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5715-chapitre-114

Chapitre 114 Fusion

 

Traducteur : _Snow_

Team : World Novel

 

Elmer pencha le bord de sa casquette plate vers l’avant tandis que son estomac se nouait.

Il n’était pas particulièrement triste de la fin de la princesse Elodie, ni en colère à cause des traditions barbares du Royaume de l’Est, il était juste irrité. Et c’était au point qu’il avait presque perdu l’envie de lire plus avant l’histoire passée de Fitzroy et la façon dont il en était arrivé là.

Mais il savait qu’il n’avait pas d’autre choix que de continuer à lire. Il comprenait à quel point l’histoire était cruciale dans ses projets.

Il ne fallait négliger aucune piste.

C’est ainsi qu’il passa à la page suivante de son carnet de notes, passant des exploits de la princesse Elsa dans le royaume de l’Est à l’expérience de la princesse Canadra dans la nation d’Ertus, le royaume désertique situé au nord.

La princesse Canadra – âgée de quinze ans – était la plus jeune des trois dames royales qui avaient été envoyées comme espionnes dans les royaumes voisins d’Aflorere, mais ses exploits avaient été les plus courts de tous.

C’est peut-être pour cette raison que le royaume du désert au nord avait tenu plus longtemps que les autres royaumes attaqués.

Le roi Athelstan avait fait marcher ses hommes sur les royaumes du Sud, de l’Est et du Nord le vingt-huit juillet de l’an 103.

Il avait envoyé cinq mille soldats dans chacun de ces royaumes, les troupes qui marchaient sur les deux derniers étant commandées par ses chevaliers personnels : Sir Dullivan Snowfall et Sir Shepherd Hedgewood. Tandis qu’il se rendait avec le dernier de ses chevaliers, Sir Ronald Atkinson, dans le Royaume du Sud.

Le Royaume du Sud était tombé en une semaine. Et trois semaines plus tard, alors que le roi Athelstan était encore en train de mettre de l’ordre dans le château blanc, un corbeau apporta à Sir Dullivan Snowfall la nouvelle de la défaite du château des corbeaux du royaume de l’Est.

Mais contrairement à la chute rapide des royaumes du Sud et de l’Est, la bataille pour prendre le contrôle du royaume du Nord avait fait durer la quête de fusion du roi Athelstan pendant cinq mois. Elle se termina le 8 décembre de l’an 103, lorsqu’il se rendit lui-même sur le champ de bataille après avoir mis fin à la vie de douleur de la princesse Elodie et marqué émotionnellement sa seconde fille.

Tout comme sa sœur Elsa, la princesse Canadra avait gardé pour elle la plupart de ses exploits.

Les érudits royaux, qui documentaient toute l’histoire sur laquelle ils pouvaient mettre la main, en déduisirent que l’hésitation de la princesse Canadra à parler était une méthode pour garder loin d’elle les souvenirs de sa vie peu recommandable dans la nation d’Ertus.

Elle avait commencé son ignoble expédition en se faufilant dans le chariot d’un marchand d’esclaves ambulant, qu’elle avait croisé dans les vastes étendues du désert du nord, en direction de la capitale d’Ertus. Et même si le marchand avait su que son compte avait soudainement augmenté d’une personne, il n’avait pas vu d’un mauvais œil l’argent supplémentaire et avait tout simplement décidé de la vendre.

Canadra n’avait parlé d’aucune des expériences qu’elle avait vécues au cours de sa vie sur le chariot d’esclaves, ni de leur voyage sous le soleil brûlant du désert et ses sables brûlants. Tout ce qu’elle avait dit, c’était que cela avait été très désagréable.

La suite de son récit fut encore plus courte, expliquant qu’elle avait été vendue comme esclave au château Boa, le château de la famille royale, dirigé par le monarque Ari. Et qu’elle était passée de la corvée des égouts à l’une des trois porteuses de coupe du monarque Ari, toutes des femmes.

Le reste de son histoire se résumait à l’exécution de ses plans et à leur contribution à la conquête de son père.

Elle avait acheté un poison du nom de « croc de la mort » à un marchand véreux qu’elle avait trouvé dans une ruelle sablonneuse, un soir où elle avait eu l’occasion de s’aventurer dans la ville principale.

Son rôle était de récupérer un casque cabossé dans une taverne de la ville, à la demande d’un garde ivre qui avait oublié de le ramasser après sa fête.

S’il s’était agi d’un autre travail qui ne l’obligeait pas à quitter le château, elle aurait filé sans tenir compte de l’ordre qui lui avait été donné. Mais comme il était rare qu’elle puisse enfin mettre son plan à exécution, et qu’il ne restait plus qu’un mois avant la date que son père lui avait fixée, à elle et à ses sœurs, elle avait saisi l’occasion au bond.

Cependant, le nombre de pièces qu’elle possédait n’était suffisant que pour le poison d’un marchand encapuchonné dans une ruelle. Mais elle n’avait pas eu le choix.

Après son achat, Canadra choisissa une date pour plonger le château dans le chaos et attendit patiemment que ce soit la semaine où sa camarade porteuse de coupe, Sha, devait servir le monarque Ari.

Le jour venu, elle détourna l’attention de Sha et profita de l’occasion pour empoisonner la boisson que devait recevoir le monarque Ari.

Le marchand à qui elle avait acheté le poison, le croc de la mort, lui avait appris qu’il fallait au moins vingt minutes pour que le poison fasse effet. Pour cette raison, Canadra ne craignait pas que le test anti-poison de Sha, en goûtant en présence du monarque Ari, ne l’empêche de le boire. Et même si le poison était faux et que personne ne mourait, on aurait l’impression que rien ne s’était passé, ce qui l’inciterait à recommencer.

