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2798-chapitre-596

Chapitre 596 – Et Nous Sommes Partis

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Sunny recula, stupéfait par l’apparition soudaine de Sainte Tyris. Un silence tendu et dangereux s’installa sur l’île après qu’elle eut parlé, que seule la clameur du vent vint rompre.

La neige dansait dans l’air et se déposait lentement sur le sol froid.

Son cœur battait comme un animal en cage.

D’où vient-elle… que se passe-t-il, bon sang ?

Cormac se renfrogna et regarda la femme svelte avec une expression sombre sur son visage sévère et usé par le temps. Le Saint ne semblait pas amusé par l’apparition soudaine du chef du clan de la Plume Blanche.

“Marée Céleste… ne te mêle pas de ça.”

Sainte Tyris ne bougea pas, protégeant toujours Sunny et Cassie de son corps svelte. Le vent se leva, et les nuages semblèrent devenir plus lourds, comme s’ils exprimaient ses émotions réprimées.

…Seulement, comme Sunny s’en rendit compte, elles n’étaient pas du tout réprimées. C’est juste que Marée Céleste ne les montrait pas sur son visage. Au lieu de cela, le monde lui-même le faisait pour elle.

“Je ne crois pas.”

Cormac grimaça, des étincelles de ressentiment apparaissant dans ses yeux.

“Tu ne sais pas dans quoi tu t’immisces, Tyris. Dégage de mon chemin. Ce ne sont pas tes affaires.”

Elle se déplaça légèrement, le hurlement du vent s’amplifiant. Les fleurs violettes s’inclinèrent, se pressant contre le sol.

“…C’est ma terre. Ces Éveillés font partie de ma Citadelle. Tout ce qui se passe ici, et tout ce qui leur arrive, me regarde.”

L’autre Saint soupira, puis fit un pas en avant.

“Toute la garnison du Temple de la Nuit a été anéantie. Ces deux-là sont les seuls témoins. Es-tu sûr de vouloir faire de leur sort ton fardeau ?”

Marée Céleste fronça les sourcils, puis prit la parole, d’une voix égale :

“Si c’est vrai, nous pourrons les interroger ensemble, au Sanctuaire.”

Cormac eut un sourire sombre, puis secoua la tête.

“Je crains que cela ne soit pas pratique. Tu ne connais peut-être pas ma mission, Tyris, mais tu sais qui me l’a confiée. M’entraver dans cette affaire revient à entraver la volonté de Valor… tu ne voudrais pas faire ça, n’est-ce pas ?”

Un coin de la bouche de Marée Céleste se tordit soudainement vers le haut. Elle fixa le redoutable Saint, et dit, une pointe de moquerie dans la voix :

“Qu’est-ce qu’il va faire ? Comment va-t-il me punir ? Exiler mon clan dans une région frontalière éloignée, peut-être ? Oh… attends…”

Elle fit un pas en avant, elle aussi, et son ton changea, devenant plus sombre et plus lourd. Les nuages avalaient le soleil, plongeant le monde dans l’ombre.

“Tu as oublié, Cormac… je suis Marée Céleste du clan de la Plume Blanche, et non Valor. Je suis une vassale du Roi, pas son serviteur. Il y a six ans, j’ai regardé ailleurs et j’ai permis à ton odieux projet de se réaliser. Je l’ai regretté depuis. C’est ma terre, mes îles. Tu n’es qu’un invité ici. Je te préviens… ne teste pas les limites de mon hospitalité !”

Alors qu’elle prononçait ces derniers mots, un coup de tonnerre assourdissant retentit, traversant les Îles Enchaînées comme un héraut de la colère céleste.

Cormac la dévisagea, nullement impressionné. Une expression de mépris se dessina au fond de ses yeux froids et dangereux. Le Saint bougea les épaules, comme pour étirer ses muscles, puis dit d’un ton sombre :

“Ton arrogance est si fatigante, Tyris. M’avertir ? Qu’est-ce qui te donne le courage de m’avertir ? Tu dis que j’ai oublié, mais c’est toi qui ne sembles pas te souvenir. Qui je suis. Ce que je suis. Et ce dont je suis capable…”

Il s’avança, son intention meurtrière devenant de plus en plus épaisse et suffocante, presque palpable.

