Chapitre 875 – Vieilles Routes

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Le lendemain, Sunny et sa cohorte se séparèrent de la division éprouvée. Une multitude de véhicules et de soldats s’engagea sur la grande route, en direction d’une grande ville située derrière les pics montagneux au nord-est. Le Rhino, quant à lui, continuait vers le sud.

“Quatre cents kilomètres… combien de temps penses-tu qu’il nous faudra pour atteindre le centre de recherche ?”

Sunny était actuellement dans la cabine de l’APC, appuyé sur une cloison en regardant devant lui. Luster lui jeta un coup d’œil depuis le siège conducteur et haussa les épaules d’un air hésitant.

“Difficile à dire, monsieur. Le terrain ici est vraiment accidenté, et nous devrons franchir de nombreuses montagnes avant d’atteindre la zone côtière. De vieilles routes existent un peu partout, avec des tunnels qui peuvent servir de raccourcis. Mais comme personne ne s’en est occupé depuis un demi-siècle, c’est surtout un labyrinthe de pierres. Donc… plusieurs jours au minimum. Peut-être même une semaine si nous voulons être vraiment prudents et réduire le risque de tomber sur une horde de Créatures du Cauchemar.”

Il hésita quelques instants, puis ajouta :

“Bien sûr, je peux nous y emmener en une journée si nous quittons les montagnes et roulons le long de la route côtière.”

La majeure partie du Centre de l’Antarctique étant de nature montagneuse, se déplacer à travers son étendue avec rapidité était quelque peu problématique. Cela aurait été beaucoup plus rapide par avion, mais personne n’était assez suicidaire pour en utiliser un dans ces circonstances.

La raison en était très simple… il était impossible de renforcer suffisamment le blindage d’un véhicule volant. Non seulement son système électronique et de navigation serait rapidement grillé par les interférences des Portes, mais pire encore, d’innombrables Créatures du Cauchemar dans un rayon de cent kilomètres seraient en mesure de voir et d’abattre l’avion.

Comme très peu d’Éveillés pouvaient se battre efficacement dans les airs, se faire envahir par des abominations ailées ou se faire démolir par une pluie d’attaques à distance depuis le sol était leur pire cauchemar.

Cela ne signifiait pas pour autant qu’il n’existait aucun moyen de traverser rapidement le Centre de l’Antarctique. Le terrain étant beaucoup plus plat près de la côte, une route pratique longeait le rivage de l’océan froid. C’est juste que voyager par cette route n’était pas vraiment sûr, surtout de nos jours.

L’océan, lui aussi, regorgeait de Créatures du Cauchemar. Toutes sortes d’horreurs se cachaient sous sa surface agitée.

Sunny soupira.

“…Non, ne nous approchons pas près de la côte. Évitons aussi les vieux tunnels. Prends ton temps et fais-nous traverser les montagnes, Luster. Dorn a besoin de temps pour récupérer, de toute façon.”

Le jeune homme sourit.

“Oui, monsieur ! Je le ferai, monsieur !”

Sunny le regarda d’un air sombre et secoua la tête. Depuis la révélation de l’identité de Mongrel, Luster s’était comporté comme un flagorneur trop enthousiaste. C’était honnêtement un peu gênant.

“Bon… d’accord dans ce cas…”

Il retourna à l’arrière du Rhino et se mit à méditer. Au cours du dernier mois, l’importance de reconstituer son essence était devenue douloureusement évidente pour tous les Éveillés se trouvant en Antarctique. Il y avait trop de Créatures du Cauchemar dans les environs et trop de batailles à mener… maintenir ses réserves était souvent la différence entre la vie et la mort. C’était aussi une restriction inéluctable qui définissait la fréquence et la qualité des combats.

Sunny avait une réserve d’essence quatre fois supérieure à celle de n’importe quel autre Maître, pour autant, la vitesse à laquelle son âme la restaurait n’était que deux fois plus rapide. Par conséquent, il lui fallait trois à quatre jours pour la reconstituer complètement. Le sommeil, le repos et la méditation aidaient… mais qui avait le temps de se reposer en Antarctique ?

Tous devaient s’habituer à se battre tout en souffrant d’un grave déficit d’essence. C’était une autre raison pour laquelle la campagne devenait de plus en plus difficile au fil des jours, et pour laquelle tout le monde était épuisé. Sa cohorte était dans une bien meilleure situation que la plupart des autres grâce à Luster, mais Sunny ne pouvait pas utiliser l’extraordinaire Aspect du jeune homme.

…Heureusement, ils n’étaient pas censés livrer de batailles importantes dans les prochains jours. C’était déjà une bénédiction.

Les yeux fermés, Sunny se reposa tandis que ses ombres scrutaient le trajet à venir.

Le Rhino escaladait les pentes abruptes de la chaîne montagneuse avec une agilité surprenante pour une machine de cette taille. L’Aurore Australe scintillait de lumières éthérées dans le ciel noir, mais les montagnes étaient plongées dans l’obscurité.

Conduire un APC de nuit sur les pentes traîtresses n’était pas pour les âmes sensibles, car une petite erreur pouvait le faire dégringoler d’une hauteur mortelle. Pourtant, Luster semblait s’en sortir. Il avait même invoqué son porte-bonheur, le frottant de temps à autre d’un air nerveux.

Tout semblait calme.

Lentement mais sûrement, ils se dirigeaient vers leur destination. Sunny s’efforça de mémoriser le plus possible le paysage, sachant qu’ils reviendraient peut-être par le même chemin après avoir récupéré le VIP au centre de recherche. La bordure méridionale des Montagnes Transantarctiques était en effet un véritable labyrinthe.

De hauts sommets s’élevaient dans le ciel, avec des vestiges de routes défoncées accrochées à leurs pentes. De temps à autre, les gueules sombres des tunnels creusés dans la masse de pierre apparaissaient, le remplissant d’un sentiment d’inquiétude.

Les routes et les tunnels avaient été construits bien avant sa naissance, durant les Temps Sombres. À l’époque, l’humanité était occupée à se détruire dans une série de guerres dévastatrices, tandis que le monde s’écroulait autour d’elle. Puis vint le Sortilège du Cauchemar, et bien des choses changèrent. Les anciennes routes étaient désormais abandonnées et en mauvais état, mais le Rhino pouvait encore les emprunter.

La progression était cependant lente, d’autant plus qu’il fallait éviter les Portes actives et les essaims de Créatures du Cauchemar qui rôdaient.

Au final, il leur fallut près de quatre jours pour traverser les montagnes et descendre jusqu’à la plaine côtière à l’extrémité sud du Centre de l’Antarctique. De là, ils pouvaient se rendre à destination à toute vitesse. Alors que le Rhino accélérait et survolait la plaine, un puissant blizzard l’enveloppa, réduisant la visibilité à zéro.

…C’est à ce moment-là que les choses commencèrent à mal tourner.