Academy's Genius Swordman - Chapitre 56
Chapitre 56 : Les montagnes de Baydian (5)
Traductrice : Moonkissed
Auteur : Seogwando
***
Après avoir complètement nettoyé l’image, Sarante ouvrit la bouche sans tourner la tête.
« Cela fait longtemps. Tu as beaucoup changé depuis la dernière fois, Brighia.
– Tu es toujours le même, Sarante. »
La voix venait de l’autre côté. Sarante tourna lentement son corps. Brighia était adossée à un pilier, tortillant ses cheveux. Il était difficile de croire qu’elle était malade il y a à peine quelques instants.
« Ce temple n’a pas beaucoup changé non plus. Toujours aussi immuable.
– On ne dirait pas que tu es venu rendre hommage à Seniel.
– C’est vrai.
– Je ne m’attendais pas à ce que tu me trahisses aussi. Envoyer un vieil ami comme assassin, la secte est si impitoyable. »
Sarante plia le chiffon et le mit dans sa poche. Brighia gloussa.
« Ha, même toi, qui a versé du poison paralysant dès notre rencontre, n’est pas facile non plus. Un neutralisateur tu as dis ? Tu devrais parler plus raisonnablement.
– Tu crois que c’est logique que l’ombre de Lemeheim ait été capturée par les orcs ? Je t’aidais avec ton jeu d’acteur maladroit.
– C’est vrai. Mais n’était-il pas plausible de détacher la corde ?
– Oui. Sans ce trésor, j’aurais pu m’inquiéter un peu pour toi. Tu as bien joué ton rôle. »
La corde qui avait lié les mains et les pieds de Brighia était un trésor connu sous le nom de “Glang”. Elle était incroyablement résistante et avait la capacité de se délier ou de se lier uniquement selon la volonté de l’utilisateur.
Sarante fronça les sourcils en se rappelant l’image d’elle détachant la corde tout en faisant semblant d’être inconsciente. Le poison infusé au mana, les sorts de déliaison… Sarante avait dû débiter toutes sortes d’absurdités pour tromper Ronan.
« Pourtant, les mots que tu as prononcés en détachant Glang étaient assez impressionnants. Ne touche pas cet enfant. Je ne pouvais pas bouger tellement j’avais peur.
– N’exagère pas. Tu aurais pu simplement venir me rendre visite au lieu de te donner tout ce mal. Te mettre aux fers et te faire attraper par un groupe d’orcs, ta méthode est assez inquiétante.
– Eh bien… c’est amusant comme ça, non ? Et je ne veux pas que le sang coule inutilement dans le temple. Moi aussi, je crois en ce morceau de roche depuis longtemps.
– Heureusement qu’il reste un semblant de foi en toi, même si c’est comme de l’eau stagnante. »
Brighia regarda la statue de Seniel avec un regard qui semblait voir un amant perdu depuis longtemps. Après s’être éloignée du pilier, elle se plaça face à Sarante.
« Encore une fois… Je savais que tu serais assez curieux pour te livrer à un tel spectacle. Les montagnes baydiennes étant ton domaine, je suis sûre que tu as senti ma présence de toute façon. Mais même après avoir été capturé toute la nuit, tu n’es toujours pas venu me sauver.
– Il n’y avait pas d’urgence et j’étais occupé à m’occuper des invités de marque.
– Des invités de marque ? Tu parles des enfants humains de tout à l’heure ?
– Cela n’a pas beaucoup d’importance.
– …Tu aurais dû les tuer. Cet acte n’était pas nécessaire.
– C’était une action née de la bonne volonté ou peut-être un simple caprice.
– Depuis que tu as oublié ton âge, tout ce que tu fais n’est que caprice. »
L’amusement disparut du visage de Brighia. Sarante joignit poliment les mains et continua à parler.
« Brighia, où est passée ta foi en Seniel ? N’avons-nous pas déplacé ensemble le rocher où réside l’âme depuis Coña ?
