Shadow Slave - Chapitre 1826
Chapitre 1826 – Tempête Imminente
Traducteur/Checker : Gray
Team : World Novel
Alors que Rain était en plein Éveil. Tamar luttait pour ne pas se noyer. Des torrents d’eau tombaient du ciel, se mélangeant à la boue… allongée sur la civière, impuissante, elle se sentait faible et épuisée.
La situation semblait désespérée.
Non seulement elle allait mourir, mais Rani, qui avait refusé de l’abandonner et qui s’était obstinée à la sauver, allait être tuée à son tour.
En regardant le ciel noir et furieux, Tamar avait envie d’abandonner.
Mais elle ne pouvait pas.
« Ah… »
Un long souffle s’échappa de ses lèvres.
Puis, un tourbillon d’étincelles l’entoura, formant une magnifique lance.
Tamar serra les dents, avant de se lever, se servant de la lance comme d’une béquille.
Immédiatement, une douleur intense transperça ses jambes fragiles.
Cela faisait six ou sept jours qu’elles avaient été brisées. Les os avaient un peu cicatrisé, mais même pour une Éveillée, c’était loin d’être suffisant pour récupérer. Elle était probablement en train d’annuler toute cette guérison… mais tout de même.
Tamar refusait de mourir allongée.
Ou plutôt, elle ne voulait pas mourir. Elle était également indignée à l’idée que Rani puisse mourir à cause d’elle.
Elle avait donc une décision difficile à prendre.
Je dois invoquer l’Écho.
Le loup monstrueux protégeait l’équipe d’expédition, et elle ne voulait pas compromettre leur sécurité. Cependant, à ce stade, il était inutile de garder l’Écho avec eux.
En effet, il disparaîtrait si Tamar mourait, laissant l’équipe d’expédition sans défense.
Le problème, cependant, était que…
Il était impossible de garantir que l’invocation de l’Écho les sauverait. Il s’agissait d’un Monstre Ascendant — un protecteur qui lui avait été donné par son clan. Un Monstre Ascendant était une créature puissante, mais il n’était pas certain qu’il puisse vaincre un Tyran Éveillé.
Surtout ce Tyran en particulier, qui semblait à la fois ancien et extrêmement puissant.
Le loup ne pourrait pas non plus les emporter, car le Tyran était trop proche, et l’Écho attirerait instantanément son attention.
Alors… pour augmenter leurs chances, Tamar devait aider l’Écho à combattre le Tyran. Elle pouvait encore bander son arc, même si cela risquait d’ouvrir ses blessures.
Je… Je vais l’invoquer.
Et pourtant, elle hésitait.
Regardant le Tyran se rapprocher lentement, Tamar attendait quelque chose. Peut-être que quelque chose se produirait… un miracle qui éloignerait le géant hideux. Peut-être qu’un éclair descendrait du ciel et le brûlerait.
Peut-être n’aurait-elle pas besoin d’abandonner ses amis et sa mission.
Mais rien ne se produisit.
Le Tyran était déjà trop proche. Il suivait toujours leur odeur. Un miracle ne s’était pas produit, et leurs destins étaient toujours scellés.
Tamar prit une profonde inspiration et se prépara à renvoyer l’Écho.
…Mais juste avant qu’elle ne le fasse, une main se posa soudain sur son épaule.
Tamar tressaillit et se retourna.
Rani se tenait là, la regardant calmement.
Des éclairs constants se reflétaient dans ses yeux noirs, donnant l’impression qu’ils étaient illuminés par une lumière intérieure.
La jeune fille ordinaire… semblait différente, d’une certaine manière.
Tamar n’arrivait pas à savoir ce qui avait changé chez elle, exactement, dans l’obscurité infestée d’éclairs.
Rani sourit.
« Ce n’est pas grave. Je vais m’en occuper maintenant. »
Elle marqua une pause, puis ajouta calmement :
« Invoquez votre épée. »
Tamar la regarda avec confusion, ne comprenant pas ce qui se passait. Sa raison lui disait que Rani avait perdu la tête et qu’il était inutile d’écouter ses divagations.
Mais Tamar n’y croyait pas. Elle se sentait étrangement obligée d’être déraisonnable et de croire en sa camarade.
Et, après une longue pause… elle le fit.
Au lieu d’écarter l’Écho et de le faire venir ici, elle invoqua sa zweihander et l’offrit à Rani.
Celle-ci la prit avec un hochement de tête reconnaissant.
Avant, elle pouvait à peine la soulever. Mais maintenant, elle la tenait facilement, comme si sa force n’était soudain en rien inférieure à celle de Tamar.
Tapotant l’épaule de Tamar d’un air rassurant, Rani se retourna et s’éloigna du bord.
