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3657-chapitre-2

Chapitre 2 : Un récit sombre (2)

Traductrice : Moonkissed

Auteur : Seogwando

***

Adeshan d’Arkalucia.

Grand général impérial régnant sur une armée d’un million d’hommes et duc d’Arkalucia.

Un héros qui avait sauvé d’innombrables vies par son action rapide lors de l’assaut des géants.

Mais maintenant, sous les yeux de Ronan, elle disparaissait, déchirée comme le jouet d’un chien.

****

« Grand Général Adeshan. »

Ronan fronça les sourcils. L’état d’Adeshan était insupportable.

Son uniforme taché de cramoisi était déchiré et en lambeaux, perdant sa capacité à couvrir son corps. Son bras, déchiré, suintait encore le sang.

« Ronan… un caporal, c’est ça ? »

Adeshan s’efforça de soulever le haut de son corps en s’appuyant sur le mur. Ses yeux gris, semblables à des cendres, se fixèrent sur Ronan.

« Par hasard, quelle est la raison de tout cela ?

– Attends, laisse-moi te le demander d’abord. »

Après plusieurs respirations profondes, Adeshan prit la parole.

« Ahaiyute… ?

– Je l’ai tué.

– Tu es sûr ?

– Il y a son corps non loin d’ici.

– …C’est vrai ? »

Adeshan tordit ses lèvres. Une larme roula sur sa joue sale. Fixant le ciel, elle marmonna d’une voix faible.

« Il est mort. »

Grimaçant en forçant ses jambes à la soutenir, Adeshan se leva. Ronan se précipita vers elle et la soutint.

« Merci.

– C’était quelque chose qu’il fallait faire.

– Je n’ai… plus de regrets. Tu es le Héros. Celui qui a sauvé le monde, le vrai héros.

– Putain, héros ou autre, commençons par arrêter l’hémorragie. Vos blessures sont profondes. »

Ronan poussa un juron en apercevant les blessures de son bras. Sous la chair déchirée, des os blancs apparaissaient. Saisissant tendrement les épaules de la jeune femme, Ronan la plaqua à nouveau contre le mur.

« Je suis foutu. Il n’y a plus d’espoir.

– Quoi ? Vous m’avez appelé par mon prénom, en demandant de l’aide.

– Je voulais seulement connaître le sort du monstre. Comme je l’ai dit, je n’ai plus d’espoir.

– Pourtant, nous devons faire de notre mieux. »

Ronan enleva sa chemise. Son corps bien entraîné était couvert de cicatrices, semblables à celles d’une bête sauvage. Il commença à déchirer la chemise en lanières, dans l’intention de les utiliser comme bandages de fortune.

« Tu es bien têtu.

– Je vous le dis d’avance, ça va faire très mal. Vous allez peut-être crier ou même vous évanouir.

– Ce n’est pas grave. Si tu dois le faire, fais-le vite.

– C’est compris. »

À l’aide du tissu déchiré, Ronan attacha fermement les zones qui avaient besoin d’être renforcées. Chaque fois que le tissu se resserrait, le sang s’accumulait et suintait des blessures.

****

« Je me sens un peu mieux. Les vertiges sont moins intenses qu’avant.

– C’est un soulagement. »

Ils étaient tous les deux assis côte à côte sur un rocher. Les bandages enroulés autour du corps d’Adeshan semblaient avoir amélioré son teint par rapport à tout à l’heure.

« Je n’aurais jamais cru que vous ne pousseriez pas un cri.

– Je ne suis pas monté au rang de Grand Général seulement grâce à mon apparence.

– …On dirait que vous avez plus de sens de l’humour que je ne le pensais. »

Ronan pencha la tête comme s’il était épuisé. Était-ce parce qu’elle était une humaine ayant éveillée son aura ? Sa vitesse de récupération était inhabituellement rapide.

« Mais… il semblerait que ce soit toi qui doive être soigné, pas moi. »

Ronan était assis là, vêtu seulement de son pantalon. Contrairement à Adeshan, son teint se dégradait avec le temps. Le regardant cracher du sang comme s’il crachait de la salive, Adeshan fit claquer sa langue.

« Tsk, à ce rythme, je vais seulement avoir un camarade de plus sur le chemin de l’au-delà.

– Le Grand Général pourrait encore survivre si l’équipe de secours arrive à temps.

– Ce n’est pas la même chose pour toi ?

– Non, je n’y arriverai pas.

– Qu’est-ce qui te permet d’en arriver à cette conclusion ?

