Chapitre 933 – L’Obscurité Au Bout Du Tunnel

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Bravant l’obscurité silencieuse, ils revinrent sur leurs pas et arrivèrent à l’entrée effondrée du tunnel après une longue heure de tension. Rien de dangereux ne se passa sur le chemin du retour, et le convoi semblait s’être bien comporté en leur absence.

Le fait que tout se soit déroulé sans incident était profondément troublant.

Cachant son inquiétude, Sunny jeta un coup d’œil aux murs sombres qui les entouraient. Les véhicules cabossés restaient immobiles, leurs roues reposant sur le sol froid de l’asphalte. Ici et là, on pouvait voir des gens se reposer ou se dépêcher d’accomplir diverses tâches.

…Je n’aime pas ça.

En fronçant les sourcils, il se dirigea vers l’écoutille du Rhino. Les personnes dont il avait besoin d’entendre parler y étaient déjà rassemblées, prêtes à lui faire part de l’état des choses.

Alors que Sunny passait devant les sentinelles, l’une d’entre elles l’interpella soudain.

“Capitaine Sunless…”

Il ralentit et jeta un regard noir au soldat.

“Oui ?”

L’homme hésita quelques instants. Son visage était immobile, mais ses yeux fatigués étaient remplis d’une émotion intense et inconnue.

“Je faisais partie, à l’extérieur, de l’équipage du dernier véhicule. Ce que vous avez fait pour nous, à ce moment-là, à la fin… vous nous avez vraiment sauvés. Merci, monsieur.”

Sunny le regarda un peu dans le vide, puis se détourna avec une moquerie.

“Je suis responsable de ce convoi. Ce sont mes véhicules, et vous êtes mes hommes. Personne ne prend ce qui m’appartient… surtout sans en payer le prix. Sais-tu seulement combien coûte un tel véhicule ?”

Ce disant, il secoua la tête et s’éloigna.

Quel drôle de type…

Les Irréguliers, ainsi que le Sergent Gere, le Professeur Obel et Beth attendaient dans la suite de commandement du Rhino. Sunny reçut plusieurs rapports, ce qui améliora légèrement son état d’esprit.

Le convoi avait perdu un transport civil et un véhicule militaire en raison de la rencontre avec le Nuage Dévorant. Après avoir sacrifié l’infirmerie mobile pour accueillir les réfugiés délogés, ils n’avaient perdu qu’un peu de puissance de feu.

Les véhicules restants avaient tous été réparés et étaient prêts à partir.

Le Sergent Gere soupira.

“Nous n’avons plus beaucoup de munitions, monsieur. De plus, nos réserves d’eau potable sont également très réduites. Nous en avons jeté beaucoup pour alléger la charge des transports avant l’arrivée de l’essaim. Cela ne devrait pas poser de problème dans les prochains jours, mais ensuite…”

Sunny fit un geste dédaigneux de la main.

“Ne t’inquiète pas pour l’eau. J’ai une source d’eau littéralement inépuisable.”

Il resta silencieux pendant un moment, considérant les options. Ils pouvaient soit traverser le tunnel, soit rester là où ils étaient et essayer de creuser pour sortir après un certain temps.

Les deux options étaient loin d’être idéales.

Il semblerait que tout dépende de la durée pendant laquelle je souhaite rester dans le tunnel.

La première option permettrait au convoi de s’échapper plus tôt des souterrains… si tout se passait bien pendant le trajet jusqu’à la sortie opposée. La seconde option les obligerait à rester à l’intérieur plus longtemps, mais ne nécessiterait pas de s’enfoncer plus profondément dans l’obscurité glaciale. Aucune des deux n’était exempte de risques.

Merde…

En définitive, Sunny n’aimait vraiment pas l’idée de rester dans le tunnel sinistre ne serait-ce qu’une minute de plus qu’il n’était nécessaire.

Il soupira.

“Démarrez les moteurs. Nous partons.”

Quelques minutes plus tard, le Rhino s’anima et avança, prenant lentement de la vitesse. Les faisceaux des puissants projecteurs installés sur son toit tranchaient l’obscurité, l’obligeant à fuir et à s’accrocher aux parois du tunnel. Les transports civils et les véhicules militaires suivirent, restant à proximité de l’énorme APC.

