Chapitre 63 : Évaluation à mi-parcours (5)

Traductrice : Moonkissed

Auteur : Seogwando

***

« Je suis désolé, Adeshan. Mais la troisième place n’est pas mauvaise, n’est-ce pas ?

– Ah ! »

Au murmure de Ronan, sa vision s’assombrit. Adeshan se serra la gorge et s’affaissa.

« Je… c’était… ! »

Sans aucun doute, elle l’avait senti.

Quelque chose d’aigu et de chaud lui avait traversé la gorge. Adeshan, qui avait lâché son cou en tremblant, sourit.

« Euh… ? »

Contrairement à ce qu’elle s’attendait à voir plein de sang, rien ne maculait ses mains. Elle tâta précipitamment mon cou, mais il n’y avait aucune blessure. Soudain, une voix familière se fit entendre à côté d’elle.

« Te voilà.

– Professeur Na-Navirose ?! »

Adeshan se leva, surprise. En regardant autour d’elle, elle réalisa enfin qu’il s’agissait de la première arène où se tenaient les leçons de Navirose.

Des élèves recalés, rassemblés en groupes, discutaient entre eux. Le personnel médical soignait les élèves blessés dans un coin. Navirose prit la parole.

« Baisse la tête.

– Oui ? »

C’était un ordre incompréhensible, mais Adeshan s’exécuta. Contre toute attente, Navirose commença à lui caresser doucement la tête. D’une voix confuse et mélangée, Adeshan demanda.

« P-Professeur… ?

– Félicitations. Tu es à la troisième place. »

Le corps d’Adeshan se raidit. C’était bien ce que Ronan avait dit. L’espace d’un instant, son expression lumineuse s’assombrit à nouveau. Une voix sombre émergea de ses cheveux défaits.

« …Je n’ai rien fait.

– Tu mérites le respect pour avoir survécu aussi longtemps.

– Tout ce que j’ai fais, c’est suivre mon cadet.

– Non. Ton coup lors de la bataille contre Ayun n’était pas mal du tout. C’est comme ça que je le vois.

– Quoi ? Comment pouvez-vous…

– Regarde là-bas. »

Adeshan leva la tête. Elle remarqua alors que tous les élèves regardaient dans la même direction.

Sur le mur sud de l’arène, une certaine image était projetée. La vidéo, comme si elle était prise du ciel ou d’une vue d’oiseau, montrait l’île familière. Adeshan écarquilla les yeux.

« Ooh, c’est là que nous avons passé nos examens, n’est-ce pas ?

– Oui. La transmission est en cours depuis le début du test. À l’origine, il y avait d’autres perspectives, mais il ne reste plus que celle-là. »

Dans la vidéo, le combat entre Ronan et Shullifen battait son plein. Alors que les élèves effectuaient diverses tâches, ils ne pouvaient détacher leurs yeux de la vidéo.

« Moralement, ne devrions-nous pas exclure ces deux-là à partir de maintenant… ?

– On dirait un combat entre deux magiciens, pas entre deux épéistes. »

Deux tornades faisaient des ravages dans la forêt. Les formes de Ronan et Shullifen disparurent et réapparurent en un instant, répétant le processus.

Kaang !

À chaque collision, un son métallique résonnait dans l’arène avec une telle force qu’elle en vibrait.

Navirose prit la parole.

« Ne t’attarde pas trop sur ces deux-là. Ils sont étranges à bien des égards.

– …Oui. Je suis au courant. »

Adeshan ajusta inconsciemment son col. Même si elle voulait analyser, c’était au-delà de ses capacités de suivre ce qu’elle voyait. Shullifen, qui s’occupait d’auras hors normes, et Ronan, qui lui faisait face, étaient tous deux bien au-delà de la norme.

Navirose, qui l’observait depuis un moment, haussa un sourcil.

« Au fait, ce vêtement ne semble pas être le tiens. C’est bien ce que je pense ?

– Oui ? C’est… Eh bien… »

Adeshan hésita et ne put répondre. Navirose gloussa devant la tentative de réponse de l’assistante au visage rouge.

