4972-chapitre-1514
Chapitre 1514 – Rouille Ardente
Traducteur/Checker : Gray
Team : World Novel
Le dôme du palais du Roi-Serpent s’effondra, tombant sous son propre poids dans un colossal nuage de poussière. Deux énormes silhouettes sombres surgirent du nuage, vaguement visibles alors qu’elles s’enchevêtraient dans une lutte furieuse.
…Dans les rues de la cité, Nephis se dirigeait vers le palais en ruine. Elle se battait contre le flot humain, l’éclat de sa peau brillant dans le faible crépuscule de l’aube naissante. Son épée incandescente s’était transformée en un flou, suivi d’une traînée de brume cramoisie.
Elle avait depuis longtemps perdu le compte du nombre d’ennemis qu’elle avait abattus, du nombre de corps qu’elle avait déchiquetés et du temps qui s’était écoulé depuis le début de cette bataille cauchemardesque.
Quelque soit le nombre de réceptacles du Voleur d’Âmes qu’elle détruisait, leur nombre ne diminuait jamais. Au contraire, il ne faisait qu’augmenter. Ils étaient de plus en plus nombreux à affluer de toutes parts, se précipitant pour transpercer sa chair avec leurs épées, leurs lances, leurs flèches, leurs ongles et leurs dents. Leur puissance s’était également accrue. Il y avait maintenant plus de guerriers Éveillés autour d’elle, et plus d’Ascendants.
Leurs pouvoirs étaient comme une grêle constante qui l’assaillait sans relâche, mortelle et imprévisible, de plus en plus périlleuse à chaque pas qu’elle faisait.
Mais quelque chose d’autre grandissait également.
Sa volonté.
Lentement mais sûrement… Nephis se débarrassait du fardeau du doute qui avait recouvert son cœur comme de la rouille, à un moment donné. Petit à petit, son poids s’était alourdi, jusqu’à ce qu’elle s’enfonce dans le sol sans même s’en rendre compte.
Ici, dans les affres de ce massacre macabre, il n’y avait pas de place pour le doute.
Il n’y avait que le combat. Des pas, des coups, des feintes. Les mouvements de son épée, les mouvements de son corps. L’impitoyabilité mesurée de son esprit, la létalité froide de son habileté. Les yeux vides de ses ennemis, l’éclat périlleux de leurs armes et les moments inévitables de leur mort.
C’était la clarté. C’était le monde austère où seules la douleur et la volonté existaient.
Elle était toujours tourmentée par une douleur déchirante. La douleur brûlait tout, ne laissant que la volonté.
Et la volonté de Neph…
Était de tous les tuer.
Elle trancha d’innombrables humains, les effaçant de l’existence avec son épée. Leurs corps se défaisaient sous sa lame, formant un chemin effroyable. Une rivière de sang coulait là où elle était passée, ouvrant la voie.
…Son sang était aussi dans cette rivière.
Nephis se déplaçait à une vitesse effrayante et avec une précision glaçante, tranchant la chair de ses ennemis comme une machine radieuse, sans faille et fatale. Des corps sans vie tombèrent à ses pieds — hommes et femmes, jeunes et vieux. Tous coupés et mutilés, leurs corps béants d’horribles blessures.
Mais elle n’était pas indemne non plus.
C’est alors qu’un guerrier Éveillé utilisa un étrange Aspect et contourna le mur d’acier de sa défense. Son couperet atterrit sur son épaule, mordant dans la cotte de mailles. Son armure tint bon, et ses os aussi.
Mais l’impact la ralentit, permettant à un champion Ascendant de lui enfoncer une lance dans le dos.
La cotte de mailles se brisa. La tunique blanche qui la recouvrait fut percée. La pointe de la lance s’enfonça dans sa chair.
Grognant, Nephis fit voler l’Éveillé d’un coup de pied et se tordit, son épée tranchant la hampe de la lance et la tête de l’Ascendant. Le fer de lance ensanglanté se dissout en une pluie d’étincelles, et l’éclat de la peau de Nephis s’estompa un peu.
Au lieu du sang, une flamme blanche s’écoula de la blessure dans son dos, réparant les muscles endommagés et la peau abîmée.
Un instant plus tard, la blessure avait disparu. Seule la douleur subsistait.
Nephis serra les dents, la même flamme brûlant dans ses yeux.
Allez, venez à moi !
Elle plongea dans la foule en délire, faisant appel aux feux de son âme.
