Certains ne juraient que par la pâte grumeleuse, d’autres considéraient comme hérétique tout ce qui n’était pas parfaitement lisse. Entre les deux camps extrémistes, il y avait aussi diverses factions.

Sunny faisait lui-même partie des modérés, défendant un équilibre précis et immaculé entre le lisse et le grumeleux, qu’il avait minutieusement découvert après d’innombrables tentatives. Après tout, la plupart des choses fonctionnaient mieux avec modération.

Lorsque la pâte fut prête, il mit une casserole sur le feu et attendit qu’elle devienne chaude, tout en laissant la pâte reposer un peu. Puis, à l’aide d’une grande louche, il versa une partie de la pâte dans la poêle, observant avec satisfaction la formation d’un cercle bien net.

Le reste n’était qu’une question d’habileté. Sunny attendit que des bulles se forment à la surface du pancake, puis la retourna d’un mouvement souple et précis. Des années d’entraînement à l’épée l’aidèrent à effectuer le retournement de la manière la plus efficace et la plus spectaculaire qui soit.

Une portion de pancakes transcendants arrive tout de suite…

Rapidement, les pancakes et les gaufres furent prêtes. Pour l’étape finale, Sunny déposa une boule de glace à la vanille sur chaque portion de gaufres, en ajoutant des fraises fraîchement coupées sur le dessus.

Quant aux pancakes…

Sunny prit une grande inspiration.

Les textes anciens mentionnaient que les pancakes étaient rituellement servis avec quelque chose appelé sirop d’érable. Cependant, cette chose n’existait plus dans le monde, et la tradition ancienne ne pouvait être maintenue. Il y avait bien quelques substituts, surtout ici, à Bastion, célèbre pour ses forêts.

Mais le plus populaire… le fit grimacer.

Secouant la tête, Sunny mit du beurre sur les pancakes, puis sortit un pot en verre du placard d’une main tremblante. Enfin, il versa un peu… un peu… un peu de miel sur le dessus.

Dégoûtant. Mon Dieu ! Je ne comprends pas les gens…

Cachant son malaise derrière une expression polie, il prit les trois assiettes, congédia l’avatar et alla servir le petit-déjeuner aux invités.

“Aiko, prépare deux cafés…”

Beth, Kim et Luster s’animèrent à la vue des pancakes et des gaufres qu’il avait préparés. Sunny recula d’un pas et les regarda secrètement prendre leurs premières bouchées. Il s’efforça de cacher sa fierté.

Les yeux de Kim s’écarquillèrent un peu.

“Ces… ces gaufres n’ont aucune vulnérabilité…”

Il sourit subtilement.

Bien sûr que non. Ces gaufres ont été faites par un Saint !

Aiko sortit peu après de la cuisine avec deux tasses de café. Elle les plaça devant Luster et Kim et s’éloigna.

À ce moment-là, Sunny remarqua que la bouteille de whisky qu’il avait apportée plus tôt n’avait toujours pas été touchée. Alors qu’il se demandait pourquoi les trois survivants du Centre de l’Antarctique avaient commandé un alcool fort tôt le matin, Beth se tourna vers lui et lui fit signe.

“Oh… pouvons-nous avoir deux autres verres, en fait ? Nous attendons quelqu’un d’autre.”

Sunny s’attarda un instant, hocha la tête et se retourna vers la cuisine. Ce faisant, il remarqua qu’Aiko traînait toujours près de l’entrée, pour une raison ou une autre.

“Qu’est-ce que tu fais ?”

La petite fille tressaillit, lui jeta un coup d’œil et se toucha les cheveux nerveusement.

“Q-quoi ? Rien…”

À ce moment-là, la Cloche d’Argent sonna une fois de plus, et un nouveau client arriva, apportant avec lui l’odeur de feuilles vertes.

C’était un brave homme portant une armure enchantée. Son sourire réservé, mais agréable, possédait une pointe de chaleur qui rendait son visage déjà très beau encore plus attirant.

L’homme était suivi d’un Écho qui ressemblait à un monstrueux chien de chasse, au pelage aussi noir que la nuit.

Aiko se redressa soudain et accueillit le nouveau client avec un sourire éclatant.

“Maître Quentin ! Je vous souhaite la bienvenue. Euh… il fait très beau ce matin, n’est-ce pas ?”