Chapitre 140 – Localiser l’Attaque (4)

« Mmmm ! Mmmmmmmm ! »

Dans la chambre d’une auberge isolée et tranquille.

Quatre personnes masquées encerclaient un homme seul. Il était attaché à une chaise avec une corde, la bouche bâillonnée et les yeux bandés avec un morceau de tissu noir.

Les personnes masquées ont échangé un regard et le tissu qui l’aveuglait s’est détaché. C’était le Seigneur de Panier, Krue Panier. Une fois le bâillon retiré de sa bouche, il se mit à hurler bruyamment.

« Vous—Vous ! Qu’est-ce que vous voulez ? Pourquoi me faites-vous ça ? »

« Inutile d’élever la voix. Nous avons déjà utilisé la magie d’insonorisation. »

L’homme masqué parla d’une voix distinctement reconnaissable si quelqu’un du groupe de Desir l’entendait. C’était la voix de Desir. Desir avait kidnappé Krue Panier.

« Qui vous a envoyé, bon sang ? Quelle faction t’a envoyé ? Ah, si vous m’avez kidnappé, vous devez vouloir me rançonner ! Si vous me laissez partir à l’instant, je vous paierai le double de ce qu’on vous a offert. Qu’en pensez-vous ? »

« Si bruyant. Tu es plutôt bavard pour quelqu’un qui va bientôt mourir. »

« Êtes-vous des assassins ? D’accord. Je vous paierai trois fois, non quatre fois ce qu’on vous a offert pour me tuer. Non, je peux vous donner jusqu’à cinq fois la somme. Cela devrait suffire à vous satisfaire… »

Desir lui coupa la parole.

« Malheureusement, c’est l’honnêteté qui nous importe le plus. Peu importe ce que tu nous offriras, le résultat ne changera pas. »

Une fois qu’il eut fini de parler, Desir leva la main. Ce faisant, un puissant frisson commença à se former autour de Krue.

*Crack*

L’air se figea et commença à se cristalliser. Au même moment, les bras et les jambes de Krue se mirent à geler.

Son visage se vida instantanément de toute couleur et il se mit à hurler de désespoir.

« N-Non ! Je ne peux pas mourir maintenant ! Je ne peux pas mourir tout de suite ! S’il vous plaît, s’il vous plaît, donnez-moi juste un peu de temps ! Je vous en supplie ! »

« C’est à cause de ta fille ? »

Aux mots de Desir, les yeux de Krue s’écarquillèrent de surprise.

« Comment es-tu… ! »

« Quel malheur pour la future orpheline. Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux la faire partir avec toi, plutôt que de la laisser passer le reste de sa vie à souffrir de la perte de son père… »

« Attendez ! Je suis la seule que vous voulez ! Laissez ma fille en dehors de ça ! »

« Quelle touchante démonstration d’amour paternel. »

Krue s’accrochait désespérément à Desir, couvert de sa propre morve et de ses larmes. Comme on pouvait s’y attendre, c’était un père qui aimait tendrement sa fille.

Desir avait le cœur lourd, mais il n’avait pas le choix. Il feignit l’indifférence en parlant.

« D’après ce que je sais, ta fille n’a plus beaucoup de temps à vivre de toute façon ? Elle va bientôt mourir, alors au lieu de la blesser à nouveau, ne vaudrait-il pas mieux qu’elle meure avec toi ? ».

« Non ! Ma fille ne mourra pas ! Elle va vivre pour toujours ! Alors s’il vous plaît, épargnez ma fille. »

Krue avait déjà perdu son sens du jugement. Il avait même dit quelque chose qui n’aurait pas dû être dit.

Tout se déroulait selon le plan de Desir.

« Pour toujours ? J’aimerais en savoir plus. »

« Non, je veux dire… »

Reprenant ses esprits, Krue bégaya. Il se rendit compte qu’il avait commis une erreur fatale, mais il était déjà trop tard.

Desir invoqua une magie électrique du 1er cercle qui remonta le long de sa colonne vertébrale. Des étincelles jaillirent.

« Aaarrggghh ! »

Un cri hideux emplit la pièce.

« Nous nous moquons de l’argent, mais quand il s’agit d’augmenter l’espérance de vie, nous sommes très intéressés. »

« Urghhh. »

Krue gémit de douleur.

« Considère-toi comme chanceux. Nous pourrions même te laisser la vie sauve. »

« Vous allez me laisser la vie sauve ? »

Desir attira son attention avant de prendre la parole solennellement.

« Bien sûr. À partir de maintenant, nous te poserons des questions et tu n’auras qu’à y répondre sincèrement. Si nous parvenons à obtenir des informations précieuses, nous épargnerons ta vie. Si tu tiens plus à ces informations qu’à la vie de ta fille, alors tu peux te taire. »

« Je vous dirai tout ! Demandez-moi n’importe quoi ! »

« Qu’entends-tu par ‘ta fille vivra pour toujours’ ? »

« C’est grâce à la création d’un Homonculus. Et en appliquant cette technologie, ils ont promis que même les gens normaux comme nous pourraient vivre pour l’éternité ! »

En commençant par l’existence de l’Homonculus, Desir a réussi à obtenir diverses informations et à confirmer plusieurs soupçons qu’il nourrissait depuis un certain temps déjà.

Cela allait du fait que la faction Panier commerçait activement avec l’Académie Hebrion et avait utilisé cela comme couverture pour s’arrêter à la Cité des Fleurs du Désert sur le chemin, leur permettant de remettre le matériel de recherche à Pureus sans suspicion, au fait qu’il y avait d’autres factions qui faisaient partie du plan, responsables de fournir du matériel, et enfin au fait que le Colonel Daren dirigeait cet effort et gérait tout le monde.

