Chapitre 894 – Vagues Glaciales

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Le plan de Sunny était plutôt simple. Puisque la protection mentale accordée par la Chaîne Immortelle n’était pas suffisante pour briser la malédiction de l’horreur inconnue, il n’avait qu’à se doter de meilleures protections.

Bien sûr, il aurait pu invoquer Sainte, qui était complètement immunisée contre ce genre d’attaque. S’il n’avait pas d’autre choix que de combattre l’abomination, que Sunny soupçonnait d’être une Terreur Corrompue, c’est exactement ce qu’il ferait… mais pour l’instant, il essayait simplement de comprendre ce qui se passait exactement, et comment.

Étant donné que Sainte ne serait pas en mesure de communiquer ce qu’elle voyait, il devait d’abord essayer de percer la malédiction.

Quelques minutes plus tard, Verne convoqua les officiers de sa force Éveillée, puis les envoya au loin avec une tâche simple — amener à Sunny toutes les Mémoires susceptibles d’offrir une protection quelconque contre les attaques mentales. Étant donné qu’il y avait encore environ quatre-vingt-dix soldats Éveillés dans l’installation, au moins deux d’entre eux devaient avoir quelque chose de ce genre dans leur arsenal.

Très vite, Sunny se retrouva en possession de plusieurs Mémoires prêtées. Il portait la Chaîne Immortelle, qui était son meilleur outil pour résoudre cette situation. Un nouveau charme était accroché à son cou, une cape étrangement mercurienne sur son dos, et une dague en silex avec un manche fait d’os usé par le temps dans sa main.

La dague provenait de Verne, elle était donc particulièrement puissante.

Il y avait maintenant beaucoup de monde dans le poste de sécurité, notamment Verne, le Professeur Obel et Beth, ses six soldats et plusieurs officiers Éveillés qui manquaient de sommeil. Sunny était assis devant un écran, tenant le magnétoscope.

Prenant une profonde inspiration, il enroula ses quatre ombres autour de la Chaîne Immortelle et sentit son acier sombre devenir plus fort, plus durable et plus puissant.

Il inséra ensuite la cassette dans le terminal et accéda aux enregistrements qu’il contenait.

Tout le monde regarda la vidéo de l’océan ondulant avec une curiosité morbide. Toutefois, aucune des personnes présentes dans la salle ne remarqua quoi que ce soit de particulier dans l’enregistrement.

Au bout d’un moment, Beth dit d’un ton hésitant :

“Je… ne vois rien ?”

Mais quand elle regarda Sunny, il y avait une expression sinistre sur son visage pâle et fatigué.

Car, contrairement à tous les autres, Sunny voyait des choses qu’il n’avait pas pu remarquer auparavant. Pour lui, l’enregistrement montrait une réalité immensément macabre.

Le contenu des images le troubla, ébranlé et consterné.

Damnation…

Alors que l’enregistrement se poursuivait, rejouant le paysage changeant de la plage sans lumière des deux derniers jours à une vitesse accélérée, Sunny le ralentit à plusieurs reprises, apparemment sans raison apparente. À chaque fois, son expression devenait de plus en plus laide.

…Il savait, bien sûr, qu’il devait s’attendre à quelque chose comme ça. Mais le fait de se voir nonchalamment laisser la place aux victimes hypnotisées, pour ensuite oublier leur existence un instant plus tard, était profondément déstabilisant.

Sunny avait vu des dizaines de personnes se faire engloutir par les vagues glaciales, et pourtant, c’était la première fois que sa conscience parvenait à prendre conscience de ce fait.

La malédiction fut brisée, et soudain, tous les souvenirs qui avaient été refoulés auparavant inondèrent son esprit.

Sunny frissonna.

Mon Dieu…

Remarquant sa réaction, Verne se pencha en avant.

“Qu’est-ce que c’est ? Que vois-tu ? Quel genre de Créature du Cauchemar est-ce ? Comment capture-t-elle les gens à l’intérieur du complexe ?”

Sunny s’attarda un instant, puis arrêta la lecture d’une main tremblante. Il la fixa avec confusion et serra le poing, ce qui fit cesser les tremblements.

Enfin, il laissa échapper un lourd soupir.

“…J’avais raison, en grande partie. Il y a en effet un maléfice mental qui affecte tout le monde dans cette forteresse. Il nous rend indifférents et inconscients des victimes et des traces qu’elles ont laissées. Cela dit… Je n’ai pas vu la créature. Elle n’est jamais apparue. Les victimes… se sont jetées dans l’océan et ont disparu. Certaines sous nos yeux. Il semble que ce bâtard les contrôle pour qu’elles viennent à lui, et que nous soyons aveugles à leur disparition.”

Verne serra les dents.

“…Il doit y avoir un moyen de l’arrêter.”

Sunny hésita longuement.

“D’après mon expérience, la seule façon de faire face à une telle créature est de la fuir. Tant que nous le pouvons.”

L’autre Maître secoua la tête avec une expression de ressentiment. Ce ressentiment ne s’adressait pas à Sunny, mais plutôt à l’être effroyable qui se cachait sous les vagues, à la Chaîne des Cauchemars et à l’état lamentable du monde réel en général.

“Quitter LO49 maintenant reviendrait à se suicider. Nous ne traverserons pas vivants des centaines de kilomètres de terrain accidenté, pas avec des hordes de Créatures du Cauchemar rôdant dans ce secteur du Centre de l’Antarctique apparemment sans opposition, sans aucun renseignement sur l’état du territoire et coupés du Commandement de l’Armée.”

Son regard se fit glacial.

“…Nous devons rester ici et attendre l’arrivée de l’Ariadne. Il devrait arriver dans deux jours… ou sinon, bien assez tôt. Nous pouvons survivre à cette abomination pendant deux jours.”

Sunny le regarda un moment, réfléchissant. Bien que rester aussi près d’une Terreur Corrompue potentielle le rendait extrêmement mal à l’aise, il devait admettre que ce que Verne avait dit était raisonnable.

L’Ariadne était en effet leur meilleure chance.

Il soupira.

“Alors, qu’est-ce que nous pouvons faire pendant ce temps ? Laisser ce salaud continuer à engloutir des humains ?”

Verne croisa les bras et fronça les sourcils.

“Non. Maintenant que nous savons ce qui se passe, nous pouvons empêcher d’autres personnes de disparaître.”

Sunny haussa un sourcil.

“Et comment comptes-tu t’y prendre ?”

L’autre Maître le regarda, plongé dans ses pensées. Après quelques instants, il reprit calmement :

“Eh bien. Il suffit que quelqu’un empêche les victimes de sauter dans l’océan.”

Un pâle sourire apparut sur le visage de Sunny.

D’une certaine manière, il savait déjà qui allait obtenir ce poste…