Chapitre 750 – Accueil

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Sunny resta encore un moment sous le porche, ne pensant à rien de particulier.

Il s’interrogeait sur l’avenir et sur le passé.

Qu’était-il arrivé au vrai Noctis ? Qu’était-il arrivé à la vraie Hope ? Qu’était-il réellement arrivé à son royaume maudit ?

Il avait vu les cadavres, de Sevras et du Prince du Soleil dans le Royaume des Rêves. Mais Solvane était toujours en vie. Le Couteau d’Obsidienne et le Couteau d’Ivoire n’avaient jamais été utilisés, ce qui laissait supposer que les événements réels de la libération de Hope avaient été à la fois similaires et très différents de ceux qui s’étaient déroulés dans le Cauchemar.

Noctis avait-il réussi à conclure un accord avec Weaver ? Le Démon du Destin l’avait-il aidé à trouver un moyen de briser les chaînes éternelles de Hope sans utiliser les couteaux ?

Si oui… le sorcier avait-il, peut-être, survécu à sa folle rébellion ?

Quel prix avait-il payé ?

Bien sûr, Sunny savait qu’il n’y avait pas de réponses à ses questions. Il n’apprendrait jamais la vérité. Les événements qu’il avait vécus dans le Cauchemar étaient trop lointains et trop mystérieux pour qu’il puisse les découvrir.

…Alors qu’il pensait à toutes ces choses, une silhouette familière apparut soudain sur le passage piéton.

Une adolescente à la peau pâle et aux cheveux noirs revenait de l’école, une expression sombre sur le visage.

Remarquant Sunny, elle se figea une seconde, puis se précipita soudain vers lui.

À mi-chemin du porche, Rain se souvint d’elle-même et ralentit, essayant maladroitement de cacher son excitation.

Elle s’arrêta près de Sunny, hésita un instant, puis le frappa à l’épaule avec son petit poing.

“Où… où diable étais-tu ? Tu es de retour ? Tu es parti si longtemps !”

Sunny se pencha en arrière et sourit.

“Hé, Rain. Bien sûr, je suis de retour. Tu ne vois pas ? Quant à savoir où j’étais… j’ai juste visité un temple. Ensuite, j’ai fait une petite croisière. Par la suite, j’ai visité quelques tours, j’ai passé du temps dans un théâtre, je me suis lié d’amitié avec un cheval et j’ai vécu dans un autre temple pendant un certain temps. Et pour finir, j’ai visité une très jolie ville et j’ai fait la connaissance de ses dirigeants. Pourquoi ? Je t’ai manqué ?”

Rain le dévisagea quelques instants, puis se moqua.

“Ha ! Pour quelle raison tu me manquerais, toi, entre tous !”

Elle se tut, baissa les yeux, puis ajouta timidement :

“Eh bien… tu m’as peut-être manquée… un tout petit peu. Mon nouveau tuteur est un Éveillé très respectable, mais il n’est pas aussi amusant que toi.”

Sunny la regarda quelques instants, puis sourit :

“Un Éveillé, hein ? Quel dommage. Je suis un Maître maintenant.”

Rain se figea et lui jeta un regard choqué.

“Tu es un Maître ? Un… Ascendant ? Attends… quoi ?”

Son sourire se fait lentement suffisant.

“En effet, je le suis. Sais-tu ce que cela signifie ?”

Elle hésita.

“Quoi ?”

Sunny se pencha en avant et dit d’un ton amical :

“Cela signifie que mes leçons seront beaucoup plus chères, bien sûr !”

Il rit, puis devient silencieux, et ajouta après une courte pause :

“Oh, aussi… tu m’as un peu manqué, un tout petit peu…”

***

…Une rivière sombre coulait à travers une étendue caverneuse de pierre noire. Le brouillard se nichait sur l’eau, étouffant ses murmures silencieux et voilant tout de blanc. Une seule source de lumière se frayait un chemin à travers le brouillard.

Il s’agissait d’une gondole élancée, taillée dans l’onyx, à la proue de laquelle était suspendue une lanterne de verre. Une flamme d’un blanc immaculé brûlait à l’intérieur de la lanterne, luttant contre les limites de sa prison de cristal. Le brouillard s’ouvrit devant la gondole, puis se referma silencieusement derrière elle.

Une jeune femme aux cheveux argentés et à la peau ivoire dormait en boule au fond de la barque d’onyx. Dans la lumière crue de la lanterne, son visage semblait d’une pâleur mortelle et vulnérable.

