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3666-chapitre-7

Chapitre 7 : La fille qui deviendra comtesse (1)

Traductrice : Moonkissed

Auteur : Seogwando

***

Ronan retourna la pochette. Quelque chose de bleu en sortit avec un bruit sourd, attirant l’attention des garçons.

« Cui… ?

– Hum, qu’est-ce que c’est ?

– Un oiseau ? »

C’était un oiseau. Un oiseau couvert de plumes bleues, à l’exception de son bec. Il était tout au plus un peu plus grand qu’un pigeon. L’oiseau bleu regarda lentement autour de lui, penchant la tête avec curiosité.

« Huh, quel genre d’oiseau est bleu ? C’est fascinant. »

Ronan ramassa prudemment l’oiseau. En dehors de ses plumes bleues, son apparence était assez inhabituelle.

Si on le comparait à un oiseau existant, il ressemblait à un corbeau, mais ses plumes étaient incroyablement luxuriantes.

« Cui cui… ?

– Mais pourquoi cet oiseau est-il si léthargique ? Tu ne peux pas voler ? »

L’oiseau restait docile sur la paume de Ronan. Même lorsqu’on le touchait, il s’affaissait sans énergie, ne montrant aucune réaction particulière. Aselle se racla la gorge en s’allongeant.

« Ronan, il y a quelque chose sur la patte de l’oiseau.

– Quoi ? »

Ronan retourna l’oiseau. Sur sa fine patte se trouvait un anneau d’argent avec une inscription. En y regardant de plus près, des mots étaient gravés sur la surface de l’anneau.

« Kal…ibo…rr…o ? »

Ronan lut lentement les mots à haute voix. Si sa mémoire était bonne, il s’agissait du nom de l’une des cinq principales organisations de contrebande du continent.

« Ces deux-là pourraient-ils être des contrebandiers de Kaliborro ? Mais ils avaient l’air trop… stupides pour cela. »

Ronan connaissait un peu la notoriété de Kaliborro. Il avait rencontré quelques recrues dans l’unité disciplinaire qui avaient été arrêtées pour contrebande.

Ils avaient parlé sans fin des créatures bizarres qu’ils avaient rencontrées et capturées, jusqu’à en perdre le sommeil.

« Dans ce cas, cet anneau… »

Il se souvint rapidement de l’identité de l’anneau. L’anneau de dompteur. Il s’agissait d’une sorte d’entrave créée pour maîtriser les créatures éthérées communément appelées espèces fantastiques. Il était censé perturber le mana des espèces fantastiques en les liant avec un métal spécialement traité.

« Tch. »

Ronan sortit une épée de sa taille. Tenant la lame au-dessus de l’anneau, il la frappa avec force. L’anneau de dompteur se fendit en deux et tomba au sol.

« Ces vauriens n’ont rien de mieux à faire que de tourmenter des créatures muettes.

– Cui ?! »

Grâce au contrôle précis de sa force, l’oiseau n’eut pas la moindre égratignure à la patte. Les pupilles de l’oiseau se dilatèrent. Les plumes qui étaient duveteuses il y a quelques instants commencèrent à se raidir.

« P-pourquoi cet oisillon agit-il comme ça tout d’un coup ? »

-Cui…

Les plumes ne se contentaient pas de se raidir, elles se transformaient au-delà du simple concept de rigidité. L’oiseau enfouit sa tête sous sa poitrine, recroquevillant son corps en une forme ronde.

En peu de temps, alors que les plumes se solidifiaient complètement, l’oiseau s’était transformé en un œuf sans équivoque.

« …Est-il mort ? »

Ronan tapa sur la coquille d’œuf comme s’il frappait à une porte. Cela produisit un son semblable à celui d’un objet métallique, mais il n’y eut aucune réponse.

C’est alors qu’une voix masculine profonde résonna dans les oreilles de Ronan.

[Bonjour, vous êtes là ? C’est vous qui protégez Marpez ?]

« Hé, vous m’avez surpris. Qui est-ce ? »

[Je m’excuse. Je suis le gardien original de Marpez. Je le cherche depuis qu’il a disparu hier matin.]

En écoutant plus attentivement, Ronan se rendit compte que la voix n’était pas dans ses oreilles, mais qu’elle résonnait dans son esprit. Il s’agissait d’une magie ancienne qu’il avait déjà expérimentée. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il remarqua une rune magique sophistiquée dessinée sur l’œuf.

