Chapitre 1460 – Marche Funèbre

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Le Chant Sépulcrale était un enchantement actif qui consommait autant d’essence que le nombre et la puissance des cadavres animés d’une rage meurtrière par son pouvoir. Un Ascendant pouvait faire beaucoup de ravages avec son aide…

Mais pas autant que Sunny, un Tyran Ascendant dont l’âme fut augmentée par la flamme de Neph.

Sous l’influence de la mélodie furieuse qu’il jouait, la plus grande partie du verger d’os était déjà en mouvement. Certains des squelettes géants étaient trop endommagés pour être assemblés en un semblant de créature entière… mais il y avait beaucoup d’abominations mortes qui le pouvaient.

Certaines d’entre elles avaient clairement été des abominations aquatiques dans le passé. Néanmoins, elles avançaient en rampant, sous l’emprise de la soif de sang. Certaines semblaient avoir été capables de marcher sur la terre ferme. Celles-ci se déplaçaient beaucoup plus rapidement pour tuer quelque chose, aussi vite et aussi cruellement que possible.

Peu à peu, des silhouettes imposantes s’élevèrent du sol dans une cacophonie de gémissements d’os. La soif de sang et la rage meurtrière qu’elles dégageaient étaient presque palpables.

Merde, merde, merde…

Les deux mains de Sunny étaient occupées par la flûte, et il ne pouvait manifestement pas parler. À haute voix, en tout cas.

[Allez-y.]

Envoyant le message mental avec l’aide du Linceul de la Pénombre, Sunny jeta un coup d’œil à l’entrée sombre des cavernes qui s’était révélée lorsque la créature morte qui l’obscurcissait s’était rapprochée de lui.

Lui jetant un dernier coup d’œil, ses compagnons s’éloignèrent précipitamment et plongèrent dans l’obscurité accueillante. Nephis s’attarda quelques instants à la limite, puis serra les dents et sauta dans le vide. Sainte et Fiélon la suivirent de près, laissant Sunny et Cauchemar seuls face à l’armée d’abominations ressuscitées.

Les cadavres imposants, quant à ces derniers… se dirigeaient vers eux en titubant, avec la ferme intention de mettre en pièces le flûtiste et sa monture.

Maintenant, la suite…

Sunny se leva lentement… ou plutôt, fut poussé lorsque le morceau d’os sur lequel il était assis s’envola soudainement. Parvenant à garder la mélodie, il retrouva son équilibre et continua à jouer l’Os Chanteur tout en sautant maladroitement en selle.

Jugeant que tous les squelettes qu’il aurait pu ramener à la vie s’étaient déjà levés, Sunny s’arrêta un instant et prit une profonde inspiration.

Puis, alors que Cauchemar reculait prudemment, il commença à jouer une mélodie différente.

Si la précédente était rapide et enragée, celle-ci était calme et apaisante. Elle était destinée à amener les cadavres meurtriers sous son contrôle. Sunny avait réussi à jouer le second morceau du Chant Sépulcrale à plusieurs reprises — à une échelle bien moindre, cependant — et il savait donc qu’il pouvait le faire.

D’un moment à l’autre…

Mais malgré le fait qu’il faisait de son mieux pour jouer la mélodie à la perfection… les géants squelettiques s’approchaient toujours de lui avec la ferme intention de le déchiqueter et de se baigner dans son sang.

Ça n’a aucun sens. Je suis tellement plus petit qu’eux, dans quoi vont-ils se baigner ? J’ai plutôt l’impression que je vais être étalé sur la phalange d’une de ces monstruosités !

Pire encore…

Le Papillon Creux qui était resté immobile auparavant bougea à son tour.

L’Os Chanteur ne ramenait pas vraiment les morts à la vie… il transformait simplement les cadavres en golems squelettiques meurtriers. Ou en golems de chair — la sinistre Mémoire ne se souciait pas de l’état du cadavre. Ce qui signifie qu’elle n’a pas besoin que la créature morte ait une âme pour l’animer.

Le Papillon Creux reprenait lui aussi un semblant de vie pervers.

Ce faisant, le drainage de l’essence de Sunny augmentait.

Malédiction !

Manifestement, il n’allait pas mettre cette armée de monstruosités mortes sous son commandement.

Eh bien… ce n’était pas grave non plus. Sunny avait également prévu une telle possibilité.

Après tout, il n’avait pas vraiment besoin que les cadavres ressuscités l’écoutent — il avait juste besoin d’eux pour créer autant de dégâts que possible sur l’Île d’Aletheia, en volant temporairement l’attention de toutes les Créatures du Cauchemar qui y étaient emprisonnées.

Maintenant que les géants morts du verger d’os avaient été ramenés à la vie, ils le resteraient jusqu’à ce que l’essence de Sunny s’épuise, ou jusqu’à ce qu’ils soient complètement détruits. Ils avaient donc tout le temps d’affronter les prisonniers de l’île.

Ainsi, il pourrait rejoindre Effie et se rendre au lac de sang beaucoup plus rapidement. Cassie et son équipe pourraient atteindre le sanctuaire envahi par la végétation sans trop de danger.

Plan B, donc !

Renonçant à apaiser les cadavres meurtriers avec une mélodie agréable, Sunny abaissa l’Os Chanteur… et ordonna à Cauchemar de courir aussi vite que le pouvait l’étalon noir.

Un instant plus tard, tous deux filaient déjà entre les squelettes titubants, en direction de la forêt.

Une armée de géants morts les poursuivait. Même le Papillon Creux prit son envol, un battement de ses ailes imposantes envoya un ouragan sur le verger d’os… ou plutôt, l’ancien verger d’os. Laissés sans soins par le Monstre Supérieur, ses œufs se fissuraient et éclataient, les cadavres d’asticots révoltés rampant hors de ces derniers avec une soif de sang brûlante.

Super… va te frotter au Moissonneur, sale insecte… mon Dieu, je déteste les papillons !

Sunny plongea sous la protection des vieux pins, pour les entendre craquer et se briser quelques instants plus tard. Les léviathans morts qu’il avait ressuscités n’étaient peut-être pas aussi énormes que la Bête Dévorante, mais ils étaient suffisamment gigantesques et puissants pour traverser la forêt brumeuse.

Maintenant, il espérait seulement qu’ils seraient assez robustes et puissants pour tenir le coup face aux prisonniers de l’Île d’Aletheia. Et que son essence durerait assez longtemps.

Plus vite !

Serrant les dents, Sunny s’envola à travers la brume.

Effie l’attendait de l’autre côté de l’île…