Chapitre 1498 – Royaume Miroir

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Sunny se retourna lentement et regarda derrière lui… et il était là, le Prince de Rien.

Mordret ressemblait presque à ce qu’il était la première fois que Sunny avait vu son vrai visage. Grand, mince, avec des cheveux noir de jais et un visage acéré qui n’était pas vraiment beau, mais qui possédait une étrange beauté. Sa caractéristique la plus frappante, cependant, était ses yeux en forme de miroir, qui reflétaient le monde sur lui-même comme deux bassins d’argent liquide.

Un sourire agréable, mais creux, se dessina sur les lèvres de Mordret.

Attends… quelque chose ne va pas.

Sunny fronça les sourcils.

La dernière fois qu’il avait vu le Prince de Rien, quelques instants avant d’entrer dans la Graine du Cauchemar, ce bâtard était meurtri, couvert de sang séché, et il lui manquait une main. Mais à présent, Mordret avait l’air d’aller parfaitement bien — il n’y avait aucune blessure sur son corps et aucune tache de sang sur sa tunique. Même sa main était revenue, comme si elle n’avait jamais été coupée.

Le sourire de Mordret s’élargit légèrement lorsqu’il remarqua le regard de Sunny. Levant la main en question, il leur fit un signe de la main.

“On dirait que je ne t’ai pas manqué. C’est blessant.”

Sunny s’attarda un instant, puis demanda prudemment :

“Où sommes-nous ?”

L’espace qui les entourait ressemblait à l’une des forteresses flottantes de la barrière de chaînes de Crépuscule, mais il était également différent. Sans même parler du fait que le monde entier avait basculé de gauche à droite, il semblait y avoir une… limite à cet endroit. Pas très loin d’eux, l’effroyable champ de bataille disparut, se transformant en pur néant.

C’était comme si quelqu’un avait effacé la majeure partie du monde, ne laissant qu’une petite île de matière dérivant dans la mer du néant.

Il n’englobe que ce qui se reflète dans la cuirasse polie.

Sunny eut froid dans le dos lorsqu’il réalisa ce fait. Sa théorie selon laquelle Mordret les avait en quelque sorte attirés dans un reflet semblait correcte. En effet, l’espace dans lequel ils s’étaient retrouvés ne contenait que la partie du monde qui se reflétait dans le plastron lustré du cadavre desséché, et une petite zone autour.

Le Prince de Rien regarda autour de lui, puis leva les mains en signe de bienvenue.

“Ah, voici… appelons-le le Royaume Miroir. Considérez-le comme une extension de ma Capacité Ascendante. En un sens, c’est le cas.”

Sunny n’aimait pas du tout ces mots. Ses compagnons non plus.

Fronçant légèrement les sourcils, Nephis posa sa main sur la garde de son épée et demanda d’un ton égal :

“En un sens ?”

Mordret hésita.

“Eh bien… c’est une longue histoire. Malheureusement, le temps est un luxe que nous ne pouvons pas nous offrir pour le moment.”

Cassie pencha légèrement la tête.

“Pourquoi pas ?”

Il lui jeta un regard prudent, puis regarda autour de lui, mal à l’aise.

“Il y a des dangers qui rôdent dans ce Royaume Miroir, tout comme à l’extérieur. J’ai déjà pris un risque considérable en venant vous prévenir. Ne continuez pas votre route vers Crépuscule… sinon, vous ne reviendrez jamais.”

Cet avertissement de mauvais augure restait suspendu entre eux, rendant l’atmosphère sinistre de la forteresse déchue encore plus effrayante.

Sunny prit une profonde inspiration, et demanda d’un ton sombre :

“Pourquoi n’es-tu pas là ? Et où est Kai ? Tu ne lui as rien fait, n’est-ce pas ? Parce que si c’est le cas… tu ferais mieux de commencer à prier les dieux morts…”

Mordret le dévisagea un instant.

“Ah, tant d’hostilité. Il est vrai que j’ai peut-être un peu mérité ce traitement… mais ne vous inquiétez pas. Votre ami devrait être encore en vie. En fait, je suis persuadé qu’il l’est. Quant à savoir comment je peux tenir cette conversation, vous vous trompez. En fait, je ne suis pas ici. Mon reflet l’est, tandis que mon corps est perdu quelque part dans Crépuscule. Si vous voulez en savoir plus, il vous faudra m’accompagner dans un endroit où nous serons à l’abri des monstres qui rôdent dans le Royaume Miroir. Vous ne tenez peut-être pas à vos vies, mais moi, si.”

Sunny secoua la tête.

“Ce n’est pas suffisant. De quel monstre parles-tu ? Et que veux-tu dire par ton corps est perdu ? A-t-il été détruit ? Es-tu à nouveau un fantôme miroir ?”

Le Prince de Rien le regarda avec une expression sombre.

“Ce n’est pas gentil d’appeler les gens des fantômes, Sunless.”

Sunny se moqua.

“Depuis quand suis-je quelqu’un de gentil ? Réponds simplement aux questions, bon sang !”

Mordret soupira.

“Mon corps… n’est pas détruit. Il est juste piégé dans la cité. D’après ce que j’ai pu constater, cela a quelque chose à voir avec le réseau d’enchantement mis en place par les habitants de Crépuscule — en tout cas, je ne peux pas me déplacer librement dans le monde physique. Il en va de même pour votre ami, Nightingale. À la différence que je peux m’échapper dans les miroirs, alors que lui ne le peut pas. C’est mieux ainsi, vraiment… même moi, j’ai à peine survécu ici.”

Sunny voulut dire quelque chose, mais Nephis l’interrompit. Levant une main, elle dit d’un ton impassible :

“L’un d’entre nous est resté en arrière pour garder le vaisseau. Est-elle aussi en danger ?”

Mordret secoua la tête.

“Tant que le navire ne s’approche pas de Crépuscule, elle s’en sortira. C’est nous, les visiteurs du Royaume Miroir, qui sommes en danger. Mais c’est aussi le seul endroit où nous pouvons parler… à moins que l’un d’entre vous ne soit prêt à me céder son corps, bien sûr.”

Il leur jeta un coup d’œil et sourit.

“Je suppose qu’aucun d’entre vous ne l’est, cependant ?”

Sunny serra les dents et grogna, sa voix pleine de malice menaçante :

“Tu as sacrément raison. N’y pense même pas !”

Mordret soupira.

“Bon, alors. Il ne me reste plus beaucoup d’essence, mais c’est suffisant pour inviter une personne de plus…”

Là-dessus, il y eut un bruit de verre sonnant, et Effie se tint soudain près d’eux, une expression perplexe sur le visage.

…Cependant, c’est le Prince de Rien qui semblait vraiment surpris. Son masque habituel d’amabilité se fissura un instant, révélant un soupçon de perplexité sincère.

Fixant le ventre d’Effie, Mordret resta silencieux quelques instants, puis dit avec incrédulité :

“Ascendante Athena… euh… pourquoi… pourquoi êtes-vous…”

En entendant cela, Effie sourit gentiment.

“Enceinte ? Eh bien… voyez-vous, Votre Altesse… quand un homme et une femme s’aiment beaucoup…”

Le visage de Sunny se crispa.

C’est pas possible…

C’était vraiment en train d’arriver ?