Chapitre 1313 – Un Cauchemar dans un Cauchemar

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Sunny rêvait d’une porte titanesque qui restait grande ouverte, quelque chose d’illimité et d’entièrement étranger se cachant dans l’obscurité de sa gueule colossale. Il était une araignée dont une de ses pattes avait été cassée, rampant tandis que des chaînes brisées tombaient sur le sol tout autour de lui.

Son esprit était rongé par la terreur, tandis que son cœur…

Son cœur était rempli d’un sentiment froid et amer de trahison et de regret.

M’échapper… Je dois m’échapper…

Sunny poussa son petit corps sur le sol de pierre. De magnifiques toiles voilaient le vaste hall du temple, leurs fils de soie tissés en une tapisserie grandiose. Une étincelle jaillit et, un instant plus tard, les toiles s’embrasèrent.

Elles disparurent en un éclair, ne laissant derrière elles que des nuages de fumée âcre qui obscurcissaient le monde.

Au moins, il ne voyait plus l’angoissante porte.

Suffocant, il rampa dans la fumée, et lentement, torturé, la terreur qui dévorait son âme se dissipa. Sunny avait l’impression d’avoir échappé au danger immédiat… mais il était désespérément perdu. Il n’y avait rien d’autre que la chaleur brûlante et la lueur sombre des flammes qui se propageaient autour de lui.

Son corps commençait déjà à souffrir d’une chaleur insupportable.

Il se figea un instant, se reposant et essayant de trouver le moyen de sortir du brasier fumant. Puis, pendant un instant… il sentit une brise caresser sa carapace roussie, venant de quelque part devant lui.

Là-bas…

Sunny se redressa sur ses sept pattes et avança en boitant aussi vite qu’il le pouvait.

Il quitta aussitôt la fumée et le feu.

Autour de lui, il n’y avait plus qu’une étendue d’eau calme et silencieuse. La fumée avait disparu, mais un épais brouillard l’avait remplacée. Elle tourbillonnait et se déplaçait, passant lentement devant la silhouette frissonnante de la petite araignée.

Où suis-je ?

Sunny fit un pas et découvrit qu’il pouvait en quelque sorte marcher sur l’eau — tout comme il pouvait le faire dans sa Mer de l’Âme. Avançant avec hésitation, il s’aventura plus profondément dans le brouillard. Un certain temps passa — peut-être seulement quelques minutes, peut-être une éternité — et il perdit tout sens de l’orientation.

Il n’y avait plus que de la brume autour de lui.

…Jusqu’à ce que quelque chose d’autre apparaisse dans le vide gris.

Sunny tressaillit.

Là, devant lui, quelqu’un… quelque chose… était assis sur la surface calme de l’eau et regardait vers le bas. La silhouette était vêtue de haillons en lambeaux, son corps décharné n’étant pas visible. On aurait dit un humain, ou du moins une forme humaine. Les cheveux sales de l’homme pendaient comme des algues, et son visage était caché.

Une bande dentelée de métal sombre reposait sur sa tête comme une couronne ternie.

Sunny eut soudain froid.

Le… le Prince Fou ?

C’était l’un des six Hérauts de l’Estuaire… l’une des Six Plaies.

La créature devant lui avait l’air plutôt pitoyable, mais il s’agissait toujours d’un Titan Corrompu. Il était en grand danger.

Heureusement, l’abomination Souillée ne sembla pas remarquer la petite araignée… le Prince Fou était assis en tailleur, regardant son propre reflet avec une expression absente. C’était comme s’il existait dans une réalité complètement différente.

Un instant plus tard, Sunny ressentit un profond soulagement. Une simple prise de conscience avait dissipé sa peur et son malaise :

…Je dors. C’est un rêve.