– C’est quelque chose qui m’est apparu tardivement. Après tout, le monde sera englouti dans la lumière des étoiles de toute façon.
– Ne succombe pas à la fausse éloquence d’un faux dieu. C’est une illusion et une fuite. Le chemin du salut ne peut être trouvé que dans la vie de chacun.
– Il est temps que tu grandisses, Sarante. »
Clap !
Brighia frappa soudainement dans ses mains. Bientôt, un rugissement monstrueux retentit à l’extérieur du temple, faisant trembler les montagnes.
« Groooaaar !
– Grrrrah ! »
Des rugissements sporadiques résonnèrent, amenant Sarante à froncer les sourcils. Fermant les yeux, il vit les ogres entourant le temple. Ils semblaient être plus d’une trentaine.
« …Quelle étrange sorcellerie. Penser que tu as convoqué autant de monstres de la forêt ici.
– C’est aussi la grâce des étoiles. »
Kwaaang !
En un instant, une main géante traversa le mur extérieur du temple. La main se referma sur Sarante, tandis qu’une partie du mur s’effondra. Un ogre rougeâtre, au corps entièrement rouge sang, se révéla.
« Grrroooaaaar ! »
L’ogre rugit en tenant Sarante devant lui. Brighia, arborant un sourire moqueur, prit la parole.
« Comme tu l’as dit, nous sommes amis depuis des milliers d’années, alors je vais te dire l’ordre que j’ai reçu. ‘Persuade Sarante Lemation, ou tue-le si c’est impossible’.
– Ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle.
– Que vas-tu faire ? Si tu es aussi talentueux que tu l’étais avant, tu pourrais facilement être chef de branche. Et dans un avenir proche, tu pourrais obtenir le poste de proche collaborateur du chef. »
Sarante ne répondit pas. Il regarda le haut du corps de l’ogre avec une expression triste. Après un moment, il ouvrit la bouche.
« …À l’origine, j’aurais accepté la mort.
– Hmm ?
– Honnêtement, j’étais de plus en plus fatigué. Le grand esprit reste insaisissable, et malgré des milliers d’années passées à se cacher de la secte, il n’y avait aucun signe de fin. »
La voix était calme. Malgré les dents de l’ogre qui se dressaient devant lui, l’expression de Sarante était aussi paisible que celle d’une personne endormie. Brighia fronça les sourcils et demanda.
« De quoi parles-tu ?
– Exactement comme je l’ai dit. Cette fois, je voulais tout laisser tomber et commencer un nouveau cycle. Mais ces derniers jours, j’ai retrouvé l’espoir.
– De l’espoir ?
– Oui. Seniel ne nous a pas encore abandonnés. »
À ce moment, un son semblable à un sifflement se répandit.
Thud !
Le bras de l’ogre qui tenait Sarante tomba au sol. Un cri guttural sortit de la bouche de l’ogre, comme si ses entrailles se tordaient.
« Grrraaaaghhh ! »
Sarante, qui avait atterri gracieusement, balança son doigt vers l’ogre. Alors que le sifflement résonnait à nouveau, le corps de l’ogre se fendit en deux. Brighia regarda Sarante et lui demanda.
« Puis-je considérer que tu as choisi la dernière option ?
– Je ne suis pas vraiment d’accord, mais bien sûr.
– Tu le regretteras plus tard, Sarante. »
Brighia tendit le bras. Les ombres se rassemblèrent et une courte dague apparut dans sa main. Sa voix s’écoula comme si elle récitait un éloge funèbre.
« Autrefois, nous avons suivi le même chemin… Mon ami. »
Les ombres qui entouraient le temple se mirent à trembler. L’aura de Brighia était bien plus intense que la dernière fois que Sarante l’avait vue. Sarante parla comme s’il soupirait.
« Peau de drake. Chant de la tempête. Double Tornade. »
Un cercle magique s’étendit sous les pieds de Sarante, enveloppant le temple. Simultanément, la silhouette de Brighia disparut. Le mana se rassembla en un tourbillon, convergeant en un brasier brillant.
