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Chapitre 53 : Les montagnes de Baydian (2)

Traductrice : Moonkissed

Auteur : Seogwando

***

Ronan abaissa son épée. L’elfe d’âge moyen poussa enfin un soupir de soulagement. Il ramassa le panier tombé au sol et prit la parole.

« Je suis un prêtre au service de Seniel. Pour venir jusqu’à cet endroit hostile, il doit y avoir une raison importante.

– Seniel ?

– Oui. L’esprit oublié. Seuls quelques rares personnes se souviennent de ce nom aujourd’hui… Je pensais que seuls les pèlerins qui le vénéraient viendraient. »

Seniel. C’était un nom que Ronan n’avait jamais entendu auparavant. L’homme commença à cueillir les herbes et les champignons qui débordaient du panier, et Ronan l’aida à en faire autant.

« Oh, merci de m’aider.

– C’est tout à fait naturel après que je t’ai fais peur. Mais vas-tu vraiment manger tout ça ? »

Ronan fronça les sourcils. Les herbes étranges qu’il n’avait jamais vues auparavant étaient éparpillées autour d’eux. L’homme, qui avait rassemblé les racines étranges et lointaines comme des barbes de diable, gloussa.

« Ce sont des herbes précieuses. On ne peut les trouver que dans les endroits où le mana s’accumule, comme ici.

– Rien qu’en les regardant, on a l’impression qu’elles feraient pousser des queues sur nos fesses… mais maintenant que tu en parles, je suis curieux.

– Viens à l’intérieur. Je vais faire du thé ou quelque chose de similaire. Cela fait longtemps que je n’ai pas rencontré quelqu’un qui n’est pas un pèlerin.

– Bien sûr. Mais j’ai des compagnons avec moi. Puis-je les emmener ?

– Ah, pas étonnant que j’aie senti des gens. Bien sûr. »

L’homme elfe accepta volontiers la proposition de Ronan. Aselle, Marya et Braum arrivèrent bientôt devant le temple. Ils admirèrent tous le fait qu’un temple se dressait dans un endroit aussi accidenté et regardèrent autour d’eux avec stupéfaction. L’homme rassembla ses mains et s’inclina à la taille.

« La Seniel. Sarante Lematyon.

– Lematyon ? »

En entendant le nom Lematyon, Ronan fronça les sourcils. Le château où l’elfe Cyril Rodollan était retenu captive s’appelait Lematyon.

Cependant, il n’émit aucune objection. Il était courant chez les habitants de la forêt d’utiliser les noms des arbres-mères comme noms de famille, et Lematyon était un nom de famille courant. Le groupe de Ronan échangea des salutations en entrant dans le temple.

« Je suis Ronan.

– Ah, bonjour… Je suis Aselle.

– Bonjour, Sarante. Je suis Marya Carabel.

– Hahaha ! Et moi Braum ! »

Sarante conduisit le groupe à l’intérieur du temple. L’intérieur rectangulaire dégageait l’atmosphère à la fois ascétique et sereine d’un temple. Marya caressa le mur avec des symboles inscrits et murmura.

« C’est un style architectural peu familier. »

La plupart des structures, y compris les chaises et les tables, étaient en pierre. Elles semblaient grossières à première vue, mais un examen plus approfondi révélait un travail artisanal complexe. Alors que Ronan arpentait le temple, son regard s’arrêta sur un point particulier.

« Qu’est-ce que c’est… ? »

Au centre du temple se trouvait une pierre de forme étrange. Dans d’autres temples religieux, cette position était réservée aux reliques ou aux autels importants. C’est alors que la voix de Sarante se fit entendre.

« Ah, c’est l’idole de Seniel.

– Une idole ? Ça ? »

Ronan fronça les sourcils. Nulle part sur la pierre semblable à du maïs il ne voyait l’apparence d’une divinité. Sa surface usée ne traduisait que le passage du temps et les efforts qu’elle avait endurés.

C’était vraiment une religion étrange. Après un moment de contemplation, Ronan prit la parole. Secrètement, il était également préoccupé par les affaires concernant Cyril.

« Dites, Sarante.

– Hmm ? Pourquoi cette formalité soudaine ?

– Sans rien demander, répétez après moi une fois.

– ‘L’arrivée de l’étoile est le jour où la fin descend du ciel’. »

Sarante haussa un sourcil. Ronan était toujours prêt à dégainer son épée en cas de besoin.

« Qu’est-ce que cela signifie ?

