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Chapitre 1165 – Chaleur de l’Affection

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Les maisons humaines étaient comme des titans. Elles étaient remplies d’innombrables choses. Que ce soit les dalles de plancher ou les plus petites choses, chaque chose avait été conçue et créée par quelqu’un. Les matériaux utilisés pour la création de ces choses avaient été produits par quelqu’un d’autre. Les véhicules assemblés par quelqu’un les transportaient sur des routes construites par quelqu’un d’autre.

La quantité d’efforts et de vies cachées dans chaque maison humaine était stupéfiante. L’ampleur de la chose était si inconcevable que Mordret ne pouvait la comparer qu’à quelque chose qu’il connaissait mieux — une abomination si importante que sa simple existence était une calamité.

Mais en réalité, le monde réel était bien plus que cela. La seule créature à laquelle il pouvait vraiment être comparé était un dieu.

Un dieu mort, peut-être.

Les humains étaient comme des fourmis, mais il pouvait facilement les imaginer comme des vers de charogne se tortillant en se régalant d’un cadavre divin.

Il l’imaginait très bien.

“Chéri ! Viens manger !”

Mordret regardait le monde à travers les yeux de l’enfant.

Il posa ses jouets et courut jusqu’à la cuisine. Il grimpa sur une chaise et sourit à sa mère. Il fit une grimace devant l’assiette remplie de légumes chers et cultivés naturellement et fit la moue.

Il se laissa convaincre de manger un peu.

…Je n’en ai pas le goût.

Mordret ressentit une légère déception en étudiant le visage de la mère. Elle le regardait en souriant. Ses yeux débordaient d’affection.

Être aimé par quelqu’un était un sentiment nouveau. Mais comment serait-ce d’aimer quelqu’un à la place ?

Curieux, Mordret songea à prendre le corps de la mère et à s’occuper de l’enfant. Serait-ce gratifiant ? Serait-ce un fardeau ? Serait-ce agréable ?

Il y avait un moyen facile de le savoir.

Toutefois, Mordret étouffa sa curiosité et resta immobile.

Pendant que l’enfant mâchait ses légumes, la mère écoutait les informations. Un reportage de propagande s’affichait à l’écran, avec une voix masculine pleine de dignité :

“…Alors que la Seconde Armée d’Évacuation est en route vers le Quadrant Sud, les guerriers héroïques de la Première Armée d’Évacuation continuent de consolider leurs forces sur le continent. Il y a quelques jours, la relocalisation des réfugiés de l’imprenable capitale de siège Falcon Scott s’est achevée avec succès. Sous la direction courageuse de Sainte Tyris du clan de la Plume Blanche, les pertes dans les rangs de l’armée ont été minimes…”

Mordret sourit à la mention d’un nom familier. Marée Céleste était encore en vie, semblait-il. Il était satisfait… parmi tous les Saints qu’il souhaitait tuer, elle était la seule à mériter une mort propre.

Elle l’avait indirectement aidé à se faire prendre. Mais elle l’avait aussi indirectement aidé à s’échapper. Alors…

Peut-être que je n’aurai pas à la tuer du tout.

Les jours suivants, Mordret vécut la vie d’un enfant humain. Il connut la chaleur de l’été, la douceur d’être soigné par une mère aimante, le plaisir de jouer avec ses amis et l’excitation d’apprendre les lettres avec un tuteur.

C’était très amusant, mais il s’ennuya vite.

L’autre aurait adoré, pourtant.

Sentant son humeur devenir dangereuse à cette pensée, il la chassa.

Mordret était sincère lorsqu’il disait à l’enfant qu’il ne se sentait jamais triste. Mais il n’était pas complètement dépourvu d’émotions. Il y avait des choses qu’il pouvait ressentir : la satisfaction, le contentement, le plaisir… la colère, le ressentiment, le mépris…

Et la haine, bien sûr.

Et s’il détestait son traître de père et Asterion, c’était l’autre qu’il détestait le plus.

Ah. Inutile d’y penser.

Il reporta son attention sur le présent.

Le gamin qu’il habitait était plutôt stupide, comme on pouvait s’y attendre de la part d’un enfant. L’enfant ne voyait que le sourire de sa mère, mais Mordret voyait ce qui se cachait derrière.

L’inquiétude. La fatigue. La solitude. La peur.

Après quelques jours d’observation, il quitta l’enfant et se cacha dans les yeux de la mère.

…De son point de vue, la vie n’était pas faite que de chaleur et de joie. Elle faisait bonne figure lorsqu’elle était avec son fils, mais lorsqu’elle était seule, la femme se laissait aller à la faiblesse et à la peur.

La ville était en pleine effervescence. Tout était en train de changer. La guerre lointaine affectait déjà la vie quotidienne des citoyens… ses amis, ses voisins, sa famille, tout le monde était tendu, comme s’il attendait une tempête.

De nombreuses personnes étaient parties avec la Première Armée d’Évacuation. D’autres encore s’étaient enrôlés et avaient navigué avec la Seconde.

Et maintenant, il était question que même des personnes de son entourage immédiat soient entraînées dans le tourbillon du cataclysme lointain.

Cette femme n’était pas une citoyenne de rang inférieur. Son statut était particulier, et elle savait qu’il ne fallait pas croire la propagande.

Mordret l’observa, s’imprégnant de son point de vue.

Un matin ensoleillé, la femme reçut un appel. Son visage s’éclaira lorsqu’elle porta le communicateur à son oreille.

“…Oui ! Je vois. C’est… c’est une excellente nouvelle. Dans combien de temps… oh. Bientôt ? Oui, je comprends. Il va très bien. Tu lui manques, bien sûr. Ne t’inquiète pas… Je t’expliquerai. Nous sommes très fiers de toi ! Je peux… je peux venir te voir ? Oh, c’est merveilleux. Oui… Je serai là…”

Après avoir terminé l’appel, la femme baissa les mains et resta immobile quelques instants. Ses lèvres tremblèrent.

Elle prit alors une grande inspiration et afficha une expression calme sur son visage.

La femme se prépara, faisant beaucoup plus d’efforts que d’habitude pour se mettre en valeur. Sa beauté déjà incomparable était encore plus éclatante.

Après avoir mis sa robe préférée, elle se sourit dans le miroir et quitta l’appartement.

…Bien sûr, Mordret, qui regardait le monde à travers ses yeux, fit de même.

Comme c’est mignon.

Au lieu d’utiliser les transports en commun, ils convoquèrent un VTP coûteux et se rendirent dans un quartier encore plus luxueux et mieux défendu de la ville. Là, au cœur même de CSQN, se trouvait un vaste complexe qui ressemblait à un hybride entre une ambassade et une forteresse, suffisamment grand pour être considéré comme un quartier à part entière.

La femme sortit du VTP et s’approcha du poste de contrôle de sécurité. Là, un guerrier Éveillé portant des couleurs particulières — noir et vermillon — l’arrêta d’un geste poli.

Elle lui sourit.

“Bonjour. Je viens voir mon mari…”

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