****
« Hmm ? Vous avez entendu quelque chose à l’instant ?
– Un bruit ? »
Braum regarda autour de lui. Pendant un instant, il lui sembla entendre le cri de quelqu’un. Mais en regardant autour de lui, il ne vit que des ombres qui se fondaient dans l’obscurité grandissante et des arbres denses. Aselle secoua la tête.
« Je n’ai rien entendu.
– C’est vrai ? Hahaha, j’ai peut-être mal entendu.
– Ce n’est pas juste un son qui vient du ciel ? Ugh… Regarde ces nuages. Je n’ai même pas de vêtements de rechange. »
Marya se plaint en regardant le ciel. Les lourds nuages qui recouvraient la chaîne de montagnes semblaient se densifier à chaque instant. Les masses humides de cumulus semblaient sur le point d’éclater en pluie et en éclairs d’une seconde à l’autre.
Le groupe qui avait quitté le temple de Sarante était en train de descendre les montagnes. En raison de la charge accrue de leur voyage, leur descente était naturellement plus lente. Marya, qui portait un sac à dos trois fois plus grand que les autres, prit la parole.
« Ugh… Il n’est pas si lourd que ça, mais mon dos n’arrête pas de se fatiguer. Ronan, tu ne peux pas appeler les chevaux fantômes de la montagne ?
– Pff~ »
Ronan ne répondit pas. Même lorsque Cita lui touchait la joue, il restait le même. Aselle pencha la tête en signe de curiosité.
« Ronan ?
– Ne me parlez pas pendant un moment.
– Euh, d’accord. »
Il avait réfléchi aux événements de la journée pendant qu’ils descendaient les montagnes. L’esprit de Ronan était rempli de la femme qu’il avait emmenée au temple, ‘Brighia’.
« Il y a quelque chose qui cloche. »
Il ne pouvait pas faire d’observations rationnelles parce qu’elle n’avait pas l’air bien. Mais alors qu’il se remémorait ses souvenirs, tout lui paraissait étrange. Tout d’abord, le fait que Brighia soit retenue prisonnière par la tribu des orcs était suspect.
Les orcs n’étaient pas des monstres qui stockaient leurs proies pour les manger plus tard. Dans une situation normale, elle aurait déjà été consommée en guise de repas.
De plus, il était étrange qu’il ne puisse pas sentir le moindre mana. Même si elle avait perdu connaissance, dans la plupart des cas, une faible trace de mana serait encore détectable à la surface.
Mais le mana de la femme nommée Brighia n’était pas apparu, même après qu’il ait bu une gorgée du thé magique de Sarante, ce qui aurait dû augmenter ses sens. C’était comme si elle l’avait délibérément caché.
-Kwaaaah !
À cet instant, un bruit de tonnerre éclata, et le ciel au-dessus de leurs têtes s’illumina. Aselle cria et se couvrit les oreilles.
« Aaaah !
– Aselle ! Qu’est-ce qu’il y a ?! »
Marya et Braum se précipitèrent aux côtés d’Aselle. Ronan tourna d’urgence la tête dans la direction du bruit. Deux énormes crêtes de dragons s’élevaient au-dessus de la ligne de crête. Le front de Ronan se plissa profondément.
« Qu’est-ce que… ? »
Autour des crêtes de dragon, il pouvait voir des torrents de mana déferler. C’était la direction du temple de Sarante. Dans le bouillonnement de mana, il pouvait discerner la lueur familière propre à Nebula Clazier, la même que celle qu’il avait vue chez Dallan.
« Qu’est-ce qui ne va pas, mon chou ? Le tonnerre t’a fait peur ?
– Ce n’est pas… le tonnerre… Ma tête… »
Aselle gémit en se serrant la tête. En un instant, une onde de choc sembla envahir son cerveau, comme si on y avait versé un seau d’eau froide. Parmi les quatre, seul Aselle, avec sa sensibilité exceptionnelle au mana, ressentait cette sensation.
