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Chapitre 1564 – Retour à la Source

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Quelque temps plus tard, Sunny vit de fines lignes se déplacer dans l’air. En s’approchant, il vit quelque chose qui ressemblait à des toiles d’araignées effilochées et déchirées par le vent.

Seulement, chaque fil de la toile d’araignée fantomatique était long de plusieurs kilomètres, et il y avait de nombreux fils de ce genre, qui se déplaçaient entre le ciel et la surface du Grand Fleuve comme des voiles en lambeaux.

Certains d’entre eux étaient blancs, mais à mesure que Sunny guidait le ketch entre les fils, il en rencontrait de plus en plus qui étaient d’un rouge éclatant. Finalement, il eut l’impression de voyager dans une forêt de fils rouges.

Naviguer entre eux n’était pas facile, mais il hésitait à s’approcher de l’un d’eux ou à laisser le vent les rapprocher.

Finalement, Sunny fut témoin de quelque chose d’autre. Devant lui, au loin, un immense habitant des profondeurs luttait faiblement contre le courant, son corps enveloppé de plusieurs dizaines de toiles d’araignée blanches. La carapace de la créature semblait impénétrable, mais les étranges fils ne semblaient pas s’en soucier. Ils se contentèrent de croître à travers elle, pénétrant le corps du léviathan.

Ce faisant, leur couleur passa lentement du blanc au rouge, la rougeur s’étendant du point de contact avec la chair de l’abomination sur toute la longueur des fils.

Du sang. Ils buvaient le sang du léviathan.

Pâlissant, Sunny contempla la forêt de fils rouge vif qui l’entourait, s’étendant loin dans le ciel, imprégnant toute une région. Ses doigts blanchirent sur le gouvernail du ketch.

Il avait également échappé à cette horreur.

Et de bien d’autres encore, mais pas indemne.

Parfois, Sunny n’avait d’autre choix que de se battre, déchaînant toute la fureur du serpent d’onyx ou de ses autres formes sur les créatures qui voulaient le consumer. Il parvint à tuer certaines d’entre elles… mais la plupart du temps, il s’échappa simplement après leur avoir infligé maintes blessures douloureuses.

À la fin de la journée, Sunny était exsangue et épuisé. Son essence était également sur le point de se tarir.

Mais le coucher du soleil arriva et la Couronne du Crépuscule reconstitua ses réserves qui s’amenuisaient.

Après le crépuscule vint la nuit, qui fut à la fois plus belle et plus éprouvante que toutes les autres nuits que Sunny avait vécues dans le Tombeau d’Ariel.

À la fin de celle-ci, il était à peine en vie.

Mais il était vivant, malgré tout.

Sunny ne laissait pas son sang couler, et ses os refusaient de se briser. Même son âme, qui avait reçu quelques blessures profondes lorsqu’il avait utilisé l’Incarnation de l’Ombre pour former ses carapaces, était assez puissante pour résister aux dégâts sans s’effondrer.

Sainte, Fiélon et Cauchemar étaient meurtris, mais toujours vivants.

Le ketch avait lui aussi survécu. Même si sa coque portait de nouvelles cicatrices, que l’un de ses mâts s’était fissuré et que ses voiles portaient des traces de réparations hâtives, le bateau d’Ananke était toujours en un seul morceau.

Pendant tout ce temps, Sunny n’avait pas dit un seul mot, et ne s’était même pas permis un seul gémissement.

La douleur était sa vieille amie. Il pouvait supporter bien plus que cela.

Enfin… peut-être pas tant que ça.

Il était épuisé, aussi bien physiquement que mentalement. S’il y avait une bonne chose à propos des horreurs de l’aube des temps, c’était que la nécessité d’être constamment en alerte et à l’affût l’empêchait totalement de réfléchir aux conséquences de ce qu’il avait fait… les retombées de la rupture de ses promesses, de l’abandon de ses amis, et du départ pour l’Estuaire au lieu de se battre en leur compagnie à Verge.

Je me demande ce qu’ils font maintenant…

Les éclaireurs devaient être rentrés, à présent. Nephis et les autres avaient déjà appris son absence. Ils durent même avoir le temps de l’assimiler, dans une certaine mesure, mais pas de s’en accommoder.

Ils étaient probablement en train d’avancer vers Verge.

…Ce qui signifiait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps.

Où se trouve-t-elle ? Où est-elle ?

Il essayait de calculer la distance qui le séparait de la cité Souillée, et de comparer cette distance à ce qu’ils avaient vu depuis le vide noir. De là-haut, les volutes de brume qui enveloppaient la Source semblaient toucher les murs de Verge.

Mais depuis la surface du Grand Fleuve, la distance entre les deux n’était rien de moins qu’immense.

Pourtant… Sunny s’était déplacé rapidement, aussi bien à bord du ketch qu’en invoquant ses carapaces.

De toute évidence, il devait se rapprocher.

Il jeta un coup d’œil au Guide-Lumière, qui pointait droit devant lui, et fit appel au peu de patience qu’il lui restait.

La nuit était enfin terminée.

Les sept soleils se levèrent une fois de plus au-delà de l’horizon, chassant les ténèbres. Les eaux du Grand Fleuve s’assombrirent. Un doux crépuscule enveloppa le monde, et avec lui, un flot d’essence se déversa dans l’âme de Sunny.

Il poussa un soupir de soulagement, invoqua le Vœu de Mort et utilisa le peu de charges qu’il restait dans le charme pour soigner ses blessures les plus graves.

C’est alors qu’il le vit…

Une fine volute de brume dériva devant lui, disparaissant dans la pénombre du crépuscule.

Sentant son cœur battre la chamade, Sunny pivota et regarda vers l’avant, essayant de voir ce qui se cachait au-delà de l’horizon.

L’horizon… était flou. Il semblait également se rapprocher à chaque instant.

C’est ici !

À la fois soulagé et excité, Sunny fit appel aux eaux du Grand Fleuve, accélérant le courant. Le ketch avança, se rapprochant de plus en plus du mur de brume.

Bientôt, il fut entouré de vrilles de brouillard épais. Elles passèrent devant le ketch, dérivant au-dessus des vagues. Devant lui, le monde devint sombre et lugubre, de rares rayons de soleil perçant le voile de brume.

Puis, la brume obscurcit entièrement le ciel, donnant l’impression que rien d’autre n’existait dans le monde.

Sunny se retrouva dans un environnement familier.

Après avoir erré pendant près d’un an dans l’effroyable étendue du Tombeau d’Ariel…

Il était enfin revenu à la Source.

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