– Je vous le dirai bientôt. Répétez après moi pour l’instant. Rapidement. »

Tous les regards étaient tournés vers Sarante. Marya se mit soudain à nettoyer son épée, tandis que Braum faisait mine d’admirer les sculptures d’une statue en bloquant l’entrée. Finalement, Sarante prit la parole.

« D’accord. ‘L’arrivée de l’étoile est le jour où la fin descend du ciel’.

– Hum.

– Maintenant, peux-tu me dire ce que cela signifie ? Est-ce une sorte d’incantation populaire dans le monde extérieur de nos jours ? »

Sarante répéta les mots de Ronan sans changer d’expression, tout comme il l’avait fait avec l’insulte à Ahayute.

Enfin soulagé, Ronan lâcha la poignée de son épée. Il expliqua brièvement l’organisation de Nebula Clazier. Sarante gloussa et hocha la tête.

« Au cours de l’histoire, il y a toujours eu des forces qui ont semé la confusion dans le monde avec de fausses croyances. À bien y penser, sous le règne de l’empereur Lixoda VII, il semblait y avoir une organisation similaire…

– Lixoda… ? »

Ronan plissa les yeux. C’était un nom qu’il avait entendu dans les cours d’histoire. Le royaume qui régnait sur la région centrale du continent lorsque l’Empire millénaire Barun n’était encore qu’un petit État. Sarante sourit, comme s’il interprétait le silence de Ronan.

« Eh bien, il semble que les dirigeants de cette terre aient encore changé.

– Quel âge avez-vous, vraiment ?

– Je n’en suis pas sûr non plus. J’ai arrêté de compter mon âge il y a mille ans. »

Ronan baissa la tête. Les conversations avec les races à longue durée de vie lui donnaient souvent l’impression que ses connaissances communes étaient réduites à néant. Sarante avait posé diverses questions sur l’état actuel du continent.

« Ah, quelle surprise que le dragon Orségo soit tombé. La puissance des mortels est devenue tout à fait remarquable.

– La guerre entre l’ancien empereur et Orségo n’est plus qu’un conte de fées.

– Je devrais m’efforcer d’obtenir des bribes de nouvelles du monde extérieur une fois tous les cent ans… Ah, s’il vous plaît, prenez-en. C’est un thé qui ne peut être dégusté qu’ici, à Baydian. »

Après la vérification des croyances, ils ne pouvaient pas encore baisser leur garde. Ce n’est qu’après que Sarante ait vidé sa tasse que Ronan en prit une gorgée. Alors que le liquide chaud passait dans sa gorge, sa vision devint soudainement floue.

« Hein ? Qu’est-ce qui se passe… »

Ronan cligna des yeux à plusieurs reprises. Dans cette vision floue, le rire léger de Sarante parvint à ses oreilles.

« Hehehe… J’espère que vous apprécierez.

– Qu’est-ce que, mes yeux !

– Qu’est-ce que c’est… ! »

Les exclamations confuses des autres résonnèrent autour de lui. Du poison avait-il été ajouté au thé ? Ronan s’apprêtait à sortir son épée. Mais avant qu’il ne puisse le faire, la vue s’éclaircit soudainement comme s’il avait plongé dans un champ de glace.

« Hein ? Pourquoi… ? »

Ronan cligna des yeux encore et encore. La vision auparavant trouble était devenue aussi claire qu’un champ ensoleillé. Sarante regarda autour de lui avec satisfaction, apparemment satisfait des expressions perplexes de ses invités. À ce moment, Aselle, qui avait regardé autour d’eux, s’exclama avec stupéfaction.

« Le m-mana… ! C’est tellement vivant… !

– Hahaha ! C’est incroyable, est-ce que je viens de faire fleurir mon aura ? »

Incapable de contenir son excitation, Braum se leva. Ronan cligna des yeux à plusieurs reprises, comme s’il n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait. Le mana qui flottait autour de lui semblait plusieurs fois plus vibrant.

« Qu’est-ce que… ? »

Il avait l’impression de s’être arraché les globes oculaires, de les avoir rincés dans une potion et de les avoir remis en place. Le champ d’action s’était considérablement élargi, et il pouvait vaguement voir des traces de mana dans le corps des gens.

Si l’on n’était pas né avec le talent inné d’un mage, atteindre le niveau de vision d’épanouissement d’Orségo n’était normalement possible qu’après avoir atteint un certain niveau d’affinité avec le mana. Ronan gloussa sèchement en parlant.

« Sérieusement, qu’est-ce que vous nous avez donné à boire ?