Un ouragan de flammes incandescentes se répandit aussitôt dans la rivière humaine, dévorant tous ceux qui n’y résistaient pas. Ceux qui y parvenaient étaient abattus par l’esprit de lumière qui dansait au milieu du brasier aveuglant, son épée impitoyable et sans retenue.
Le palais lointain se rapprochait.
Nephis avait déchaîné les flammes pour brûler ses ennemis, mais elle ne pouvait pas maintenir le brasier autour d’elle en permanence. Ses réserves d’essence, aussi profondes soient-elles, s’épuiseraient trop vite de cette façon. Elle finit par lâcher le contrôle de la flamme, laissant une rue brûlante dans son sillage.
Le feu affamé se propagea, dévorant les bâtiments brisés.
L’assaut incessant et implacable des réceptacles aux yeux creux se poursuivait, inchangé.
De plus en plus d’ennemis percèrent ses défenses, laissant de terribles marques sur son corps.
Ses os se brisèrent. Sa chair fut coupée. Son armure se brisa, se déchira, se troua… jusqu’à ce qu’elle se désintègre complètement, disparaissant dans un tourbillon d’étincelles et ne laissant qu’une tunique en lambeaux pour recouvrir son corps rayonnant.
Une épée tranchante se faufila jusqu’à sa poitrine, lui transperçant le cœur.
Nephis vacilla légèrement et fixa l’homme qui tenait l’épée, un brasier blanc brûlant dans ses yeux.
Saisissant la gorge de l’homme, elle l’écrasa d’une poigne incandescente.
L’épée sortit de sa poitrine, suivie d’une rafale de flammes.
Au même moment, une hache de guerre atterrit sur son épaule, la transperçant profondément, et un bec de marteau de guerre frappa sa tête.
Mais aucun sang ne s’écoula des blessures mortelles. Il n’y avait que du feu.
Nephis se déplaça, tranchant les corps de tous ceux qui l’entouraient. Elle ne tomba pas, ne tituba pas. Elle ne ralentit même pas.
Au contraire, elle semblait être devenue encore plus rapide, encore plus brillante, encore plus mortelle. Lavées par la flamme blanche, les blessures douloureuses disparaissaient dans l’éclat magnifique.
Nephis n’allait pas encore mourir.
Non… peut-être qu’elle ne faisait que commencer…
Perdant toute retenue et ne se souciant plus de la douleur et des dégâts infligés à son corps, elle s’élança vers ses ennemis, les forçant à reculer.
« Je… »
Son épée transperça leurs corps, ne laissant que mort et cendres dans son sillage.
« Vais vous montrer… »
De terribles coups pleuvaient sur son corps, mais tous les dégâts effroyables qu’ils infligeaient étaient effacés par l’éclat blanc.
« L’horreur… »
Tout autour d’elle, les rues de Crépuscule étaient dévorées par le brasier qui s’étendait.
« De la Flamme Immortelle. »
Nephis était comme un monstre de flammes éternel et insatiable qui avait pris la forme d’une jeune femme svelte. Maintenant qu’elle s’était débarrassée de ses doutes et de sa peur, la véritable horreur de son Aspect était enfin dévoilée.
Ses ennemis avaient beau découper et transpercer son corps radieux, rien ne semblait pouvoir l’abattre. Son épée, cependant, était comme un présage incandescent de destruction et de ruine, inévitable et inéluctable, abattant tout ce qui se trouvait sur son chemin.
D’innombrables vies fondaient devant sa lame impitoyable.
Son esprit était comme un vide blanc. La douleur était devenue volonté. La pensée était devenue flamme.
Le doute était devenu cendre.
Nephis traçait une route de sang et de corps brûlés à travers le flot humain, refusant de se laisser abattre. Pourquoi le ferait-elle ? Ces épées, ces lances, ces flèches, ces ongles et ces dents… elle résisterait à tout. L’utilisation de sa Capacité Dormante ne diminuait pas son essence, et elle continuerait donc à tuer, à mutiler et à brûler jusqu’à ce que Voleur d’Âmes vienne en personne mettre un terme à ses agissements.
Tant qu’il y aurait du feu, elle s’enflammerait. Elle endurerait sa pénible bénédiction. Elle persisterait.
Pour l’instant.
Bien sûr, même les non-morts n’étaient pas invulnérables. Personne ne l’était. Nephis finirait par commettre une erreur fatale. La fatigue et la tension mentale s’accumuleraient, épuisant ses forces. Elle finirait par être rattrapée et clouée au sol, ou par être complètement anéantie.
Mais jusqu’à ce que cela arrive…
Elle continuerait à brûler.
Brûler de mille feux dans le crépuscule de l’aube sans fin.