Chapitre 965 – Nouveau Plan

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Les nouvelles apportées du Royaume des Rêves par la petite équipe de Sunny étaient à la fois inquiétantes et sinistres. Il y avait une multitude de mises à jour sur l’état des affaires en Antarctique, mais tout cela était éclipsé par un simple fait.

Le Commandement de l’Armée ne semblait pas savoir qu’Erebus Field avait été rayé de la carte. Ils savaient qu’il s’était passé quelque chose, mais ce furent les membres de sa cohorte qui apportèrent au Royaume des Rêves le récit de première main de la dévastation, ce qui provoqua une réaction intense.

Cela n’augurait rien de bon pour Sunny. Soit la capitale de siège avait été détruite très récemment, soit la Première Armée était en bien plus mauvais état qu’il ne le pensait. Quoi qu’il en soit, la situation signifiait que la validité de toutes les informations reçues du Commandement de l’Armée devait être prise avec un grain de sel à partir de maintenant. Les choses évoluaient trop vite pour que leur réseau de communication compromis puisse suivre.

Et c’est tant mieux. Il avait déjà décidé de se rendre à Falcon Scott, en contournant les capitales de siège les moins vulnérables. C’était leur destination finale, quoi qu’il en soit, c’était clair.

La situation de l’Antarctique de l’Est ne semblait pas aussi désastreuse que celle du Centre de l’Antarctique, qui disposait de beaucoup moins de soldats et de ressources en raison d’un territoire et d’une population plus petits, mais qui était frappé par la Chaîne des Cauchemars beaucoup plus durement, pour une raison ou une autre !

En conséquence, le plan précédent fut abandonné et remplacé à la hâte par un nouveau. Les convois navals qui arrivaient allaient être redirigés de manière à commencer à transporter la population civile et le contingent militaire au-delà du détroit, vers la masse continentale de l’est, plus vaste et mieux protégée. Falcon Scott deviendrait le point de départ de ce transfert, ainsi que le dernier bastion de l’humanité dans la région.

La Première Armée allait abandonner complètement le Centre de l’Antarctique.

Il était donc inutile de chercher à s’abriter dans une autre capitale de siège, même si certaines d’entre elles pouvaient encore tenir le coup. De toute façon, toutes les divisions allaient finir par se replier sur Falcon Scott, emportant les civils avec elles.

Sunny soupira.

On dirait que le plan est en place.

Un plan qui pouvait très bien se solder par un désastre, mais un plan solide, néanmoins. Le Commandement de l’Armée n’était pas totalement désemparé… après tout, Maître Jet devait être au courant de l’existence d’Erebus Field pour envoyer sa corneille à sa poursuite, alors ce n’était pas comme si tout le commandement était compromis. C’était juste qu’il y avait des lacunes dans le flux d’informations entre le quartier général et les personnes sur la ligne de front, ce qui était préjudiciable, mais inévitable tant que la Bête Hivernale vivrait encore.

Même si cela faisait mal à Sunny de l’admettre, tout le monde faisait de son mieux dans une situation terrible. Il n’y avait personne à blâmer. C’était juste qu’il avait la malchance de se trouver à l’extrémité la plus terrible du spectre de la terreur, en ce qui concerne les circonstances.

…Merde.

Secouant la tête, il grimpa sur le toit du Rhino et observa silencieusement l’activité qui régnait à l’intérieur de la station de réapprovisionnement. Tout le monde était occupé. Même les réfugiés aidaient à charger les véhicules que le Sergent Gere avait choisi de réquisitionner.

Le corbeau quitta son perchoir sous le plafond et se posa près de lui, se blottissant contre lui pour regarder les humains ensemble. Sunny jeta un regard incrédule à l’oiseau noir.

« Qu’en penses-tu ? Est-ce qu’on va s’en sortir ? »

Le petit monstre le regarda d’un air confus et poussa quelques croassements.

Sunny se moqua.

« C’est clair. Tu n’es qu’un Écho. Oh… comment dois-je t’appeler, d’ailleurs ? »

L’oiseau pencha la tête.

Crro ! Crro !

Sunny sourit.