Elle se dirigeait vers le Tyran qui approchait.
***
Rain marchait dans la tempête, portant aisément la lourde épée. Malheureusement, elle n’avait pas eu beaucoup de temps pour savourer l’extase de son Éveil — elles étaient toujours en danger de mort. Le Tyran se rapprochait toujours.
Et elle devait le tuer.
…Ce qui n’était pas une mince affaire.
Même si Rain était désormais une Éveillée, le Tyran représentait une menace mortelle pour elle. La plupart des Éveillés ne combattaient pas seuls des créatures aussi puissantes… son cas était particulièrement précaire, car elle était une existence singulière.
Non seulement elle s’était Éveillée il y a quelques minutes à peine, mais elle ne possédait pas encore d’Aspect. Contrairement aux porteurs du Sortilège du Cauchemar, ceux qui s’Éveillaient naturellement, comme elle, devaient passer du temps à découvrir lentement leur Aspect et leur Défaut.
De ce fait, elle ne disposait pas de puissantes Capacités d’Aspect pour l’aider au combat.
Tout ce qu’elle avait, c’était ses prouesses physiques, sa ruse et l’épée de Tamar.
Maintenant, elle allait voir si c’était suffisant.
Arrivée à un certain point, directement dans la trajectoire du Tyran en approche, Rain abaissa la zweihander au sol, adopta une position… et se figea.
Elle avait beaucoup réfléchi à la façon de tuer ce maudit Tyran.
En fait, ce n’était pas si difficile à réaliser.
La créature ne possédait pas de carapace impénétrable ni de fourrure épaisse pour arrêter sa lame. Sa défense était principalement constituée d’une offensive écrasante — la forêt de bras était ses serviteurs, et les endommager ou les détruire n’aurait aucun effet sur l’abomination. Il fallait atteindre son corps pour lui infliger une blessure mortelle, mais pour cela, il fallait se frayer un chemin à travers l’avalanche de mains monstrueuses.
Ce qui était presque impossible pour quelqu’un comme elle.
Cependant…
Le Tyran était maintenant aveugle.
C’est donc là-dessus que Rain décida de jouer sa vie.
Se tenant immobile sur le chemin de l’abomination, elle n’émit pas le moindre son. En fait, elle retint même sa respiration et força son rythme cardiaque à ralentir — au milieu de la tempête rugissante, la créature ne l’entendrait pas.
C’est du moins ce qu’espérait Rain.
Alors qu’elle regardait la hideuse Créature du Cauchemar s’approcher, tous ses instincts lui hurlaient de se détourner et de courir. Mais elle ne bougea pas.
Très vite, le Tyran s’approcha si près qu’elle put discerner chaque détail effroyable de son corps décharné, inondé par la lumière des éclairs clignotants.
La créature lui fonçait dessus…
Mais elle ne savait pas encore que sa proie était si proche.
Une monstrueuse main se posa aussitôt dans la boue, directement à la droite de Rain.
Puis, une autre se posa dans la boue à sa gauche.
L’abomination se rapprocha.
Sa tête effroyable et surdimensionnée était presque au-dessus d’elle, l’énorme gueule assez proche pour l’avaler en un instant.
Rain eut un sourire sombre.
Je t’ai eue.
Au lieu de se frayer un chemin dans la forêt de mains, elle avait laissé le Tyran aveugle s’approcher d’elle.
Elle bougea enfin.
Dès qu’elle le fit, la tête du Tyran tressaillit, se tournant vers elle.
Mais il était déjà trop tard.
La zweihander se projeta vers l’avant, tranchant la boue et s’élevant en arc de cercle. Rain tira d’une main et poussa de l’autre, se servant du long manche comme d’un levier. Sa force Éveillée était suffisamment grande pour que la lame de l’épée se transforme en un flou.
Une fraction de seconde plus tard…
La zweihander frappa le menton du Tyran. Sa lame acérée avait suffisamment de force et d’élan pour trancher la mâchoire en deux, sectionner la langue, briser les os fragiles de la cavité nasale, couper net le cerveau et ressortir par le front.
En un instant, la tête de l’abomination fut coupée en deux.
Aussitôt fait, Rain bondit en arrière. Son saut la fit reculer d’une douzaine de mètres, avant de glisser dans la boue sur la même distance.
À ce moment-là, d’innombrables mains frappaient déjà l’endroit où elle s’était tenue. Si elle avait été un tant soit peu plus lente, elle aurait été écrasée.
Mais cela n’avait aucune importance.
Car ces mains n’étaient rien d’autre que des sous-fifres.
Le Tyran en tant que tel… était mort.
Son corps oscilla lourdement, et s’effondra dans la boue, une rivière de sang s’écoulant de sa tête éventrée.
C’est ainsi que la poursuite prit fin.