À en juger par le contexte, il semblait s’agir d’un sort de connexion destiné à prévenir les pertes. L’anneau du dompteur avait-il empêché la magie de s’activer pendant tout ce temps ? Il se pencha plus près de l’œuf et parla.

« Marpez… Je ne sais pas vraiment ce que c’est, mais si vous parlez de l’oiseau bleu, alors oui.

– L’oiseau bleu ! Oui ! Oh, quel soulagement… ! Pouvez-vous me dire où vous l’avez trouvé ?

– Deux idiots s’enfuyaient avec l’oiseau dans un sac.

– Quoi ?!? »

Le propriétaire de la voix semblait très surpris et commença à poser diverses questions. Ronan expliqua la situation et comment il était venu secourir l’animal désorienté, en essayant d’être le plus concis possible.

[Je pensais qu’ils l’avaient juste laissé tomber quelque part. Je n’aurais jamais imaginé qu’il ait pu être volé… ! Je ne sais pas comment exprimer ma gratitude].

« Ne vous inquiétez pas. Au fait, l’oiseau s’est soudain transformé en œuf, ça va ?

– Oh, se transformer en œuf est l’une des capacités de Marpez. Normalement, il court rapidement, mais lorsqu’il est fatigué ou blessé, il se transforme en œuf pour se reposer. »

L’oiseau bleu s’appelait Marpez. Bien qu’il n’en ait pas l’air, il s’agissait d’une créature fantastique connue sous le nom d'”oiseau de rêve”, capable de divers talents au-delà de la simple transformation de ses plumes en œuf.

« Alors, pourquoi l’a-t-on perdu ?

– Eh bien, à l’origine, je faisais des recherches sur les créatures fantastiques à l’Institut… Je crois qu’on m’a volé alors que je passais du temps dans un village voisin. »

Marpez, ou quoique soit son nom, se transformait normalement en œuf durant son sommeil. Il avait déduit que l’incident s’est probablement produit à ce moment.

« J’étais sur le point de le signaler à la police de l’Institut… Je suis vraiment soulagé maintenant.

– Eh bien, oui. Quoi qu’il en soit, comment pouvons-nous ramener ce type ? Nous n’avons pas prévu de nous rendre à l’Institut de sitôt.

– Bien sûr, je vais devoir venir le récupérer moi-même. Si vous me dites où il se trouve, j’y serai d’ici deux jours.

– Hum… attendre deux jours signifie que nous devrons rester sur place. Si nous relâchons Marpez, pourra-t-il retrouver le chemin de la maison ?

– Hein ? Oh, oui. Enfin, pour l’instant… »

Ce drôle d’oiseau, heureusement, avait un fort instinct de retour. On disait que peu importe où il était laissé sur le continent, il retrouverait instinctivement le chemin de son nid.

Cependant, le problème était qu’une fois que l’oiseau s’était transformé en œuf, il lui fallait généralement trois ou quatre jours pour se rétablir complètement et sortir de l’œuf.

Après un moment de réflexion, Ronan prit la parole.

« Peut-être que si je l’asperge d’une potion, il sortira plus vite ?

– Oui ? Une potion ? Tu n’as pas besoin de te donner tant de mal…

– Vraiment ? Ce n’est pas nécessaire ?

– Les plumes de Marpez ont la capacité d’absorber des substances bénéfiques. Mais ce n’est pas nécessaire. Je vais juste… »

Ronan avait déjà sorti une bouteille de potion. C’était celle qu’il avait utilisée sur Asellel au petit matin. Il laissa tomber quelques gouttes de la potion sur la coquille d’œuf.

« Comme il est petit, ça devrait suffire. Je l’ai juste saupoudré, alors garde la porte de la cage ouverte.

– M-Monsieur ! Pourquoi avez-vous… !

– Ce n’est pas grand-chose, et le transporter pendant trois jours, c’est embêtant. »

L’idée que la potion était efficace était vraie. La coquille de l’œuf commença à se fissurer de façon inattendue, et un bec rouge foncé sortit par les interstices.

Il posa délicatement l’œuf transformé sur le sol. En quelques minutes, Marpez, ou quel que soit son nom, avait retrouvé sa forme d’oiseau.

Les plumes brillaient d’un éclat qui semblait bien plus sain que lorsqu’il avait été sorti de la poche. Ronan prit la parole.

« Rentre chez toi maintenant. »

-Cui cui ?

