Chapitre 621 – Chemin vers la Liberté

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Sunny resta immobile quelques instants, puis siffla doucement, ce qui lui donna l’impression que sa gorge était sciée par des dizaines de couteaux émoussés et rouillés. Sa tête était à nouveau attachée à son cou… mais cela ne signifiait pas qu’il se sentait bien.

En fait, même s’il avait évité de devenir un cadavre, il avait l’impression d’en être un.

[…Votre ombre devient plus forte.]

Le sombre donjon devint soudain silencieux. Sainte avait dû achever les dernières Créatures du Cauchemar emprisonnées, faisant de lui et d’Elyas les derniers captifs survivants du Colisée Rouge. Quoi qu’il arrive désormais, les horribles Épreuves étaient terminées, achevées avant l’heure par sa main.

Sunny sentit un peu d’essence d’ombre se déverser dans ses noyaux, remplissant un peu les réserves vides, et se renfrogna.

Ce n’était pas grand-chose… le jeune Éveillé avait gaspillé toute son essence en soignant Sunny, lui aussi. Ils n’allaient pas survivre tous les deux s’ils devaient mener une bataille prolongée.

Ils devaient donc fuir le Colisée rapidement, avant que le reste des Bellicistes ne s’aperçoive de leur fuite.

Serrant les dents, Sunny se releva en titubant, puis jeta un regard sombre à Elyas, qui le fixait avec des yeux écarquillés.

Le jeune homme avait encore un collier autour du cou. Cependant, Sunny ne pouvait pas y faire grand-chose pour l’instant — ce n’était pas comme s’il pouvait aussi décapiter le jeune Éveillé. Avec un peu de chance, sa seule force suffirait à les éloigner tous les deux de cet endroit maudit.

Maintenant qu’il était connecté au Sortilège et qu’il avait accès à toute sa puissance, bien des choses pouvaient être faites. Ces maudits fanatiques allaient regretter de l’avoir capturé…

Elyas ouvrit la bouche, puis demanda d’une voix tremblante :

“Démon… comment ? Comment es-tu encore en vie ?”

Sunny pencha la tête, grimaça, et décida de ne plus trop bouger son cou à l’avenir. Il fit ensuite un geste vers le plastron de la Chaîne Immortelle.

Le jeune Éveillé fronça les sourcils.

“Ton… ton armure ? C’est une relique ? Attends… Où as-tu trouvé cette armure redoutable ?! Et toutes ces armes magiques ?!”

Sunny soupira, puis hocha la tête et pointa à nouveau sa poitrine.

Elyas cligna des yeux plusieurs fois.

“Comment ça, elles étaient en toi depuis le début ? Pourquoi ne les as-tu pas utilisées dans l’arène, alors ?”

L’une des mains du démon se leva et désigna le collier qui gisait désormais inoffensivement sur les pierres crasseuses.

Le jeune homme fronça les sourcils :

“Oh… Je vois. Le collier du Dieu de la Guerre a dû te cacher de la vue du Seigneur des Ombres et te priver de ses bénédictions. Mais alors…”

Sunny soupira et appuya un doigt sur ses lèvres, ordonnant à Elyas de se taire. Au même moment, Sainte surgit des ténèbres, des gouttes de sang noir fétide dégoulinant de la lame du grand odachi. Son regard était calme et indifférent, comme toujours.

Le jeune fixa la démone taciturne quelques instants, puis s’inclina respectueusement.

“Vous… vous avez toute ma gratitude pour être venue à notre aide, v-vénérable dame Ombre !”

Sainte regarda le jeune homme sans montrer le moindre signe d’opinion sur le fait qu’on s’adresse à elle d’une manière aussi particulière.

Ce pauvre idiot doit penser qu’elle est une autre créature de l’ombre venue sauver sa famille… c’est-à-dire moi. Et à en juger par sa réaction, il semble également convaincu qu’elle est mon aînée dans la hiérarchie des Ombres… mais bon sang, pourquoi les adolescents sont-ils toujours convaincus que Sainte est plus cool que moi ?!

Il n’était cependant pas d’humeur à détromper le jeune homme. De plus, il n’avait pas le temps…

Un bouclier cerf-volant calciné se manifesta à partir d’étincelles de lumière dans la main de Sainte, et au même moment, le Serpent Noir se transforma en un flot de ténèbres fluides et se reforma en une épée droite à double tranchant, celle-ci ressemblant à l’arme que la gracieuse chevalière avait maniée dans le passé.

Sunny hésita un instant, puis poussa la poignée de l’Éclat de Minuit dans les mains d’Elyas.

Tenant le Regard Cruel dans l’une des siennes, il se pencha et ramassa la terrifiante et lourde lame du prêtre rouge avec la paire supérieure.

Sunny ne savait pas quels enchantements possédait exactement le couperet à deux mains, mais puisqu’il avait réussi à trancher sa colonne vertébrale adamantine sans trop de problèmes, ils devaient être exceptionnellement puissants.

Il prit ensuite une profonde inspiration… et envoya ses ombres en avant, le long des couloirs familiers de la partie souterraine du Colisée et au-delà, pour trouver un moyen de se libérer.

Sunny était assez bon au combat pour survivre dans l’arène, et même gagner l’amour et l’admiration des foutus lunatiques qui assistaient au massacre et le vénéraient… mais sa véritable vocation était de rester caché dans l’obscurité, de se déplacer sans être vu, et de frapper dans l’ombre des ennemis qui ne se doutaient de rien pour les tuer d’un coup d’un seul.

S’échapper du Colisée Rouge sans se faire remarquer était bien plus facile pour lui que de le conquérir.

Alors que les trois ombres glissaient dans les ténèbres, la peau du démon à quatre bras qu’il habitait passa du noir obsidien au gris pâle une fois de plus, et Sunny vacilla, sentant sa force et sa résistance diminuer considérablement.

Il serra les dents, puis fit signe à Elyas de le suivre.

Tandis que Sainte disparaissait dans les ténèbres, tous deux se dirigèrent vers la sortie du donjon.

Ils traversèrent les couloirs silencieux, sentant le vent froid passer, lavant la puanteur du donjon sur leurs corps endoloris. Comme il faisait nuit et que les combats n’étaient pas censés se poursuivre avant le matin, le Colisée était en grande partie vide, dépourvu des foules en liesse qui le remplissaient pendant la journée.

Ici et là, Sunny et Elyas rencontraient encore des Bellicistes — ceux qui, peut-être, avaient pour tâche d’entretenir, de nettoyer et de préparer l’arène pour le massacre du lendemain. Cependant, tous ceux qu’ils croisaient avaient déjà rencontré Sainte.

En suivant la démone taciturne, ils ne trouvèrent que des cadavres. Les adeptes de la Guerre avaient été tués sans pitié et sans bruit, chacun d’entre eux n’ayant eu besoin que d’un seul coup.

À chaque mort, les réserves d’essence de Sunny se reconstituaient un peu plus. Mais plus important encore…

La voie vers la liberté était toute tracée.

Finalement, après une éternité, Sunny trouva ses trois ombres qui attendaient silencieusement devant une petite porte en bois.

Il s’attarda une seconde, puis la poussa.

Devant lui, il y avait une vaste prairie verte, et au-delà…

Rien d’autre qu’un vaste ciel étoilé sans limites.