Chapitre 1228 – Mirage Inatteignable

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Sunny avait traversé de nombreuses épreuves glaçantes au cours de sa vie tumultueuse, mais le Désert du Cauchemar était peut-être l’épreuve la plus éprouvante de toutes. Perdu dans une véritable Zone de Mort, poursuivi par une Créature du Cauchemar Supérieure et à court de temps… il n’avait que peu d’espoir de s’en sortir vivant.

Néanmoins, deux voies s’offraient à lui.

La première consistait à suivre Morgan jusqu’au Tombeau d’Ariel, et la seconde à suivre Mordret dans le Troisième Cauchemar.

Les deux voies étaient aussi mortelles l’une que l’autre, et l’incertitude qui les entourait l’empêchait de choisir.

Finalement, Sunny prit la décision la plus prudente — il repoussa son choix de quelques jours.

Après tout, Morgan avait fixé une limite de temps pour sa tentative audacieuse d’atteindre la pyramide noire. Quatre jours… s’ils n’arrivaient pas au tombeau du daemon dans quatre jours, Chevalier de l’Été la ramènerait dans le monde réel, laissant le reste du groupe derrière lui.

Sunny allait donc placer ses espoirs dans la Princesse de la Guerre, et si elle n’atteignait pas son but, il répondrait à l’invitation de Mordret et suivrait le seul chemin restant vers une Graine du Cauchemar.

Le Prince de Rien n’était pas très content de ce délai, mais il n’avait pas d’autre choix que de se plier à l’avis de Sunny et d’attendre patiemment. Il avait vraiment besoin de la force de la cohorte de l’Étoile Changeante s’il voulait défier un Troisième Cauchemar… surtout un qu’il ne connaissait pas du tout, et dans lequel il entrerait sans aucune préparation.

Les Maîtres étaient les meilleurs parmi les guerriers de l’humanité — contrairement aux Éveillés, qui n’avaient d’autre choix que d’affronter les épreuves du Sortilège et d’y survivre, chaque Maître avait choisi de s’aventurer volontairement dans son Second Cauchemar. Seuls les plus forts et les plus ingénieux survécurent et firent l’Ascension.

Et parmi les plus forts, des centaines et des centaines avaient tenté le Troisième Cauchemar au cours des dernières décennies. Pourtant… seules quelques dizaines d’humains en étaient revenus, devenant ainsi des Saints.

Cela montre à quel point le Troisième Cauchemar était redoutable.

Inutile de dire que Sunny n’était pas très enthousiaste à l’idée de s’aventurer dans le Troisième Cauchemar à l’âge de vingt ans. Peut-être que s’il était un titan avec sept noyaux complètement saturés et une décennie d’expérience derrière les épaules, il y réfléchirait. Mais maintenant…

Il espérait désespérément que Mordret mentait ou se trompait, et que Morgan serait capable de les mener à la pyramide noire. Devoir passer un accord avec le Prince de Rien était le pire des scénarios.

Mon Dieu ! Comment se fait-il que je sois obligé de placer tous mes espoirs en ces deux-là ?

La fratrie de Valor était les dernières personnes des deux mondes avec lesquelles il souhaitait s’associer.

Et pourtant, il en était là.

…Pire encore, avec chaque heure et chaque jour qui passait, il commençait à croire que Mordret disait la vérité.

Mené par Morgan et Seigneur Gilead, le petit groupe de survivants s’enfonçait de plus en plus dans le désert. Ils étaient constamment assaillis par une chaleur torride qui leur ôtait toute énergie, toute volonté et tout désir de vivre. La nature suffocante de la mer de dunes immaculée ne les avait d’abord affectés que physiquement, mais au fil du temps, sa cruauté commença à ronger leur esprit.

De plus, aucun d’entre eux n’arrivait à dormir, tenaillé par la peur de la bataille cataclysmique qui faisait rage la nuit dans l’ancien désert. Plus ils s’enfonçaient dans les dunes, plus ils étaient confrontés à des créatures terrifiantes qui surgissaient des sables pour se faire la guerre. Les ruines dans lesquelles ils s’abritaient tremblaient et gémissaient, semblant prêtes à s’effondrer à tout moment.