À l’arrière de la gondole se tenait un squelette vêtu de haillons. Il maniait la rame, fixant le brouillard ou la jeune femme. Malgré le fait que le squelette n’ait ni poumons, ni lèvres, ni langue, il fredonnait une chanson.

“Un jour, les dieux tomberont

Et révéleront leur mensonge

Celui qui dort se réveillera

Pour dévorer ses enfants

Oh, et nous tous

Ce qui a été oublié

Sera rappelé

Et consumera le monde

Oh, nous rêverons tous

Le cauchemar

Du Dieu Oublié…”

Pendant qu’il chantait, la jeune femme remua, puis ouvrit lentement les yeux. Le squelette devint silencieux, la regarda, puis dit :

“Bonjour, créature. As-tu bien dormi ?”

Elle se redressa et ne répondit pas, fixant le squelette de ses yeux gris fatigués.

Le batelier attendit un peu, puis haussa les épaules.

“Tu te sens bien ? Tu… tu n’as pas beaucoup parlé ces dernières semaines, créature. Ton esprit s’est-il enfin envolé ?”

La jeune femme resta silencieuse, ce qui mit le squelette mal à l’aise. Il secoua la tête.

“Huh… quelque chose en toi semble différent aujourd’hui. Ton ombre… on dirait qu’elle est devenue plus profonde ? Comme c’est étrange !”

Il n’y eut pas de réponse.

Ils continuèrent à naviguer en silence pendant un moment. Lentement, le brouillard se dissipa, révélant un rivage noir. Le squelette changea le cap du bateau et le laissa dériver jusqu’à ce que son fond racle la roche.

Là, il lâcha la rame et soupira.

“C’est tout, créature. Je ne vais pas plus loin.”

La jeune femme resta immobile un moment, puis se leva et toucha la lanterne, laissant la flamme blanche voyager de la lanterne à sa paume. Ensuite, elle sauta sur la berge, tituba et se redressa doucement en regardant dans l’obscurité.

Enfin, elle prit la parole :

“Sommes-nous proches de cet endroit ?”

Le squelette haussa les épaules.

“Assez près, je parierais. Euh… désolé de t’avoir menti, d’ailleurs. Pour ma défense, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, créature ! Qui serait assez fou pour croire que quelqu’un peut traverser le Monde Souterrain ? Cet endroit n’est pas à notre portée. Parvenir aussi près de sa frontière intérieure relève déjà du miracle.”

Il hésita un moment, puis ajouta :

“Es-tu sûre de vouloir continuer ? Il y a pire que la mort, créature. Crois-moi… je suis bien placé pour le savoir.”

La jeune femme lui jeta un coup d’œil, puis demanda :

“Et toi ? Que vas-tu faire ?”

Le squelette rit.

“Moi ? Oh, je ne sais pas. Maintenant que j’ai été détaché de ce maudit arbre, il ne me reste plus beaucoup de temps pour exister. Peut-être que j’essaierai de trouver ce qui reste du Royaume de l’Ombre, pour avoir une mort digne de ce nom. Peut-être que je vais retourner taquiner Azarax un moment, pour la dernière fois. Ce type était vraiment insupportable, tu sais. Passer une éternité en sa compagnie était la plus grande des punitions ! Un conseil… choisis bien tes compagnons de toujours, créature.”

La jeune femme s’attarda quelques instants, puis hocha la tête et s’enfonça dans l’obscurité. Ses pas étaient réguliers.

Puis, sans tourner la tête, elle dit :

“Merci, Eurys. Et adieu.”

Le squelette la regarda partir, puis soupira.

“Quelle abomination stupide… Je lui souhaite tout de même bonne chance. Même si je ne sais pas ce qu’elle cherche, j’espère qu’elle le trouvera.”

Au fur et à mesure que la jeune femme s’éloignait, la lumière de sa flamme s’estompait. Les ténèbres entouraient le squelette, et le brouillard blanc coulait lentement dans sa direction, comme s’il voulait le consumer.

Eurys regarda le brouillard se rapprocher, puis soupira à nouveau.

“…Au moins, elle n’est pas aussi stupide que moi.”

Puis le brouillard blanc l’engloutit, et sa voix se tut brusquement.

Rapidement, des ténèbres impénétrables régnèrent à nouveau sur le fleuve froid.

…Et au loin, une étincelle de lumière solitaire continuait à monter de plus en plus haut, pour bientôt disparaître du paysage.

[Fin du quatrième volume : Chain Breaker.]