– Eh bien, quand j’ai entendu la voix du général et que je me suis levé, je l’ai senti. Je vais mourir. »

Un sourire se dessina sur les lèvres de Ronan en disant cela. Perplexe, Adeshan demanda.

« Alors, pourquoi souris-tu alors que tu dis que tu vas bientôt mourir ?

– Eh bien… j’allais à l’origine mourir en vain… »

Ronan baissa le regard vers sa taille. Il ne pouvait plus voir l’épée qu’il n’avait jamais enlevée depuis qu’il avait quitté sa ville natale. On aurait dit que le fourreau avait été retiré en même temps que l’épée lorsqu’il avait chargé. C’était un peu vide, mais il ne ressentait pas d’émotions plus fortes que cela.

« Au moins, c’est une bonne chose de pouvoir mourir comme ça ? Avoir perdu mon épée ne m’ennuie même pas.

– Tu es une personne bien étrange. »

Tous deux échangèrent diverses histoires. Adeshan avait une façon de penser beaucoup plus souple qu’il ne l’avait imaginé. Ronan fut surpris d’apprendre qu’elle était, comme lui, issue d’un milieu roturier.

« Si tu devais survivre et revenir, y a-t-il quelque chose que tu aimerais faire ?

– Je vais mourir.

– J’ai dit « si ».

– Eh bien… je veux aller voir la mer avec les Chevaliers des Cent Roses. Complètement nus.

– C’est un beau rêve. Autre chose ?

– Eh bien… j’aimerais aller à l’Académie.

– L’Académie des Chevaliers ?

– N’importe où. Je veux apprendre l’Aura, utiliser la magie pour une fois…

– Alors les rumeurs comme quoi tu n’avais pas réussi à éveiller l’aura étaient vraies ? Alors comment avez-vous réussi à vaincre Ahaiyute ?

– Il s’est collé à moi, alors je lui ai coupé les ailes. Après ça, il n’y a rien eu de spécial. Dévier ses attaques, esquiver et attaquer quand il y a une ouverture.

– Si l’Épée Sainte avait appris ça, il aurait fulminé et se serait évanoui. Tu devrais t’excuser auprès de tous les guerriers qui travaillent dur.

– Au fait, Général.

– Ah oui ?

– Nos camarades, même s’ils étaient grossiers, étaient tout de même des individus honnêtes.

– Pourquoi dis-tu ça tout d’un coup ?

– Pourriez-vous utiliser votre autorité de Grand Général pour vous occuper des corps ? Le règlement stipule que les corps des membres d’unités disciplinaires tombés au combat sont soit laissés tels quels, soit ramassés et brûlés, mais cette fois, sans ces salauds, nous n’aurions probablement pas gagné.

– Caporal.

– S’il vous plaît. Ce serait encore mieux si nous pouvions ériger une sorte de monument commémoratif. »

Les pupilles de Ronan brillaient d’une teinte cramoisie particulière, comme au crépuscule. Après l’avoir contemplé un moment, Adeshan acquiesça tardivement.

« Merci, Grand Général.

– Hmm, maintenant que j’ai fais une telle promesse, je vais devoir trouver un moyen de survivre d’une manière ou d’une autre.

– Vous… devriez survivre… ne serait-ce que par égard pour… ceux qui sont morts… Toux… »

Soudain, du sang jaillit de la bouche de Ronan. Ce n’était manifestement pas une quantité normale. La confusion apparut pour la première fois sur le visage d’Adeshan.

« Hé, reste avec moi.

– L’équipe de secours… devrait être là… d’ici demain… en attendant…

– Caporal, lève-toi. »

Même en lui poussant la jambe, il n’avait pas réagi.

« Vous devez rentrer et participer à la cérémonie de remise de prix selon le système. »

Elle regarda le profil de Ronan. Le bruit de ses dents s’entrechoquant était audible entre ses lèvres entrouvertes. Ses longs cils sombres tremblaient comme des bougies dans le vent.

« …Bon sang. »

Adeshan tourna la tête. Du sang coulait de ses lèvres mordillées. Elle ne pouvait supporter de voir Ronan mourir. Elle pensait être devenue suffisamment insensible après avoir traversé trois vies, mais il semblait que des traces d’émotions humaines subsistaient encore.

——

« Général… »

À ce moment-là, une voix vague sortit de la bouche de Ronan. Adeshan prit la parole avec surprise.

« Caporal, tu es vivant.

