Chapitre 856 – Paysage Extraterrestre

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

La Première Armée d’Évacuation était accompagnée de trois Saints. L’un était loyal au gouvernement, tandis que les deux autres… étaient envoyés par les grands clans.

Officieusement, Valor et Song avaient refusé de participer à la campagne du Quadrant Sud. Officiellement, ils devaient toutefois sauver les apparences. C’est pourquoi chacun avait fourni une force symbolique pour soutenir l’effort d’évacuation, et les deux Saints en question étaient en charge de ces forces.

Sunny ne savait pas qui étaient ces Transcendants. Tout ce qu’il savait, c’est que le gouvernement avait sagement choisi de les séparer, en envoyant l’un dans la partie Est de l’Antarctique, tandis que l’autre s’était retrouvé dans le Centre.

Et maintenant, apparemment, ce dernier venait aider les Irréguliers à vaincre une puissante abomination Corrompue. Il ne savait pas trop ce qu’il devait en penser.

D’un côté, l’aide d’un Saint était plus que bienvenue. D’autre part, l’une des raisons pour lesquelles il avait décidé de participer à la campagne en Antarctique était de s’éloigner des grands clans et de leurs machinations.

Maintenant, il semblait qu’il ne pouvait pas éviter d’entrer en contact avec les Souverains et leurs forces.

Au diable tout ça…

Avec un soupir, Sunny envoya à Luster les coordonnées du point de rendez-vous et se dirigea vers la cabine de pilotage.

« Nous avons de nouveaux ordres. Nous devons nous rendre à cet endroit le plus vite possible. »

Le jeune homme bâilla, étudia un peu les coordonnées, puis hocha la tête.

« Oui, monsieur. »

Il s’attarda un instant.

« Euh… au fait, qu’est-ce qu’il y a là-bas ? »

Sunny haussa les épaules d’un air nonchalant.

« Un Tyran Corrompu ? Quelque chose comme ça. »

Luster pâlit, le fixa avec de grands yeux, et devint soudainement très silencieux.

Le Rhino quitta la formation de la division et accéléra, dépassant rapidement les véhicules plus lents. Il prit ensuite un virage serré, quitta complètement la grande route et s’engagea sur un terrain accidenté. Ses roues massives roulèrent facilement dans la boue et les rochers.

Grâce au système de suspension de haute technologie, les membres de la cohorte ne ressentaient pratiquement aucune perturbation.

Au cours des heures qui suivirent, le véhicule blindé traversa à vive allure les étendues sauvages du Centre de l’Antarctique. De puissants projecteurs installés sur le toit du Rhino inondaient le paysage devant lui d’une lumière crue, coupant la pénombre par de larges faisceaux. Divers capteurs fournissaient à Luster des informations supplémentaires pour mieux diriger le transporteur lourd.

Le Centre de l’Antarctique… était très différent des étendues sauvages de l’Asie que Sunny avait vues pendant son bref voyage en train. Elle était tout aussi dépourvue de vie, mais d’une manière différente. Il y avait moins de traces des guerres et des catastrophes passées, mais en même temps, la terre semblait encore plus désolée.

Elle était aussi beaucoup plus accidentée et montagneuse. En fait, la majeure partie de la masse continentale était recouverte par une vaste chaîne de montagnes. De ce fait, l’horizon était obscurci la plupart du temps, et il était difficile de repérer les menaces qui s’approchaient. De plus, le paysage lui-même semblait étrange et insolite.

Rien d’étonnant à cela. Après tout, l’Antarctique était recouvert de glace depuis des millions d’années, et ce n’est que récemment qu’il se débarrassa de son lourd voile. Le passage de glaciers monumentaux avait laissé derrière lui de nombreuses choses étranges.

Le Rhino parvint à se frayer un chemin sur ce terrain compliqué. Il se dirigeait vers le point de rendez-vous à une vitesse suffisante, parfois en empruntant des routes existantes, parfois en coupant à travers une nature sauvage et intacte. Il grimpait ou descendait de hautes collines et des affleurements montagneux, traversait des étendues de marais gelés et se faufilait dans des labyrinthes de rochers géants avec la même facilité.