L’oiseau fixa son regard sur Ronan, clignant sans cesse ses yeux clairs. Comment savait-il qu’il s’était amélioré ? La voix pressante de tout à l’heure résonna à nouveau dans son esprit.

[Incroyable ! Vraiment, comment puis-je exprimer ma gratitude… ? Non, attendez, ce n’est pas possible. S’il vous plaît, arrachez-lui une plume. Il ne résistera pas car il sait que vous l’avez sauvé].

« Une plume ? »

Bien qu’hésitant, Ronan fit ce qu’on lui demandait. En effet, l’oiseau ne résista pas. Au contraire, il pencha même la tête pour offrir une partie particulièrement attirante des plumes de sa queue.

Les plumes rayonnaient d’une mystérieuse nuance de bleu qu’aucun artiste ne semblait pouvoir reproduire. Ronan pencha la tête. Pourquoi lui demandait-on d’arracher une plume ?

Whoosh !

À ce moment-là, une plume glissa de sa main. Telle une flèche, elle vola et retourna sans transition dans le corps de l’oiseau bleu, s’incrustant à sa place. Ronan marmonna d’incrédulité.

« …Quelle sorte de magie est-ce là ? »

[Tous les oiseaux de rêve ont la particularité de revenir à leur propriétaire. Si vous venez à l’Institut, apportez cette plume avec vous. Je veux vraiment vous rencontrer et vous montrer ma gratitude].

« Ce n’est pas grave. Je n’attends aucune récompense pour avoir sauvé un animal. »

La sincérité de Ronan était authentique. Bien qu’il soit toujours bon d’avoir de l’argent, il ne ressentait pas le besoin de le gagner en effectuant des tâches subalternes.

« Ne dites pas cela. Un bon cœur mérite d’être récompensé. Oh ! Je suis désolé de ne pas m’être présenté plus tôt. Je suis le professeur Varen Panacir, qui étudie les créatures fantastiques. Eh bien… j’attends avec impatience le jour où nous nous rencontrerons… anciennement… en anticipant… au revoir… »

Soudain, la voix fut coupée. Il semblait que la coquille d’œuf, gravée de runes magiques, s’était entièrement transformée en plumes. L’oiseau resta immobile jusqu’à ce que Ronan arrache à contrecœur l’une des plumes de sa queue.

-Cui cui cui !

« Whoa ?! Hé ! »

L’oiseau rugit soudain et bondit dans la rivière. Ronan, qui s’apprêtait à s’envoller, se figea sur place. Un spectacle incroyable s’offrait à lui.

« Bon sang, qu’est-ce que c’est ? »

L’oiseau sautait à la surface de l’eau au lieu de voler. Ignorant le fort courant, il courait rapidement avant de disparaître en un instant. Les deux garçons restèrent là, abasourdis, fixant la direction où l’oiseau avait disparu.

« …J’ai tout vu après avoir vécu si longtemps.

– Oui…

– Enfin, c’était quoi cette histoire de professeur ?

– Haa… Je n’ai rien entendu.

– Eh bien, ça n’a pas d’importance. »

Ils s’apprêtaient à se détourner. C’est alors que quelque chose attira l’attention de Ronan. Il y avait un objet rond à l’endroit où l’oiseau était assis.

« Qu’est-ce que c’est encore ? »

Ronan le ramassa. L’objet, de la taille d’un caillou, avait une forme oblongue, un peu comme un petit œuf.

« Un œuf ? Se pourrait-il qu’il l’ait pondu à l’instant ? »

Rien d’autre n’avait de sens. En effet, la surface de la sphère émettait de la chaleur, rappelant celle d’un œuf fraîchement pondu.

Cependant, Ronan n’était pas tout à fait sûr de pouvoir appeler cette chose un “œuf”. Alors qu’il l’examinait, Aselle prit la parole.

« Ça a l’air un peu… bizarre. »

Ronan était d’accord avec cette évaluation. Pour être honnête, “bizarre” était une façon polie de le dire. S’il ne s’était pas agi d’une sphère complète, il aurait pu la confondre avec du fumier et l’écarter d’un coup de pied.

La surface grossière ressemblait à de la boue collée dessus, et la couleur était vraiment d’un brun assorti.

« Bon sang, ce n’est pas vraiment du fumier, n’est-ce pas ? Aselle, goûte-le.

