Chapitre 739 – Ciel Vide

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Tandis que Sunny et Mordret luttaient pour survivre alors que leurs âmes étaient détruites…

Une silhouette humaine émergea des ténèbres du Ciel Inférieur et s’élança vers la lumière du soleil, volant à une vitesse incroyable. C’était un homme dont la peau ressemblait à de l’écorce polie et dont le visage était brûlé et défiguré.

Son armure était abîmée et ternie par le sang séché, et le carquois attaché à sa ceinture était vide depuis longtemps. L’homme avait été un officier de la Légion du Soleil, mais il était revenu pour tuer son commandant.

Ses yeux étaient emplis de détermination.

Des mois s’étaient écoulés depuis le jour terrible où Kai et ses plus braves soldats avaient été enchaînés à la falaise blanche de l’Île du Sacrifice et laissés là pour être dévorés par le Dragon d’Ivoire. Qui aurait pu penser qu’il reviendrait si tôt dans ce lieu maudit ?

Laissant derrière lui la chaleur de la ville en feu, Kai s’était caché sous l’île où ses camarades avaient été réduits en cendres par la flamme du dragon, avait attendu que Sunny ait toute l’attention du prince de Valor, puis s’était élancé sans regarder en arrière.

Il ne voulait plus jamais revoir la falaise blanche et les chaînes couvertes de suie qui pendaient à sa surface.

Passant sous le dernier pont reliant le reste de la ville à l’Île d’Ivoire, il évita de se faire remarquer trop tôt, puis s’éleva dans la lumière du soleil. Derrière lui, un dôme d’ombres apparut soudain à l’entrée du pont, cachant son ami.

Le cœur lourd, Kai s’éleva au-dessus de l’herbe émeraude de la Cité d’Ivoire et aperçut enfin son objectif.

Un magnifique dragon gisait sur le sol, du sang ruisselant de son cou mutilé. Ses écailles blanches étaient peintes en carmin, et l’une de ses ailes était brisée. Mais le grand animal était encore en vie. Il respirait encore.

Il était immortel, après tout…

Mais pas pour longtemps.

Dans sa main, Kai tenait un couteau fait de verre fantomatique. À l’intérieur du couteau, le destin du dragon était scellé, placé là par un dieu impitoyable.

Kai brisait-il la volonté des dieux en le rendant à son propriétaire ? Ou bien achevait-il leur dessein ?

Il ne le savait pas, et il s’en fichait.

Tout ce qui l’intéressait, c’était de tuer le dragon.

Kai n’avait jamais été très fort, ni très courageux, ni très intelligent. Il lui a fallu beaucoup de temps pour grandir un peu. Il n’avait pas non plus de grandes convictions. Mais s’il y avait une chose qu’il croyait, c’était que Sevirax devait mourir et que son règne effroyable devait prendre fin.

La belle cité qu’il dirigeait était tout simplement trop vile.

Serrant les dents, Kai ignora la douleur qui le tourmentait depuis des mois et s’élança vers la forme gargantuesque du dragon.

Le Couteau de Verre brillait dans sa main…

Mais même terriblement blessé, le Transcendant immortel restait immensément puissant et redoutable. Comment un simple Éveillé pouvait-il espérer le blesser ?

Avant que Kai ne puisse enfoncer la lame fantomatique dans la chair apparente du cou de la grande bête, Sevirax s’agita soudain. Ses paupières se soulevèrent, révélant des yeux ambrés inhumains. Sa gueule s’ouvrit légèrement, des volutes de fumée s’en échappant…

Le dragon bougea son aile saine, et un torrent de vent s’écrasa sur Kai, l’envoyant valser. Le couteau de verre gratta inutilement contre des écailles impénétrables, et il fut projeté au loin.

Un instant plus tard, une griffe géante lui frôla la poitrine. Le jeune homme s’éloigna à temps pour éviter d’être tué, mais ce léger contact suffit à déchirer son plastron et à briser quelques-unes de ses côtes.

Avec un gémissement, Kai tomba sur l’herbe douce. Sa vitesse était telle que son corps glissa sur quelques dizaines de mètres, et le temps qu’il se relève en tremblant, le dragon le regardait déjà, prêt à l’attaquer.

Un soupçon de confusion émergea de l’océan de folie caché dans ses yeux.

Sevirax s’attarda un instant, puis une voix grave, fatiguée et sonore résonna autour d’eux :

“Toi… Je te connais…”

Kai serra les dents.

Son attaque surprise avait échoué… il avait échoué.

Maintenant que le Transcendant était au courant de sa présence, il avait peu de chances de porter le coup fatal. Peu importe à quel point le Seigneur d’Ivoire était blessé et épuisé, il serait toujours incommensurablement plus rapide, plus fort et plus puissant qu’un Éveillé avec un Aspect faible. Il écraserait Kai en un instant.

L’immortel n’allait pas mourir. Hope n’allait pas s’échapper. Le Cauchemar n’allait pas prendre fin…

Ses amis ne seraient pas sauvés.

Kai était peut-être capable de voler dans le ciel et de voir loin…

Mais il n’était pas un dragon.

L’homme au visage défiguré regarda la bête immortelle qui se dressait devant lui. Il trembla légèrement, puis baissa la tête.

…Puis il s’élança, projetant des morceaux d’herbe déchirée dans l’air.

Il était rapide, incroyablement rapide… mais Sevirax était plus rapide. La grande bête se tordit le cou, protégeant la blessure laissée par les crocs de la Bête du Crépuscule, puis ouvrit sa gueule pour écraser le petit humain entre ses mâchoires.

Kai aurait certainement pu esquiver…

Mais il ne le fit pas.

Au lieu de cela, il accéléra encore et vola droit dans la gueule du dragon, qui se referma instantanément, les crocs géants s’entrechoquant dans un bruit assourdissant.

Et c’est ainsi que l’infirme disparut.

Le dragon se figea un instant, stupéfait par la bravoure inébranlable du petit humain.

…Tout à coup, il frémit et poussa un cri de torture.

Kai, qui avait plongé le Couteau de Verre dans la chair tendre de la langue de la grande bête, fut projeté en arrière et s’écrasa lourdement sur le sol. Sa peau écorchée fumait, brûlée une fois de plus par la chaleur des flammes du dragon. Son armure se désagrégeait.

Quant au Seigneur d’Ivoire, il redevenait mortel.

Maintenant que son destin lui avait été rendu, la terrible blessure qu’il portait au cou le vidait de sa vie. Quelques secondes de plus et il allait mourir.

Mais non… pas encore !

Alors que le long cri de douleur de la grande bête résonnait dans la ville en flammes, Sevras refusa obstinément de mourir. Tendant son corps meurtri, il avança lentement, tentant désespérément d’atteindre la Tour d’Ivoire.

Celle qu’il avait juré de protéger.

Laissant une traînée de sang derrière lui, le beau dragon blanc s’enroula tortueusement autour de la grande pagode et, fatigué, baissa la tête sur le sol devant ses portes. Ses yeux se fermèrent lentement.

C’était… son devoir.

La protéger.

Il y allait, même dans la mort.

Il l’avait promis…

Allongé sur l’herbe tendre au milieu d’un brasier, le dragon laissa échapper une douce respiration.

Il imaginait une scène différente…

L’image d’une belle ville blanche, aux rues baignées d’un doux soleil… pleine de gens heureux et gentils… prospère, paisible et sûre.

Quelques instants plus tard, Sevras, Béni du Soleil, était mort.