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Chapitre 623 – Désir Ardent

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Sunny fixa le couteau en bois, une douleur suffocante irradiant encore de l’endroit où Solvane l’avait frappé. La Transcendante était si rapide qu’il n’avait même pas vu ou senti son coup… mais cela n’avait plus d’importance.

Alors qu’il étudiait la lame familière, différents fragments de connaissance s’emboîtèrent soudain, révélant une vérité qui faisait froid dans le dos. Stupéfait par cette sinistre révélation, Sunny frissonna.

Bien sûr…

Il comprenait enfin le but du Colisée Rouge. La cruauté des Épreuves, la foi perverse des guerriers zélés, leur culte de la lutte, du combat et de la mort… l’histoire d’une lame en bois qui donnait au champion une chance de gagner sa liberté.

Lorsqu’il regardait en arrière, tout cela semblait si évident.

L’étrange culte de la Guerre qui avait fleuri sur les ruines du Royaume de Hope s’articulait autour du principe de la gloire. La gloire était à la fois la plus haute vertu et le plus grand des honneurs, et elle ne pouvait être gagnée qu’en s’imposant face à des chances écrasantes, par une lutte mortelle — ce qui était l’essence même de la vie, et de la guerre, pour ces fanatiques.

Ils réduisirent donc en esclavage une horde d’abominations et se jetèrent sur elle, luttant à mort contre leurs esclaves dans l’arène. À chaque bataille, les faibles étaient massacrés, et les forts pouvaient vivre et se battre contre des ennemis plus puissants le lendemain. Le tout sous le regard radieux d’une foule en liesse.

Ceux qui mouraient périssaient dans la poursuite de la gloire, et ceux qui vivaient se rapprochaient de plus en plus de la mériter… tel était le rituel sacrificiel que les adeptes de la Guerre accomplissaient tous les dix ans environ, versant le sang au nom de leur rêve glorieux.

…Cependant, il y avait un problème avec cet arrangement dément. Un défaut flagrant qui rendait les Épreuves du Colisée Rouge futiles, creuses et insensées.

Quelle était la fin de tout cela ?

Tous les participants à la bataille étaient-ils destinés à mourir ? N’y aurait-il pas de vainqueur ? Qu’arrivait-il à la personne, ou à la créature, qui restait debout à la toute fin, sans ennemi à combattre ? Où est passée sa gloire ?

Maintenant, en regardant le couteau en bois qui contenait la mort de Solvane, offert gratuitement par l’immortelle Transcendante elle-même, Sunny comprenait tout à présent.

Le dernier champion recevrait en effet une lame en bois, et une chance de se battre pour sa liberté — tout comme Elyas l’avait appris dans les contes de fées de la Cité d’Ivoire. Il leur fallait juste vaincre un dernier ennemi…

Se battre contre Solvane même.

Tout cet enfer fiévreux — le Colisée Rouge, l’arène ensanglantée, le culte de la gloire meurtrière qu’elle avait construit — n’existait que dans un seul but. Trouver, ou plutôt créer, un guerrier capable de tuer sa Sainte.

Solvane l’éternelle… Solvane l’invaincue… voulait mourir. La folie de ce cauchemar était née des mille ans d’immortalité que la belle prêtresse avait endurés, du désir de se libérer de son éternel devoir de gardienne de Hope.

…Cependant, Solvane ne voulait pas seulement mourir. Elle voulait mourir d’une mort glorieuse, digne d’une vraie servante de la Guerre. Ou plutôt, elle ne pouvait tout simplement pas se permettre d’abandonner. Abandonner sans lutter était un péché vis-à-vis de sa foi, de son dieu et de ses convictions.

La belle Transcendante ne pouvait donc se permettre de mourir que si elle était vaincue. C’était son but…

Trouver quelqu’un d’assez valeureux pour la tuer était l’espoir le plus ardent de Solvane. Son désir le plus profond.

Sentant une vague suspicion, Sunny fronça les sourcils. Il était certain d’avoir raison, que son raisonnement et sa perspicacité étaient corrects… mais en même temps, il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. Quelque chose n’avait toujours pas de sens… il n’arrivait pas à dire quoi.

Et il n’avait pas le temps de réfléchir.

Solvane leur offrait encore le couteau en bois et une chance de sauver leur vie. Tout ce qu’ils avaient à faire, c’était de le prendre… et de gagner.

Mais il n’était pas dupe.

Son offre avait beau ressembler à un cadeau, elle n’était qu’une condamnation à mort. Certes, le couteau contenait une mort… celle de Solvane… et serait capable de la tuer d’un seul coup. À ce stade, Sunny était certain qu’il y avait autrefois eu sept couteaux, chacun destiné à tuer l’un des sept immortels créés par le Seigneur de la Lumière. Et celui-ci, le couteau en bois, était destiné à tuer Solvane.

Cependant, le prendre ne pouvait que signer leur perte.

Lame en bois ou pas, la belle prêtresse restait une Transcendante. Une servante de la Guerre avec un millier d’années d’expérience, une ancienne guerrière qui avait combattu et triomphé dans des batailles trop nombreuses pour être comptées. Et malgré son désir d’être vaincue, elle n’abandonnerait pas ce combat. Céder sans lutter de toutes ses forces allait à l’encontre des convictions de Solvane.

Se battre contre elle, c’était se suicider.

À ses côtés, les pupilles d’Elyas s’élargissaient dangereusement.

Sentant un petit changement dans la posture de son partenaire, Sunny se décala et lui jeta un coup d’œil.

Qu’est-ce que cet imbécile essaie de faire ?

Le jeune homme serra les dents, puis se leva lentement. Sa tunique en lambeaux avait depuis longtemps perdu tout vestige de sa couleur blanche autrefois pure, et pendait maintenant comme des haillons sur son corps décharné et émacié. Malgré cela, le jeune Éveillé semblait déterminé et résolu, ses yeux brillaient d’une lueur sinistre.

Qu’est-ce que tu fais ? Non ! Espèce d’imbécile !

Malgré la douleur dans sa gorge, Sunny grogna bruyamment, essayant d’avertir Elyas de la fatalité de ses actes. Mais son appel tomba dans l’oreille d’un sourd.

Merde ! Bon sang ! Pourquoi, pourquoi je ne peux pas parler ?!

Pour la première fois depuis qu’il était entré dans le Cauchemar, Sunny avait vraiment envie de parler. Mais il ne pouvait pas… le corps du démon l’empêchait de converser avec les humains de manière significative.

Paniqué, il fit un mouvement pour se lever, espérant attraper le jeune avant que l’imbécile ne fasse une erreur mortelle. Mais la pression que Solvane avait exercée sur lui était de retour, paralysant le corps de la créature de l’ombre à quatre bras. Il gémit, soudain incapable de bouger, et lutta pour ne serait-ce que garder la tête haute.

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