Shadow Slave - Chapitre 2152

Chapitre 2152 – Estimé Gouverneur Temporaire

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Un mois plus tard, un groupe d’Éveillés fatigués se tenait sur une colline dans les terres désolées, regardant les ruines tentaculaires en contrebas. Le monde semblait entièrement noir et blanc, offrant une vue imprenable sur les bâtiments anciens qui émergeaient de la neige. Le vent froid tentait de s’infiltrer dans les interstices de leurs armures, et ni les manteaux chauds ni les moufles qu’ils portaient par-dessus les gants ne parvenaient à l’arrêter.

Cette terre semblait morte, sans aucune trace de vie sur sa surface empoisonnée.

Bien sûr… ce n’était pas le Royaume des Rêves. C’était le monde réel. Les ruines calcinées n’étaient que l’une des innombrables villes humaines détruites pendant les Temps Sombres, dont le sol était contaminé par de terribles armes issues de l’esprit humain, et non par une étrange malédiction.

L’air était également toxique, c’est pourquoi ils portaient des masques à gaz militaires et des bouteilles d’oxygène sur le dos — les Éveillés étaient plus tenaces que les gens ordinaires, mais braver les étendues sauvages de la Terre sans protection restait une tâche mortelle pour eux.

La longue traversée avait été une rude expérience, même pour Gardien et ses compagnons. Très peu de Créatures du Cauchemar se trouvaient ici, mais la terre elle-même représentait un obstacle. Avec l’effondrement du régime et des autres puissances qui régissaient les enclaves humaines restantes dans cette partie du monde, les systèmes de logistique et de transport qui existaient auparavant étaient désormais complètement désorganisés.

Gardien et ses guerriers avaient l’intention de voyager en train, mais les rails étaient défectueux à quelques centaines de kilomètres de CSQN. Ils achetèrent donc un véhicule cargo tout-terrain à un groupe d’anciens soldats et le conduisirent plus au nord.

Le véhicule n’était pas très confortable, mais au moins, il fonctionnait. Malheureusement, son moteur fut réduit en miettes par les griffes d’une Créature du Cauchemar il y a environ une semaine, si bien qu’ils durent parcourir le reste de la distance à pied.

…Dans l’ensemble, Jest n’arrivait pas à déterminer lequel des deux mondes était le plus inhospitalier. Il aimait cependant retourner au château quand c’était son tour de dormir — il y faisait chaud, au moins.

Quoi qu’il en soit, ils étaient arrivés à destination.

Une colonie humaine se trouvait devant eux.

Elle était bien plus petite que CSQN, bien sûr, avec une population qui atteignait à peine quelques dizaines de millions d’habitants. De plus, elle n’avait pas été transformée en une redoutable capitale de siège pendant les Temps Sombres, ce qui rendait ses défenses et ses infrastructures bien inférieures.

Aucune haute barrière n’entourait la ville comme un anneau impénétrable, servant à la fois de fortifications défensives et de système sophistiqué de filtration de l’air. Au lieu de cela, plusieurs dômes étaient dissimulés au cœur des ruines calcinées — la ville d’origine était bien plus étendue que celle qui émergeait de son cadavre, bien qu’elle ait abrité beaucoup moins d’habitants.

Levant son masque à gaz, Gardien inspira l’air froid, grimaça, puis le remit en place.

« Entrons aussi vite que possible. Soyez prudents — les ruines recèlent de nombreuses abominations. Jest, prends la carte. »

Comme plusieurs des Éveillés du château étaient originaires de cette ville abandonnée, ils leur avaient donné beaucoup d’informations sur la situation à l’intérieur.

La situation… n’était pas bonne. Après la chute du Sortilège du Cauchemar, les dômes s’étaient isolés les uns des autres, et chacun était désormais entre les mains d’un souverain autoproclamé. Certains de ces dirigeants étaient bons, d’autres mauvais, et d’autres bien pires encore.

C’est pourquoi Gardien ajouta :

« Soyez encore plus prudents lorsque nous rencontrons des gens. Il y a des milliers d’Éveillés dans la ville, et même si nous sommes plus puissants et mieux préparés, nous ne pourrons pas tous les combattre. »

Les autres acquiescèrent sombrement.

Ils descendirent rapidement de la colline et pénétrèrent dans les ruines.

Ils durent affronter quelques Créatures du Cauchemar, et même un essaim entier de bêtes terribles, sur le chemin du dôme le plus proche. Cela étant, les partisans de Gardien étaient tous des guerriers expérimentés et mortels à présent. Ils se frayèrent un chemin à travers les ruines sans perdre un seul homme, et finirent par se retrouver à nouveau parmi les humains.

La vie dans le dôme où ils pénétrèrent semblait étrangement plus ordonnée que celle qui s’était déroulée à CSQN au cours de l’année écoulée.

Tout le monde se déplaçait avec détermination, occupé à travailler. Cela dit, les gens semblaient fatigués et mal nourris, la plupart d’entre eux arborant des expressions moroses — néanmoins, personne ne craignait les Créatures du Cauchemar, puisque des équipes d’Éveillés patrouillaient constamment dans les rues.

Gardien regarda autour de lui avec une expression prudente, mais subtilement surprise.

Ils furent accueillis par un officier Éveillé de la garnison locale et traités de manière amicale. Un groupe de puissants guerriers Éveillés était le bienvenu dans la ville, car leur force ne pouvait qu’améliorer la situation.

« Tous les Éveillés sont des camarades. Nous avons été appelés à accomplir un devoir solennel. »

Gardien et Jest se regardèrent, un peu troublés.

Après avoir organisé leur hébergement, l’officier les escorta à un dîner avec la personne qui dirigeait le dôme, apparemment appelée l’Estimé Gouverneur Temporaire.

Le dîner était tout simplement somptueux, et le gouverneur — un Éveillé aux traits nets et au sourire éclatant — était à la fois poli et amical. Il s’enquit avec curiosité de la situation à CSQN, expliquant comment les choses se passaient ici en comparaison.

À un moment donné, un vieil homme vêtu d’une livrée de serviteur arriva pour verser un peu plus de vin dans leurs verres. Jest était tellement émerveillé par l’étrange opulence de la résidence du gouverneur que lorsque la main du serviteur trembla et que quelques gouttes de vin tombèrent sur la nappe blanche, il n’y prêta même pas attention.

Mais le gracieux hôte du dîner, lui, s’en aperçut.

Le vieil homme frémit.

Le gouverneur le regarda en souriant, puis reporta son regard sur l’un des guerriers Éveillés qui gardaient la salle et fit un léger signe de la main.

Avant que quiconque ne puisse réagir, le garde attrapa de force le vieil homme et le traîna hors de la pièce.

Le gouverneur poussa un soupir d’excuse.

« Pardonnez cet étalage disgracieux, Seigneur Gardien. Mais vous savez ce que c’est… ce n’est pas facile de dresser du bétail. »