« D’après ce que je sais, il y a des gens encore plus puissants que le colonel Daren qui sont impliqués. »

« Tu ne peux pas être un peu plus précis ? Qui dirige le plan ? »

« Je ne sais pas non plus ! Je ne faisais que suivre les ordres. Je ne sais rien de plus que ça ! »

C’est tout ce qu’il a pu trouver. Il n’a pas pu découvrir l’identité de l’organisateur comme il l’avait prévu à l’origine.

Je ne m’attendais pas vraiment à découvrir leur identité après avoir trouvé un seul indice, de toute façon.

Il avait dévoilé tout ce qu’il pouvait tirer de cette source. Il ne restait plus que les dernières questions. Les plus importantes.

« Ils ont donc construit un nouveau laboratoire et sont en train de créer un nouvel Homonculus. Combien de temps leur faudra-t-il pour le terminer ? »

« J’ai entendu dire qu’ils pensaient respecter leur délai initial. Tous les matériaux ont été rassemblés, et la théorie a été complétée, donc ça ne devrait pas être impossible. »

« C’est pour quand ? »

« Dans trois jours. »

Au moment où Krue finit de parler, une alarme retentit.

|Vous avez découvert les plans des forces qui ont soutenu Pureus Niftion.

|Lorsque le laboratoire d’origine a été détruit, ils se sont investis corps et âme dans la préparation de la poursuite de leur plan initial. Pureus a terminé la théorie de la création d’un Homonculus, et il y a suffisamment de matériaux. A moins d’une perturbation, ils achèveront l’homoncule dans trois jours.

|Vous avez découvert les conditions d’échec de la quête d’éradication.

|Si vous ne parvenez pas à interrompre leurs plans, la quête sera considérée comme un échec.

|Eliminez-les pour empêcher l’achèvement de l’Homonculus.

***

Le nouveau laboratoire de recherche sur les Homonculus était construit sur un terrain récemment acquis par la faction Panier. Le laboratoire ressemblait à une résidence propre, pas différente des autres, mais son identité était trahie par les grandes quantités de mana que Desir pouvait sentir dans la zone.

Nous échouons donc dans le Monde des Ombres dès que l’Homonculus est achevé.

Desir sentit son sang se glacer.

S’ils n’avaient pas découvert l’endroit où se déroulaient les recherches, ils auraient échoué la quête sans même avoir eu l’occasion de réagir.

Ne pas réussir à nettoyer un Monde des Ombres signifiait une mort immédiate.

En reprenant ses esprits, il se reprocha d’avoir sous-estimé ce Monde des Ombres. Peu importe la facilité de la quête principale, ils se trouvaient dans un Monde des Ombres de Niveau 3 après tout. Ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait sous-estimer.

Nous avons failli mourir en vain.

Selon Krue, l’apparence de la résidence n’était qu’une couverture, et l’Homonculus était en train d’être créé à l’intérieur du bâtiment en ce moment même.

Une magie défensive de haut niveau a été mise en place.

Après avoir levé la magie défensive et être entré, Desir confirma les informations de Krue.

L’intérieur de la résidence ne ressemblait pas du tout à une maison normale, mais plutôt à un laboratoire. L’atmosphère était extrêmement grotesque.

Une énorme éprouvette contenant un liquide inconnu était exposée au premier plan. À l’intérieur se trouvaient des morceaux déformés de ce qui ressemblait vaguement à une silhouette humaine.

Des humains ordinaires avaient été enfermés dans d’autres tubes sur les côtés de la pièce.

« Quelle cruauté. »

« … »

En fin de compte, la base dont ils avaient besoin pour créer les Homunculus était toujours constituée d’humains. Toutes les recherches sur les Homunculus étaient extrêmement contraires à l’éthique.

Krue en était conscient, mais avait choisi de rester silencieux et de les soutenir. Les tortures infligées par Desir avaient également servi à le condamner pour sa part de responsabilité.

Je m’y attendais un peu depuis que j’ai appris qu’ils faisaient des expériences sur des humains, mais quand même, c’est trop.

Le fait qu’ils aient investi autant d’argent dans cette expérience et ce laboratoire montrait clairement qu’ils étaient persuadés que leurs recherches aboutiraient cette fois-ci.

Si les choses se déroulaient comme prévu, l’achèvement de l’Homunculus n’était plus qu’une question de temps.

Même s’il avait été construit après la destruction du laboratoire de Pureus, le fait qu’ils aient déjà réussi à améliorer leurs installations à ce niveau donnait au groupe de Desir une idée de la puissance de leurs ennemis.

« Qu-quelqu’un est encore en vie ! » cria Pram. Comme il l’avait dit, une fille à l’intérieur d’un réservoir les regardait les yeux grands ouverts.

Elle semblait être une mage du 3ème cercle et il était évident qu’elle avait déjà subi plusieurs opérations chirurgicales.

Ce qui ressemblait à des écailles de poisson avait poussé sur son dos et ses épaules.

« Devons-nous briser la vitre ? »

« Non, nous ne savons pas à quoi sert le contenant, il est donc trop dangereux de l’ouvrir tout de suite. Nous devons d’abord vérifier… »

« A-Attendez ! La fille, elle dit quelque chose… »

La fille ouvrit et ferma la bouche. Des bulles d’air apparaissaient. Elle n’a dit qu’une chose.

Tuez-moi.

Comme si la température de la pièce avait chuté, tous les membres du groupe de Desir frissonnèrent. L’excitation de trouver un survivant s’était transformée en quelque chose de plus dévastateur que tout, et cela les frappa profondément.

Ajest prépara lentement son épée.

« …Desir. »

« Oui. »

Desir acquiesça. Pram et Romantica se détournèrent. Ajest planta son épée dans le réservoir d’un seul coup.