S’il y avait bien une chose qui maintenait Sunny sous tension, c’était qu’il avait rarement l’occasion de voir devant lui. De nos jours, le Quadrant Sud n’était plus aussi inerte qu’il l’avait été. Cependant, la vie qui s’y répandait n’était pas du genre à réjouir les habitants du monde réel…

Il finit par soupirer et grimpa sur le toit du Rhino par l’une des trappes supérieures. Samara n’étant pas encore revenue du Royaume des Rêves, Sunny était le seul membre de la cohorte à disposer d’un moyen d’attaque à distance décent. Utilisant l’ouverture de l’écoutille pour se protéger des vents froids, Sunny invoqua l’Arc Long de Morgan et scruta la pénombre qui entourait le véhicule en mouvement.

Au cours des heures qui suivirent, il dut utiliser son arc à trois reprises. Plusieurs abominations errantes s’aventurèrent sur le chemin du Rhino, avant d’être tuées par une flèche noire avant même d’avoir eu la chance de s’en approcher. Heureusement, aucune d’entre elles ne se révéla trop puissante ou ne tendit d’embuscade dangereuse.

Pour l’instant…

Vers midi — qui, bien sûr, ressemblait au matin, au soir et à la nuit — le Rhino atteignit les ruines d’un petit avant-poste, où deux transporteurs similaires étaient garés à l’ombre d’un mur brisé. On pouvait voir une poignée de personnes rassemblées autour d’un feu, en train de prendre un repas convivial.

Alors que Luster arrêtait le véhicule, Sunny sauta du toit et se dirigea vers le feu. La lumière orange brillait, se reflétant sur le métal sombre de son armure.

« Qu’est-ce que vous buvez ? »

Les membres de la cohorte de Queen et de la Faucheuse d’Âmes le regardèrent avec des expressions désabusées.

« C’est, euh… juste de l’eau chaude, monsieur. La capacité de chargement de nos transporteurs est limitée, alors nous n’avons pas pu apporter quelque chose de mieux. »

Il secoua la tête, puis invoqua le Coffre de la Convoitise. Alors que le grand coffre se manifestait dans la réalité et ouvrait sa gueule dentée, Sunny plongea sa main à l’intérieur, puis lança une boîte de café instantané et une barre chocolatée onéreuse à l’Éveillé effrayé.

« Oh… monsieur ! Merci, monsieur ! »

La bande d’Irréguliers n’avait pas l’air d’être sur le point de combattre une abomination Corrompue de Classe supérieure. Ils semblaient détendus et nonchalants, et prêtaient plus d’attention à leur boîte de café qu’à la montagne menaçante qui se dressait au-dessus d’eux.

La Porte de Catégorie Trois se trouvait à son sommet.

Alors que les Éveillés reconnaissants préparaient du café pour eux-mêmes et les soldats de Sunny, qui étaient sortis du Rhino et les avaient rejoints, il regarda autour de lui et remarqua Maître Jet et Winter. Les deux se tenaient à une certaine distance, discutant à voix basse de quelque chose entre elles.

Il se dirigea vers eux et entendit la fin de leur conversation.

« …est définitivement une femme. Et chaude comme l’enfer ! »

« Je te le dis, idiote, j’ai vu Mongrel de mes yeux. C’est bien un homme. »

« Tout le monde sait que tu es aveugle quand il s’agit de ces choses-là, Faucheuse. Je veux dire… tu te souviens de la fois où ce beau Saint a essayé de te draguer ? »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Il espérait juste coopérer avec nous pour revendiquer une nouvelle Citadelle. »

« Bon sang. Tu es sans espoir, tu le sais ? Tous les hommes… »

À ce moment-là, Sunny s’approcha d’elles, jeta un coup d’œil à Maître Jet, puis se racla la gorge. Winter le fixa un instant.

« Tu vois ? C’est un bon exemple ! »

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Alors que Sunny réfléchissait à ce qu’elle voulait dire, Maître Jet lui sourit et lui fit signe de la main.

« Ah, Sunny. Tu es juste à l’heure. Le Saint devrait arriver d’un moment à l’autre. »

Il ne put s’empêcher de froncer les sourcils.

« Qui, exactement, est… »

À ce moment-là, un sentiment vaguement familier l’envahit tout à coup. Sunny sentit une ombre massive couvrir l’avant-poste en ruine, puis il entendit un bruit qui ressemblait au bruissement de mille ailes.

Soudain, une quatrième silhouette se tenait parmi eux.

Sunny cligna des yeux, momentanément à court de mots.

« Sainte… Sainte Tyris ? Que faites-vous ici ? »

Devant lui se tenait nul autre que Marée Céleste du Clan de la Plume Blanche.