– Beurk, pas question. »

Heureusement, ça ne sentait pas mauvais. Après s’être demandé s’il devait s’en débarrasser pendant un moment, Ronan finit par mettre la sphère dans sa poche. Qu’il s’agisse d’excréments ou d’œufs, c’était un sous-produit de la créature fantastique. Il y aurait peut-être une chance de la vendre pour un bon prix plus tard.

« Je me demande si les marchands de Marves sont au courant. »

Ronan reprit sa rame. La plume d’un bleu éclatant qui ne cessait de bouger fut rangée dans son sac à dos. De toute façon, avec l’examen d’entrée qui approchait, il devrait bientôt se rendre à l’Institut, alors il prévoyait de passer chez le professeur Varen ou autre à ce moment-là.

Les garçons passèrent quatre jours à parcourir les villages et territoires voisins pour vendre leur butin. Bien qu’ils aient fait le tri entre ce qu’ils voulaient garder et ce qu’ils voulaient jeter, cela prit un certain temps en raison de la quantité importante qu’ils avaient collectée. Avec l’argent gagné, Ronan acheta deux solides mules.

« Détends ton corps ! Tiens les rênes avec légèreté ! Tu ne veux pas être traité comme un idiot qui ne sait même pas monter à cheval, n’est-ce pas ?

– Attends un peu ! L’équilibre est plus difficile à trouver que je ne le pensais… Ahh ! Ne me fouette pas avec les rênes ! »

Ronan en profita pour apprendre à Aselle à monter à cheval. Heureusement, Aselle apprit vite. Ronan aurait préféré acheter de vrais chevaux, mais il était difficile d’en trouver dans cette région.

Lorsqu’il leur resta environ cinq sacs, les garçons se rendirent à Marvas, une ville animée. Cette ville colorée, située en face du col de Lauraime, était une plaque tournante du commerce où les marchés se tenaient tous les jours sans exception.

« Deux pièces d’or.

– Quoi ? Regardez encore, même moi je peux voir que c’est un saphir.

– Hmm… trois pièces. C’est la dernière offre.

– Trois pièces, merde. Espèce de raton laveur avide. Allons-y, Aselle.

– Quoi ?! Hé ! Qu’est-ce que tu viens de dire ?! »

Les cinq sacs restants étaient remplis d’objets de valeur qu’ils n’avaient pas réussi à vendre ailleurs. Il leur fallut une journée entière pour trouver un marchand prêt à payer le bon prix.

Heureusement, un lieu appelé le Sommet de Carabel était l’un d’entre eux qui achetait la plupart des objets restants à un prix raisonnable.

« Eh bien… les objets sont en très bon état. L’artisanat est délicat… Que diriez-vous de vingt-deux pièces d’or ? »

Le chef du Sommet, Duon Carabel, proposa un prix plus de dix fois supérieur à celui que Ronan avait reçu plus tôt pour le même collier. Aselle parut étonné, et Ronan hocha la tête nonchalamment. C’était le juste prix du marché.

« Bien sûr. Vous êtes un homme avec une conscience.

– Héhé, la vie d’un marchand repose sur sa réputation, après tout. »

Duon achetait tout, des armes aux potions en passant par les objets artisanaux, sans discrimination. Ses employés, qui ressemblaient à des vendeurs, allaient et venaient entre les comptoirs et les chariots, déchargeant les articles. Duon remit une somme d’argent soigneusement emballée.

Ronan apprécia. Non seulement Duon proposait un prix correct, mais il ne demandait pas non plus l’origine des objets. Si l’occasion se présentait, Ronan pensait qu’il aimerait faire de nouveau affaire avec lui à l’avenir.

« Merci pour le commerce. Que la chance vous accompagne à l’avenir.

– Oh, au fait, pourriez-vous jeter un coup d’œil à ceci aussi ? »

Ronan fouilla dans sa poche, se rappelant soudain les événements d’il y a quelques jours. Il sortit l’objet bosselé qu’il avait rangé depuis ce jour.

« Pourquoi vous sortez du fumier de votre poche ?

– Ce n’est pas du fumier. C’est quelque chose qu’un oiseau a déposé et laissé. Devrais-je dire qu’il l’a “chié” et est “parti” ?

– Un oiseau ? Cette chose ? »

Duon accepta prudemment la sphère. Portant un dispositif semblable à des lunettes, il examina attentivement l’objet.

Ce que Ronan pensait être une évaluation rapide prit près d’une heure. Duon releva la tête avec un sourire.

« C’est… assez étrange. »

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