– C’est un thé fait en mélangeant des herbes qui améliorent l’affinité au mana. Il n’a pour l’instant que des effets temporaires, mais si vous le buvez régulièrement, il vous aidera sans aucun doute à améliorer votre affinité sur le long terme.

– Je suis vraiment reconnaissant, mais c’est effrayant.

– Héhé… Prenez ça aussi. »

Sarante tendit une pochette assez grande remplie des mêmes herbes que celles qu’il avait collectées dans le panier. Il donna également un de ces sachets à chaque membre du groupe et partagea même la recette du thé.

« Au fait, si vous avez le temps, pourriez-vous rester ici quelques jours ?

– Rester ici ?

– Oui. Vous pouvez refuser si cela ne vous convient pas. C’est juste que l’opportunité de converser avec des individus jeunes et prometteurs comme vous est assez rare. »

Eh bien, les pèlerins étaient probablement des elfes âgés qui avaient passé au moins mille ans dans l’isolement, comme Sarante.

Ronan regarda le groupe. Ils semblaient tous étonnés par les effets de l’étrange thé.

« Je suis d’accord, mais qu’en est-il de vous tous ? Est-ce que ça vous va ?

– Ç-Ça me va. Il faut cependant une certaine préparation mentale pour ressayer ce thé cependant…

– Je suis également d’accord. Si je peux en apprendre plus sur les leylines, ce sera inestimable.

– Hahaha ! Je m’en fiche complètement ! Puis-je avoir une autre tasse ? »

Le groupe accepta à l’unanimité. Ronan acquiesça, rompant le silence. C’était une trop belle offre pour la refuser sur la base d’un simple scepticisme.

« Alors je vous suis redevable. Merci, Sarante.

– Tout le plaisir est pour moi. »

C’est ainsi que commença leur court séjour au temple. Sarante avait généreusement traité le groupe de Ronan. Il ne les empêcha pas de collecter des objets liés au mana ; en fait, il les aida à en trouver de meilleurs.

Cet après-midi-là, Sarante conduisit le groupe dans une grotte. La densité de mana y était si élevée qu’elle avait même pétrifié les stalactites. Sarante pointa du doigt les pierres de mana éparpillées au fond de la grotte.

« Qu’en pensez-vous ? Ces pierres de mana sont relativement bonnes.

– Elles ne sont pas seulement relativement bonnes… La plupart d’entre elles sont même d’un grade supérieur au grade le plus élevé !

– Si vous en avez besoin, prenez-en autant que vous voulez. Ce sont des êtres qui acquièrent une signification lorsque quelqu’un les utilise. »

Les yeux de Marya s’écarquillèrent presque. Elle sélectionna soigneusement les meilleures pierres de mana et les plaça dans son sac à dos, bien décidée à lui rendre la pareille. À la fin d’une journée bien remplie, Sarante ramena un gros sanglier.

« Prenons-le pour le dîner de ce soir. Son goût est rehaussé par le mana de Baydian.

– …Êtes-vous vraiment un elfe ?

– Héhé, il semble que les préjugés contre les elfes ne disparaîtront que lorsqu’ils auront disparu. Bien sûr, même si la plupart de nos semblables s’abstiennent de consommer de la viande, ceux d’entre nous qui vénèrent Seniel n’y voient pas d’inconvénient. Après tout, la mort n’est pas une fin mais le début d’un cycle. »

L’état d’esprit de Sarante était différent de ce que Ronan avait vu chez les autres elfes. Contrairement aux elfes typiques qui tireraient une flèche si même un lapin était tué sur leur territoire, Sarante ne semblait pas craindre la consommation des ressources de la nature.

Derrière le temple, il y avait un four pour faire rôtir la viande. Sarante fit habilement cuire la viande de sanglier et la leur servit.

En effet, la viande infusée de mana avait un goût différent de tout ce qu’ils avaient mangé auparavant. Sarante regarda ses invités dévorer la viande avec délectation et murmura doucement.

« Héhé… Demain, je vous offrirai un plat encore plus spécial. »

Par coïncidence, les yeux de Ronan s’écarquillèrent à ces mots. D’horribles possibilités lui traversèrent l’esprit.

À en juger par l’expression de Sarante, il ne serait pas étrange qu’Aselle disparaisse ce soir et qu’une viande qu’ils n’avaient jamais vue auparavant soit servie sur la table le lendemain. La tragédie commencerait lorsque Marya trouverait un cheveu roux coincé entre ses dents.

‘Oui, il avait l’air étrangement gentil, mais il montre enfin son vrai visage.’