« Peu importe. Tu es une fille courageuse, alors fais de ton mieux.

– Ce n’est pas comme ça ! »

répliqua Adeshan. Elle avait nié avec véhémence cette supposition hâtive, mais n’avait finalement pas enlevé le vêtement d’extérieur. La bataille dans la vidéo atteignait son apogée.

Kaang !

À chaque son métallique qui résonnait, des applaudissements jaillissaient de la bouche des élèves.

****

Trente minutes s’étaient écoulées depuis le début de la bataille. Ronan et Shullifen, qui avaient descendu la colline, se battaient en utilisant la forêt comme champ de bataille.

Shuaak !

Chaque fois que Shullifen donnait un coup d’épée, l’énergie libérée traversait les arbres. Se baissant pour éviter de justesse l’énergie de la lame, Ronan s’élança en avant et cria.

« Prends ça ! »

S’appuyant sur un arbre tombé, Ronan bondit vers l’avant. Il effectua un saut périlleux vertical et abattit son épée. C’était l’épée tournoyante de Navirose, accélérée par le flux de mana.

« Ugh… ! »

Ce n’était pas une attaque qui pouvait être bloquée ou évitée facilement. Shullifen lança l’énergie de la lame vers l’avant et tira son corps vers l’arrière avec le recul.

Quaang !

Le sol où il se tenait se sépara en deux, et les feuilles mortes qui s’y trouvaient furent projetées vers le haut.

Au moment où Ronan retira son Lamancha enterré du sol, le coup perçant de Shullifen vola vers lui.

« Sale gosse… ! »

Ronan leva précipitamment son épée.

Kagaang !

Des étincelles volèrent dans l’air, et le son du métal résonna trois fois, se propageant. Ronan, utilisant les feuilles mortes pour couvrir sa vision, se pencha en arrière.

« Ce bâtard audacieux. Quand as-tu copié ça ?

– C’est une bonne technique.

– Voilà pourquoi je déteste les génies. »

Ronan laissa échapper un rire amer. Trois coups comprimés en un seul mouvement. C’était la technique qu’il avait utilisée la première fois qu’il avait affronté Shullifen. Sautant en zigzag, Ronan donna un nouveau coup d’épée. Les deux lames qui s’entrechoquaient successivement s’arrêtèrent net lorsqu’elles se rencontrèrent.

Au-delà des lames qui s’entrecroisaient, les deux hommes pouvaient lire les intentions de l’autre. Voyant le visage pâle de Shullifen, vidé de ses couleurs, Ronan gloussa.

« C’est un spectacle à voir, n’est-ce pas ? Tu as le vertige ? »

Ses cheveux azur, habituellement calmes, étaient ébouriffés depuis un bon moment. De profondes blessures ornaient son côté droit et sa cage thoracique gauche. Le sang qui coulait le long de sa cuisse semblait ne pas vouloir s’arrêter ; avec le temps, il semblait que cela pourrait conduire à une hémorragie excessive et à un effondrement. Shullifen répondit sèchement.

« On dirait que ce n’est pas toi qui devrais parler.

– C’est vrai. »

Cependant, l’état de Ronan ne s’était pas amélioré. Au contraire, il s’était aggravé. Des gouttes de sang tombaient de sa frange.

Les séquelles de la Lame Tempétueuse, qu’elles aient été coupées ou esquivées, avaient laissé des dizaines de blessures profondes et superficielles sur tout son corps. Sa chemise déjà déchirée collait à son corps à cause du sang, à tel point qu’il avait l’impression qu’elle était collée. Ronan, sentant ses jambes s’alourdir peu à peu, se tordit les lèvres.

« Bon sang, il faut que j’en finisse. »

Shullifen s’adaptait progressivement à la vitesse de Ronan. Il était vraiment le plus grand génie du continent. Ils devaient se battre dans une forêt avec beaucoup de variables dues au terrain. De façon inattendue, les coins de la bouche de Shullifen se contractèrent légèrement.

« Je suis heureux, Ronan.

– Qu’est-ce que tu racontes tout d’un coup ?

– Je suis sincère. Je devrais remercier le ciel de m’avoir donné un adversaire comme toi.

