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Chapitre 1490 – Pas de Limites

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Une trahison qui ne connaissait pas de limites. Sunny avait succombé à la Souillure et trahi la cohorte, pour la trahir à nouveau une fois qu’il les avait transformés en Six Plaies. Il avait tué l’un de ses maîtres au cours de l’opération et mis au point d’innombrables stratagèmes pour détruire l’autre.

Il… ne savait pas vraiment ce qu’il devait en penser. Était-il censé être fier ou consterné par son ancienne existence ?

Il faudrait peut-être que j’arrête d’en vouloir au Sortilège de m’avoir appelé ainsi.

Quoi qu’il en soit, il ressentit un profond regret.

Parce qu’il ne serait pas capable d’étrangler ce fou furieux de ses propres mains.

Sunny soupira.

Voilà, c’était fait. La vérité.

Bien sûr, il y avait encore beaucoup de choses qui n’avaient pas de sens, ou pas de sens du tout. La plus évidente d’entre elles, bien sûr, était l’existence paradoxale des Six Plaies, qui avaient non seulement voyagé dans le passé lointain de la Civilisation du Fleuve, mais qui s’attardaient également dans le Tombeau d’Ariel malgré le début d’un nouveau cycle.

Ils ont vraiment enfreint toutes les règles.

Sunny ne savait pas non plus où le Prince Fou avait trouvé le Briseur de Chaînes avant de s’arranger pour qu’il soit découvert par Nephis et lui. Il ne savait pas non plus pourquoi le vil fou avait détruit Weave, leur refusant le soutien des disciples de Weaver, et bien d’autres choses encore.

Il n’allait probablement jamais apprendre certaines d’entre elles.

Mais ce n’était pas grave.

Le Tombeau d’Ariel n’avait jamais été un endroit qu’un simple mortel pouvait comprendre entièrement. Et il connaissait déjà la forme générale des choses.

Et alors ?

Cette connaissance, en réalité… ne changeait rien du tout.

Leur objectif restait le même. Se rendre à Crépuscule, récupérer Kai et Mordret… puis rassembler toutes les forces possibles et attaquer Verge pour tuer le Premier Chercheur. En fait, cet objectif était devenu de moins en moins impossible à atteindre.

Non seulement trois des Six Plaies étaient déjà hors-jeu, mais il était impossible de savoir ce que le Prince Fou avait arrangé pour aider la cohorte à conquérir le Cauchemar. Les autres Plaies étaient-elles encore en vie ? Peut-être s’était-il déjà occupé d’elles, de la même façon qu’il s’était occupé de la Bête Dévorante et de la Bouchère Immortelle.

C’est comme si j’étais aidé par moi-même, depuis l’au-delà — et non seulement cela, mais cette version morte de moi est aussi une Créature du Cauchemar vraiment épouvantable.

Une phrase aussi bizarre avait-elle déjà été prononcée ?

Bien que, techniquement, Sunny ne l’ait pas prononcée à haute voix. Et le Prince Fou n’était pas techniquement mort… juste effacé de l’existence en voyageant dans le temps.

Oui, cela ne semble pas aussi bizarre que cela.

À ce moment-là, Sunny réalisa qu’il était resté agenouillé sur le pont du Briseur de Chaînes pendant un bon moment, à regarder le Grand Fleuve au loin et à rêvasser. Ce devait être un spectacle assez étrange…

Mais avant qu’il ne puisse regarder autour de lui, une ombre lui tomba dessus. Levant la tête, Sunny aperçut le Péché de Réconfort, qui le regardait d’un air sombre.

« Imbécile… tu as fini de faire l’idiot ? Oh, c’est pas vrai. À en juger par ton expression stupide, ton cerveau d’idiot a enfin réussi à assimiler des informations. C’est pitoyable. Combien de temps t’a-t-il fallu pour réaliser quelque chose qui aurait dû être évident dès le premier jour ? »

Sunny fixa le spectre de l’épée, puis sourit sombrement.

« Tu sais… Je sais. Espèce de sale bâtard. Combien de fois m’as-tu empoisonné avec la Souillure ? »

En effet, c’était grâce au Péché de Réconfort que Sunny était devenu le Prince Fou. Mais, étrangement, le spectre de l’épée était aussi la raison pour laquelle le Prince Fou avait réussi à conserver une once de lucidité. Le gardant à jamais coincé entre deux états mutuellement exclusifs… et, par conséquent, éternellement à l’agonie.

Quelle sinistrose !

Les yeux de Sunny tressaillirent.