Cependant, malgré les inquiétudes de Ronan, la nuit se passe sans incident. Le lendemain, Sarante attrapa un énorme cerf pour le déjeuner. C’était un cerf plus grand que l’élan typique.

« …Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? »

Ronan fronça les sourcils, et Sarante remarqua son expression en gloussant.

« Hmm ? Quelque chose te tracasse ?

– Non… J’ai juste entendu quelque chose à propos d’une viande spéciale hier, et votre expression semblait suspecte. On dirait que j’ai mal compris.

– Heh… Qu’en pensez-vous ?

– Oui. J’étais sûr que l’un de nous deux finirait sur la table du dîner.

– Oh… Je m’excuse si je vous ai mis mal à l’aise. Recevoir des invités aussi estimés que vous après une si longue période m’a un peu trop excité. »

Sarante se gratta la tête, semblant quelque peu embarrassé. Ce soir-là, la viande de cerf apparut sur la table. Fidèle à son statut de viande spéciale, son goût était exquis. Ronan hocha la tête en finissant de dévorer l’une des pattes arrière.

« J’ai été trop sensible. »

À présent, il devait l’admettre. Sarante n’était qu’un vieil homme bienveillant. Ronan se demanda soudain qui avait pu détruire le temple où vivait une si bonne âme.

‘Mais ça ne ressemble pas à un acte de vengeance.’

En comparant l’état actuel du temple et l’impression d’ancienneté qui se dégageait des ruines, Ronan en conclut que la série d’actes destructeurs s’était probablement produite relativement récemment.

Commençant à se souvenir des ruines, Ronan commença à trier les candidats qui auraient pu causer l’état du temple. Environ trois coupables potentiels avaient émergé, dont l’un pourrait être inévitable, mais les deux autres pourraient être traités.

‘Eh bien, cela tombe bien. De toute façon, mon corps avait envie d’action.’

Cette nuit-là, Ronan rassembla son groupe en l’absence de Sarante. Marya se réveilla en baillant et demanda :

« Qu’est-ce qui se passe au milieu de la nuit ?

– J’ai soudain eu une bonne idée.

– Une bonne idée… ?

– Avant de partir d’ici, nettoyons les colonies orcs voisines. Et trouvons si on peut un oeil maudit tant qu’on y est.

– Quoi ? »

Les yeux du groupe, y compris ceux de Marya, s’écarquillèrent. Ils étaient déconcertés par cette suggestion soudaine. Ronan parlait, une cigarette à la bouche.

« Nous sommes simplement redevables à ce vieil elfe. Si nous avons mangé, nous devrions travailler un peu.

– C’est vrai, mais…

– Et il n’y a rien de tel que l’expérience pratique pour améliorer ses compétences. N’est-ce pas, Aselle ?

– Hiihiik ! »

Aselle recula d’un pas. Ronan réprimait un rire, comme lorsqu’il avait proposé de voler le trésor du Gobelin Lunaire.

« Tout le monde, venez avec moi. »

Ronan mena le groupe au sommet de la montagne de façon désordonnée. La vue panoramique des vastes montagnes de Baydian s’étendit devant eux. Ronan prit la parole en montrant des lumières vacillantes au loin.

« Ce sont tous des foutus campements d’orcs. Imaginez que chacune d’entre elles compte entre cent et trois cents habitants.

– Trois-Trois cents… !

– Nous allons tous les éliminer aujourd’hui ou demain. Je suis sûr que ce sera une expérience enrichissante. »

Il ne fallut pas longtemps pour qu’ils réalisent que Ronan ne plaisantait pas. Les visages des membres du groupe devinrent pâles.

« Tous… tous ? »

Il semblait y avoir au moins six colonies. Les orcs étaient déjà redoutables individuellement, sans parler de leur nombre écrasant. Lisant dans l’esprit de ses compagnons, Ronan continua.

« Je sais ce que vous pensez. ‘Mais ça va probablement prendre un temps fou, non ?’

– Franchement, oui. Même si nous nous battons bien, notre endurance aura ses limites ! »

Braum prit la parole avec une expression sérieuse. Un moment d’épuisement pouvait conduire à être submergé par les orcs.

Ronan expira de la fumée et prit la parole.

« Ne vous inquiétez pas pour cela. Nous n’aurons à en affronter que quelques-uns lorsque nous commencerons vraiment à manier nos épées.

– Hmm ? »

Ronan gloussa en regardant les colonies orcs. Quatre des six étaient situées au pied des montagnes, près de rivières sinueuses. Il se tourna vers Aselle, visiblement nerveux, et poursuivit,

« Engager un combat et tuer sont deux choses totalement différentes. »

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