– Tu es un sale gosse très amusant. Hé, tu te crois le plus fort du monde ? »

Ronan gloussa comme s’il était incrédule. Bien sûr, dans quelques années, ce serait effectivement le cas. Shullifen, qui avait franchi le seuil, deviendrait sans aucun doute le meilleur épéiste du continent.

Mais pas maintenant. Pour l’instant, rien qu’en regardant l’aura de Navirose, il serait gelé comme une souris devant un serpent et sa tête serait arrachée avant qu’il ne puisse égaler l’épéiste actuel, Zaifa. Ronan était sur le point de le réprimander pour son arrogance.

« Bien sûr, il y a beaucoup de gens plus forts que moi dans le monde. Pour l’instant, en tout cas. Mais je suis convaincu que je les surpasserai tous.

– Même Zaifa et le professeur Navirose ?

– C’est exact. »

‘Ce type est pire que je ne le pensais’.

Ronan cracha par terre. Shullifen continua à parler.

« Mais Ronan, je ne ressens pas la même conviction chez toi. Tu deviendras plus fort. Peut-être même plus fort que moi.

– J’en suis conscient.

– Je vais donner tout ce que j’ai dans ce combat, alors tu devrais aussi… »

En un instant, le mana autour d’eux tourbillonna et fut attiré par le corps de Shullifen. Ronan serra la poignée de son épée. Une aura émanait de Lamancha, qui avait goûté au sang. En repoussant l’épée, Shullifen cria comme s’il expulsait quelque chose.

« Montre-moi tout ce que tu as ! »

Tous deux furent renvoyés. Ronan, lisant le flux de mana, se prépara à frapper à nouveau. L’aura de la Lame Tempétueuse s’enroula autour de l’épée de Shullifen et monta en flèche.

« Qu’est-ce que… ! »

Ronan, maudissant, s’arrêta précipitamment. L’épée de Shullifen, lancée en diagonale, décrivit un large arc de cercle.

Hoo-woong !

L’énergie de la lame massive en forme de croissant se dirigea vers Ronan.

‘Je ne peux pas la couper.’

La Lame tempêtueuse était différente des autres énergies de lame. En la coupant à la hâte, Ronan risquait d’être pris dans le tourbillon qui jaillissait du point d’impact.

La plupart des blessures qu’il avait subies dataient des premières étapes du combat. Couper au hasard l’énergie de la lame s’était transformé en deux tourbillons, déchirant le corps de Ronan.

« Ugh… »

Alors que l’énergie de la lame l’atteignait presque, Ronan tordit son épaule.

Swish !

L’énergie de la lame qui avait manqué de peu son nez disparut derrière Ronan, à la distance d’une simple feuille de papier.

C’était le moment où Ronan, soulagé, était sur le point de décoller du sol et de se précipiter vers l’avant.

Shing !

Une autre lame d’énergie vola à un angle oblique et se planta sous les pieds de Ronan. Les yeux de Ronan s’écarquillèrent.

« Ce fils de p… ! »

À cause des vagues d’énergie de lame qui se chevauchaient, il avait été difficile de voir. Ronan tenta rapidement de bouger son corps, mais Shullifen lança une autre énergie de lame, interrompant son mouvement.

Kwaahhh !

Une explosion de mana forma une tempête qui engloutit Ronan.

« Kraaargh ! »

Le sang jaillit. En un instant, de profondes blessures furent creusées sur tout son corps. Ronan fit tournoyer son épée comme un filet pour couper l’énergie de la lame. Alors qu’il pensait que la situation allait s’améliorer un instant, le vent se mit à souffler sans cesse.

En peu de temps, la tempête informe se transforma en un tourbillon d’un rayon de 10 mètres. C’était un tourbillon de poussées, un peu comme les tourbillons générés par l’énergie des lames. Feuilles, rochers, troncs d’arbres entiers – tous déchiquetés – étaient emportés par le vent, se désintégrant.

« …Huu. »

La silhouette de Ronan disparut. On n’entendit plus aucun cri.

Thud !

Shullifen s’agenouilla et s’effondra. Le sang de son flanc et de son épaule formait une petite flaque à ses pieds.