« Hé, Braum. »
À ce moment-là, Ronan s’approcha. Il sortit un bâton blanc et fin de son sac et le tendit à Braum.
« Quoi… ?
– C’est un cor qui invoque les chevaux fantôme. Tout le monde retourne à Philleon pour l’instant. Ne me suivez en aucun cas. »
Braum ne pouvait pas discuter. L’expression sur le visage de Ronan, les avertissant de ne pas les suivre, était contorsionnée comme un démon.
« Compris. »
Sur ces mots, Ronan s’élança dans la direction d’où venait le bruit. Les voix de Marya et de Braum résonnèrent derrière lui.
« Hé !
– Où vas-tu ?! »
La silhouette de Ronan disparut derrière les rochers en un instant. À ce moment, une goutte d’eau froide tomba sur le front de Marya. Elle fronça les sourcils et leva les yeux.
« De tous les temps, maintenant… ! »
Une autre gouttelette lourde tomba, frappant sa joue.
Plop ! Plop !
Il ne fallut pas longtemps pour que les gouttes occasionnelles se transforment en une pluie torrentielle.
****
Shwaaaa-
L’obscurité s’était installée sur la chaîne de montagnes. La pluie tombait comme si elle pouvait noyer le monde. L’eau de pluie qui dévalait la pente avait une teinte boueuse.
« Ugh… Merde… »
Ronan poussa un juron et s’essuya les yeux avec sa manche. La clarté momentanée de sa vision fit place à un monde qui s’assombrissait rapidement.
Il sentit un goût métallique de sang au fond de sa gorge. Bien qu’il ait l’impression d’avoir couru pendant une heure, le temple n’était toujours pas en vue. Alors qu’il levait le regard, il aperçut du mana qui pulsait comme des explosions.
« Qu’est-ce que… Qu’est-ce qui se passe… ? »
La bataille semblait se poursuivre. Les deux crêtes de dragon s’étaient multipliées en quatre, se tortillant et se tordant dans les airs. Des ombres sombres dépassaient parfois comme des épines au milieu des ténèbres.
« Huff… huff… Bien. »
Après avoir repris son souffle pendant quelques secondes, Ronan se remit à courir. Son regard restait fixé sur le ciel.
Plop !
Soudain, quelque chose de dur le frappa au côté.
« Merde ! »
Ce n’était pas la sensation du bois ou de la pierre. Une ombre massive se dressait devant lui. Une odeur désagréable frappa ses narines, faisant froncer les sourcils de Ronan.
« C’est quoi cette odeur ? »
Ronan leva les yeux. Dans les hauteurs, quatre flammes scintillaient. En un instant, une puissante sensation l’envahit.
« Toi… »
À ce moment-là, la foudre frappa un arbre tout proche. Alors que le monde s’éclairait momentanément comme en plein jour, un ogre à deux têtes se révéla au sommet d’un arbre voisin. La tête droite de l’ogre rencontra le regard de Ronan et sourit.
« Gwok !
– Growl !
– Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus. »
Ronan gloussa sèchement. Il sentit un courant électrique parcourir ses membres.
L’ogre avait une carrure bien plus imposante et des bras plus épais que les autres. C’était l’ogre contre lequel Ronan n’avait pas pu gagner malgré les trois jours et trois nuits de combat qu’il avait connus dans sa vie passée. En examinant l’ogre à deux têtes, Ronan fronça les sourcils.
« Mais tu es malade. »
Dans le peu de temps dont il disposait, il le remarqua clairement. La poitrine de l’ogre portait un motif similaire à ceux infligés par les Géants de pierre. À cet instant, la lumière disparut. Le rugissement tonitruant de l’ogre éclata comme un tonnerre qui attendait impatiemment.
« Graaaah !
– Krooooaak ! »
Le rugissement de l’ogre bicéphale transperça le bruit de la pluie, résonnant dans toute la chaîne de montagnes. L’ogre serra les poings, l’impact envoyant des ondes de choc à travers le sol. Ronan, qui s’était élancé, saisit la poignée de son épée.