– Le bruit de la pluie… s’est arrêté.

– Hmm ? »

Adeshan ferma la bouche et écouta attentivement. Le tambourinage constant qui résonnait sans cesse contre le plafond avait disparu. Des faisceaux de lumière passaient à travers les interstices des rochers, donnant une teinte rougeâtre à l’ensemble.

« Oui, on dirait que la pluie s’est arrêtée.

– C’est… étrange.

– Qu’entends-tu par étrange ? Qu’est-ce qu’il y a… »

Boum !

Soudain, un bruit de tonnerre, comme si la terre et le ciel tremblaient, retentit. D’intenses rayons de lumière s’abattirent sur eux deux.

« Quoi ? »

Adeshan leva d’urgence la tête. Les rochers qui servaient de plafond avaient disparu, révélant le ciel du soir embrasé de couleurs flamboyantes. Son expression se déforma tandis que son regard atteignait le ciel. Une scène incroyable se déroulait devant elle.

« Pas possible… »

D’innombrables géants descendaient du ciel enflammé. Ils balayaient les nuages et arrêtaient la pluie avec leurs ailes puissantes. Leurs battements créaient une tempête qui agitait les environs. Ses cheveux flottaient comme des flammes dans le vent.

« Les trois géants n’étaient pas la fin de l’histoire ? »

Elle regarda les géants qui descendaient avec une expression impuissante. Parmi eux se trouvaient des géants dotés de six ou même huit ailes. Ils semblaient plus forts qu’Ahayute à première vue.

« Vais-je échouer cette fois-ci… aussi ? »

Un géant descendant directement au-dessus d’eux balança son bras. Une lance de lumière fusa directement vers Adeshan. Elle ferma les yeux avec résignation. Elle ne pouvait pas l’esquiver, et elle ne le voulait pas.

Puis, une ombre passa devant elle.

Swoosh !

Dans un bruit sec, la lance de lumière fut coupée en deux.

Adeshan ouvrit les yeux. Ronan se tenait devant elle, tenant fermement son épée dans sa main tremblante.

« Caporal.

– Connaissez-vous la télékinésie ou la magie du vent… ? N’importe quoi… qui puisse me soulever…

– La télékinésie ?

– Bon sang ! Mon épée ne peut pas les atteindre d’ici ! »

À chaque respiration difficile de Ronan, une odeur âcre de sang emplissait l’air. Il était évident pour tout le monde qu’il avait largement dépassé ses limites.

Pourtant, il envisageait encore de donner un coup d’épée aux géants qui descendaient vers eux.

Mon épée ne peut pas les atteindre d’ici. Ces mots ramenèrent Adeshan à la raison. Elle se propulsa vers Ronan, jetant son corps contre le sien. Derrière eux, une pente abrupte les attendait.

Crash !

Tous deux dévalèrent la pente, entrelacés. Lorsqu’ils atteignirent enfin le sol plat, Adeshan se retrouva à califourchon sur le torse de Ronan.

Ronan, troublé, cria,

« Qu’est-ce que vous faites ? Lâchez-moi ! Tout de suite… ugh ! »

Les pupilles de Ronan se contractèrent. Les lèvres d’Adeshan couvraient les siennes, et ses cheveux lâchés lui chatouillaient le nez et les yeux.

Un objet froid, semblable à une perle, s’écoula dans la bouche de Ronan en même temps que sa salive. Son goût métallique inconnu se mêlait à l’amertume. Adeshan utilisa sa langue pour pousser la perle à l’intérieur, puis retira ses lèvres.

« Avale. »

Ronan réussit à le faire, stupéfait. Il sentit la perle descendre dans sa gorge. Dans le ciel, des dizaines de géants formaient une formation circulaire, s’apprêtant à lancer leurs lances. Adeshan appuya son front contre celui de Ronan et parla.

« Ce que tu viens d’avaler est une bille qui renverse le temps. C’est le secret qui m’a permis, à moi qui n’étais que la fille d’un laïc, de devenir Grand Général. J’ai vécu trois vies en l’utilisant. Elle peut remonter le temps quatre fois au total, et je l’ai déjà utilisée trois fois, sauf une.

– Tu peux deviner la raison sans que je le dise, n’est-ce pas ? »

Adeshan fit un geste vers le ciel. La lumière autour d’eux se rassemblait en forme de lances dans les mains des géants.