« C’était un piège… »

Shullifen gloussa pour lui-même. Il avait dissimulé une lame d’énergie infusée d’aura derrière une lame normale. C’était une action qui aurait été inimaginable pour son vrai moi.

Mais sans recourir à de telles tactiques, il ne pensait pas pouvoir gagner. Les deux coups qu’il avait laissés à Ronan pendant le combat avaient tous deux causé de sérieuses blessures.

« Vraiment… un type monstrueux. »

Ce n’était qu’après avoir augmenté son corps entier de mana qu’il pouvait se battre sur un pied d’égalité. Shullifen cracha le sang qu’il avait dans la bouche. Il remarqua alors le bracelet de perception à son poignet.

‘En y réfléchissant, comment le vainqueur… revient-il ?’

Sa vision devenait floue. En raison de la perte importante de sang, il était difficile de maintenir des pensées cohérentes.

Le vent se calmait peu à peu. Des objets qui se trouvaient très haut dans le ciel tombaient. La plupart d’entre eux se désintégrèrent sans laisser de traces, mais quelques arbres épais et robustes conservèrent leur forme circulaire.

Les ombres projetées par les arbres tombaient au-dessus de sa tête. Il leva son épée pour les découper. Un frisson inexplicable parcourut le corps de Shullifen.

« Impossible. »

Shullifen leva la tête. Une ombre se dessina au-dessus des arbres, et le visage de Ronan rencontra son regard, figé sur place.

« Il n’a pas été éliminé… ! »

Ronan était trempé de sang, comme s’il venait d’être sorti d’une forge infernale. Il s’accrochait à un arbre massif, repoussant désespérément les assauts du vent. Il avait évité l’élimination, mais il n’avait pu échapper à de graves blessures.

« Je dois en finir maintenant. »

Ronan resserra sa prise sur la poignée de son épée. Il ne pouvait pas se permettre de baisser sa garde ne serait-ce qu’un instant, car il avait l’impression qu’il risquait de perdre connaissance s’il le faisait. Il plongea immédiatement vers l’avant, son épée dirigée vers Shullifen.

Alors que Shullifen se relevait rapidement, il envoya une lame d’énergie en guise de contre-attaque.

Clang !

L’énergie de lame instable fut prise entre les coups de Ronan et disparut de l’autre côté du ciel. Shullifen serra les dents.

« Ronan… ! »

Ronan et Lamancha s’étaient rapprochés de façon inattendue, presque à portée de bras. C’était une distance à laquelle il ne pouvait ni esquiver ni se défendre. De toutes ses forces, Shullifen brandit son épée et frappa le sol sous ses pieds.

Kwaang !

Un vortex d’un rayon d’environ 1 mètre jaillit en direction de Ronan.

« Espèce de fou ! »

Une bourrasque de vent enveloppa Ronan. Chaque coup d’épée qu’il donnait pour se défendre faisait vaciller sa trajectoire de descente.

Parvenant à peine à garder la tête haute, Ronan lança un regard à Shullifen. Son état était précaire, comme s’il pouvait mourir d’une simple égratignure. Cependant, c’était une distance juste hors de portée de la lame, d’un cheveu.

‘D’une façon ou d’une autre, juste une fois… !’

Finalement, Ronan renonça à la défense et adopta une position. En un instant, le vent transportant l’aura sinistre balaya son corps. Retenant son souffle, Shullifen relâcha son coup. À ce moment, un choc rappelant celui de la foudre traversa le corps de Ronan.

« Bon sang ! »

Ronan fronça les sourcils en raison d’une douleur inexpliquée. Mais le doute n’était pas permis. Il donna un coup d’épée, dans l’intention de parer le coup. En une fraction de seconde, Ronan vit quelque chose comme une vague extrêmement fine jaillir le long de sa lame.

« Hein ? »

Swish !

Une ligne cramoisie apparut sur la poitrine de Shullifen, et du sang en jaillit. Simultanément, le coup qui avait changé de trajectoire effleura le cou de Ronan. Les deux silhouettes se tordirent et disparurent.