“Qu’est-ce qui t’a fait croire qu’il s’agissait d’une négociation ? Tu vas te retirer, ou je vais devoir te mettre à genoux. Dans les deux cas, le résultat sera le même.”

Sainte Tyris s’attarda un instant, puis regarda Sunny et Cassie par-dessus son épaule. Son regard était calme et sombre.

“…Il est temps pour vous deux de partir.”

Sunny recula d’un pas, la bouche soudain sèche. Il l’ouvrit, essayant de forcer une question :

“Mais… mais qu’en est-il…”

Marée Céleste regardait déjà Cormac, qui s’approchait à pas sûrs. Ses cheveux dansaient dans le vent comme un flot d’or pâle.

“Courez ! Vous ne survivrez pas à la fureur de cette bataille !”

Sunny hésita une fraction de seconde, puis attrapa Cassie et se mit à courir. Ils s’éloignèrent des deux Saints et se dirigèrent vers le lointain bord de l’île. Il ne savait pas à quoi ressemblerait un combat entre Transcendants, mais il ne faisait aucun doute que de simples mortels comme eux n’avaient pas leur place au milieu de ce combat.

Fou… le monde est devenu complètement fou !

Un instant plus tard, quelque chose entra en collision avec un grondement de tonnerre derrière eux, et Sunny fut projeté dans les airs. Une violente onde de choc traversa son corps, faisant sortir un petit cri de sa bouche.

Il toucha le sol et le sentit bouger, comme si un puissant tremblement de terre se produisait à quelques mètres de lui. Sunny se releva péniblement, aida Cassie à faire de même et continua à courir. Des éclats de pierre les frôlaient comme des balles, et la chute de neige se transformait déjà en un furieux blizzard.

Derrière eux, deux vastes ombres s’élevaient dans les cieux.

L’une était un gigantesque oiseau de proie, aux plumes blanches, au bec acéré et aux serres dévastatrices forgées dans un acier lustré et poli. Ses ailes gigantesques étaient enveloppées de nuages orageux, et des éclairs dansaient autour de son corps comme un manteau radieux.

L’autre était une wyvern féroce, dont les écailles noires étaient aussi sombres que l’abîme, et dont les muscles puissants s’enroulaient sous elles comme des chaînes de fer. La tête de la créature était couronnée de cornes torsadées, et dans sa gueule, d’innombrables crocs acérés brillaient sombrement, illuminés par une flamme rouge immolante qui brûlait dans les profondeurs du corps adamantin de la bête.

Tyris et Cormac s’envolèrent dans les cieux, disparaissant bientôt dans le voile des nuages orageux. Un grondement terrifiant traversa l’île, puis une autre onde de choc frappa, déchirant le blizzard.

Du sang bouillant jaillit soudain d’en haut, tombant sur la neige comme une pluie vermillon.

Seigneur… oh, Seigneur…

Sunny et Cassie ne pouvaient que courir. De temps à autre, une violente secousse les projetait au sol. Le souffle de l’ouragan leur envoyait de la neige et des morceaux de glace tranchants au visage, et leurs oreilles bourdonnaient de la cacophonie tonitruante de la bataille titanesque qui se déroulait quelque part au-dessus d’eux.

Ils étaient presque au bord de l’île, prêts à sauter sur la chaîne, lorsqu’il y eut une soudaine accalmie dans le terrifiant chaos.

C’est alors que deux ombres tombèrent du ciel, si vite que Sunny ne put même pas dire qui était qui.

Les Saints heurtèrent le centre de l’île avec une telle force que sa surface oscilla comme de l’eau. L’onde de choc fut si forte qu’elle anéantit instantanément le champ de fleurs, emporta les couches supérieures du sol et réduisit en poussière la forteresse située à l’extrémité nord.

Le sol lui-même se fendit, une large fissure s’étendant aux deux extrémités de l’île, la coupant en deux.

L’Île du Nord trembla… puis s’effondra, de gros morceaux de pierre se détachant et s’envolant dans les ténèbres tandis que de plus en plus de fissures apparaissaient et que la tension des chaînes célestes déchirait l’île.