« Tu t’appelles Crow Crow ? Huh… eh bien, je vais t’appeler Crow, si ça ne te dérange pas. »

L’oiseau le fixa quelques instants, puis croassa et s’envola.

Secouant la tête, Sunny changea de perception et se concentra sur la vue de l’extérieur. L’une de ses ombres restait là pour surveiller les abords du dépôt, cachée dans l’obscurité.

La cendre tombait toujours du ciel, obscurcissant les étoiles et les flammes cramoisies de l’aurore. De la suie noire entachait la surface blanche de la neige, la transformant en une boue grise et sale. Les silhouettes des montagnes voisines se dessinaient dans la lueur rouge qui émanait de la mer de lave, donnant à l’ensemble du paysage une allure sinistre et infernale.

…Ce continent est vraiment trop bizarre. C’est comme si je n’avais jamais quitté le Royaume des Rêves.

Alors que Sunny pensait cela, un léger mouvement attira son attention. Au loin, un flot de lumière apparut, puis une rivière entière surgit de derrière les pentes froides. Le flux de lumière descendait la route montagneuse, se dirigeant directement vers l’entrée du dépôt de ravitaillement.

Son visage s’assombrit.

Ah, pas encore…

Là-bas, dans le désert de cendres, un grand nombre de véhicules endommagés roulaient sur la route, escortés par des dizaines de soldats échevelés. Certains étaient à pied, d’autres se déplaçaient à l’aide d’exosquelettes motorisés et visaient les ténèbres avec leurs armes de gros calibre. Les expressions hantées, les yeux sans lumière, les visages des réfugiés effrayés derrière les fenêtres fissurées des transports de fortune… tout cela était trop familier.

Sunny ferma les yeux un instant.

Ce sont donc les survivants d’Erebus Field.

Avec un soupir exaspéré, il secoua la tête, puis sauta du toit du Rhino.

À l’extérieur du dépôt souterrain, de nombreux véhicules s’étaient arrêtés. Les soldats couraient pour prendre des positions défensives, et leurs chefs aboyaient des ordres pour les faire avancer plus vite.

Devant les portes blindées verrouillées, plusieurs personnes se tenaient debout, le visage fatigué. L’une d’entre elles, une femme Éveillée vêtue d’une robe en lambeaux, poussait des jurons en posant la main sur le panneau de sécurité, encore et encore.

La voix mécanique ne se laissait pas distraire.

« Lieu… lieu… lieutenante Carin. Vérifié. Habilitation insuffisante. Accès refusé. »

« Bon sang ! »

La femme abattit son poing sur le panneau, puis jeta un coup d’œil à l’un des autres officiers près d’elle. Après quelques secondes de silence, elle demanda :

« Vous pensez que l’un d’entre vous peut le pirater ? Ou va-t-on devoir faire sauter cette maudite porte ? »

Après un bref moment d’hésitation, celui-ci ouvrit la bouche pour dire quelque chose.

Avant qu’il ne puisse le faire, il y eut un bourdonnement réverbéré, et les portes anti-explosion glissèrent soudainement sur les côtés, révélant l’entrée d’un tunnel sombre… et un jeune homme très pâle, à l’air très inquiétant, vêtu de noir, qui se tenait là avec une expression étrange et sinistrement calme sur le visage.

« En fait, j’apprécierais que vous n’essayiez pas de faire exploser ma porte. »

La femme Éveillée recula d’un bond et tendit une main pour invoquer une arme.

« Qu’est-ce que vous êtes ?! »

Le jeune homme pâle pencha légèrement la tête et la fixa de ses yeux froids et sombres.

« …Maître Sunless, Première Compagnie Irrégulière. »

Sur ces mots, il regarda les officiers et les véhicules qui se trouvaient derrière eux. Soudain, le visage du jeune homme s’anima.

La femme Éveillée poussa un soupir de soulagement.

« Oh, vous êtes humain… attendez. Maître ? »

Jetant un coup d’œil vers elle, le jeune homme sourit soudain.

« Dites, vous n’auriez pas quelques pilotes de MRW dans votre convoi, par hasard ? »