Shadow Slave - Chapitre 2133

Chapitre 2133 – La Plus Jeune

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Dans la salle d’exposition décorée avec goût de la Boutique de Mémoires, située au sous-sol du Brillant Emporium — qui, à son tour, était un merveilleux démon qui cachait une dimension de poche dans son ventre — un jeune homme gracieux était assis paisiblement sur le sol, les yeux fermés.

Celui-ci tenait dans sa main une petite lanterne taillée dans la pierre noire. La porte de la lanterne était ouverte et, au-delà, se nichaient d’inquiétantes ténèbres. Une sensation de froid intense émanait de ses profondeurs impénétrables.

Soudain, le jeune homme tranquille poussa un soupir et ouvrit les yeux.

L’instant d’après, deux ombres s’échappèrent de la porte de la lanterne sombre, se transformant instantanément en de parfaites copies de lui.

Toutes deux étaient sales et abîmées, tachant le sol immaculé d’une couche de poussière noire. Cependant, alors que l’un était simplement échevelé, l’autre ressemblait davantage à un cadavre — notamment en raison de la pâleur de sa peau de porcelaine.

Sa tunique noire était en lambeaux et déchirée, et d’innombrables blessures hideuses recouvraient son corps. Les plaies étaient exsangues, ce qui lui donnait encore plus l’air d’un cadavre.

Devant ce désordre, le gracieux jeune homme écarta la lanterne noire et se pinça les lèvres.

Se recroquevillant, Sunny prit quelques respirations agitées, puis regarda son incarnation lugubre.

« …Qu’est-ce que tu regardes, salaud ? »

Ce disant, il vacilla et s’effondra sur le plancher.

Maintenant qu’il s’était échappé du Royaume de l’Ombre, toute sa force avait soudainement quitté son corps mutilé. C’était en partie dû à l’effet psychologique d’avoir enfin atteint la sûreté, mais également dû à la puissance que lui avait octroyée la terre désolée des ombres.

Maintenant qu’il n’avait plus cette force empruntée, Sunny bascula comme une marionnette dont les ficelles avaient été coupées.

Allongé sur les planches fraîches, il poussa un gémissement douloureux.

Je ne pense pas pouvoir bouger…

Non seulement il avait du mal à remuer le moindre muscle, mais la douleur qu’il avait refoulée déferlait comme une marée. Sunny sentit sa conscience s’obscurcir, et quelque part au loin, le Seigneur des Ombres trébucha légèrement.

Heureusement, le Roi des Épées lui avait confié une mission longue et ennuyeuse, mais surtout passive — c’était à son tour de garder le camp de base de la force d’expédition près du Lac Disparu.

Avec la mort de Condamnation, l’équilibre des forces dans le Creux du Sternum s’était rompu, laissant entrevoir le déplacement de nombreuses et puissantes Créatures du Cauchemar. De plus, la privation prolongée de lumière solaire commençait lentement à affecter l’ancienne jungle, si bien que l’écosystème tout entier était en proie à un léger chaos.

Mais les abominations s’approchaient rarement du Lac Disparu, et par conséquent, Sunny n’avait qu’à rester vigilant sans faire grand-chose. En ce qui le concernait, c’était un peu du gâchis que d’affecter le Seigneur des Ombres à la garde, mais le Roi des Épées avait ses propres considérations. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle affectation opportune offrait à Sunny quelques jours de répit, ce qui était un mal pour un bien.

Laissant échapper un autre gémissement silencieux, Sunny manqua presque la réponse de l’incarnation :

« J’ai devant moi deux idiotes inutiles. Qu’est-ce que vous avez fait à notre âme, bande de crétines ? »

Techniquement, la septième incarnation était innocente — elle n’était même pas née lorsque Sunny avait laissé son âme être endommagée par la tempête d’essence — mais au lieu de répliquer, l’ombre nonchalante jeta simplement un bref coup d’œil à l’avatar propre et resta silencieuse.

Sunny poussa un juron.

« Qu’avons-nous fait ? Qu’as-tu fait ? Rien ! Alors qui appelles-tu… bon sang, pourquoi est-ce que je gaspille de l’essence à te parler ?! »

Il libéra alors les deux incarnations, leur permettant de redevenir des ombres.

L’ombre lugubre lança un regard inquisiteur à la nouvelle venue. La doyenne des ombres semblait s’interroger sur le caractère de la plus jeune.

En fait, Sunny était également curieux.

À vrai dire, la septième ombre — la dernière ombre — était née de manière assez épique.

Elle était née dans le Royaume de la mort suite à l’assassinat d’un ancien dieu, et avait terrassé l’effroyable tueuse du Royaume de l’ombre quelques secondes après sa naissance.

Qu’y avait-il de plus impressionnant ?

De plus, bien que l’incarnation ait été contrôlée par Sunny, elle présentait certains traits de personnalité. Elle semblait distante, nonchalante, froide et calme dans toutes les situations…

Plutôt cool, en fait.

Est-ce que j’ai enfin une ombre normale ? Quelqu’un de sain, de raisonnable et de décent comme moi, et non une folle déséquilibrée comme ces six cinglées ?

Sunny était enthousiaste.

Essayant de se distraire de la douleur, il s’efforça de parler :

« Hé, toi. La nouvelle. Regarde-moi, tu veux ? »

La septième ombre s’attarda quelques instants, avant de le regarder d’un air indifférent.

C’était vraiment cool.

Mais… comment Sunny devrait-il le dire…

Il y avait quelque chose d’anormal dans cette attitude nonchalante ?

Soudain, un terrible soupçon s’insinua dans son esprit.

« N-non… maintenant regarde ta grande sœur. »

La septième ombre ne bougea pas pendant une seconde ou deux, puis déplaça lentement son regard vers lugubre.

Les yeux de Sunny s’écarquillèrent.

« Hé… hé ! »

Mais il était impossible de le nier.

La septième ombre était en effet calme et nonchalante… mais pas à cause d’une froideur distante !

Au contraire, Sunny avait l’impression qu’elle ne pouvait tout simplement pas s’embarrasser d’émotions aussi compliquées.

Elle était trop paresseuse pour s’en préoccuper !

En fait, tout son comportement dégageait un fort sentiment d’oisiveté et de paresse.

La septième ombre se contentait de ne rien faire. Elle profitait de la paix. Elle était contente, détendue et un peu endormie. Devoir suivre tous ces ordres ennuyeux était irritant, mais même l’irritation n’en valait pas la peine…

Sunny serra les dents.

« Espèce de paresseuse ! Comment oses-tu être aussi décevante ? Quel gâchis pour une histoire d’origine épique ! »

L’ombre paresseuse se contenta de le fixer avec indifférence, sans prendre la peine de s’énerver.

Sunny gémit.

« Merde… encore une lunatique ! Non, mais pourquoi toutes mes ombres sont-elles psychologiquement défaillantes ? Comment ça se fait ? Quelle en est la raison ?! »

Les deux ombres se regardèrent.

Puis, en parfaite synchronisation, elles secouèrent lentement la tête.