Sunny, bien sûr, ne pouvait pas se rendre compte de l’ampleur du désastre. Tout ce qu’il pouvait sentir, c’est qu’ils étaient à nouveau projetés vers le bas, cette fois-ci avec encore plus de violence qu’auparavant. Mais cette fois, au lieu de trouver de la terre ou de la pierre, ce qu’ils trouvèrent sous eux était… rien.

Le sol disparut, et Sunny se retrouva à tomber, tomber, tomber. Dans les ténèbres infinies du Ciel Inférieur.

Tout ce qu’il pouvait faire était d’attraper Cassie et de la serrer contre lui, en s’assurant qu’ils ne soient pas séparés.

Ensanglantés, mutilés et affaiblis, ils plongèrent dans l’abîme tandis qu’autour d’eux, la dévastation régnait.

Le Temple de la Nuit se fissura, puis se désintégra en une pluie de pierres noires. Les sept cloches sonnèrent l’alarme et disparurent dans le vide.

La chaîne colossale qui servait d’ancre aux Îles Enchaînées se dirigea vers les Montagnes Creuses, heurtant leurs pentes avec suffisamment de force pour faire éclater l’ancienne paroi et créer un trou momentané dans le voile de brume qui coulait.

…Heureusement pour Sunny, ses yeux étaient encore fermés, il ne vit donc pas ce qui se cachait dessous.

Et quelque part dans tout ce chaos, les deux Saints continuaient leur combat acharné.

Sunny serra Cassie contre lui et tomba, heureux de s’éloigner un peu plus de cet affrontement à chaque seconde.

Au bout d’un moment, les bruits du combat disparurent au loin.

Les signes de destruction disparurent également, ainsi que les derniers vestiges de la lumière.

Maintenant, ils tombaient dans l’obscurité absolue, dans le silence et la solitude, sans que rien ne menace leur vie.

…C’était plutôt paisible.

Sunny soupira, se permit enfin d’ouvrir les yeux, puis jeta un coup d’œil à Cassie et força un faible sourire.

“…Tu vois ? Nous ne sommes pas morts. Ta vision était un fiasco, encore une fois.”

Elle frémit.

“Comment… comment es-tu si calme ? Nous tombons dans le Ciel Inférieur ! Nous ne sommes pas morts… pour l’instant !”

Il essaya de rire, puis grimaça et décida de ne pas le faire.

“Cet endroit n’est pas si mal. Attends un peu… nous allons tomber encore un peu, puis j’invoquerai des Mémoires qui nous guideront vers le haut ou nous pousseront vers la brèche. Nous avons de la nourriture et de l’eau, au moins… tu ne croiras jamais ce que j’ai dû manger la dernière fois…”

Se souvenant de la Mimique morte, Sunny frissonna.

“Ouais, c’est vraiment pas mal. Crois-moi… ça aurait pu être tellement, tellement pire.”

Mais…

Dès que Sunny eut dit cela, quelque chose changea dans le vide sans lumière.

Une ombre rapide se dirigea vers eux, entourée d’un cercle de lumière furieuse.

Quoi ?

Avant même que Sunny ne puisse réagir, deux mains se tendirent vers eux, l’une l’attrapant, l’autre se refermant sur la cape de Cassie.

Sans rien sur quoi s’appuyer, ils étaient aussi dépourvus de défense que Pierce l’avait été quelques instants avant que Sunny ne le tue.

Bon…

“Oh, Dieu merci ! Je vous ai trouvé !”

Il cligna des yeux.

Cette voix… pourquoi lui semblait-elle familière ?

Sunny fixa la lumière, ses yeux s’y adaptant lentement. Bientôt, il put voir la forme d’une lanterne en papier qui flottait dans l’air, juste au-dessus de l’épaule d’un grand et exaspérant jeune homme à la beauté exacerbée, vêtu d’une armure inutilement à la mode.

Sunny ouvrit la bouche, la ferma, puis l’ouvrit à nouveau.

“Kai ? Qu’est-ce que tu fais ici ?”

Le charmant archer sourit, une expression de joie et de profond soulagement apparaissant sur son visage.

“Qu’est-ce que je fais d’autre ? Vous sauver, bien sûr…”

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