Chapitre 432 – Premier Jour dans le Néant

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

C’est… plutôt sinistre.

Sunny tombait dans un vide infini de ténèbres froides. Plus bas, de fausses étoiles scintillaient d’une lumière blanche et pâle. Leur éclat, quant à lui, n’éclairait que très peu le Ciel Inférieur. Partout autour de lui, il n’y avait… rien.

Sunny se reposait toujours sur le coffre au trésor, s’y accrochant de sa seule main saine. Il n’avait aucun point de référence pour mesurer la distance qu’il avait parcourue, mais il soupçonnait que la distance quittait rapidement le domaine du sens et de la logique ordinaires.

Il n’était pas très instruit, et pourtant, il savait qu’un objet qui tombe accélère toujours à un rythme régulier… en théorie. Cela signifiait que chaque seconde où Sunny tombait, sa vitesse augmentait exponentiellement. À présent, cela devait être tout simplement insensé.

Mais il ne sentait pas vraiment cette vitesse. Tout ce qu’il sentait, c’était les brins de vent froid qui caressaient sa peau de temps en temps. S’il y avait un point positif dans cette situation, c’était qu’il avait accumulé un peu d’essence d’ombre et qu’il était capable d’invoquer à nouveau le Linceul du Marionnettiste. Il n’était donc plus nu, en tout cas.

S’il y avait une chose qu’il savait, c’était la vitesse approximative à laquelle il pouvait glisser en avant avec l’aide de l’Aile Sombre. En ajoutant le poids du trésor mort à l’équation, il pouvait plus ou moins calculer la distance qu’il parcourait horizontalement. En gardant cela à l’esprit, il estima qu’il atteindrait le milieu de la Déchirure en un jour environ…

Le problème est qu’il n’avait aucun moyen fiable de mesurer le temps. Il y avait bien quelques indices qu’il pouvait essayer d’utiliser, comme le taux de régénération de l’essence d’ombre ou l’état de ses blessures, mais ils n’étaient pas vraiment fiables.

Dans les histoires héroïques, les personnages se retrouvaient souvent dans des situations similaires. Chaque fois que cela se produisait, le héros parvenait à mesurer le passage du temps par l’état de sa pilosité faciale. Malheureusement, malgré ses dix-huit ans, Sunny ne parvenait pas à se laisser pousser la plus pitoyable des barbes. Ce qui était une véritable honte.

…Je suppose que je n’ai pas l’étoffe d’un héros.

Avec un soupir amer, il fixa le couvercle du coffre au trésor et essaya d’évaluer son état physique.

Les choses n’étaient pas bonnes, mais elles n’étaient pas non plus très mauvaises. Il avait subi des dommages internes mineurs dus à l’Écrasement, ainsi que plusieurs blessures plutôt laides dans la bataille contre la Mimique. Les coupures à moitié guéries laissées sur son corps par la Bête Miroir s’étaient également ouvertes à un moment donné, et lui faisaient à nouveau mal.

La pire blessure était, bien sûr, son bras cassé.

Son état mental était également en pagaille après avoir été ravagé par le visuel des Ficelles du Destin. Heureusement, il ne semblait pas y avoir d’effets durables. Même le mal de tête qui le fendait s’atténuait déjà. Sunny ne pouvait pas non plus se souvenir des détails exacts de ce qu’il avait vu, comme si son esprit les avait complètement effacés de sa mémoire pour se protéger.

La seule chose qui restait était le fragment de mémoire qu’il avait préservé exprès — l’image du fil d’or menant au plus profond de la Déchirure.

Sunny fixa le vide absolu, attendit un moment, puis expira lentement.

Super. Et maintenant ?

Il n’y eut pas de réponse.

***

Après un certain temps — Sunny ne savait pas combien de temps — il en eut assez d’attendre que quelque chose se passe et décida d’agir.

On pourrait aussi bien…

La première chose qu’il fit fut d’invoquer le Coffre de la Convoitise.

Sunny s’attendait à ce qu’un coffre identique apparaisse près de celui qui était mort, mais au lieu de cela, ce qu’il vit était une version miniature de celui-ci. Une boîte en bois sombre, renforcée par des bandes de fer, apparut sur le couvercle du coffre au trésor.