Mais cette dernière pensée de Canadra ne s’était pas vérifiée.

Sha mourut trente minutes plus tard dans la cuisine, de même que le monarque Ari quelques instants plus tard dans ses appartements. Ils avaient tous deux vomi un bébé serpent Boa de leur ventre. Comme Canadra s’y attendait, la mort du monarque s’accompagna d’un véritable chaos.

On essaya d’abord de déterminer qui avait tué le monarque, puis ses cinq épouses et leurs enfants se montrèrent du doigt les uns les autres.

Comme aucun enfant n’avait été couronné par le monarque Ari comme son successeur avant sa mort, deux batailles s’ensuivirent dans la salle d’audience. L’une pour savoir qui était responsable de la mort du monarque, et l’autre pour savoir quelle faction prendrait la couronne.

Pendant tout ce temps, le château de Boa restait en proie à une agitation constante et Canadra en profita pour envoyer un corbeau à son père, apportant la conquête du roi Athelstan sur la nation d’Ertus.

Elmer soupira d’un air morose.

Quel désastre ta méthode a causé, Canadra… Pauvre Sha…

Il passa ensuite à la feuille suivante de son carnet.

Cette nouvelle page contenait des informations sur ce qui s’était passé après que la conquête du roi Athelstan se soit soldée par une victoire sur la nation d’Ertus le 8 décembre de l’année 103.

Les quatre royaumes, le royaume du Sud, le royaume de l’Est, la nation d’Ertus au nord et le royaume d’Aflorere à l’ouest, avaient été fusionnés pour former l’empire de Fitzroy le 20 décembre 103.

Puis vint la reconstruction.

Tous les villages, villes et châteaux, à l’exception de celui d’Aflorere, avaient été démolis, et avec eux, leurs histoires et les noms de tous leurs lieux de résidence.

L’empereur Athelstan avait ordonné à ses érudits royaux d’effacer toute trace d’information concernant les royaumes qu’il avait conquis, affirmant que le temps d’inaugurer qu’une nouvelle ère était arrivé. Une ère où il était confortablement assis au sommet, en tant que premier empereur d’un empire dont on se souviendrait pendant des siècles.

Mais la conquête des trois royaumes voisins d’Aflorere n’avait pas suffi à l’empereur Athelstan Premier.

Lorsque son conseiller lui annonça qu’un mois s’était écoulé et que les marins qu’ils avaient envoyés en mission sur la mer magnétique au nord n’étaient toujours pas revenus, ce qui signifiait que la civilisation existait quelque part au-delà de Fitzroy, l’empereur Athelstan déclara instantanément qu’il souhaitait faire une nouvelle conquête.

Cette fois, il voulait faire de Fitzroy un continent, en partant des pays qui existaient au-delà de la mer au nord.

Mais la mer du Nord était connue pour sa capacité à plonger les navires et leurs marins dans un grand chaos en les entraînant avec force dans n’importe quelle direction vers laquelle le navire était incliné dès qu’il levait l’ancre, d’où le nom qu’on lui donna : la mer magnétique.

Cependant, elle renvoyait toujours le navire qui avait navigué à l’endroit d’où il était parti au bout d’un mois, mais il revenait sans ses habitants.

C’est pourquoi, comme le navire des voyageurs envoyés par l’empereur Athelstan n’était pas revenu, on en conclut que la vie existait au-delà de l’empire de Fitzroy.

Mais c’est aussi pour cette raison que l’empereur savait qu’il ne pouvait pas prendre la mer sans réfléchir.

Contrairement à ses conquêtes avec les royaumes autrefois voisins, celle-ci impliquait de s’aventurer dans une toute nouvelle communauté entièrement différente avec pour seule information qu’elle existait, et une boussole magnétique qui indiquait la direction vers laquelle son navire devait être tiré.

Créer un continent n’était pas une chose qu’il pouvait faire à la légère.

Il a donc pris une décision. Il allait s’attaquer de plein fouet à tout pays existant au-delà de Fitzroy. C’est pourquoi il demanda aux esclaves qu’il avait capturés dans les royaumes voisins de s’atteler à la construction d’un prototype de vaisseau de combat de cent soixante-quinze pieds de haut et de cent quatre-vingt-deux pieds de long. Un navire capable d’abriter au moins dix mille soldats et leurs armureries, et qui pourrait constituer une menace pour la grande force magnétique de la mer magnétique.

Mais l’empereur Athelstan n’avait pas vécu pour mener à bien sa conquête.

La construction d’un navire de guerre aussi magnifique n’était pas une mince affaire. Et lorsqu’elle fut achevée, il était trop tard pour le premier empereur et fondateur de Fitzroy.

Le 14 avril de l’an 173, le jour où le grand navire de guerre a été achevé, l’empereur Athelstan est mort à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans, emportant avec lui son rêve de créer un continent.

Son fils et deuxième empereur de Fitzroy, Cédric Fitzroy, n’avait pas l’intention de risquer la vie de ses hommes dans une aventure dont il n’était pas sûr.

Pour lui, l’empire de Fitzroy était tout ce dont il avait besoin, et il n’avait que faire d’un continent.

Le grand cuirassé qui n’avait jamais pris la mer fut baptisé « Le Titan Avare ». Un nom donné par l’empereur Cédric lui-même pour décrire la figure de son père aux yeux de beaucoup, et aussi ce qui avait causé la fabrication du cuirassé.

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