L’obscurité refluait et dévorait à nouveau tout derrière eux, donnant l’impression que le convoi voyageait à l’intérieur d’un petit îlot de lumière, fugace et fragile.

Sunny grimpa sur le toit du Rhino et y resta avec Sainte, fixant les ténèbres avec une expression sinistre sur son visage. Il ne voyait toujours pas ce qui se passait à l’extérieur de la petite bulle de lumière, ce qui le rendait incroyablement nerveux.

Où est-elle… où est la source de toute cette obscurité ? Quand va-t-elle attaquer ?

Les minutes passèrent, mais comme lors de la mission de reconnaissance, rien ne se passa.

Le convoi avançait à une vitesse modeste, mais constante. Mètre après mètre, le vieil asphalte disparaissait sous les roues du Rhino, et les murs de pierre semblaient passer devant eux, s’évanouissant dans l’obscurité. Le tunnel était silencieux, seul le passage des véhicules humains faisait du bruit.

De temps à autre, des passages latéraux s’ouvraient à gauche ou à droite du convoi, ce qui rendait Sunny particulièrement nerveux. Tous ces chemins descendaient en pente, menant plus profondément sous terre. Il s’attendait à ce que quelque chose surgisse de l’obscurité pour les attaquer… mais rien ne vint.

Ignore-les… nous n’avons pas besoin de mettre les pieds dans ces passages. Il nous suffit d’atteindre la sortie et de nous échapper de cet endroit épouvantable.

C’est ainsi qu’une heure s’écoula, puis une autre, et encore une autre. Le tunnel continuait à s’étirer et semblait interminable. Plus le temps passait, plus Sunny se renfrognait.

…Au bout d’un moment, il quitta finalement le toit du Rhino et replongea à l’intérieur avec une expression sombre. S’approchant de Luster, il grinça des dents et dit :

“Ça suffit. Arrête le convoi.”

Luster lui jeta un regard interrogateur, puis haussa les épaules.

L’APC ralentit, puis s’arrêta. Les autres véhicules suivirent, et très vite, tout le convoi s’arrêta.

Sunny quitta le Rhino et resta immobile quelques instants, fixant l’asphalte usé par les intempéries. Le Sergent Gere et les membres de sa cohorte s’approchèrent peu à peu en direction des autres véhicules, tandis que Luster, le Professeur Obel et Beth sortaient du Rhino par l’écoutille. Sainte se dirigea vers le bord du toit, les regardant de haut d’un air indifférent.

La plupart des personnes rassemblées avaient une expression sérieuse sur le visage.

Remarquant l’ambiance sinistre, Luster cligna des yeux plusieurs fois, puis se tourna vers Sunny.

“Euh… Capitaine, pourquoi nous sommes-nous arrêtés ? Y a-t-il un problème ?”

Sunny le regarda en silence.

“…Oui, il y a un problème, imbécile. Tu ne le vois pas ?”

Luster se gratta l’arrière de la tête.

“Quoi, il y a une Créature de Cauchemar devant nous ?”

Sunny soupira, puis leva les yeux.

“Non… il n’y a rien devant. C’est bien là le problème. Cela fait environ sept heures que nous roulons, c’est bien ça ? Quelle était notre vitesse moyenne ?”

Le jeune homme hésita un instant.

“Trente kilomètres par heure, monsieur.”

Ils ne s’étaient pas précipités et avaient gardé une vitesse modeste, afin de pouvoir réagir au cas où un danger apparaîtrait devant eux.

Sunny acquiesça.

“Ça fait plus de deux cents kilomètres en ligne droite. Et pourtant, il n’y a aucune sortie. Tu vois le problème maintenant ?”

Les yeux de Luster s’agrandirent soudainement.

“Oh… eh bien, si on le dit comme ça… c’est vraiment bizarre… ”

Sunny serra les dents.

“Ce n’est pas seulement bizarre. S’il y avait un tunnel de cette longueur en Antarctique, ce serait le plus long du monde, et de loin. Tout le monde l’aurait su.”

Luster pâlit un peu, puis étudia les visages de chacun.

“Comment se fait-il que personne ne soit au courant, alors ?”

Sunny baissa les yeux et secoua la tête.

“Il n’y a qu’une seule réponse possible. Ce tunnel… quelque chose ne tourne vraiment pas rond.”