Elle était de la taille d’une boîte à bijoux, mais pas du tout élégante. En fait, le Coffre de la Convoitise avait l’air plus méchant que gracieux… en quelque sorte. Alors que Sunny le fixait, le couvercle de la boîte se souleva légèrement, révélant des rangées de dents de fer acérées.

Il cligna des yeux.

Je suppose que c’est tout ce que je peux faire avec ma capacité de Noyau d’Âme actuelle.

Secouant la tête, Sunny regarda le Coffre et dit d’un ton incertain :

“Viens ici.”

Immédiatement, huit courtes pattes de fer apparurent de sous le Coffre, et il détala avant de s’asseoir près de lui.

Sunny hésita quelques instants, jeta un coup d’œil à ses doigts, puis ouvrit prudemment le couvercle de la boîte. Heureusement, il n’essaya pas de les mordre.

Enlevant son sac, Sunny transféra son contenu dans la boîte. Bien qu’il semblait plutôt petit, le Coffre avala toutes ses provisions sans aucun problème.

…Parfait.

Sunny ferma la boîte, tapota le couvercle et le renvoya.

Puis, il invoqua l’Éclat de Lune et découpa méthodiquement son sac maintenant vide en lanières de cuir. À l’aide de sa seule main valide et de ses dents, Sunny les noua en un semblant de corde, puis s’attacha au coffre au trésor, avant de finalement se calmer.

Maintenant, ses pièces n’allaient nulle part.

Satisfait de son travail, Sunny se reposa un peu. Il commençait à se sentir fatigué… et somnolent.

Tomber dans l’abîme sans fin se révéla bien moins excitant qu’il ne l’avait pensé. En fait, c’était extrêmement ennuyeux.

Il y avait encore beaucoup de choses à faire, cependant…

Avec une grimace, Sunny déplaça prudemment son poids et rampa jusqu’au bout du coffre. Là, il utilisa l’Éclat de Lune pour élargir une fissure sur le côté de la Mimique morte et en séparer deux longues planches de bois.

Ensuite, il fit un rouleau avec la dernière bande de cuir qu’il avait et la mordit.

Ça… va faire mal.

Sans se donner trop de temps pour y penser, il retira son bras cassé de son écharpe, et commença ensuite à remettre les os en place rapidement… comme on lui avait appris.

Une douleur aiguë et aveuglante transperça son esprit.

Quand Sunny retrouva sa vision et la capacité de penser correctement, il vit que son bras ne ressemblait plus à de la gelée. Il semblait plus ou moins droit.

Il faudra faire avec…

En sifflant et en jurant, il utilisa les deux planches de bois et la bande de cuir pour créer une attelle solide, puis il la replaça soigneusement dans l’écharpe. Maintenant, ses os brisés avaient une bonne chance de se reconstituer correctement.

Avec un peu de chance.

Après cela, Sunny invoqua le Printemps Sans Fin et le Coffre de la Convoitise, en sortit une partie de la nourriture qui lui restait, et prit un repas étrangement détendu sur le couvercle de la Mimique morte.

Lorsqu’il eut terminé, le Ciel Inférieur… n’avait pas changé d’un iota.

Il était toujours en train de tomber dans ses profondeurs, déplaçant lentement le coffre au trésor vers le centre de la Déchirure avec l’aide de l’Aile Sombre.

…Il était aussi absolument épuisé.

Sunny fixait sombrement les fausses étoiles lointaines.

Il les fixa jusqu’à ce que ses yeux se mettent à pleurer et que ses pensées deviennent lentes et confuses.

Puis, il les fixa encore un peu plus.

Après un moment, il pensa :

Je ne peux plus le supporter.

À ce moment-là, ses réserves d’essence d’ombre étaient pleines au tiers. Jugeant qu’environ vingt-quatre heures s’étaient écoulées après la destruction du Rocher Tordu, Sunny soupira, puis écarta l’Aile Sombre et laissa le coffre commencer à tomber droit vers le bas.

Il allait devoir continuer à tomber dans le Ciel Inférieur pendant six jours encore… au minimum. Probablement plus longtemps. Sunny secoua la tête, sachant pertinemment que ces estimations n’avaient presque rien à voir avec la réalité.

Alors, il fit quelque chose qu’il n’avait jamais pensé faire un jour…

Il s’allongea prudemment sur le long couvercle de la Mimique morte, serra la corde qui les reliait… et ferma les yeux.

Bientôt, Sunny était endormi, plongeant dans les ténèbres de l’abîme sans se soucier du monde.