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Chapitre 466 – Une Gracieuse Invitation

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Sunny passa une matinée très agréable à vendre tout ce qu’il avait apporté dans le Royaume des Rêves à une foule d’Éveillés, chacun d’entre eux étant avide des petits conforts que le monde réel pouvait offrir.

Très peu d’entre eux avaient une relation assez étroite avec un Maître ou un Saint pour pouvoir obtenir ces choses ici, dans un endroit aussi éloigné que les Îles Enchaînées. Les choses étaient légèrement différentes dans les grandes Citadelles comme Bastion ou Ravenheart, mais à la frontière, la plupart des gens devaient simplement trouver des moyens de s’en sortir avec des substituts de fortune. Mais rien n’est comparable à la vraie vie.

Dans l’ensemble, le Brillant Emporium fonctionnait à merveille.

Bien sûr, Sunny ne faisait pas payer trop cher les petits objets de première nécessité qu’il vendait, mais cela s’additionnait. Il n’aurait pas fait payer un éclat d’âme entier, même s’il provenait d’une créature Dormante, pour un tube de dentifrice. Mais quelques tubes, plus une brosse à dents, plus du savon et une boîte de feuilles de thé, et une promesse d’apporter du sucre avec lui la prochaine fois ? Ça pourrait marcher.

Contrairement à avant, il voulait des éclats d’âme au lieu de Mémoires. Il allait emmener ces éclats dans le monde réel, où leur valeur était bien plus élevée.

Là-bas, les éclats d’âme provenaient de deux sources seulement : certains étaient ramenés par les Ascendants et les Transcendants de leurs voyages dans le Royaume des Rêves, et d’autres étaient récupérés sur les cadavres des Créatures du Cauchemar qui avaient envahi le monde réel par une Porte.

Ils étaient toujours en quantité limitée, car toute personne en possession d’un éclat était plus susceptible de l’utiliser soi-même que de le vendre pour des crédits. Saturer son Noyau d’Âme signifiait beaucoup plus pour un Éveillé que de l’argent… après tout, les morts ne pouvaient pas dépenser leurs richesses.

La demande, d’un autre côté, était extrêmement élevée. Non seulement parce que tous les Éveillés s’efforçaient de devenir plus forts, mais aussi parce que les jeunes Dormeurs, en particulier, étaient capables d’utiliser ces éclats pour augmenter leurs chances de revenir vivants de leur première aventure dans le Royaume des Rêves.

C’était la raison pour laquelle même Caster, un descendant d’un prestigieux clan d’Héritier, n’était pas entré dans le Rivage Oublié avec son noyau entièrement saturé.

Et c’était la raison pour laquelle Sunny allait tirer un grand profit du fait d’être en possession de sa nouvelle Mémoire préférée… le magnifique Coffre de la Convoitise.

Après tout, il n’avait — pour le meilleur ou pour le pire — aucune utilité pour les éclats d’âme. Il ne pouvait pas les consommer, donc il n’y avait pas de choix à faire entre devenir plus fort lui-même ou gagner des crédits auprès des autres.

Il allait vendre les éclats, acheter des Mémoires, et les donner à Sainte.

Ce système simple était presque injustement lucratif pour Sunny, car les Mémoires, contrairement aux éclats, n’avaient aucune valeur supplémentaire dans le monde réel. Chaque Dormeur et chaque Éveillé pouvaient ramener des Mémoires du Royaume des Rêves et les y échanger librement.

…Ce qui ne signifie pas pour autant que les Mémoires étaient bon marché. En fait, elles étaient extrêmement chères. Mais la corrélation entre le nombre d’éclats d’âme qu’il devait vendre et le nombre de Mémoires qu’il pouvait acheter était tout à fait en sa faveur.

Et bien sûr, Sunny n’avait même pas besoin de bonnes Mémoires. Les pires étaient les meilleures ! L’utilité d’une Mémoire dictait son prix, mais n’affectait pas du tout la quantité de Fragments d’Ombre que Sainte recevait en les consommant.

Son sourire était de plus en plus large.

Deux mois… trois, maximum. C’est le temps qu’il va me falloir pour amener Sainte à [200/200]. Et la suite ? Oh là là, j’ai hâte de le découvrir…

Ses pensées agréables, cependant, furent finalement interrompues par une ombre tombant sur lui.

…Un autre client ?

Sunny leva les yeux et se crispa un peu, reconnaissant la personne en face de lui.

Il s’agissait d’une jeune femme portant un simple vêtement blanc… la même qui l’avait escorté pour rencontrer Maître Roan avant son voyage vers l’Île aux Naufragés.

La représentante du clan de la Plume Blanche.

Il réprima un lourd soupir.

“Euh… que puis-je faire pour vous ?”

La jeune femme s’inclina légèrement, puis dit d’un ton neutre :

“Sainte Tyris vous invite à partager un repas avec elle, Éveillé Sunless.”

Merde… c’est ce que je craignais.

Sunny frissonna légèrement.

Quelles étaient les chances qu’il garde tous ses secrets pour lui lors d’une conversation avec le redoutable demi-dieu en charge des Îles Enchaînées ?

Les Saints étaient des créatures d’une autre race. Ce n’était pas un hasard s’ils n’étaient que quelques dizaines dans toute l’humanité… ils n’étaient pas seulement les plus puissants, mais aussi les plus habiles, les plus volontaires, les plus brillants et les plus rusés de la race humaine. Chacun était une force avec laquelle il fallait compter.

Le minimum serait de survivre à l’épreuve harassante du Troisième Cauchemar.

Il n’était pas sûr d’être capable de tromper une telle personne.

Sunny força un faible sourire.

“…Ce serait un plaisir.”

La jeune femme acquiesça, puis se retourna, s’attendant manifestement à ce qu’il la suive.

Sunny soupira, puis rejeta la Coffre de la Convoitise et se leva du rocher.

Il était temps de faire à nouveau face à Marée Céleste.

***

Le gracieux château de pierre perché au sommet des grands menhirs du Sanctuaire était exactement comme Sunny s’en était souvenu. Le pavillon ouvert à l’extrémité de l’ancien monolithe n’avait pas changé non plus. Baigné par la lumière du soleil et exposé aux vents, il s’ouvrait sur une vue imprenable des Îles Enchaînées.

La Tour d’Ivoire flottait loin au-dessus, enveloppée de nuages blancs.

Cette fois, un repas modeste était servi pour trois personnes sur la table ronde au centre du pavillon, et Maître Roan et Sainte Tyris se préparaient à manger. La jeune femme conduisit Sunny jusqu’à eux, fit un geste vers la chaise libre, puis alla se tenir silencieusement aux côtés de Marée Céleste.

Sunny s’attarda un peu, puis dit maladroitement :

“Euh… salutations, Dame Tyris, Maître Roan. C’est un honneur d’être invité à vous rejoindre pour le dîner. Euh… le déjeuner ? Oui. De me joindre à vous pour le déjeuner.”

Sainte Tyris hocha simplement la tête et ne dit rien, mais Maître Roan le regarda et sourit. Puis, il fit un geste vers la nourriture sur la table.

“Qu’est-ce que tu attends, Sunless ? Mange ! La nourriture va refroidir.”

Sunny hésita un moment, puis sourit.

S’il y avait une règle qu’il essayait de suivre fidèlement dans sa vie… c’était de ne jamais refuser de la nourriture gratuite.

Maître Roan n’eut pas à le lui dire deux fois.

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