Bien sûr, c’était le cas. Sunny n’était pas une araignée. Il se trouvait dans le temple du Sortilège de Cauchemar, près de Nephis et d’Ananke, et non au milieu d’une mer infinie, perdu dans la brume. Le Titan Corrompu devant lui n’était pas réel, et le danger que représentait cette créature ne l’était pas non plus.

Dieu merci…

Alors que Sunny pensait cela, il n’était plus une araignée. Cependant, il n’était pas non plus lui-même — au lieu de cela, Sunny était grand et nébuleux. Il avait huit bras agiles, dont l’un était fait de porcelaine blanche immaculée. Sa silhouette élancée était voilée par un manteau sombre, et un masque de bois noir poli dissimulait ses traits.

Du haut de son imposante taille, Sunny étudia la pitoyable créature qui se trouvait devant lui. Le Prince Fou n’avait pas l’air si effrayant, surtout pour un Titan. Cependant…

Pour une raison inconnue, la silhouette recroquevillée remplissait Sunny d’effroi. Elle était trop… trop familière…

Comme s’il sentait un regard, l’homme en lambeaux se déplaça soudain et leva lentement la tête. Un visage épouvantable qui ressemblait à un masque effroyable composé d’innombrables cicatrices et deux yeux sombres brûlant d’une folie insondable se dévoilèrent, faisant reculer Sunny d’un pas involontaire.

Puis, un murmure semblable à du verre brisé retentit et lui gratta les oreilles.

Le Prince Fou murmura :

“…Qui ose rêver de moi ?”

Et juste comme ça, le soulagement ressenti par Sunny fut anéanti.

Quoi ? Il sait que c’est un rêve ? Non, ce n’est pas possible. Comment ?

Les yeux du Souillé se recentrèrent lentement, devenant tranchants et écrasants. Pressé par le poids insoutenable de la folie déchirante cachée dans leurs sombres profondeurs, Sunny recula encore d’un pas et retint son souffle.

C’est un rêve, c’est juste un rêve…

Les lèvres de la créature, quant à elles, se tordirent en un sourire malicieux.

“Ah… c’est toi. Lequel es-tu ?”

Le Prince Fou se figea soudain, puis gémit et se donna un coup de poing sur la tête.

“Je ne peux pas, je ne peux pas… je ne me souviens pas. Ah, mais c’est aussi une réponse.”

Son visage hideux se mit à onduler, comme s’il essayait de prendre une expression humaine.

“Tu n’es… ni l’un ni l’autre. Tu es un imposteur ?”

La voix de la créature devint subitement sombre et vicieuse :

“Tu… assassin…”

Un rire désordonné s’échappa de ses lèvres, puis le Prince Fou se releva lentement. Ses haillons en lambeaux se déplaçaient, enveloppés de brume…

Alors que Sunny faisait un autre pas en arrière, essayant désespérément de se réveiller, le Souillé s’avança d’un pas.

“Qu’en dis-tu, assassin ? Approche-toi… Je vais te révéler un secret. Tu le mérites bien…”

Il ne restait plus aucun endroit où aller. La brume grise devint solide, bloquant tous les chemins de retraite. Et Sunny… Sunny était, en effet, curieux. Curieux malgré lui.

C’était un grand amateur de secrets, après tout…

Alors qu’il frissonnait, sentant ses pensées s’emballer, une présence s’interposa brusquement entre lui et le Prince Fou. Quelqu’un d’autre se tenait là, bloquant la vue de la créature folle avec son dos.

C’était un jeune homme vêtu d’une tunique noire, avec de longs cheveux noir de jais et une expression sinistre sur son visage pâle.

Le Péché de Réconfort.

Qu’est-ce qu’il fait ici ?

Le spectre semblait d’un sérieux inhabituel en fixant le Prince Fou. Sans tourner la tête, l’apparition dit d’une voix qui n’était ni narquoise ni moqueuse…

Au contraire, elle était grave :

“Que fais-tu, imbécile ? Appelle ton cheval et dégage d’ici ! Vite !”