Il y avait davantage de structures brisées enfouies dans le sable dans les régions intérieures du désert, mais en même temps, de moins en moins d’entre elles semblaient assez durables pour résister à la fureur de l’éternelle bataille.

Parallèlement, les Créatures du Cauchemar qu’ils devaient combattre pendant la journée devenaient de plus en plus puissantes. Au début, Seigneur Gilead suffisait à lui seul pour en venir à bout. Par la suite, le valeureux Saint devait lutter contre les abominations les plus terribles sans l’aide des Ascendants.

Enfin, il arriva un moment où même Chevalier de l’Été commença à se méfier de ses adversaires. Le groupe fut contraint d’avancer avec la plus grande prudence, de peur de rencontrer quelque chose que ni le Saint ni les Maîtres ne seraient capables de tuer.

Cette situation les ralentissait considérablement.

…Et ce ralentissement permit au Gardien de la Porte — le Marcheur de Peau — de retrouver leur trace.

Ils étaient toujours poursuivis, et à mesure que le temps passait, le besoin constant d’échapper à cette poursuite se faisait de plus en plus pressant. Il y avait deux raisons pour lesquelles l’abomination devenait de plus en plus difficile à éviter.

La première était que Sunny et les autres ne pouvaient pas se permettre d’avancer aussi vite qu’avant. La seconde était que… la créature apprenait.

Le Marcheur de Peau avait accès aux souvenirs des cadavres qu’il possédait, et grâce à ces souvenirs, il apprenait rapidement à connaître le monde réel, les Éveillés, les pouvoirs qu’ils possédaient et leur façon de penser. Au début, elle n’avait pu étudier que les souvenirs de quelques dizaines de réceptacles qu’elle avait chassés et possédés dans le désert, si bien que le processus était relativement lent.

Mais la créature s’était probablement échappée dans le monde réel. Combien de réceptacles de cette abomination se trouvaient-ils dans l’Antarctique à l’heure qu’il est ? Des centaines ? Des milliers ?

…Des millions ?

Sunny ne le savait pas, mais il avait l’impression qu’à chaque fois qu’ils devaient échapper à la poursuite du Marcheur de Peau, il devenait de plus en plus difficile de s’en débarrasser.

Tout le monde était… fatigué.

Tout le monde était épuisé, usé, effrayé, et commençait lentement à sombrer dans le désespoir. Les épreuves du Désert du Cauchemar étaient trop cruelles, trop éprouvantes, trop désespérantes.

Et le pire, en dépit de tout cela, c’est que la silhouette inquiétante de la pyramide noire semblait aussi lointaine qu’elle l’avait été au début de leur pénible voyage.

Même Morgan, qui ne s’était jamais permis de montrer des doutes ou des faiblesses auparavant, semblait de moins en moins indomptable au fil des jours. La façade parfaitement entretenue d’une princesse intrépide d’un grand clan se défaisait, révélant le visage d’une jeune femme courageuse et ambitieuse, mais finalement faillible et humaine.

Elle aussi était épuisée, meurtrie, effrayée et désespérée.

La différence, était que…

Morgan avait encore un moyen de s’en sortir. Alors que les autres n’en avaient pas.

C’est ainsi que le quatrième jour arriva — une fois qu’il serait passé, ils seraient dans le désert depuis maintenant une semaine.

Sortant d’une ruine souterraine, les membres du groupe se protégèrent les yeux du soleil aveuglant et regardèrent le mirage lointain et inaccessible du Tombeau d’Ariel.

Le visage de Sunny était impassible.

Mordret dit qu’il est impossible d’atteindre la pyramide… mais il se trompe. Asterion n’a pas pu l’atteindre, mais quelqu’un d’autre l’a fait. Les sybilles… elles l’ont atteinte. Elles sont même allées à l’intérieur. Il y a donc encore une chance.

Le visage de Morgan était immobile. Ses yeux étaient enfoncés et fatigués, mais ils brûlaient toujours d’acuité. Il n’y avait aucun signe d’affaiblissement dans leur abîme vermillon.

Grimaçant, elle fit un pas en avant et dit d’une voix rauque :

“Venez. Nous n’avons pas encore échoué.”