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Chapitre 914 – Aller de l’Avant

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Finalement, ils restèrent trois jours dans le bunker désaffecté. Les véhicules du convoi s’étaient avérés être en plus mauvais état que Sunny ne l’avait pensé. Kim et Samara durent donc travailler d’arrache-pied pour les remettre en état avec l’aide de Quentin. Les réparations qu’elles effectuèrent n’étaient pas belles à voir, mais au moins les transports n’allaient pas s’effondrer sur la route, bloquant des dizaines de réfugiés et stoppant net le convoi.

Dans le froid glacial de la nuit polaire, s’arrêter signifiait la mort. Et c’était sans compter les nuées de Créatures du Cauchemar qui rôdaient dans l’obscurité… le monde lui-même était plus qu’heureux de les tuer.

Tout au long de ces quelques jours, Sunny continua à surveiller les environs et à mettre à jour sa carte avec diligence. Les quatre ombres passaient beaucoup de temps à escalader les montagnes ou à se cacher sur leurs sommets glacés. Il savait pertinemment que les ombres ne connaissaient pas le froid… et pourtant, Sunny ne pouvait se défaire de l’impression que les regards qu’elles lui lançaient de temps à autre étaient moins amicaux que d’habitude.

Faites ce qu’on vous dit et ne vous plaignez pas, bande de salauds.

Lui-même n’était pas très aimable.

Les jours passés dans le bunker étaient étrangement sans histoire. Il n’y avait pas encore de grandes hordes de Créatures du Cauchemar à proximité, et les petits essaims qui passaient n’étaient pas assez puissants pour représenter une menace sérieuse. S’ils attaquaient, les abominations auraient du mal à prendre d’assaut le complexe souterrain — ses capacités défensives, que Sunny et sa cohorte avaient bravées en éliminant les monstres serpents, étaient maintenant de leur côté.

Personne n’arriverait facilement à atteindre les civils.

…Sauf s’ils étaient capables de se frayer un chemin à travers le sol, bien sûr, comme le monstrueux lieutenant de la ruche de pierre qui avait failli ensevelir Sunny sous la roche. Si c’était le cas, le bunker ne serait rien d’autre qu’un buffet gratuit pour une telle Créature du Cauchemar.

Après y avoir réfléchi, Sunny ordonna à Luster de rester dans le Rhino et de surveiller les capteurs sismiques comme si sa vie en dépendait.

Mais aucune abomination dangereuse n’apparut.

Lorsque Sunny fut libre, il patrouilla silencieusement dans le bunker, étudiant les réfugiés. Ces gens lui semblaient étranges. Après avoir perdu leur maison, leurs proches et s’être vu arracher des mains — à deux reprises — le salut promis, il se serait attendu à ce que nombre d’entre eux craquent. Et certains le firent… mais très peu.

Pour la plupart, la vie continuait simplement. Surtout les enfants. La dernière chose que Sunny s’attendait à entendre dans les couloirs lugubres du bunker abandonné était le son des rires, mais pourtant, il était bien là. Des enfants s’amusaient, sous la surveillance de personnes âgées. Ils couraient, se faisaient des amis et inventaient divers jeux pour chasser l’ennui.

L’un d’eux eut même le culot de le percuter de plein fouet alors qu’il courait après ses camarades de jeu. Le garçon poussa un glapissement de surprise, puis leva des yeux écarquillés et marmonna :

“Euh… désolé, Tonton Éveillé…”

Ce disant, il se frotta le front et s’éloigna en ricanant.

Sunny cligna des yeux plusieurs fois.

…Tonton ? Tonton ?! Quel… quel culot !

Qui appelait-il tonton ?!

…Les enfants se portaient bien, mais même les adultes, accablés par le fardeau du savoir, affichaient de temps à autre de pâles sourires.

Ils étaient au chaud, avaient de l’eau et de la nourriture, ainsi qu’un abri temporaire mais sûr. C’était tout ce qu’il fallait pour que l’esprit humain tienne bon, semblait-il.

Peut-être que Sunny avait également quelque chose à voir avec leur état d’esprit. Les réfugiés décidèrent de faire confiance à la compétence du Maître qui avait pris en charge leur survie. Ils remirent leur destin entre ses mains et, libérés de leur fardeau, trouvèrent assez de force pour croire en l’avenir, même si ce n’est qu’un peu.

Étrange. Si étrange. Je ne confierais jamais ma vie à quelqu’un…

À la fin du troisième jour, Sunny donna l’ordre de se préparer à un départ immédiat. Cette décision fut accueillie avec beaucoup d’agitation, tant de la part des civils que des militaires. Même ses propres hommes prirent la parole.

“Monsieur… si je peux me permettre.”

Samara fit un geste vers les véhicules délabrés, une légère inquiétude apparaissant sur son visage habituellement nonchalant.

“Nous avons fait beaucoup, mais je ne suis pas sûr que nos réparations tiennent le coup. Si vous nous donnez deux jours de plus… peut-être même un… nous pourrons faire beaucoup plus.”

Beth et le Sergent Gere étaient également favorables à un report du départ de quelques jours.

“Les gens commencent à peine à reprendre leurs esprits. Quelques jours de repos supplémentaires feront des merveilles pour leur humeur et leur santé. Nous avons beaucoup de personnes âgées ici, vous savez ? Ils ont besoin de soins…”

Mais Sunny n’en démordait pas. Il secoua simplement la tête.

“Vous ne comprenez pas. Nous devons partir maintenant. Une énorme horde de Créatures du Cauchemar arrive par l’est, et une autre par le nord. Si nous partons maintenant, nous aurons une chance de leur échapper avant qu’elles n’arrivent. Sinon, nous nous noierons dans les abominations. Vous pensez vraiment qu’ils ne nous trouveront pas sous terre, ou que sept Éveillés et demi peuvent les arrêter ? Réveillez-vous et commencez à charger les gens dans les transports. C’est un ordre.”

Personne ne pouvait contester son autorité, et personne n’avait de raison de le faire. Bien que difficiles à accepter, ses paroles étaient vraies… ce qui était prévisible, étant donné que Sunny ne pouvait pas mentir. Il aurait aimé mentir et manipuler ces gens, mais malheureusement, il ne pouvait les manipuler qu’en leur disant la vérité.

Bizarrement, il commençait à se faire une réputation de chef rude, mais juste.

Qui pourrait être plus fiable que le Diable, après tout ?

Après trois jours de repos pour les uns, et de travail harassant pour préparer le convoi au voyage pour les autres, la petite flotte de véhicules quitta enfin le hangar de l’ancien bunker.

Le blizzard n’étant pas encore revenu, leur position fut instantanément révélée à tous ceux qui se donnaient la peine de regarder. Coupant l’obscurité par des faisceaux de lumière vive et déchirant le silence par le grondement de puissants moteurs, le convoi se dirigea vers le nord.

Leur long voyage commença.

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