Chapitre 434 – Beaucoup de Rien

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Invoquant le Coffre de la Convoitise, il ordonna à la boîte dentelée de grimper à l’intérieur de la boîte… plus grande et plus dentelée et d’ouvrir son couvercle. Puis, il a commencé à siffler une mélodie joyeuse tout en jetant les lourdes pièces à l’intérieur.

Un, deux, trois, quatre… ah, quel jour pour être en vie… cinq, six…

L’un après l’autre, les disques d’or miraculeux disparurent dans le Coffre. Après un moment, Sunny déplaça légèrement son poids, se mit à l’aise et continua à rassembler son butin.

Au final, il avait récupéré près de mille quatre cents pièces à l’intérieur du fléau mort. Comme Sunny l’avait prévu, toute la couche supérieure de la pile de trésors s’était avérée être réelle.

C’était une aubaine incroyable et étonnante ! Soudain, tout ce qui s’était passé semblait valoir la peine…

Presque.

Regardant le vide sans lumière autour de lui, Sunny soupira.

Qui sait si je pourrai retourner au Sanctuaire ? Sans l’autel, ces pièces ne sont qu’un poids mort.

Quelque peu découragé, il s’attarda quelques instants, puis reporta son regard sur le coffre au trésor ouvert.

La couche supérieure de la pile de trésors qu’il avait réussi à piller était bien réelle, mais en dessous…

Sunny lutta pour garder le contenu de son estomac à l’intérieur. Sous le trésor, les membres et les organes de la Mimique étaient serrés les uns contre les autres, occupant la majeure partie du volume du coffre. Le tout était imbibé de sang noir et dégageait une odeur nauséabonde, sans compter qu’il ressemblait au carnage d’un boucher.

Dégoûtant… tellement dégoûtant…

En pensant à la répulsion que lui inspirait ce spectacle, Sunny utilisa l’Éclat de Lune pour couper la terrible boue et en ressortir quatre grands éclats d’âme avec un large sourire. Après les avoir nettoyés un peu, il plaça les cristaux séduisants dans le Coffre de la Convoitise et rejeta la Mémoire avec un sentiment de grande satisfaction.

Après cela, Sunny regarda à l’intérieur du coffre au trésor avec une expression dubitative sur son visage.

Le fait est que… il ne lui restait que trois jours de provisions, bien rangées dans le Coffre de la Convoitise. S’il rationnait sa nourriture, il pourrait probablement tenir une semaine. Après cela…

Sunny se gratta l’arrière de la tête, puis frissonna et referma le couvercle du coffre avec un bruit sourd.

…J’y penserai quand le moment sera venu. Mais, avec un peu de chance, ça n’arrivera jamais !

Sur ce, il remonta sur le fléau mort et se reposa un moment, regardant dans l’obscurité.

Alors que le temps passait lentement, Sunny devenait de plus en plus solennel. Finalement, il réalisa une chose effrayante.

…Il n’avait plus rien à faire.

***

“Ça va être un problème.”

Une éternité plus tard — ou seulement quelques heures, qui sait — Sunny était assis au sommet du coffre au trésor et mourait d’ennui.

Il était toujours en train de tomber dans l’abîme sans fin. Bien sûr, que pouvait-il faire d’autre ? Il n’y avait rien d’autre à faire !

Le Regard Cruel était dans sa main, la lame d’argent brillait d’un éclat vif. Il utilisait son enchantement de [Mangeur de Lumière] pour invoquer la lumière du soleil que la sombre lance avait absorbée et la projeter dans l’obscurité du Ciel Inférieur. Grâce à cette lumière, les formes de ses deux ombres pouvaient être clairement vues, l’une reposant sur la surface du coffre à sa gauche, l’autre à sa droite.

Sunny secoua la tête, puis dit :

“Je meurs d’ennui ici. Je ne me suis jamais autant ennuyé. Comment peut-on survivre des semaines dans cette merde ? Qu’est-ce que vous en pensez les gars ?”

L’ombre heureuse à sa droite hésita, puis leva le poing de manière encourageante. Son sentiment était très clair :

“Tu vas y arriver !”

L’ombre sombre à sa gauche le regarda d’un air sombre, puis secoua simplement la tête. Sa signification était claire, aussi…

“Abandonne déjà…”

Sunny cligna des yeux plusieurs fois, puis sourit.

“Eh bien, je pense que ça va bien se passer. Je vais juste… penser à ça comme à des vacances. Ouais. À quand remonte la dernière fois où j’ai pu me détendre et ne rien faire ? C’est vrai… jamais ! Si on y réfléchit, les gars, c’est une opportunité inespérée. Une occasion de me reposer et de paresser autant que je veux.”

Il resta silencieux pendant un moment, puis ajouta :

“Je n’ai littéralement pas d’autre choix que de ne rien faire. J’ai de la chance, non ?”

L’ombre lugubre lui lança un regard, puis se couvrit le visage d’une paume.

Même l’ombre joyeuse hésita un peu avant de lui donner un timide haussement d’épaules.

Sunny fronça les sourcils.

“Qu’est-ce que vous voulez dire, devenir fou ? Je ne vais pas devenir fou ! J’en ai assez d’être fou. Je l’ai été, comme on dit. Il n’y a aucune possibilité que je devienne fou.”