« J’ai décidé de compter sur toi. Tes capacités de combat particulières, que même moi, qui ai vécu trois vies, n’ai pas pu comprendre, je pense qu’elles détiennent la clé pour éviter la fin. Si tu veux apprendre, va à l’académie de Philleon. C’est un endroit où les talents extraordinaires se rassemblent, donc ça ne peut qu’être utile.

– Qu’est-ce que vous racontez encore !

– C’est ce que tu penses. J’ai d’abord pensé la même chose… »

Alors qu’Adeshan terminait sa phrase, un déluge de pluie tomba soudainement du ciel. Les lances existaient en quantité équivalente au nombre de géants. Même avec leurs ailes, il semblait impossible de les éviter.

« Au fait, si… Nous nous rencontrons à nouveau, peux-tu me dire de ne rien faire de stupide et de juste devenir tailleur ?

– Adeshan ! »

Sa vision devint blanche. Leurs yeux se rencontrèrent une dernière fois. La dernière image qu’il vit d’elle était celle d’une femme à l’expression étrange, ni souriante, ni en pleurs.

« J’ai essayé tout ce qui était possible, mais rien ne semble fonctionner. »

La lance volante les transperça tous les deux simultanément.

***

« Huh ! »

Ronan se leva comme s’il était propulsé par un ressort. Il reprit son souffle et regarda frénétiquement sa poitrine, mais il n’y avait pas de trou.

« O-où… ? »

Il scruta son environnement, reprenant son souffle. Le champ de bataille cauchemardesque avait disparu, remplacé par une colline herbeuse qui sentait les prés. À côté de lui se trouvait un long bâton, du type de ceux utilisés pour garder les moutons.

En contrebas de la colline, un petit village se dressait. Des enfants jouaient sur des radeaux de fortune dans la rivière qui serpentait le long du village.

Il ne fallut pas longtemps pour que les souvenirs reviennent. Ronan chanta le nom de sa ville natale comme s’il appelait un défunt.

« Nimbuten. »

Il avait l’impression de se réveiller d’un long rêve. Ronan tendit la main et toucha ses lèvres. La sensation du baiser inattendu était encore très présente. Les mots d’Adeshan à propos du trésor inversant le temps résonnèrent dans son esprit.

« Suis-je vraiment retourné dans le… passé ? »

Il se tâta le corps de tous les côtés. C’était encore le physique d’un jeune garçon. Ronan se pinça la cuisse, tournoya dans les airs, et ce n’est qu’après tout cela qu’il réalisa que la situation actuelle n’était pas un rêve.

« Je suis vraiment revenu. »

Les souvenirs le submergèrent comme un déluge. La nourriture qu’il avait mangée, les chansons qu’il aimait, le ciel étoilé qu’il avait regardé pendant ses voyages, et les gens qu’il avait perdus à jamais. Et puis…

« Ma sœur. »

Soudain, le visage d’une personne remonta à la surface de sa conscience. Le fait qu’il soit retourné dans le passé signifiait également qu’elle était toujours en vie. Sa seule famille. Sa douce sœur qui était morte sans avoir pu rencontrer son petit frère fugueur, et qui avait fini par perdre la vie aux mains des géants.

« Sœur… Iril. »

En prononçant son nom sous sa respiration, Ronan agrippa le bâton. Ses pas, qui s’étaient d’abord accélérés, se transformèrent bientôt en un véritable sprint. Peu de temps après, la maison de son enfance apparut.

Mais alors qu’il était sur le point de descendre la colline, un bruit agaçant l’arrêta.

« Amène l’argent à temps !

– Je suis désolé ! J’ai fais une erreur ! »

Au sommet d’une colline voisine, des garçons qui semblaient avoir l’âge de Ronan entouraient un enfant qui n’avait pas l’air d’avoir dix ans. Ils le piétinaient et se moquaient de lui. Parmi les visages narquois, il y en avait quelques-uns que Ronan reconnaissait.

« Hmm ? Ce type ? »

L’un d’entre eux lui semblait étrangement familier. C’était un garçon aux cheveux d’un rouge éclatant, et sa petite taille le mettait encore plus en valeur. Son nom était-il Aselle ou quelque chose comme ça ? Ronan se frotta le menton et tenta de se remémorer des souvenirs.

« N’était-il pas… un magicien ? »

Alors que Ronan réfléchissait, il fit demi-tour. Même si ce n’était pas pour Aselle, il n’aimait pas voir des enfants intimider d’autres enfants. Il ramassa un bâton et le balança expérimentalement, ce qui produisit un son satisfaisant.

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