« Réponds-moi, espèce d’ordure. »

Le Péché de Réconfort le fixa, la fureur brûlant dans ses yeux. Il voulait manifestement dire quelque chose… mais il ne le pouvait pas.

La Clé de l’Estuaire le lui interdisait.

Non seulement cela, mais elle empêchait également le lien inné que Sunny partageait avec le morceau d’esprit brisé de servir de conduit pour la connaissance subconsciente des cycles précédents du Grand Fleuve et des secrets de l’Estuaire.

Et, en plus, cette Mémoire était la première que Sunny ait jamais vue qui fonctionnait même sans être invoquée. Son enchantement passif était en vigueur malgré la Clé de l’Estuaire qui reposait dans son âme, faisant taire le spectre de l’épée et empêchant le temps d’influer sur le morceau de roche noire.

Incroyable !

À quel point était-il devenu un sorcier compétent après d’innombrables années passées dans la peau d’un Titan Corrompu ?

Sunny soupira.

Cela n’avait pas d’importance. Le prix à payer était bien trop élevé.

C’était insupportable.

Néanmoins, la Clé de l’Estuaire était une promesse de ce qu’il pourrait potentiellement accomplir, un jour.

C’est vrai. Les autres pourraient s’inquiéter de me voir devenir soudainement catatonique.

Ou peut-être étaient-elles pétrifiées par de terribles révélations.

En se retournant, Sunny aperçut les membres de la cohorte.

Cassie fixait le ruban lointain du Grand Fleuve, l’air absent. Elle devait avoir réalisé les mêmes choses que Sunny… peut-être même plus. Nephis était encore plus inexpressive que d’habitude. Elle semblait avoir compris la vérité, elle aussi.

Jet et Effie, en revanche, en savaient moins sur le Tombeau d’Ariel. Elles ne semblaient pas du tout intéressées par la vue du Grand Fleuve. Au lieu de cela, elles se trouvaient de l’autre côté du Briseur de Chaînes, fixant les ténèbres au-delà.

À ce moment-là, l’inertie qui portait le navire volant s’était en grande partie dissipée. Ils ralentissaient.

Nephis soupira.

« Voilà donc ce qu’est le vortex. »

Sunny la regarda d’un air confus.

« Quoi ? »

Elle pointa du doigt le Grand Fleuve.

« Il est plat. Bien que sa forme donne l’impression que l’ensemble du fleuve est un seul et même plan, il y a en fait deux côtés. Le tunnel que nous avons emprunté n’est qu’un passage qui relie un côté à l’autre. En d’autres termes, nous ne sommes pas descendus au fond du Grand Fleuve. Nous l’avons simplement traversé, en émergeant de l’autre côté. »

Et à un moment donné, ils furent catapultés hors du vortex à une vitesse telle que le Briseur de Chaînes s’éleva très haut au-dessus de la surface du fleuve.

Combien de temps allaient-ils mettre pour revenir ?

Sunny grimaça.

Nous ne savons même pas combien de temps nous avons passé sur l’Île d’Aletheia. Des mois ont pu s’écouler… des années, même… avant que je ne prenne conscience de la boucle.

Kai allait-il bien ?

Et Grâce Déchue ? Comment se portaient le petit Cronos et les autres habitants de l’île ?

Nous devons revenir dès que possible.

Il y avait aussi Effie et son bébé. Sunny ne savait pas ce qui se passerait si elle accouchait dans la Graine. Le bébé, qui avait été conçu dans le monde réel, deviendrait-il un Né du Fleuve ou un Étranger ? Qu’adviendrait-il de lui une fois le Cauchemar vaincu ?

Les enfants sont résistants…

Ce n’était pas pour rien que le Sortilège infectait les jeunes. Les jeunes âmes étaient beaucoup plus malléables et pouvaient mieux résister à l’Éveil. Bien sûr, aucun enfant n’avait encore été envoyé dans le Premier Cauchemar, et il était donc impossible de savoir ce qui se passerait.

Il ne s’agissait pas non plus d’un Premier Cauchemar. C’était le Troisième.

S’ils le conquéraient…

L’enfant d’Effie deviendrait-il un Saint dès son plus jeune âge ? Ou son âme s’effondrerait-elle sous l’effet de la Transcendance ?

Sunny ne le savait pas.

Damnation…

Il resta silencieux un moment, puis secoua la tête.

Ça va bien se passer. Je refuse de croire que ce ne sera pas le cas.

Au moment où il pensait cela, Effie poussa un juron.

L’instant d’après, Jet cria :

« Arrêtez ce maudit navire tout de suite ! »

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