Les ombres ne répondirent pas, ce qui le fit souffler de colère.

“Peu importe ! Pourquoi est-ce que je vous parle à vous deux ? Ce n’est pas comme si vous aviez assez de décence pour participer à la conversation !”

Il se renfrogna et écarta le Regard Cruel, laissant l’obscurité envelopper tout à nouveau. Les ombres devinrent invisibles.

Après un moment, Sunny dit avec mépris :

“Et ce n’est pas comme si je n’avais pas de meilleures alternatives à qui parler, de toute façon.”

…Où avait-il mis la Roche Ordinaire ?

***

Au bout de trois jours — du moins, Sunny pensait que cela faisait trois jours, car c’était le temps que son essence d’ombre mettait habituellement à se rétablir complètement sans l’aide du Serpent Noir — il était, en effet, sur le point de perdre la tête.

Ce n’était même pas l’ennui qui était le pire, c’était le manque absolu de tout stimulus externe.

Rien ne changeait jamais dans le Ciel Inférieur. Rien ne se passait. Rien n’apparaissait, ou ne disparaissait, ou n’était là du tout. Il n’y avait rien d’autre que l’obscurité vide, les lointaines étoiles scintillantes, et lui.

Et la chute.

Au début, Sunny craignait de rencontrer des créatures maléfiques, colossales et incroyablement horribles dans les abysses. C’est ce qu’on attendrait d’un abysse, non ? Mais il n’y en avait pas.

À présent, il espérait presque rencontrer un ou deux titans égarés.

Il avait entendu dire que les gens avaient tendance à devenir fous en isolement, mais il ne s’attendait pas à se trouver lui-même dans une telle situation.

Sunny avait passé le premier jour à penser à ceci et à cela, à se souvenir de ses expériences et à essayer d’en tirer des leçons.

Il s’interrogea sur la Bête Miroir et le Regard Cruel. Pourquoi la lance d’argent était-elle appelée ainsi ? Puis, il comprit.

On l’appelait le Regard Cruel parce que sa lame polie montrait à une personne son propre reflet.

Il s’interrogea sur le naufrage, les pièces, la Mimique, et la personne appelée Noctis. Comment toutes ces choses étaient-elles liées ?

Au bout d’un moment, il devina que Noctis était le capitaine de l’ancien navire, le maître de la Mimique et la personne dont le visage était représenté sur les pièces miraculeuses. Noctis était aussi probablement celui qui avait créé les pièces, en premier lieu.

C’est pourquoi elles ne pouvaient être utilisées que dans son Sanctuaire.

Il se demandait ce que faisaient Kai, Effie et Cassie.

Il s’interrogea sur Nephis.

Le deuxième jour, il invoqua les runes et vit qu’elle était devenue un fléau. Sunny fixa le compteur qui affichait [2/4000] d’un air impassible, puis il soupira et plongea dans sa Mer de l’Âme.

Là, il avait étudié toutes ses Mémoires et les ombres de toutes les créatures qu’il avait tuées.

Cela ne lui prit que quelques heures.

…Ou une éternité.

Le troisième jour, Sunny s’allongea sur le couvercle de la Mimique morte et regarda dans le vide. Son esprit commençait à se comporter de façon étrange. Bien qu’il n’y ait rien autour de lui, Sunny pouvait parfois voir des formes étranges et des silhouettes dans l’obscurité, ainsi qu’entendre des bruits lointains.

Il voulait croire qu’ils étaient réels, mais il savait que ce n’était que le résultat d’une privation sensorielle prolongée. Les esprits humains étaient bizarres de ce point de vue… ils ne pouvaient pas vraiment supporter beaucoup de rien.

Soudain, l’histoire d’un homme qui avait dû rebrousser chemin après sept jours de descente dans le Ciel Inférieur par peur de devenir fou lui paraissait beaucoup plus logique.

Pour se faire percevoir au moins quelque chose, Sunny invoqua la Cloche d’Argent et la fit sonner dans l’obscurité, écoutant le tintement mélodieux alors qu’elle disparaissait dans les abysses.

Et maintenant, il était assis sur le coffre au trésor, regardant les étoiles lointaines, et parlant avec la Roche Ordinaire.

“Alors, comment s’est passée ta journée, Roche ?”

La Mémoire répondit de sa propre voix :

“Toujours rien. Et toi ?”

Sunny resta silencieux pendant un moment, puis dit :

“Je profite de mes vacances.”

La Roche Ordinaire se mit à rire.

“C’est merveilleux ! Comment se passent tes vacances ?”

Il soupira.

“Magnifiquement bien. Je n’ai pas encore touché le fond.”

Pendant un moment, il n’y eut que du silence. Puis, une nouvelle question vint :

“…Pourquoi fait-il si sombre ?”

Sunny sourit de manière hebdomadaire.

“Pourquoi ne ferait-il pas noir ? C’est le Ciel Inférieur, après tout !”

Mais ensuite, il se figea.

…Quoi ?

La voix qui posa la question… ne venait pas de la Roche Ordinaire.

Cette voix n’était pas la sienne.