Chapitre 872 – Propagation des Cauchemars

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Les premières semaines de la campagne en Antarctique furent les plus intenses… du moins pour l’instant. Les divisions de la Première Armée se déplaçaient régulièrement vers le sud, combattant les Créatures du Cauchemar qui se multipliaient rapidement et établissant des campements stratégiques en cours de route. Ces campements allaient bientôt servir de points de transit pour les réseaux d’évacuation.

Grâce à eux, toute la population du Centre de l’Antarctique allait être transférée dans les capitales de siège en attendant un éventuel salut. La même chose, mais à plus grande échelle, se produisait dans l’Est de l’Antarctique, où vivait la majorité de la population du Quadrant Sud.

Au fil des jours, la Chaîne des Cauchemars prit de l’ampleur. De nouvelles Portes se manifestaient de plus en plus fréquemment, déversant de plus en plus d’abominations dans le monde réel. Heureusement, le fardeau qui pesait sur la Première Armée s’allégeait également, car de plus en plus de divisions atteignaient leur destination et se retranchaient dans les villes qui allaient devenir les bastions de l’humanité dans les mois à venir.

Sans avoir à braver les étendues sauvages infestées d’ennemis, la vie des soldats devenait moins périlleuse. Cela ne voulait pas dire qu’ils n’étaient pas terriblement occupés — transformer une ville peuplée en forteresse de guerre était également une tâche laborieuse.

Cependant, personne n’était aussi occupé que la Première Compagnie Irrégulière.

Comme Maître Jet l’avait promis, les Irréguliers ne se reposaient presque jamais. Alors que les autres soldats avaient des tâches spécifiques qui les forçaient parfois à combattre les Créatures du Cauchemar, et parfois non, les sept cohortes d’Irréguliers se déplaçaient constamment entre les différents points d’ignition pour éteindre leurs flammes.

Jour après jour, bataille après bataille… rapidement, la nouveauté de la dure réalité de l’Antarctique se dissipa, et l’interminable procession d’engagements de combat s’estompa en une épreuve sanglante continue.

Ils faisaient tout de même leur travail.

Toutes les batailles n’eurent pas la même ampleur ou la même gravité que celles des deux premiers jours de l’opération active. Certaines exigeaient plus de précision qu’un effort total, d’autres devaient simplement être menées parce que personne d’autre ne pouvait être affecté pour faire face à la situation.

Trempés dans ce terrible creuset, Sunny et sa cohorte commençaient à s’habituer aux épreuves de la Chaîne des Cauchemars, et à s’habituer les uns aux autres. Leur capacité à se battre en tant qu’entité unique et cohésive augmentait, atteignant finalement un niveau satisfaisant. Leur puissance personnelle augmentait également.

Sunny n’était pas le seul à avoir réussi à améliorer son arsenal de Mémoires. Avec autant de Créatures du Cauchemar à abattre, chaque membre de la cohorte avait acquis de nouveaux outils de combat.

Quentin, par exemple, avait reçu une magnifique armure de plaques pour avoir tué un officier Déchu de la ruche de pierre. Tout comme les carapaces des insectes monstrueux, elle était d’un blanc pur et incroyablement résistante. Luster avait réussi à se procurer un charme censé augmenter sa chance, même si personne ne pouvait vraiment dire s’il fonctionnait ou non. Samara portait désormais une cape caméléon qui se fondait dans l’environnement et masquait sa position.

D’autres utilisaient également de nouvelles Mémoires.

Grâce à elles, la cohorte réussit à survivre à ces semaines périlleuses sans subir de pertes. Elle accumula rapidement des morts et des points de contribution, ainsi que des éclats d’âme et une réputation parmi les soldats de la Première Armée.

…Toutefois, leur redoutable réputation pâlissait face à celle de Mongrel, qui se transformait peu à peu en une sorte de mythe urbain.

Sunny n’avait pas l’intention de libérer à nouveau son alter ego bizarre de sitôt, mais les circonstances le forcèrent à prendre une décision différente. Il y avait tout simplement trop à faire. Souvent, plusieurs missions de la plus haute importance apparaissaient simultanément, et comme il ne pouvait pas être à deux endroits en même temps… il envoyait Cauchemar et Sainte se charger des plus faciles.

Cette approche s’avéra étonnamment efficace. Armées du Péché de Réconfort, dont la synergie était excellente avec les deux, ses Ombres étaient devenues une véritable menace sur le champ de bataille. Elles étaient également capables de traverser le terrain montagneux du Centre de l’Antarctique avec une rapidité remarquable, ce qui permettait à Sunny de les envoyer accomplir des missions qui nécessitaient avant tout de la célérité.

Bien sûr, ces missions devaient se situer au bas de l’échelle des difficultés. Arme Transcendante ou non, Sainte et Cauchemar ne pouvaient se comparer à la puissance de la cohorte, d’autant plus qu’il la dirigeait personnellement.

Pendant que Sunny et ses soldats s’occupaient des tâches les plus dangereuses, Mongrel apparaissait ici et là, sans aucun schéma, surgissant de nulle part et disparaissant sans laisser de trace après avoir infligé des dégâts dévastateurs aux Créatures du Cauchemar et n’avoir laissé derrière lui que des cadavres découpés.

Autant dire que la popularité de Sainte parmi les soldats de la Première Armée explosa. L’Ange Gardien de l’Antarctique… ce titre, inventé par un journaliste d’une chaîne lambda, était de plus en plus souvent prononcé par les soldats, d’abord sur le ton de la plaisanterie, puis de moins en moins.

Sunny, quant à lui, gagna enfin son propre surnom. Sans surprise, on l’appelait désormais Diable… ou, comble de l’exaspération, Petit Diable ! Ce dernier n’était toutefois utilisé que par les autres capitaines. Personne d’autre n’osait le lui dire en face — ou dans son dos, en fait, étant donné que la rumeur selon laquelle le jeune Maître était toujours en train de regarder et d’écouter s’était rapidement répandue dans l’armée.

…Bien sûr, tout n’était pas rose pour la force humaine.

La Première Armée connut plusieurs revers douloureux. De plus en plus de soldats tombèrent et d’autres furent gravement blessés. Les équipements devenaient de moins en moins fiables, même si les pièces les plus importantes fonctionnaient comme prévu grâce à des contre-mesures coûteuses de technologie spelltech. Les Éveillés avaient de plus en plus de mal à trouver un endroit sûr pour dormir sans être emportés par l’Appel.

Le pire, par ailleurs, était l’effet que la Chaîne des Cauchemars exerçait sur les humains ordinaires.

Nephis avait dit un jour à Sunny que chaque personne infectée par le Sortilège portait une petite Graine de Cauchemar dans son âme… et que ceux d’entre eux qui échouaient à la première épreuve devenaient une Porte de Catégorie Un.

La Chaîne des Cauchemars multiplia le taux de manifestations de la Porte, et ce taux, terrifiant, s’étendit également aux humains ordinaires. Non seulement le nombre de jeunes gens victimes du Sortilège était anormalement élevé en Antarctique, mais, pour la première fois depuis un demi-siècle, des personnes n’ayant pas l’âge habituel d’infestation commencèrent à succomber en masse aux Premiers Cauchemars.

Ce qui signifiait que, tout comme lors de l’émergence de la Première Génération, personne n’était à l’abri. N’importe qui pouvait être infecté, échouer à l’épreuve du Sortilège et se transformer en Créature du Cauchemar meurtrière. Les personnes enfermées dans les capitales de siège, celles relogées dans les couloirs d’évacuation… même les soldats.

Une atmosphère tendue et craintive s’installa lentement sur l’Antarctique.